mercredi 10 avril 2013

Un coup de maître


Quand j'ai dit : "on va faire de la poésie",
ils se sont regardés d'un air gêné.
Quand j'en ai lu,
hum...
Mais quand j'ai proposé les images,
ils ont joué le jeu.
Ils en ont choisi une, et c'était définitivement celle-là.

Avec S. et L., voyageurs,
on a donc fait parler les personnages de la Bohémienne et ses enfants (Gustave Courbet).
C'est-à-dire qu'ils ont parlé,
et que moi j'ai écrit, 
parce que S. ne sait pas,
que L. ne va pas vite,
et qu'on n'avait qu'une grande heure pour tout boucler.

Je n'ai pas donné le titre tout de suite : ils étaient attirés par la solitude, la souffrance, le sentiment d'abandon, l'incertitude, la misère et la fatigue, qui rendent le père méconnaissable.

L. a d'abord fait parler la femme, puis S. s'est soucié de la petite fille, et de l'homme aussi.

C'était très spontané,
très affectif,
toute une histoire qui a surgi d'un coup.
Au début,
ils n'osaient pas
et à la fin, mes doigts ont eu du mal à suivre sur le clavier.

Et puis,
S. a dit :"Mais ?... Ce sont pas des voyageurs des fois ?"
J'ai dit oui, et j'ai donné le titre.

A ce moment, la maison est devenue une roulotte.
Ensuite, on a imprimé des bulles et le tableau, et on les a collés sur une petite affiche,
qu'ils ont ramenée, tout fiers, dans leur cellule.

L. a dit, "ah non, moi je signe pas, ça porte malheur, si jamais je l'oublie quand je quitte la prison." (comprendre : ça fait revenir...)
S. a dit: "mais c'est quelque chose de bien qu'on a fait, ça ne peut pas porter malheur".
"Oui, mais quand même."
Alors on a paraphé à deux et on a rajouté "anonyme".
 

3 commentaires:

  1. merci pour le partage de ce moment

    ps j'aime décidement Courbet

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  2. ps 2 et Chagall aussi pas précisé ce matin !)

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  3. Tu vois que tu arrives à faire des miracles !
    Bravo pour la production...

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