mercredi 18 septembre 2019

Tout est calme dans mon âme

Hier soir, je m'apprêtais à fermer les volets du deuxième chien assis de ma chambre.
Je n'ai pas pu.
Je voyais cette lune gibbeuse si brillante, qu'elle accrochait des paillettes dorées à la dentelle en ribambelle des délicats nuages blancs, qui festonnait le velours bleu gris de la nuit.
C'était tellement beau, presque magique.
Un halo de lumière traversait l'encadrement de la fenêtre, comme une poursuite de scène sur le mitan du lit.
J'ai laissé la fenêtre ouverte. Assise sur ma couette, j'ai remercié mes pieds et je leur ai offert un petit massage.
Il paraît que les blessures au pied sont les blessures de l'âme.
Je souffrais depuis plusieurs mois.
Depuis quelques jours je n'ai presque plus mal.

Je ne pouvais toujours pas me résoudre à fermer cette fenêtre, à me priver de cette lumière.
Je me suis allongée pour prendre un bain de lune.
Les chauves-souris volaient au ras de l'embrasure.
J'ai fermé les yeux.

Quand j'ai regardé de nouveau, la lune avait disparu.
Ne restait que la lueur blafarde de l'aube.
Je me suis levée pour fermer le volet, la fenêtre.
Puis je me suis rendormie jusqu'au grand matin.


Parfois, la vie, c'est comme marcher jusqu'aux portes des Enfers.
Traverser , et puis de l'autre côté, retrouver les eaux calmes de la paix et de la joie.




Que la lune croisse et décroisse encore et encore sur nos vies.
Tant qu'on pourra courir les bois,
explorer les rivières,
rire de bêtises,
chanter et danser...





"Je m’éveille le matin avec une joie secrète de voir la lumière ; je vois la lumière avec une espèce de ravissement ; et tout le reste du jour je suis content. Je passe la nuit sans m’éveiller ; et le soir, quand je vais au lit, une espèce d’engourdissement m’empêche de faire des réflexions."
Montesquieu

lundi 9 septembre 2019

La grossitude ça n'existe pas #15 Rééducation alimentaire : point d'étape

Cinq mois après mes deux semaines à l'hôpital de St Pourçain,
je dois me rendre à l'évidence : j'ai mangé tout ce qui me faisait envie,
sans interdit, et je n'ai pas grossi d'un gramme.
L'été, les vacances, les apéros, les fêtes... j'ai profité de tout.
Et je n'ai eu aucune crise de compulsion depuis plus de deux mois.
Autant te dire, c'est un immense soulagement...

Mes envies même ont changé.



Pendant les vacances, je me suis aperçue que je préfère les crêpes citron-sucre à celles surmontées de deux boules de glaces/chantilly/chocolat.
Que quelques amandes et noix de cajou, ou un simple bout de pain frais, calment ma faim en attendant le repas.
Que je ne raffole pas tant que ça du saucisson et des chips à l'apéro, du moment que j'ai un grand verre d'eau pétillante au citron et gingembre (une petite recette toute simple de Franzouski).

Qu'est-ce qui a changé au fond ?
Il me semble que c'est juste la notion d'interdit.
Qu'au restaurant, à la fin d'un bon repas assaisonné de culpabilité, dont on n'a pas entièrement profité du coup, bah la crêpe à deux boules c'est presque inévitable. Induite par une de ces pensées automatiques : au point où j'en suis...foutu pour foutu...
Alors qu'après avoir dégusté les moules marinières ou le tartare frites j'éprouve une sorte de plénitude béate qui laisse éventuellement une petite place pour le café gourmand ou la crêpe au citron. Mais guère plus.
Le lendemain, je n'y pense plus. Je ne remange que quand j'ai de nouveau faim. Parfois très tard dans la journée.
Ce n'est pas mal de ne pas petit déjeuner. C'est logique.






