lundi 24 juillet 2017

Let it go...

Je réfléchis beaucoup au fameux "Lâcher prise" ces derniers temps.
Qu'en anglais on dit plutôt "laisser aller",
mais probablement qu'on n'utilise pas cette expression à cause de son double sens dans notre langue.
Bref, c'est cette image du singe qui bondit pour attraper une orange,
et se retrouve coincé dans les airs, parce qu'une fois son poing refermé,
sa main est coincée derrière les barreaux, et l'empêche de redescendre.
Oui, le singe a choisi l'orange prisonnière d'une cage....
Il s'agrippe, il s'énerve, il a le nez sur les barreaux qui le retiennent,
alors il ne voit pas.
Il ne voit pas l'orangeraie tout autour de lui, il a mal, il a peur, il ne lâche pas.
C'est marrant parce que quand on commence une méditation, normalement on fait
Shamata.
En portant attention sur sa respiration, on calme le singe qui est en nous,
le singe de la pensée qui se jette partout.
Moi, quand je coussine, je l'imagine souvent allant s'asseoir tranquillement.
Mes ces derniers temps, j'arrivais pas à l'attraper,
et quand je le chopais, il hurlait "Au secours" sans discernement.
Impossible de reprendre mes esprits.

Maintenant mon singe, il lâche l'orange,
et il va s'allonger dans un hamac tendu entre deux orangers.
Ces barreaux, cette prison, ça peut être plein de sentiments, d'émotions,
le passé qui ressurgit, le futur qui nous angoisse,
les non dits,
la peur qui nous conduit à essayer de garder le contrôle au lieu du cap.
Et qui nous fait souffrir.

J'ai lâché l'orange.
J'ai écrit tout ce que j'avais à dire,
dans mon bullet,
dans quelques mails, un énorme vidage de sac, qui n'appelait pas de réponse, puis le silence.
Dans mon coeur, et dans ma tête.
Et c'était bien reposant.

Bien sûr, je suis très aidée,
par tous ceux qui sont gentils avec moi,
par les Boys et Maiia,
par les gestes de gentillesse gratuits,
par les prières depuis Pierre Part,
et par vous,
vos messages, vos commentaires,
et même vos silences.
Oui, beaucoup.
Tout ça, je le ressens vraiment.

Samedi donc, me voilà transportée par un jeune musicien jusqu'à un bal au milieu de rien,
une ferme.
On s'est dit, hum, tout le monde est à Gennetines.
Bah non, il y a TOUJOURS des gens comme toi,
et ça se voit pas sur cette photo, mais finalement on a bien dansé en joyeuse compagnie.
La musique du duo Time to play était jeune, brillante, et très dansante malgré l'absence de plancher.
Et il m'ont fait chanter pendant leurs pauses.







La nuit j'ai dormi chez la maman du deuxième musicien,
j'appelle ça les auberges du folk,
un matelas, ton sac de couchage,
des sourires, des histoires,
des gens bien, des gens vaillants.

Le lendemain, elle m'a conduit à mon covoit.
Je suis arrivée assez en avance pour profiter du centre aqualudique sur le parking du rendez vous.
45 minutes de nage en plein air, seule.
Oui, le corps, c'est l'antidote de l'esprit.
Surtout avec juste le ciel au-dessus de toi.

Hier soir, je me suis pourtant rejetée sur l'orange en cage.

J'arrivais pas à la lâcher.
J'ai dû faire Shamata longtemps,
avant de retrouver le chemin du hamac...
On éprouve des sentiments, des émotions.
On n'est pas ces sensations qui essaient de nous gouverner.

Et ce matin, j'étais parée.
C'est-à-dire que munie de tous mes porte-bonheurs (special tribute to Barbara...)
Dans le train, j'étais en train de penser "aujourd'hui, ça fait 5 ans que mon père est mort",
un type est venu brusquement s'asseoir en face de moi.
Punaise, je l'ai pas reconnu tout de suite, mais j'étais contente de le revoir, et ça m'a passé le temps.
Le père des Boys m'attendait à la gare pour le ride.
L'infirmière du bloc m'a aussi reconnue : j'avais eu sa fille en CP il y a ....9 ans !
J'ai fermé les yeux .
Un peu plus tard dans la chambre,
j'ai reçu un message.
Il est arrivé par surprise.
Une graaaaaaaande, une vraie surprise, qui a dû lui coûter un gros effort,
compte tenu des circonstances.
Et c'est finalement lui qui m'a ramenée à Limoges.
La vie des fois c'est drôle.
Mais faut lâcher l'orange en cage pour en profiter....et rester silencieux parfois.







