mardi 31 juillet 2012

J-3 mardi

Pour une fois, ce n'est pas moi qui subis  l'épreuve de la balance...

Recalés



Adoptés


 Avant 




Après

J-4 lundi

7h37 La Souterraine
j'ai froid
je suis partie légère
et la clim du train est affreusement mal réglée
dehors il pleut, et je n'ai ni parapluie, ni imper...
je pense à mon père
qui disait tout le temps 
"la pluie du matin n'arrête pas le pèlerin"
10h18 Paris - Gare d'Austerlitz
il ne pleut plus
le temps est maussade ? tant mieux, je n'aurai pas trop chaud !
je range le ticket de métro que j'avais préparé
en marchant sur le quai
je me dis que
pour moi,
le chemin commence ici 





Frivolité bien ordonnée...
ici ils ont des shampoings solides de 55g avec lesquels on peut aussi laver son linge,
ma féminité frétille :
ma culotte va sentir le jasmin...
j'ajoute aussi des pastilles de dentifrice,
plus sexy et plus naturelles que celles du Vieux Campeur









Le poids est l'ennemi du pélerin

Sac de couchage 400 g
sac à viande en soie
je ne prends pas de matelas
on verra bien
bâtons de marche
pas de chaussures : j'ai décidé de partir en sandales
sac à dos 35 litres seulement : plus le sac est grand, plus on le charge.

ça se gâte dans l'échoppe suivante (les magasins du Vieux Campeur occupent la moitié du quartier, chacun sa spécialisation)
celle de la rue Thenard :
ma féminité en prend un coup : pas de vêtements à ma taille (48, je précise...)
eh oui,
le concept reste tenace :
la grosse est molle
elle ne marche pas
ou alors pas longtemps
elle se contentera du rayon homme
où RIEN n'est sexy
vu que RIEN n'est taillé pour les nichons et les hanches de fille
en rentrant je pèserai mes robes
et je prendrai la plus légère, pour le soir
ça fera une moyenne


je déambule dans ce quartier où les souvenirs affluent
fontaine  St-Michel
là où toute ma banlieue se donnait rendez-vous, 
sauf moi, qui ne sortait jamais
le Danton, mon premier rendez-vous amoureux
la pâtisserie viennoise décor de mes premières crises de boulimie,
elle est fermée,
dommage
j'y aurais bien déjeuné, pour réparer le souvenir des gâteaux achetés en quantité pour les dévorer en cachette
tout a changé
tout est pareil
je me sens si différente aujourd'hui

j'achète un appareil photo
je le déballe à midi dans un restau japonais
je jette l'emballage ET LE CD-ROM D'INSTALLATION !
je pars aussi du restaurant sans payer
faut croire que je suis troublée

mes pieds ne sont pas trop mourlourus
je repars à pinces
la sac à dos chargé en plus
oui
ça commence tout de suite
18h42 Paris Austerlitz
21h21 La Souterraine

Édit 1 : pour le CD, je ne m'en suis rendue-compte qu'arrivée à la maison, of course.
Le pilote est introuvable sur internet. C'est peut-être pas mon karma d'emporter cet appareil là...

Édit 2 : dernière minute, et on se couchera tous un peu moins bête ce soir : pas besoin du cd d'installation. Tous les appareils sont reconnus comme une simple clé USB, et heureusement, sinon on en aurait besoin pour chaque PC utilisé. Deuxième conseil : on ne clique pas sur "importer photos et vidéos", on ouvre le dossier et on fait glisser le fichiers comme à partir d'une simple clé. Béni soit le SAV de la Fnac, efficace dès 8h33 !

dimanche 29 juillet 2012

mardi 24 juillet 2012

En paix

Il s'est éteint
cet après-midi
et il était temps
tant il était méconnaissable
un souffle de vie
dans un corps mort.
J'ai du chagrin bien sûr
mais je ne me sens pas malheureuse
seulement soulagée
pour lui
et pour moi.

Samedi ce sera son dernier voyage
et la porte pourra se refermer doucement.

Il me reste à l'annoncer à ma mère.

