vendredi 5 avril 2019

La grossitude ça n’existe pas #14 Pour vivre en faim*

J’achève aujourd’hui ma première semaine d’hospitalisation (à l’hôpital public donc), dans un service de nutrition. Ce soir c’est permission, puis réintégration des lieux dimanche à 19.00.

On me pose beaucoup de questions sur cette opération de la dernière chance. Chirurgie bariatrique ? Cure ?

Rien de tout ça. Mais je vas quand même tenter d’expliquer.

Au programme c’est identification, écoute et respect des sensations, acceptation de son corps, retour à l’activité physique pour ceux qui n’en pratiquent pas.
Et cette première semaine c’était recherche de la faim.
Tu découvres ta faim, tu la nommes, tu la caractérises, tu la cotes sur une échelle de 1 à 10. Et surtout tu demandes à manger.
Puis tu manges.

Avec attention (dans ta chambre, sans télé, ni smartphone, ni livre). Tu as un plateau complet. Tu manges ce qui te fait envie, quand tu n’as plus envie tu passes à un autre aliment. Tu laisses éventuellement dans ton assiette ce qui est en trop.

Puis tu attends le retour de la faim. Et tu recommences.

Bien sûr, selon le moment de la journée, le plateau n’est pas le même : repas, collation…
Et ce n’est pas un plateau de régime, on ne s’occupe absolument pas de la valeur calorique de quoi que ce soit.

Cherchez pas j'ai déjà mangé le taboulé...


Je croyais savoir un tas de choses sur ma faim.
J’étais loin du compte.

Contrôler son poids, ce n’est pas contrôler sa faim. La faim ne se contrôle pas, elle se satisfait.
Avec un schéma particulier. Passées les 3 ou 4 premières bouchées, elle disparaît. Mais on n’est pas à satiété quand on a juste plus faim. C’est clair qu’on ne peut pas s’arrêter là. Quand tu es sur la réserve de carburant, et que tu veux rouler un peu loin, tu ne te contentes pas d’éteindre la jauge, tu remplis ton réservoir.
Avec une chose, avec plusieurs, avec de la salade ou des frites, peu importe. Rien n’est interdit en fait, puisque TOUS les aliments sont utilisés par le corps. Le stockage ne s’enclenche pas en fonction de la nature de ce qu’on mange. Le stockage c’est du trop-plein. Pas du trop plein occasionnel. Du trop-plein quotidien.


En réalité, le corps est merveilleusement organisé pour survivre, faire face. En revanche ce n’est pas un ordinateur : il a des pensées et surtout des besoins, physiologiques et psychiques. Et donc il envoie des signaux, qu’on ferait mieux d’écouter. Par exemple, après le début du rassasiement de la faim, il maintient une envie de manger, jusqu’à la satiété, qui n’est pas une sensation physique. C’est en fait « un état mental qui détermine l’arrêt du repas. Il correspond à la disparition de l’envie de manger et au désintérêt pour la nourriture. »*

On peut donc avoir le ventre plein et ne pas se sentir rassasié…
Et inversement, il n’y a pas à craindre de ne pas finir son assiette, puisqu’on peut remanger plus tard si on n’a plus faim.

Sauf que… Toute cette extraordinaire organisation naturelle et intuitive de l’autorégulation est très sérieusement mise à mal après des décennies de régimes ou de « programmes alimentaires équilibrés », alternant périodes hyper contrôlées euphorisantes, intenables, puis explosées en craquages et compulsions irrépressibles.

Me concernant, et ayant déjà parcouru un long chemin, je vis quand même depuis des années dans la méconnaissance du véritable signal de la faim, à laquelle s’ajoute la restriction, - ne pas manger entre les repas, ou au moins avant un certain délai – . L’oscillation constante entre la frustration, et la culpabilisation du plaisir pris hors du supposé « diététiquement correct ».

Pendant cette semaine d’observation, j’ai noté que ma faim ne se signale pas juste par un creux à l’estomac. Le creux, c’est déjà une faim inconfortable, qui a attendu. J’ai bien d’autres signes avant-coureurs, jamais remarqués : les paupières lourdes, la bouche sèche (qui ne s’étanche pas en buvant), et parfois mal à la tête. Arrivée au creux, s’ajoute l’agacement, voire l’irritabilité.

Le souci c’est que quand j’attends trop longtemps, c’est simple, je mange plus vite déjà, et une quantité plus importante.
Pas d’état de satiété, et déjà du trop-plein (donc du stockage).
Il faudrait respecter sa faim en connaissance de cause, et, manger d’autant plus lentement et attentivement que la faim s’est amplifiée d’avoir attendu,

On est loin, à des années-lumière même, du discours culpabilisant sur la soupe/yaourt du soir, la suppression du sucre, tous les interdits en fait.

Alors j’ai aucune idée de ce que ça va donner.
Mais faim + attention + plaisir/envie + bon timing + diversité, ça me paraît un menu intéressant.


Que les boys viennent partager avec moi dimanche, c'est le bon moment






avant que je ne plonge dans une deuxième semaine, attendue avec curiosité.

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* Intitulés du programme














7 commentaires:

  1. Et quand on eprouve pas la faim ? Il m'est plusieurs fois arrivé de me poser la question est ce que j'ai mangé aujourd'hui ? Et non à part mon café du matin. Et j'ai grossi. Je me force à manger et mange très peu.

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    1. Mathy je sais pas. Mais fr ce que je comprends, je dirais que le peu que tu manges est surstocké...puisque c'est le fonctionnement normal de notre cerveau archaïque.
      Il y a peut être des signaux de faim que tu n'entends plus.

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  2. Tu vas pouvoir continuer à expliquer la suite du programme parce qu'il y a du boulot à faire aussi chez moi ...
    Bon dimanche ! Bonne semaine !
    Anne d'Alsace

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    1. Anne j'ai des devoirs à faire ce week-end là-dessus. Très intéressants. Je partagerai avec vous cette semaine c'est sûr.

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  3. j'espère que weekend bien (oui surement bien :o)
    ) bonne nouvelle semaine
    je t'embrasse et repasse + dès que possible en attendant je pense à toi bisous !

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  4. Tout comme Anne en ce moment... J'attends la suite ! :p

    Bon courage, plein de bisous !

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