Ah oui, résultat de la biopsie dans 10 jours.
Je serai en Louisiane, parce que même s'ils n'étaient pas bons,
le médecin m'a assurée que ce ne serait pas une urgence.
Alors je rentre comme prévu mardi prochain.

Je crois aux petites lumières oranges de la vie,
dont il ne faut pas ignorer les signaux.
J'ai dit à l'infirmière,
le bracelet, je le garde.
C'est pour me souvenir que je serai en retraite, 
ou en retrait,
et en bonne santé,
à 60 ans.
Je vas jongler à ça.
L'univers n'aime que les formulations positives.








mardi 18 juillet 2017

S'emballer...

J'apprends à aller au bal sans m'emballer.
Je reviens, un peu éreintée, mais mon petit cœur d'artichaut plus léger,
du festival Le Son Continu, au Château d'Ars,
sur lequel j'étais de nouveau bénévole en cuisine.
On lâche pas la patate, et c'est tant mieux car nos deux chefs de compétition cuisinent essentiellement des produits frais locaux.




Je suis passée au grill, faire la photo coucou pour Mike qui nous a bien manqué !



Bercée par l'ambiance saine et bienveillante de cette manifestation,
qui chaque année améliore son organisation,




parfois totalement rincée entre deux courtes nuits,
mais les yeux grands ouverts sur les petits bonheurs quotidiens,







j'ai finalement trouvé un truc infaillible pour ne pas avoir à entrer dans les détails en ravalant mes larmes,
chaque fois qu'on m'a demandé, ça va ?
J'ai répondu que, là tout de suite, oui ça va,
parce que c'était le cas.

J'ai eu l'occasion de chanter 30 minutes sur une scène sonorisée,
en mesurant à quel point cela aussi me manque.
Mais surtout, j'ai beaucoup, beaucoup dansé....






J'ai aimé tous ses bras anonymes dans lesquels tu traverses légèrement les parquets,
sans conséquence.
J'ai aimé m'embrouiller un peu dans les pas d'Alain,
être transportée vers l'infini et au-delà avec François,
la discrète et respectueuse douceur de Jim,
tourbillonner avec un Pol,
et pleurer un peu avec un autre Pol.

Il a dit "c'est pas vivable",
"un jour on se rend compte qu'on n'est plus amoureux,
on sait pas trop pourquoi,
une sorte de lassitude qui nous gagne,
devant toujours les mêmes réactions.
Cette manière insupportable de faire comme si rien ne s'était passé.
On n'en parle plus ? 
Mais c'est n'importe quoi, tout ce que tu mets dans un pot comme ça, avec le couvercle bien fermé,
ça germe, et pis un jour ça explose.
Moi je veux de la sérénité, quelqu'un avec qui parler quand il y a des tensions,
Bien sûr du sexe, de la compagnie et des gestes de tendresse, mais pas seulement.
Je veux le repos de mon âme."
 
Il parlait de lui bien sûr.
De sa propre expérience.
En l'écoutant j'ai eu un gros retour de chagrin,
parce que c'était une sorte d'évidence qu'il n'y aura pas de retour en arrière.
Quelques pas de côté peut-être, le temps d'organiser la solitude,
mais sans nourrir de faux espoirs,
parce que c'est pas un truc momentané de deuil à traverser,
c'est pas juste que les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus,
c'est surtout que, quelle que soit la personnalité exceptionnelle de l'autre,
et les bons moments qu'on partage,
ça colle pas,
et ça collera jamais.
Refuser de mettre des mots sur les maux,
c'est pas vivable non, pis c'est tout.
Les jours s'écoulent, dans le silence.
C'est déjà le temps d'après la fête.
La musique s'est tue.
Tout est calme dans la lumière.





Au retour,
avant le rendez-vous chez l'anesthésiste,
j'ai fait un petit détour par une de mes plages préférées,
que mes Z'amies pour vous reconnaîtrez peut-être.