Je remercie sincèrement toutes celles et ceux qui m'ont témoigné leur empathie.

jeudi 19 juillet 2012

L'écho des ténèbres

11h30
Il décline d'heure en heure
manifestement, la L-Dopa ne passe plus dans le sang
deux maladies se télescopent

hier il voulait un stylo pour les mots croisés du journal
aujourd'hui il ne peut même plus tenir un mouchoir
avaler un verre d'eau

il me confond avec une de mes demi-soeurs
pas revue depuis des années
je sais que c'est la fin

13h00
mon frère ne rappelle pas
je retéléphone
ma belle-sœur me répond, je l'entends en pointillés :
 "trop loin, trop de travail, aucune communication possible avec toi, si encore c'était à Paris - est-ce un reproche ? -, tu sais il a eu une belle vie, tu sais comment est ton frère, il s'est habitué à cette idée depuis longtemps".
Je m'entends dire "Non, je ne sais pas, parce que je ne l'ai pas vu depuis des années, parce que les gens peuvent changer. Mais toi qui le connais, puisque tu partages sa vie, si tu dis que ça va, alors ça va. Moi je sais juste qu'il n'y a pas de brouillon dans la vie, et que quand c'est trop tard, c'est trop tard."

je prends congé poliment
je raccroche

un flash
25 ans en arrière
la mort du chat confié le temps des vacances
jamais récupéré
à peu près le même discours
c'est vrai quoi
je dramatise tout !

c'est marrant
quand j'y repense
parce que c'était trop la honte de choisir des prénoms de parents
Denise et Denis
Nicole et Nicolas
il a appelé son premier fils Tanguy
comme ce chat...

punaise
j'ai de mauvaises pensées
ça me bouffe
j'ai besoin de bienveillance et de calme intérieur
je n'ai pas envie de perdre de l'énergie à juger
à me justifier
je pense à des conneries
l'argent qu'il faudra partager avec cet étranger qu'est devenu mon frère
un instant j'ai l'idée de me servir avant
mais je sais bien que je ne le ferai pas

et puis
ça tombe bien
de l'argent il n'y en a presque pas
ah ah !

shamata
je m'offre un quart d'heure de méditation

14h00
la prison
quelqu'un a l'idée saugrenue de me demander si ça va
j'éclate en sanglots
je me ressaisis
il y a un nouveau géorgien
je l'évalue
shamata

16h30
il ne rentrera pas
il mourra là-bas
cancer du pancréas
métastasé

le médecin, un homme bon, sincère et respectueux
comme tout le service
- ça doit être une question d'étage,
quelle différence avec le 5ème où l'on n'a pas encore découvert la bientraitance ! -
m'explique les stratégies possibles

opération lourde
chimiothérapie invasive
chances infimes de succès
probabilité d'effets collatéraux insupportables

bilan coût/avantage peu convaincant
 pour gagner quoi ?
une semaine ? un mois ?

il ne s'engage sur aucun délai
et j'apprécie cette humanité qui nous met tous à égalité
on sait qu'on va mourir
mais on ne sait pas quand
et c'est très bien comme ça

franchement
j'aimerais mieux qu'on en reste là
et qu'on passe aux soins palliatifs

"- Est-ce qu'il souffrira ? 
- Non, on a tous les moyens pour ça.
- Je voudrais que vous lui expliquiez, que vous lui disiez qu'il va mourir.
Vous savez, il est prisonnier de son corps qui ne répond plus, et il est désorienté et de plus en plus confus. Cependant je sais qu'il entend et comprend ce qu'on lui explique,
alors il faut le faire tant que c'est encore possible. Vous le ferez ?
- Oui, je trouverai les mots pour le lui dire.
- Moi ce que je veux c'est qu'il y ait de la douceur, et pas de douleur, qu'il s'en aille dans la dignité. 
Si c'était votre père, qu'est-ce que vous feriez vous ?
- Madame, si vous voulez qu'on l'opère, ou la chimio, on le fera bien sûr. Mais si c'était mon père, non, je ne ferais rien, j'attendrais, c'est tout."

Je pleure un peu
"- La seule chose, c'est que j'ai peur qu'il ne se batte inutilement, qu'il ne lâche pas prise facilement, il y a tellement de choses qu'il n'a pas réglées avant de partir."

