dimanche 26 juin 2016

La part du colibri





Dans l'immeuble HLM où vivent les Boys,
il y a un tour de rôle pour entretenir sa portion de cage d'escalier.
Dans la cage d'escalier de leur appartement, personne ne nettoie jamais.
C'est d'une saleté sans nom, le jus de poubelles mal fermées agrégeant comme il peut les troupeaux de moutons et les bouts de papier.
Pire, un des voisins, gros pourvoyeurs de mauvaises ondes et assez dégueu, incite les autres à suivre son déplorable exemple.
Pour parler clair, il leur fait peur.

Ce que vous voyez là, c'est notre portion après balayage, puis nettoyage au savon noir.
Les Boys m'ont dit : "ça ne sert à rien, personne d'autre le fait".
J'ai dit : "ça m'est égal, moi j'aime arriver sur le palier propre,
et y sortir le matin pour aller chercher une baguette fraîche.
Pis on ne sait jamais, peut-être que quelqu'un d'autre aura également envie d'un peu de propre. Mais il ne faut rien attendre. Juste faire sa part de colibri..."
Personnellement, je suis convaincue que ce sont nos choix et nos actes individuels qui changent le monde,
et qu'il ne faut rien attendre généralement des pouvoirs publics, totalement inféodés désormais aux marchés financiers.
C'est aussi le seul moyen de ne pas se laisser étouffer par la morosité ambiante,
ce sentiment désespérant que tout va mal : vivre en accord avec ses principes, sociaux et environnementaux, en fréquentant des gens qu'on apprécie et dont on partage les valeurs.

Hier, avant d'aller au bal, je suis allée dîner avec Géraldine, qui m'a parlé du projet d'Oasis qu'elle est en train d'élaborer avec des amis. Un lieu collectif, où l'on puisse vivre -dans un groupe intergénérationnel, mais chacun chez soi- en accord avec ses principes, échanger des la culture, du maraîchage, du service, produire sa nourriture, mais sans vivre en autarcie, au contraire : ce qui est recherché, c'est avant tout le lien social.
C'est faire sa part de colibri.
Géraldine est en train de faire construire une tiny house, une micro maison.
Je vais tâcher voir de lui présenter Mike quand il sera là.
Mon best dance partner ever sait très faire ces trucs là, et je sens que c'est important comme rencontre, pour lui, pour eux.
Et moi, ça fait un moment que je réfléchis à ma vieillesse dans une oasis maison de retraite autogérée, comme celle des Babayagas.
Je vous invite vivement à suivre les liens pour en savoir plus.

Après ça, on est allées danser.
C'était la première fois depuis longtemps que je dansais français.
Mes jambes étaient bien contentes, 
et moi aussi.
Pas de chaises pliantes ici, et beaucoup de danses collectives...
une ambiance très différente de ma douce Louisiane,
mais j'aime les deux.
.









12 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ce post. Ca me parle bien cette histoire de Part du Colibri. "Be the change you want to see in the world" ! Oui ça sert de nettoyer l'escalier !

    Et merci pour le partage de ce projet Oasis, Thérèse Clerc a ouvert la voie, j'adorerais pouvoir participer un jour. Bravo Géraldine !

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  2. Confusément je sens qu'il y a un sens de cet ordre à mon expérience louisiannaise.
    Je ne sais pas encore de quel ordre, mais que j'y reste ou que je rentre, je veux au final participer à la vie d'un lieu qui ressemble à ça.
    J'étais bien contente de vous revoir tous aussi.

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  3. Sans tiny house je me rends compte que comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir je suis plutôt dans la bonne voie, entre amap, jardin partagé avec compost, Repair Cafés, FreeCycle… Je mets ma participation à Alternatiba entre parenthèses puisqu'il m'a fallu ralentir (j'avais commencé par écrire "lever le pied", haha) ces derniers mois. Je vis dans ma tour – qui n'est pas d'ivoire :-) – depuis suffisamment longtemps pour savoir qui appeler si j'ai besoin d'un dépannage quelconque, et sinon je peux envoyer une demande à mes cojardiniers, sur la liste de l'amap ou encore à ma coopérative ouvrière… J'adorerais emménager dans un habitat participatif mais pas sûre que l'Homme adhérerait à un tel projet. J'avais un temps suivi le projet des Babayagas, j'avais tenté de brancher ma mère…
    En revanche j'ai beau régulièrement donner des trucs sur FreeCycle, donnons.org ou recupe.net je n'arrive pas à désencombrer la maison durablement. Je me dis qu'un déménagement nous obligerait à trier nos affaires de manière draconienne, ce n'est malheureusement pas à l'ordre du jour.
    Quelque chose me gêne chez Pierre Rabhi mais je n'arrive pas à définir quoi. Peut-être son entourage ? J'ai été un temps abonnée à l'infolettre du centre agro-écologique des Amanins (qui se réclame du mouvement), je trouvais le projet superchouette, mais un copain pas mal impliqué chez les Colibris s'y était rendu et m'avait dit que s'y pratiquait une pure exploitation de l'homme par l'homme et j'ai aussi eu d'autres échos décevants.

