dimanche 20 janvier 2013

Le visiteur du matin

Bom, bom, bom, bom.
Je veux dormir encore.
Bom, bom, bom, bom.
J'ouvre les yeux.
Bom, bom, bom, bom.
J'émerge.
Bom, bom, bom, bom.
Je maudis mon fils qui a oublié ses clés.
Mais qu'est-ce qu'il fout dehors à ....6h du matin ?!
Bom, bom, bom, bom.
Je me lève.
Ce n'est pas à la porte, c'est à la fenêtre de mon bureau.
Il ne se souvient plus où est la porte ?
Non, ça ne peut pas être lui.
Je commence à flipper.
J'y vais ?
J'y vais pas ?
Bom, bom, bom, bom.
Une veine que, clouée au lit par une quasi-pneumonie,
je ne me sois pas couchée nue.
Je m'approche de la porte du bureau, je vois une tête par la fenêtre.
Non,
décidément,
ce n'est pas mon fils.
Tant mieux.
Enfin, façon de parler.
J'allume la lumière.
- Qu'est-ce que vous faites là ? Vous n'avez rien à faire là ! Allez vous-en !
- J'ai froid madame. Je me suis perdu. Je suis en train de mourir de froid...
Perdu ? dans Guéret ?
- OK. Vous voulez que j'appelle quelqu'un ?
- Oui.
- Donnez-moi son numéro.
- Heu, je sais pas.
Bon, c'est pas gagné.
- Écoutez monsieur, je ne peux pas vous ouvrir. Je ne vous connais pas (pardon le petit Chaperon rouge). Mais je vais appeler la police, vous voulez bien ?
- Oui madame. Je vais mourir de froid. Appelez la police.
17.
Vous avez demandé la police, ne quittez pas.
- Commissariat de Guéret, j'écoute..
J'explique. Je suis toute seule, je ne peux pas ouvrir, mais je ne peux pas le laisser comme ça non plus.
- OK, j'envoie quelqu'un.
J'attends un peu.
Je vois le type trembler derrière la fenêtre.
Je me souviens comme il faisait froid hier, quand je suis rentrée d'Embraud.
- Faites-le tour de la maison monsieur, je vous ouvre.
Il entre dans la cuisine. Il sent le roumi. Des relents d'alcool aussi.
Je me demande s'il a bien le gaz à tous les étages.
Il n'est pas d'ici.
Il est venu d'Ivry (sur Seine), ne se souvient plus très bien de ce qu'il a fait. A part qu'il a bu, qu'il s'est perdu et qu'il s'est endormi dehors.
Il a la main enflée aussi.
Tombé ? Battu ?
- Il y a quelqu'un ?
J'avais laissé la porte ouverte.
La police est là.
- Ben dis-donc, vous n'avez pas peur me dit la fille en uniforme.
Si bien sûr que j'ai peur.
Mais doit-on tout se laisser dicter par la crainte ?
Il n'a pas ses papiers, mais il se souvient du gars chez qui il était.
La police le connaît.
Guéret quoi !
Il termine son café, ils s'en vont.
- Merci madame, je ne vous oublierai jamais.
Hum, si, si, oubliez moi.
Pour la grasse mat, c'est mort.



Chanson interprétée par Evelyne Girardon, la Beline.
Je n'ai pas choisi les images, je n'ai rien trouvé d'autre, à part une interprétation d'un certain "Cœur Montjoie" mis en ligne par "France résiste". Jai pas eu envie. Je préfère Evelyne.

6 commentaires:

  1. Chapeau bas Madame Coline !
    Il est vraiment bien tombé.
    Sûr qu'il ne t'oubliera pas !

    Les types bourrés dans les fêtes, c'est toujours pour ma pomme.
    Mais toi, tu fais encore plus fort : tu les attires même en dormant bien tranquillement chez toi.
    Qui a dit qu'on s'ennuyait dans la Creuse ?

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  2. Bravo ! J'avoue que je ne sais pas ce que j'aurais fait à ta place (maintenant, si : appeler la police, dont on oublie qu'elle est aussi là pour aider)…

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  3. Coline au grand COEUR ... bravo pour ce que tu as fait !C'était risqué mais te connaissant les prises de risque ne te font pas peur mais encore bravo !

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  4. Les bonnes paroles et la bonne réaction... bravo à toi, il a eu bien de la chance...

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  5. il a surtout eu le bon réflexe en tapant au carreau
    quand ils sont partis,
    il a eu du mal à franchir la porte pour sortir,
    il a dit "j'ai eu tellement froid, j'ai peur d'y retourner..."

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