Je me réjouis de ne pas avoir prévu de partir en vacances
de l'avoir gardé chez moi ces dernières années
de l'avoir hospitalisé dans le calme
le plus tard possible

quand j'aurai fini de pleurer
c'est ça qui me tiendra debout
avoir fait ce qu'il fallait

18h15
l'infirmière m'a demandé si je pouvais être là au repas
ils ont du mal à lui faire prendre ses médicaments

je le trouve tombé par terre
l'aide-soignant le relève

j'ai envie de rester seule avec lui
le temps s'écoule au rythme des cuillerées d'eau gélifiée
saupoudrées du contenu des gélules
il n'avale rien d'autre
ses joues jaunes et amaigries appellent une caresse
"tu sens mes mains ?"
il fait signe que oui

je crois bien que je me suis un peu assoupie sur son épaule
je me réveille le bras en travers de sa poitrine
le nez dans son t-shirt
je sniffe l'odeur de mon père
sa peau de savon de Marseille
l'odeur de mon enfance
des chagrins consolés
des colères apaisées
il est paisible et je m'en vais






mercredi 18 juillet 2012

AMAP

Cueillis


Coupés 
Cuits


Croqués 


Si je ne l'avais pas renversé dans le four
(bénis soit l'inventeur de la pyrolyse)
le gratin de fruits à gauche aurait été parfait.

Pour une personne, pour moi toute seule donc, j'ai mis :
2 CS de fromage blanc de chèvre
1 cc de crème fraîche crue
1cc de farine
1CS de sucre complet (mascovado)
1 CS de poudre d'amandes
et dessus j'ai ajouté des tranches de brugnon et pamplemousse.
Comme il n'y a pas d’œuf, ça reste assez crémeux.
Et c'est très bon.

Le poulet, grillé, c'est un reste de brochettes d'hier soir,
marinées dans le même fromage blanc de chèvre 
battu avec des épices de colombo.

Une journée futile
de soleil et d'eau
l'annonce d'une grossesse
l'équilibre du monde
la vie qui part
la vie qui vient.

La part des anges

de la violence
des larmes
des rires
de l'amour
des répliques cultes

ça m'a laissé la même impression
que "Tous les soleils"
bien que l'histoire soit très différente

un peu immoral
mais ce que j'ai trouvé le plus indécent en fait
c'est que quelqu'un soit prêt à payer 1 000 000 £ pour un tonneau de whisky...

la VO préserve l'ambiance
mais faut s'accrocher aux sous-titres
si comme moi
on n'est pas scottish fluent...

On the beach

 





Jour d'après


à l'évidence du jour
la lumière encore un matin
le temps est gratitude

mardi 17 juillet 2012

Haïku



naît le jour nouveau
jardin haut tapi dans l'ombre
soleil appuyé

lundi 16 juillet 2012

Au champ d'honneur

Il tombe
maintenant il tombe souvent

mon frère n'a pas rappelé
c'est son choix
mais c'est triste

je l'accompagne pour chaque geste
je le tiens enlacé
sa tête sur mon épaule
il s'abandonne parfois
il perd connaissance quelques secondes


je pense
"c'est peut-être la dernière fois que je le tiens dans mes bras"
il caresse mes cheveux
s'assure que c'est bien moi

quand il défaille
son regard devient vitreux
"Tu crois qu'il voit ?"
"Combien tu vois de doigts ?"
"trois"
Oui, il voit.

on avance à petits pas
il se tient au mur, aux portes
je peine deux fois plus

il n'a pas confiance en moi

c'est triste de ne pas avoir confiance dans la personne qui te tient

il est glacé
est-ce le froid de la mort
est-ce qu'elle l'enlace elle aussi ?
est-ce que quand je le tiens ça l'empêche d'approcher ?

je lui chante des chansons de la Légion
il met un pied devant l'autre
est-ce que parfois sa peau se souvient de soleil de l'Afrique ?
"Tu t'appelles Rousseel
 tu es né rue de la gare à Bruxelles"

les trois mètres du couloir à la chambre
sont comme une marche dans le désert
interminable
le mirage d'une oasis
qui semble s'éloigner à chaque pas

je le recouche
je vais pleurer un peu

je pense à ce livre
la voie du guerrier
je me concentre sur mon souffle
je me sens vivante

je me couche toute habillée
au cas où...

si je l'envoie à l'hôpital maintenant
il restera dans la lumière froide et crue des urgences
des heures
on le casera n'importe où
et il faudra le shooter pour qu'il accepte

je dois tenir jusqu'à demain matin
je ne sais pas pourquoi je le fais
ça me semble mieux comme ça
c'est tout

mon fils
ce héros du quotidien
qui nous suit avec une chaise
me dit : "on ne va pas dormir cette nuit".
Vraiment,
ça me chagrine de lui imposer ça.
Mais les urgences, mon grand, non, je ne peux pas lui faire ça.
Une nuit, dans une vie,
qu'est-ce que c'est ?
Alors que pour lui, ça compte énormément.



