vendredi 6 avril 2012

Culs blancs

Je suis sortie dans le jardin
au petit matin
en chemise
dans le brouillard humide et froid,
parce que j'aime cette odeur d'aube laiteuse
une île
en pleine ville.

Soudain, je sursaute,
un fracas de branches au fond,
deux chevreuils affolés
entrés là je ne sais comment
traversent le potager en deux bonds
et s'engagent dans le petit chemin qui conduit à la rue du dessus.
Pas de chance, c'est la seule partie clôturée.

Je les vois qui se jettent dans les grillages qui bordent les deux propriétés voisines,
de front, sur le côté,
mon premier réflexe,
bien bête
est de les rassurer en parlant doucement.
Ce sont les mots de trop
évidemment.

Tout d'un coup,
je sens dans ma poitrine
leur cœur qui bat la chamade,
leur panique à ma vue
à ma voix
je vois le souffle duveteux qui s'échappe de leurs naseaux
on respire le même air
leur terreur m'envahit de compassion
et je bats en retraite
en silence.




Un peu plus tard
je vais aux nouvelles
précautionneusement
en restant à bonne distance.
Le grand cherche une sortie,
plus calmement,
le petit surveille de mon côté.

Encore plus tard,
ils sont partis.
Toute la journée
j'ai eu l'âme légère.

3 commentaires:

  1. moment magique où la nature vient communier avec toi...

    dans le jardin voisin, juste derrière chez moi, aussi, un jour, biche ou chevreuil...
    je suis restée derrière ma fenêtre

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