Cinq mois après mes deux semaines à l'hôpital de St Pourçain,
je dois me rendre à l'évidence : j'ai mangé tout ce qui me faisait envie,
sans interdit, et je n'ai pas grossi d'un gramme.
L'été, les vacances, les apéros, les fêtes... j'ai profité de tout.
Et je n'ai eu aucune crise de compulsion depuis plus de deux mois.
Autant te dire, c'est un immense soulagement...
Mes envies même ont changé.
Pendant les vacances, je me suis aperçue que je préfère les crêpes citron-sucre à celles surmontées de deux boules de glaces/chantilly/chocolat.
Que quelques amandes et noix de cajou, ou un simple bout de pain frais, calment ma faim en attendant le repas.
Que je ne raffole pas tant que ça du saucisson et des chips à l'apéro, du moment que j'ai un grand verre d'eau pétillante au citron et gingembre (une petite recette toute simple de Franzouski).
Qu'est-ce qui a changé au fond ?
Il me semble que c'est juste la notion d'interdit.
Qu'au restaurant, à la fin d'un bon repas assaisonné de culpabilité, dont on n'a pas entièrement profité du coup, bah la crêpe à deux boules c'est presque inévitable. Induite par une de ces pensées automatiques : au point où j'en suis...foutu pour foutu...
Alors qu'après avoir dégusté les moules marinières ou le tartare frites j'éprouve une sorte de plénitude béate qui laisse éventuellement une petite place pour le café gourmand ou la crêpe au citron. Mais guère plus.
Le lendemain, je n'y pense plus. Je ne remange que quand j'ai de nouveau faim. Parfois très tard dans la journée.
Ce n'est pas mal de ne pas petit déjeuner. C'est logique.
Cette rééducation alimentaire ça n'a rien à voir avec les calories, les un peu de ceci et pas du tout de cela.
C'est juste écouter sa faim, ressentir la satiété, le rassasiement.
C'est, sous le coup d'une émotion, accepter de se réconforter, sans culpabilité, en dégustant un aliment régressif.
C'est une question de respect pour soi-même et ses sensations.
Une question de confiance aussi.
Confiance dans cette merveilleuse machine pensante qu'est notre corps.
Quarante années de pensées automatiques à chaque prise alimentaire : c'est trop, trop gras, trop sucré, tu vas grossir, tu n'as pas de volonté...
Quarante années de regards sur toi, de remarques et de discours.
Ces personnes minces qui se lâchent sur une part de tarte à grand renfort de : "c'est pas raisonnable, mais je ferai régime demain, normalement le soir moi c'est une soupe et un yaourt."
Parfois j'ai juste envie de dire : mange et tais-toi !
Quarante années de régimes et de yoyo, et ce corps merveilleux qui ne s'y laisse plus prendre.
Car comme chacun sait, une fois trahie, la confiance est bien longue à restaurer.
Le corps, armé pour survivre, persiste à stocker, quelles que soient les quantités, en prévision de l'inévitable disette qui ne manquera pas de revenir.
Je me dis que c'est une incroyable victoire cette libération.
Mais qu'il me reste un long chemin à parcourir.
Car je n'ai pas abandonné l'idée de perdre un peu de ce poids qui ne m'entrave plus, mais me pèse.
super !
RépondreSupprimerbonne poursuite de chemin
c'est la "bonne" voie
et tu es plus sereine alors ça va "le faire"
forcement
bisous
et oui pour la crêpe sucre citron :)
RépondreSupprimerbon dimanche
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