Edith Piaf - La fanion de la légion (1954) par moidixmois

dimanche 15 juillet 2012

En série

J'attends.
Chaque jour j'attends.
Le résultat des analyses.
L'hôpital.
La mort peut-être.
Qui peut savoir ?
Le matin j'attends le soir
et le soir j'attends le matin.

Comme c'est absolument insupportable de vivre dans cette attente,
je la trompe de mon mieux.
Tromper l'attente,
en profitant du moment présent.
Esperar
des événements plus légers.
Le retour de mon fils
un rayon de soleil
le prochain bal
la reprise d'une bouture
les haricots à cueillir
&
last but not least
le feuilleton de l'été !

Le maximum de mes capacités actuelles de frivolité.

Cette année
j'ai de la chance, il y a deux feuilletons :

un en costumes
à la télé
avec des rats, de la peste, des complots, et de l'obscurantisme
et quelques clichés sur l'inquisition et le moyen-âge
c'est assez haletant pour moi




et l'autre en couleurs
sur le blog de Jack
un album cadeau qui ne parle pas d'école
(enfin j'espère, on n'est qu'à la page 13...).

En dépit de l'absence de peste bubonique dans ce récit
la tension y est à son comble
vu que son auteur
- un pervers maniaco-dépressif très certainement -
distille page par page
chaque jour
mais pas à heure fixe.
Parfois une
parfois plusieurs.
Si bien qu'on est OBLIGE d'attendre
sans savoir à quoi s'attendre.
Un délice.







Les RITA MITSOUKO La Sorciere... par candyraton

Édit : la vidéo, c'est pure association d'idée. J'ai toujours trouvé cette chanson magnifique, je ne m'en lasse pas.

vendredi 13 juillet 2012

Le quart d'heure pro

Vu que ces chiens d'hypermarchés
- que la petite vérole les emporte -
ont déjà installé les fournitures de rentrée
je me suis dit qu'une fois n'est pas coutume
et même si ce blog n'est pas professionnel
(je ne dirais jamais assez mon admiration à celles et ceux qui passent du temps à ce genre de publication)
j'allais parler boulot.

Contexte
Le stage remise à niveau des CM, ce sont 5 matinées en petits groupes (6 élèves maximum),
sensés rebooster la mémoire et la concentration de gamins un peu à la traîne.

J'ai testé au printemps dernier, j'ai bien aimé
mon porte-monnaie aussi.

Je viens de réitérer.

15 heures de cours donc, math et français uniquement.
Certains élèves viennent avec une liste longue comme le bras de compétences à travailler.
D'autres avec rien.

L'expérience m'a montré que, de toute façon, ça ne change rien, tu n'as pas vraiment le temps de les évaluer, encore moins d'établir une progression, et c'est mieux, me semble-t-il, de travailler un peu différemment.
De fait, pas de surprise  : en gros, ça yoyote sur les grands nombres, les fractions et le passage aux décimaux, la résolution de problème, la compréhension en lecture, la production d'écrit (cohérence, cohésion, vocabulaire & so on...)


Ma méthode de lecture préféré, à cet âge, c'est Lector Lectrix (Cèbe/Goigoux).

Mais comme je ne connais pas les enfants,
qui viennent de plusieurs écoles différentes,
je ne sais pas si ce ne sera pas un doublon.

En plus, ils s'envolent pour le pays des sixièmes en septembre,
alors c'est vite vu, j'ai choisi ça.

On a commencé au printemps
et continué cette semaine,
les nouveaux ont été mis au parfum par les anciens.






Les activités
C'est moi qui lis.
On discute du fond, c'est un peu philo, ça ne fait pas de mal.
Après c'est action !


