mardi 23 août 2011

Echelle de confiance

Pour les collègues qui me demandent souvent comment fonctionne mon "échelle de confiance",
je poste ici un extrait de mon mémoire de Capa-sh.



 
Attention, ce n'est pas à plaquer tel quel en tout lieu.

Personnellement, je l'ai conçue et utilisée dans tous les niveaux, avec des adaptations : icônes pour les petits (notamment les zéros du bas et du dix sont des smileys, les droits sont matérialisés par des dessins, etc.), droits en fonction des demandes de la classe, des problèmes que l'on y rencontre, de l'âge des enfants, de la configuration des locaux, etc.
Je ne reproduis pas ici l'annexe avec le barème, qui était vraiment particulier à la classe relais, public d'adolescent en grande difficulté comportementale : c'est aussi un outil à géométrie variable.

Qu'est-ce que ça apporte ?

- Un gros gain de temps, et beaucoup moins d'énervement, de "donne-moi ton cahier", et de punitions à vérifier. Pas non plus de réaction arbitraire de l'adulte en fonction de son propre état émotionnel.
On évite les discussions inutiles. D'abord, dans la mesure où nous risquons la prison en cas de défaut de surveillance, les enfants comprennent très bien qu'il faille rester entre 8 et 10 pour songer à échapper, même très momentanément, à notre vigilance. Ensuite, dans un de ces innombrables conflits de cours, à la genèse duquel on n'a pas assisté, mais qu'ils nous demandent d'arbitrer en l'absence de témoins, on peut dire : "Tu es à combien sur l'échelle ?" A 2 ? Et lui ? A 8 ? Ah ben je suis désolée si je suis injuste, mais j'aurais tendance à avoir davantage confiance en ce qu'il dit..."
- Les règles sont claires, stables, et connues de tous (y compris des remplaçants...)
L'outil est collectif : ce sont les enfants qui baissent et montent leur étiquette. Il n'y a pas de première ou deuxième chance, de croix, tout le monde est traité de la même manière. C'est horrible, mais on sanctionne toujours moins les "bons" élèves, que ceux en difficulté, les filles que les garçons, etc. En ce qui me concerne, l'échelle m'aide à essayer d'être juste et impartiale.
- La discipline n'est pas soumise aux aléas de notre état de fatigue : on ne laisse rien passer, mais on n'y consacre pas toute notre énergie, on ne s'interrompt pas sans arrêt, etc. Ce qui n'empêche pas les punitions (quand on descend à 2, 0, à voir...)
- C'est un outil de mesure du comportement dont on peut se prévaloir dans les appréciations et les discussions avec les parents à propos de leur petite chouchou d'amour qui est un peu vive mais tellement mignonne  (comprendre : une chieuse fourbe et sournoise, le clone de Nelly Olson).
- On travaille l'autonomie et la responsabilité, les deux fondements de la citoyenneté.

A quoi faut-il veiller ?

- On perd des points par son comportement, on en gagne par ses efforts. C'est la base.
Donc, on ne perd rien à cause d'un exercice raté, et on peut remonter même si on n'a pas tout juste : ça, c'est éminemment adaptable et personnalisable en fonction des défis à relever par les enfants. Une demi-journée assis pour l'un,  les exercices terminés pour l'autre, rendre un écrit soigné, être silencieux dans le car de la piscine pour que tout le monde regagne un point (le bonheur...).
La question de celui qui bâcle pour avoir le droit d'aller jouer est très vite résolue : bâcler c'est un comportement, pas un résultat. C'est donc passible d'une perte de points (tu m'as grugée, j'ai moins confiance en toi). Moins de points = plus le droit de se lever pour aller jouer. CQFD.
- Se fonder sur le droit : nul n'est sensé ignorer la loi (l'enseignant comme les autres), pas de "crime" sans loi (ce qui n'est pas interdit est permis), toute personne qui a causé un dommage doit le réparer (réparer une bêtise peut donc rapporter des points, ou éviter d'en perdre...), quand on n'est pas capable d'exercer ses droits, on est placé sous tutelle/contrôle, etc. Tout ça, ce sont des contraintes que les enfants, qui ne sont pas encore des citoyens à part entière mais en en construction, doivent apprendre à intégrer. Rappelons d'une part que les deux piliers de notre droit français sont le droit de propriété et celui de la responsabilité et d'autre part que la loi ne se négocie pas. Elle s'applique. Mais à tout le monde de la même manière !
- Bien expliquer le point de départ : pourquoi certains comportements sont-ils interdits ? Parce qu'ils sont dangereux -pour soi ou pour les autres - ou parce qu'ils dérangent la collectivité. Or la classe est un lieu pour apprendre, où les conditions de travail de chacun doivent être correctes. A partir de là, on n'interdit pas tout et n'importe quoi, mais on ne tolère ni le danger, ni l'irrespect. Faire du bruit, c'est un manque de respect pour les autres.
- Communiquer avec les parents : expliquer le système en réunion de rentrée, pour qu'ils soient au courant. Ils adhèrent bien, et savent de quoi on parle quand on les convoque parce que le gamin est à zéro...
- Sur le plan matériel : placer l'outil dans un endroit accessible aux petites mains, et visible de tous pour éviter les tricheries, matérialiser simplement et rapidement les gains de points dans les cahiers : gommettes, tampons, etc : ils regarderont leurs corrections et iront eux-mêmes remonter leur étiquette.
- Attribuer suffisamment de droits (là c'est facile, les enfants ont plein d'idées) et ne pas démultiplier les interdits. Le truc c'est que tout le monde est à 10 le jour de la rentrée, puisque l'on n'a aucune raison de ne pas faire confiance à des gens qu'on ne connaît pas vraiment. Le système se met donc en place progressivement pendant les premières semaines, le temps de construire le barème de perte/gain de points, et les droits rattachés à la position sur l'échelle.
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Édit  : perso, j'achète mes tampons et autocollants, mais il y a d'autres éditeurs. Les anglos-saxons sont en effet les champions du be confident (sois confiant), try harder (essaie encore plus à fond)  & you can do it. Pour les outils en français (ou en allemand) regarder dans "modern langages". Le "bon travail" ou "bon effort", comme le "well done" (bien joué), sont vraiment dans l'esprit du système.
Il y a souvent des cadeaux pour les commandes, je choisis les cartes qui permettent de collectionner des points quand un enfant a un défi particulier à relever, ou pour la participation aux rituels comme les calcul mental. Une carte remplie = un diplôme de champion, mais ça, c'est une autre histoire....



5 commentaires:

  1. je t'ai déjà dit tout le bien que j'en pense
    rêgles claires et justes
    nécessaires
    pour mettre des cadres
    des repères

    juste et objectif

    j'ai souvent un problème d'affichage "texte tronqué" de tes articles
    c'est moi ou général?
    bon on arrive à lire quand même hein
    c'est même un bon exercice de lecture !!!:o)

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  2. merci
    j'avais mis en place l'an dernier et ça intéresse beaucoup la collègue avec qui je vais travailler cette année; on se voit cet aprèm : ça tombe à pic !

    (encore un coup de ste rita ?)

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  3. Merci !
    Moi aussi ça m'intéressait justement :)

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  4. @barbara : c'est parce que je les mets en extra large
    mais tu peux cliquer dessus et zoomer ensuite pour voir l'ensemble plus confortablement

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