samedi 28 septembre 2013

Des nouvelles de ma nouvelles # 8

Je vous préviens, c'est trash.
Âmes sensibles s'abstenir...




Petite mort

Très chère Élisabeth,

J'ai dévoré votre dernière lettre.
Je sais que vous pensez à moi souvent, et que je compte tendrement pour vous. J'en suis profondément touché, et croyez bien que je regrette de ne pouvoir vous offrir plus que ces quelques lignes.
Vous le savez, je ne suis pas libre.
Depuis tout ce temps que vous m'écrivez fidèlement d'où que vous soyez, vous m'abreuvez des nouvelles du monde et je m'autorise, à la nuit tombée, à imaginer le parcourir à vos côtés, votre main dans la mienne, délivré de toute entrave.
Sachez ma douce, que vous n'êtes pas la seule à vous interroger sur mes motivations. Mais c'est qu'elle me viennent d'un désir si intime et si profond, qu'il me serait étrange de les partager avec qui que ce soit.
Sauf avec vous. Vous m'êtes si proche.
Alors voilà, en y réfléchissant bien, je crois que c'est quand elle a dit :
« Viens ! Viens maintenant... »
Elle a soufflé ça les yeux mi-clos, et je sentais son corps tendu, son ventre plaqué au mien. C'était compliqué de résister.
Pourtant, je ne voulais pas. Pas encore, pas maintenant. J'avais peur, je ne sais pas, de l'abîmer, de m'abîmer, de m'étouffer, de me perdre.
Elle m'a saisi pour me guider en elle, et je me suis senti glisser dans un fourreau humide et chaud. Je suis allé jusqu'au fond, comme aspiré dans une vague dorée, un moment ébloui, puis je me suis ressaisi, et je suis ressorti.
Elle a gémi, dans un soupir : « Non, reste ! Viens encore plus loin, plus profond ! » J'étais juste là, au bord d'elle, prêt à basculer.
Il s'en est fallu de peu. Elle avançait, se refermait, m'engloutissait, mais quand je me sentais partir, je me retirais encore doucement.
Elle souriait...
Elle croyait que c'était un jeu, et elle voulait bien jouer.
C'était ce que j'aimais chez elle, cette fringale de jeu qu'elle avait tout le temps. Elle était toujours d'accord pour s'amuser. Une légèreté d'âme incroyable, parfois obscurcie de l'ombre d'anciennes blessures, qu'elle chassait d'un sourire, même après avoir beaucoup pleuré.
Elle n'ouvrait jamais les vannes devant moi, et j'étais à la fois effrayé et envieux de cette force, cette détermination farouche à effacer les orages d'un éclat de son rire.
Moi, je sais faire semblant, elle c'était différent. Elle passait vraiment d'un état à un autre, de la nausée d'un soir d'automne, à l'appétit de vivre au petit jour, acceptant le chagrin comme il venait, et le laissant la quitter par ses yeux, avant de regagner le rien d'où il était venu.
Elle était sincère en riant, elle était sincère en pleurant, elle était sincère en m'aimant.
Mais moi, non ! Non, je ne voulais pas aller aussi loin, et ne savais pas comment le lui dire.
Moi, ce que j'espérais, c'était absorber un peu de cette force. En goûtant la tendresse charnue de ses lèvres, j'attendais ce moment délicieux ou j'introduirai ma langue pour savourer la sienne. Son corps vacillerait entre mes bras, comme affaiblie de m'avoir nourri de sa vitalité.
Elle était belle à croquer. Chaque jour, j'étais fier de l'attendre à la sortie des cours, et de guetter les regards affamés des autres sur ses hanches qui n'ondulaient que vers moi.
Pour autant, je restais prudent, je ne la consommais qu'un peu à la fois. Très doucement, avec précautions, je la dégustais du bout des lèvres.
Elle aimait prendre mon sexe dans sa bouche, alors j'écartais ses cuisses et je m'y plongeais goulument. Plus ma langue l'explorait, plus je me sentais fort, grand, plein d'énergie. Tout le contraire de ce que je suis.
Mais tandis qu'elle se cambrait, emportée de soubresauts, je profitais de son inattention pour me retirer de ses lèvres. C'était une sorte d'accord tacite, je n'allais jamais jusqu'au bout et je ne la pénétrais jamais non plus. J'aurais eu l'impression de commettre l'irréparable.
Cet après-midi là, il avait fait très chaud, et elle était restée pantelante entre mes bras, dans la torpeur d'un crépuscule qui flamboyait encore derrière les carreaux. Je ne me sentais pas dans mon assiette, et je n'ai pas compris tout de suite ce qu'elle voulait quand elle est venue sur moi avec son air gourmand.
« À ton tour maintenant ! »
Ce fut comme une bataille. Sa bouche glissait sur ma peau avec avidité, ses doigts me palpaient, plus elle m'attirait en elle, et se resserrait sur moi, plus je la sentais se délecter de ma chair. Elle a glissé sur le côté, m'a attiré contre sa poitrine. J'entendais son cœur battre si fort que j'ai cru un instant qu'il pompait mon propre sang.
Je ne pouvais pas la laisser continuer à se repaître ainsi.
C'est à ce moment, je crois, que j'ai décidé de lui offrir le festin qu'elle attendait, et de ne pas en perdre une miette.
Le torse emprisonné entre ses jambes, j'ai réussi à glisser mes mains sous ses fesses, et je me suis enfoncé violemment.
Elle a crié.
Elle était bonne.
J'ai mangé son cœur et ses yeux en premier.
Si j'avais eu un congélateur, ils ne m'auraient jamais retrouvé.

Tendrement,
votre Aiichirō

7 commentaires:

  1. ahh je ne m'attendais pas à cette fin là !

    tout ton talent pour les nouvelles d'ailleurs
    nous tenir en haleine et surprendre jusqu'au bout
    (à ne pas lire au 2e degré svp!)

    bravo
    (bon si à minuit je me réveille hein je t'appelle !!!)

    ps 3 coquilles
    elleS ne (elle ne)
    où (ou)
    goulûment(u)

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  2. à relire pour apprécier (j'allais écrire déguster! après la lecture goulue (!) de la découverte

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  3. Euh, je passais juste avant de dormir...
    Je crois qu'il va falloir que je lise un peu avant !

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  4. Oui, mais c'était trop dur de pas lire... ;)

    Mais la prochaine fois, je saurai à quoi m'attendre !
    (enfin, je souhaite pas une prochaine fois, mais, juste au cas où toi si... ;) )

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  5. J'ose pas comprendre ce que j'ai cru comprendre :)
    Alors, finalement, un bon congélateur, c'est aussi très utile, en plus du lave-vaisselle et du sèche linge.

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  6. mais ça c'est historique : c'est ce qu'avait dit l'étudiant japonais qui avait stocké et consommé sa camarade de fac...

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