pas longtemps après avoir troqué ma carte de presse contre celle d'enseignant
(je tenais beaucoup à conserver l'entrée gratuite dans les musées nationaux)
j'ai interviewé un couple de Français de confession juive,
qui avaient été cachés dans la Creuse pendant l'occupation,
ce qui leur avait sauvé la vie.
Lui, avait été noyé dans la masse des internes du lycée de la Souterraine,
et elle, planquée dans une ferme au milieu de nulle part.
Presque 60 ans plus tard, son cœur saignait et ses larmes coulaient,
au souvenir de sa copine,
qu'elle entendait hurler son prénom,
par les fenêtres ouvertes de la cuisine,
depuis l'immeuble de l'autre côté de la cour.
La copine était partie au Vél'd'hiv,
montée dans un train,
jamais revenue.
Elle, elle était restée cachée jusqu'à la nuit, la main de sa mère fermement plaquée sur sa bouche.
Cette dame m'avait raconté une anecdote qui m'est restée :
"La fermière chez qui je me cachais, me passait tous les soirs la main dans les cheveux,
d'une manière un peu étrange.
Un jour je lui ai demandé pourquoi elle faisait ça.
Elle m'a répondu qu'elle cherchait les cornes du diable, parce qu'on lui avait dit que les juifs,
c'était le diable.
Mais je lui dois la vie..."
Rien n'est simple.
Avant que je ne parte, son mari m'a emmené dans la chambre, et ma montré le dessus de l'armoire.
"Vous voyez, je ne jette jamais les vieilles valises : on ne sait jamais..."
Je me dis que peut-être depuis,
sont-ils allés rejoindre le flot grandissant des Français qui émigrent vers Israël,
pays en guerre,
où ils se sentent pourtant davantage en sécurité qu'ici,
alimentant ainsi le besoin de nouvel espace pour cet Etat qui n'était pourtant pas le leur,
Garges-les-Gonnesses, janvier 2015
Perpignan décembre 2014
malheureusement ça me parle beaucoup
RépondreSupprimerà ne pas oublier non plus
mais surtout agir
Je me pose beaucoup de questions sur ce sujet depuis ces derniers jours ...
RépondreSupprimerTon article m'aide à les mettre en forme
Merci