Au milieu du lac, allongée sur l'eau, j'ai regardé les arbres et les grands oiseaux.
Et c'était beau.

lundi 10 juillet 2017

Un samedi soir sur la Terre, ah ben non un dimanche...

Je sais pas si c'est la pleine lune,
mais entre deux crises de larme,
je suis à fond les ballons...
Donc hier, Franzouski m'a prêté son char, et j'ai filé à la Soute pour le bal avec les Genoux.


J'ai retrouvé avec plaisir la musique, les danses...
L'esprit malin de mes compatriotes : à l'entrée, un danseur m'interpelle. Ils sont en train de faire un groupe de 10 pour payer l'entrée 8.50 au lieu de 12 €...
J'ai compris à quel point ça me manque.
Tourner, chalouper.
Pas de partenaire attitré  ? Pas grave, tu passes de bras en bras, et c'est une bonne soirée.
C'est pas que je m'amuse pas en Louisiane, non.
C'est juste que ce sont pas mes danses.
C'est pas ma musique.
Ce ne sont pas mes pas.
C'est pas chez moi.
Et sûrement que j'y vivrai différemment cette prochaine année, maintenant que j'ai compris ça.
Je jongle un peu à après, et ça me paraît moins impossible qu'après ce soit ici.

Special tribute to Geneviève : Dis donc, tu savais toi que les chaussures, c'est un symbole onirique sexuel ? Donc ON NE PEUT pas trouver chaussure à notre pied.
Bah oui, la chaussure, c'est nous !
Faut trouver le pied maintenant.
Je sais pas si ça change tout ou si ça nous fait une belle jambe....

dimanche 9 juillet 2017

La gniappe


La gniappe en cadjin,
c'est le petit truc en plus,
gratuit,
pour faire plaisir,
aujourd'hui pour moi c'est cette vidéo.
Exactement l'image que je garderai, parce que ça n'a pas tellement changé au fond...

Demandez le programme !

Ce soir, bal à la Soute avec un de mes groupes préférés, les Genoux.

Demain, examen de routine (sans surprise j'espère), CAF pour les embrouilles des Boys
(la CAF s'est trompée, leur réclame plein de pognon, retient au Kid la totalité de son APL alors qu'il y a un recours au Tribunal administratif,
et téléphone à sa propriétaire actuelle pour lui dire qu'il a une dette, alors qu'elle ne perçoit pas directement l'APL....)
et fixer le RV avec l'anesthésiste,
dans les jours qui précèdent le lundi 24, jour J déjà fixé avec le chirurgien.
Mardi cap sur le Son continu, où cette année encore je serai bénévole, ce dont je me réjouis.
Ça me fera du bien de danser, c'est certain....

Pour la suite, ben on verra.
Un tit brin à la fois comme disent les cadjins.
Pour l'instant j'ai pas changé mon billet d'avion, parce que le médecin s'est montré plutôt rassurant qu'alarmiste,
et qu'il sera toujours temps s'il faut vraiment...




Ici et maintenant

Mes fils, qui ne brillent pas par leur perfection loin de là, ont tout de même quelques qualités,
qui se révèlent bien utiles quand ça va pas comme je voudrais.
Franzouski par exemple sait ouvrir ses bras en silence quand je suis triste.
Et se lever à 6.00 du mat, pour aller me déposer à 30 minutes de là.
Le Kid s'appuiera le chemin le soir, pour revenir me chercher.
Les deux savent ne rien dire d'inutile quand j'ai juste besoin de pleurer.
Or, depuis mardi les vannes se sont ouvertes, et ça n'arrête pas de couler.
Faut attendre que ça sorte, puisque de toute façon, ça va passer.

Vendredi soir, en revenant d'aller voir ma mère, on s'était arrêté pour se rafraîchir
au lac de St Pardoux. En regardant un plan, j'ai vu que tu peux faire le tour du lac,
24 km, et j'ai tout de suite compris que c'était ce qu'il me fallait.
Mettre un pied devant l'autre, pour me reconnecter au moment présent.
Des murets de pierre sèches, de la mousse, des fougères, des arbres, de la lumière, de l'eau,
l'odeur chaude et familière des vaches,
nager et transpirer un peu.

