 Pour cette session,
je me suis concentrée sur la lecture en mathématique,
et j'ai soigneusement choisi des problèmes trouvés sur ce site de circonscription,
parce qu'ils exigent d'ingurgiter et de trier un tas d'informations pas forcément pertinentes,
avant de planifier une résolution en plusieurs étapes.
Je les ai rhabillés à la mode grecque, c'est-à-dire pour trois fois rien...


J'ai aussi proposé aux élèves d'utiliser les cartes mentales pour répondre sans se perdre
certains ont essayé, d'autres pas.
J'ai laissé faire.
C'est leur choix,
et dans la vie,
il n'y a pas toujours qu'une seule façon de faire.
(quoi que, au collège, je me demande...)





Les dessins que vous voyez sur les photos
c'est le film que je leur demande de se faire dans la tête quand ils lisent un récit.
Se représenter les images
c'est un atout de taille pour la compréhension,
surtout de l'implicite.
Alors on dessine
et ce n'est jamais du temps perdu.




Pour les activités de français autour de la lecture,
j'alterne selon mes envies, le temps disponible, le texte... autour de tout ça :

Enfin, puisqu'on en parle sans arrêt à la télévision, on en a profité pour chercher où est la Grèce,
et travailler sur la lecture de légende en géographie.
Petite lecture sur un voyage dans l'Union européenne, prise sur un site officiel, je ne sais plus lequel, mais remise à jour par mes soins, vu que la carte avait largement dépassé la date de péremption, et que je compte m'en resservir en FLE.


Édit 1 : maintenant je ferme la boîte, je range mon bureau, et je ne bosse plus jusqu'au prochain stage RAN, fin août.

Édit 2 : j'ai aimé cette semaine, d'école ouverte pour une poignée d'élèves, pendant laquelle ils ont été au taquet, avec le sourire, tout le temps. C'est pour ça que je publie les supports, parce que ça a bien fonctionné.

Édit 3 : mon sens de la coopération mutualiste étant limité, il n'y a rien à télécharger. Si vous voulez les docs, un courriel, hop, je vous les envoie.

jeudi 12 juillet 2012

Au nom du père

C'est terrible de ne pas pouvoir parler avec son cœur.
C'est comme une malédiction.

Ne pas savoir parler avec son cœur,
c'est se condamner à la solitude de l'âme,
à la colère,
aux regrets des uns,
ou à la rancœur des autres,
c'est selon.

Mon père,
qui savait bien parler,
et qui parlait beaucoup,
n'a pas appris cela, parler avec son cœur.

Je le plains beaucoup.

Maintenant qu'il entend sonner le glas
au soir de sa vie
il me parle de ses obsèques,
de son compte en banque,
de sa caisse de retraite.

Mais il ne dit rien sur ce qui compte vraiment
ses quatre autres filles
mes demi-sœurs, 
abandonnées,
pour leur bien
au tout début du chemin.
Les retrouvailles manquées.
La punition de l'accident de ma mère,
cette croix qu'il a portée.
Mon frère, ce grand absent.
Les silences, les non-dits, derrière les flots de paroles.

Au soir de la vie
quand les lumières s'éteignent une à une,
que reste-t-il de toutes nos illusions ?

Si on n'a pas su regarder la vérité en face
et en être désolé,
si on n'a pas admis les blessures infligées
par égoïsme ou par mégarde,
et en demander pardon,
est-ce qu'on peut partir serein,
lâcher l'affaire en toute quiétude ?

Est-ce qu'on peut fermer les yeux et partir tranquille
si on n'a pas fait tout ce qu'il y avait à faire ?

A l'heure du jugement dernier
les bras ouverts sur mes chagrins,
les couvertures remontées la nuit,
quand je les avais jetées à bas de mon lit, pour suivre Peter Pan, les bras en croix,
ma tête sur ses genoux quand j'étais malade,
le repas au restaurant chic, un soir après l'internat
pour m'expliquer la contraception
et que c'est mieux de ne pas faire l'amour comme on casse la croûte,
la voiture louée pour accompagner mon frère à l'oral du bac,
les vacances d'été, seul avec lui,
ma mère emmenée dans son fauteuil roulant
jusqu'à une plage espagnole,
et portée dans ses bras pour qu'elle se baigne,
est-ce que ça pèsera assez, dans l'autre plateau
pour équilibrer la balance ?