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  4. merci !
    je connais un peu ces projets (et d'autres de la même orientation ) je regrette de ne pouvoir participer comme je le souhaiterais "pour des raisons indépendantes de ma volonté "(!!)
    mais j'espère faire bientôt chaque jour un peu plus ma part

    (maman fait beaucoup elle je trouve et je l'admire pour ça aussi )

    P Rabhi a fait bcp de conférences par ici
    @Domi les Amap ont été crées dans mon département ;merci aussi pour ton témoignage et autres projets

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  5. et sinon rien à voir mais exactement la même chose dans un immeuble que j'ai occupé 2 ans
    j'étais la seule à faire" mon tour"
    soupirs

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  6. Quand j'ai écrit ce post DoMi, j'ai aussi pensé à toi, au jardin participatif, à nos conversations. Même en période de ralentissement, tu fais ta part de colibri, et finalement, ce sont ces parts d'humanité que me poussent vers les gens que je rencontre.
    L'organisation de Pierre Rabhi est devenue importante, il est entré en politique, inévitablement ça doit attirer des convoitises et exige de la vigilance.
    Cela me fait penser à Goodwill aux USA, un circuit de dons remis en vente en boutique, où j'achète l'essentiel de mes vêtements, ou petits meubles. Le patron de Goodwill se serait fait des couilles en or.C'est désolant. Il n'en reste pas moins que c'est une entreprise de réinsertion et de lutte contre le gaspillage non négligeable. Mais quand je peux bien sûr, je vais chez Salvation Army, plus clean.
    Je crois que ça ne changera rien pour l'Oasis de mes amis, qui ont quand même bénéficié d'une formation très utile et efficace. Non ça ne change rien dans la mise en oeuvre locale des projets. Ce sera à eux de faire en sorte que personne ne soit exploité sur leur lieu.

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  7. Je suis convaincue du bien-fondé de toutes ces actions entreprises au niveau local et je te comprends totalement quand tu dis à tes fils que ça sert, même si personne ne t'emboîte le pas. Je m'efforce de faire ma part aussi, pour l'instant je trouve que ce n'est pas beaucoup, mais c'est un début, ce qui compte, c'est d'agir, même un peu.

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  8. Complètement d'accord avec vous toutes !
    Déjà que chacun fasse sa part dans la joie et la bonne humeur sans animosité pour ceux qui ne la font pas.... peu importe !
    Être optimiste et tout en étant lucide, laisser de côté les côtés sombres du système, ça permet d'avancer...
    Bisous à toutes et merci à Coline qui nous rassemble

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  9. Ta réponse me fait drôlement plaisir, merci !
    Dans un genre voisin de l'Armée du salut, je me souviens avoir entendu plusieurs témoignages de personnes qui ne se connaissaient pas entre elles sur les communautés Emmaüs qui ne remettraient pas vraiment les gens en selle, en leur donnant juste les moyens de vivoter, et je me souviens comme j'avais là aussi été déçue. En revanche je serais bien allée faire un tour à la communauté située à Lescar Pau, réputée pour sortir du moule, et qui avait passé plein de matos à différents Alternatiba, mais en cherchant un article dont je me souvenais à te mettre en lien je suis tombée tombée sur d'autres, plus récents, où les choses semblent tourner à l'eau de boudin. Franchement, c'est désespérant, parfois…
    Je t'embrasse !

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  10. @DoMi

    si un jour tu veux venir à la communauté de Lescar, un lit t'attend chez moi
    bientôt c'est le grand festival avec musique mais aussi débats et rencontres...
    j'y suis en 5 mn
    d'ailleurs je ne me prive pas d'y aller...
    Germain est un sacré bonhomme, pas toujours facile mais
    tout ce qui est écrit est à prendre avec précaution...
    parfois la réussite fait des envieux

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  11. Complètement d'accord avec ton texte (et les commentaires bien encourageants!)
    C'est tout ça le film "DEMAIN" dont on a parlé déjà ici je crois.
    Dans mon grand manque de jardin, je fais des semis, des boutures sur mon micro-balcon :) Un projet de jardin partagé voit le jour sur ma commune; je vais voir ça de plus près, en attentant, je nettoie mon escalier (jusqu'en bas parce que mes adorables voisins sont âgés)
    Les Babayagas, j'y pense très très souvent...

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