Cette rééducation alimentaire ça n'a rien à voir avec les calories, les un peu de ceci et pas du tout de cela.
C'est juste écouter sa faim, ressentir la satiété, le rassasiement.
C'est, sous le coup d'une émotion, accepter de se réconforter, sans culpabilité, en dégustant un aliment régressif.
C'est une question de respect pour soi-même et ses sensations.
Une question de confiance aussi.
Confiance dans cette merveilleuse machine pensante qu'est notre corps.


Quarante années de pensées automatiques à chaque prise alimentaire : c'est trop, trop gras, trop sucré, tu vas grossir, tu n'as pas de volonté...
Quarante années de regards sur toi, de remarques et de discours.
Ces personnes minces qui se lâchent sur une part de tarte à grand renfort de : "c'est pas raisonnable, mais je ferai régime demain, normalement le soir moi c'est une soupe et un yaourt."
Parfois j'ai juste envie de dire : mange et tais-toi !
Quarante années de régimes et de yoyo, et ce corps merveilleux qui ne s'y laisse plus prendre.

Car comme chacun sait, une fois trahie, la confiance est bien longue à restaurer.
Le corps, armé pour survivre, persiste à stocker, quelles que soient les quantités, en prévision de l'inévitable disette qui ne manquera pas de revenir.
Je me dis que c'est une incroyable victoire cette libération.
Mais qu'il me reste un long chemin à parcourir.
Car je n'ai pas abandonné l'idée de perdre un peu de ce poids qui ne m'entrave plus, mais me pèse.



dimanche 8 septembre 2019

Trois heures dehors

Les dimanches de septembre, il y a des randonnées un peu partout.
Quand c'est proche la maison, je fais 5 km à vélo, j'enchaîne avec la plus petite boucle et je rentre.
Ajoute à ça le temps de cueillir des mûres, de rêvasser un peu, de lier conversation.
Je pars à 9 heures, je rentre à midi.
Le temps se suspend un peu.
C'est sacrément bon de sentir pédaler et marcher.
C'est dimanche et je ne travaille pas pour l'école.


Malheureusement, 
même dans la fraîcheur grise du matin, le bocage, longtemps privé d'eau, reste exsangue.



Mais les rues creuses invitent encore à cheminer.



Et comme nos chemins sont de croix,
je m'arrête toujours au moins une fois.
Pour dire merci.
Merci de m'avoir amenée jusqu'ici.




vendredi 6 septembre 2019

La dernière rentrée de Madame Nicole

Ouh mais dis-moi, ça fait un bon moment que j'ai rien publié.
Le temps court, une lune après l'autre qui se lève sur Embraud, où j'aime traîner le soir seule.


Les vacances sont passées comme un rêve.

Le temps d'explorer la rivière avec mes Z...


Avec ma famille

Le temps de partager avec elles et eux, mon amour pour cette place, et toutes nos joies et misères, le sens du quotidien...

Le temps d'un détour par la Bretagne,


et de me dire qu'on va parfois chercher bien loin ce qu'on a tout près,



Et voilà, il faut déjà y retourner, dans la fraîcheur dorée de ces jours sans pluie.

C'est donc ma dernière rentrée.
En douceur, je ne travaille plus le vendredi à partir d'octobre (en plus du mercredi).
Je suis à 80% (payée 85..) et j'en remercie mon inspecteur qui m'a donné un complément de service et permis de faire les 7,5 jours que je dois à l'Etat sur le réseau, et non pas en remplacement de directeurs...
Il y a matière autant te dire. Les lignes de la misère bougent très peu...

Mais il y a de l'espoir, comme me l'a rappelé Boris Cyrulnik le jour de ma dernière rentrée.

https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/rentree-scolaire-la-pedagogie-a-lheure-des-neurosciences

Oui ma dernière rentrée.
C'est décidé, à la fin de l'année, je démissionne.
J'ai un projet, des idées, des envies.
J'ai encore des choses à partager avec vous.

J'ai ce plaisir incroyable de la liberté.
J'ai même aussi celui de chercher encore.

J'éprouve, plus que jamais, un sentiment de légèreté.
Parce que c'est ma dernière rentrée.