Et tous ceux qui ne l'ont pas revu
et qui n'ont rien dit non plus avec leur cœur,
sont-ils condamnés à d'éternels regrets ?


Tous les clips Barbara





mercredi 11 juillet 2012

Baloche


Le bal c'est avec Longskateurs
et c'est gratuit !
Que demander de plus ?
Hum, un cavalier qui emballe peut-être...

Garden Party


dimanche 8 juillet 2012

Mes années lycée

Un flash
en préparant le déjeuner.
Sûrement tous ces trucs sur le bac,
ça m'a rappelé le lycée.
J'adorais cette chanson
et
Stairway to heaven,
Neil Young,
Cat Stevens
Simon & Garfunkel
Gérard Manset
et
Jean-Michel Carradec.
Pfff
le coup de vieux....


Édit : J'adore la vidéo. Il y en a un qui souffre vachement, on sent qu'il vit le truc à mort, et l'autre qui s'en tamponne le coquillard, qui cachetonne en touriste. Trop marrant.

vendredi 6 juillet 2012

Chambre avec vue


Premier jour de vacances,
réveillée trop tôt évidemment.

J'ai eu du mal à me lever.
Dehors, la tempête faisait rage,
il pleut sans discontinuer depuis hier.

J'ai pensé : "ces vacances de Toussaint vont être longues".

Je suis allée me chercher un plateau de petit-déjeuner,
c'était tout calme dans la maison.

J'ai remarqué les fleurs dehors. Non, ce n'est pas novembre, il fait jour tard, tant pis pour la pluie.

J'ai replongé le nez sous la couette fraîche d'hier soir, qui sentait encore un peu le repassage.
Tout à coup, il y a eu un rayon de soleil (auquel la photo ne rend pas justice)
et ça a fait comme une grotte verte et lumineuse,
un sanctuaire loin de tout
juste pour moi
à portée de fenêtre.




Un peu de divin
l'espace d'un instant,
le moment présent
le seul qui compte.

Après je suis allée chercher l'appareil photo
mais c'était déjà trop tard.
De l'impermanence des choses.
 

Avis de recherche


Pour mon jardin
je cherche ça :







Alchemilla mollis
dite manteau de Notre-Dame
bien que
ledit manteau je l'aurais plutôt imaginé bleu...





une macleya (cordata ou microcarpa ?)
Mine de rien,
elle est de la famille des pavots.
Rhizomateuse un peu envahissante,
je la planterai dans une poubelle quand j'aurai écroulé la dernière vieille cabane.







un pavot encore
comme un pompon soyeux
je ne connais pas son nom....

Ces trois plantes je les ai photographiées dans un jardin visité en juin.
Cette année, la première d'un potager vraiment réussi, avec consommation de petits pois et courgettes à gogo,
a été aussi celle de l'appropriation des lieux. Il était temps vu que j'ai acheté (enfin, mon banquier a acheté) la maison en 2007.
Peut-être qu'il faut vivre un peu dans un espace pour oser le transformer.
Y passer plusieurs saisons, voir ce qui pousse spontanément : les roses trémières au beau milieu de la pelouse, les onagres, les coquelourdes, les rosiers plus ou moins sauvageons.
Peut-être aussi que moi, je n'étais pas prête à m'investir dans un lieu que je ne suis pas certaine de pouvoir garder. Peut-être que c'est tout ce temps nouveau, gagné sur ma vie, que j'ai choisi d'utiliser à rester dehors souvent, longtemps, puisque je suis un peu coincée là.


Peut-être que ce sont tous ces jardins sur ma route, tous ces espaces naturels, ces tableaux spontanés de plantes sauvages,
que j'ai vus varier au fil des jours,
qui m'ont donné envie de créer.

Peu importe.
J'ai regardé, j'ai lu, j'ai encore regardé, ici et ailleurs.
J'ai greliné, arraché, planté, déplacé.
J'ai transpiré : 1000 m2, c'est un peu trop grand pour moi.
Plus j'avançais, et plus je regardais encore.
Et ça commence à me ressembler.
Tant pis si je n'y reste pas de longues années, tant pis si je ne vais pas jusqu'au bout j'aime faire ça.
Planter, et regarder pousser.