En regardant les remorques à bateau,
sur les aires de mise à l'eau,



 l'étendue d'eau



 les enchevêtrements de branches et de racines,



 je me suis surprise à reconsidérer l'éventualité de mon retour.
C'est sûr, je ne revivrai pas exactement comme avant,
j'aurais appris beaucoup d'aller vivre sous une autre latitude,
mais l'eau, les arbres, les bateaux et les oiseaux,
on a tout ça ici aussi.
Tout près.
Avec la famille et les amis en plus.

Sur ce chemin j'ai beaucoup pleuré,
et ça ne s'est pas arrêté dans la voiture du Kid,
qui est très cool dans ces cas là.

En rentrant, je me suis aperçue que j'ai encore perdu une boucle d'oreille...

mardi 4 juillet 2017

Quand ça veut pas....

Dimanche, je suis allée déjeuner chez une copine,
avec quelques camarades de promo.
On s'est fait la réflexion que quand même, ça fait dix-sept ans qu'on a passé ce satané concours,
pour embrasser une profession qu'on aime encore, 
mais qui ne nous le rend pas toujours.
C'est un métier où on trouve de la souffrance, de la fatigue,
essentiellement dus à une gestion désastreuse des personnels, 
qui se conjugue malheureusement à une remise en question insuffisante de la profession elle-même.
Il faudrait pouvoir tout remettre à plat,
écouter ceux qui restent investis,
et accompagner la réorientation de ceux qui n'en peuvent plus. 

Personnellement, j'en peux encore,
j'aime toujours bien être en classe.
Mais faut être honnête : j'en ai marre de me lever le matin....

Avant que tout le monde n'arrive,
je regardais la terrasse de mon amie,
la volubilité des glycines et de la passiflore,
qui n'étaient pas si présentes la dernière fois.
C'est à ce genre de détail que je mesure le temps qui passe...
 

Comme je suis la plus vieille on a un peu rigolé sur l'échéance de la retraite,
et c'est plutôt de bonne humeur que je me suis rendue ce matin à la Carsat,
pour faire le point sur je que je croyais être la lumière au bout du tunnel.
 

Je suis ressortie en pleurant,
et je ne te cache pas que c'était juste le début d'une journée de merde,
si j'excepte la chouette parenthèse du déjeuner avec J.-L.
Depuis des années je me dis que je partirai à 60 ans, qu'il faut juste tenir bon,
qu'avec mes trimestres validés avant 18 ans,
je bénéficierai des dispositions sur les carrières longues.
Sauf que...
sauf qu'il y a une deuxième règle : pour cette disposition, on ne compte pas les enfants, et seulement un an de chômage.. et qu'en outre un de mes employeurs ne m'avait pas déclarée pendant 3 ans ;
bref, alors que j'aurai TOUS mes trimestres à 58 ans, je devrai partir à... 62,
même plus, vu que je suis née en octobre, je devrai me farcir une année scolaire en plus.
La triple peine...
Alors bien sûr je vais tenter un recours pour ces 3 injustes années, mais sans grande chance de succès.
En sortant, j'ai pensé très clairement : "je n'arriverai pas à 62 ans, je vais mourir avant".

L'après-midi, je suis allée au rendez-vous avec ma gynéco, que malheureusement, je n'avais pas pu voir l'an dernier.
Pendant l'échographie, elle a fait cette petite grimace que tu redoutes de voir,
et elle a dit: "il faut faire un curetage et une biopsie, vous ne pouvez pas attendre l'an prochain."
Et elle m'a pris rendez-vous chez un confrère pour jeudi soir, pour que ce soit réglé avant mon départ.
Bien sûr pour que le tableau soit complet, je ne suis pas couverte de la même manière en France qu'aux USA, et je dois vérifier demain que je devrai probablement avancer les frais...

Mais c'est pas mon souci majeur..
Et ce ne sont pas juste mes projets pour ces vacances qui viennent de déflagrer.
Heureusement, je ne suis pas toute seule, les Boys assurent bien.
Lui, il est loin,
même pas joignable,
et dans un brouillard d'idées noires, je me suis surprise à penser que de toute façon ça ferait pas une bien grosse différence....
Ouai, c'était vraiment une journée de merde.
Vivement demain....