dimanche 25 janvier 2015

Le bel âge

Il y a plus de 40 ans,
il a voulu un lieu où les filles auraient leur place,
un lieu qui ne coûterait rien aux parents,
un lieu pour montrer qu'à la campagne aussi,
il se passait des choses.
Et hier, on a fêté son 80 ème anniversaire dans ce lieu unique,
de partage et d'humanité,
un lieu juste pour être ensemble.


Quand on n'a rien connu de tel avant,
on se sent tellement chanceux d'avoir un jour été invité là.
C'est tellement réparateur de baigner dans l'aura de l'amour
de cette famille si belle,
si grande,
de croiser la route de quelqu'un de si élégant
qui me dit "au revoir ma fille" quand je rentre chez moi.
Quelqu'un qui, comme le souligne André Ricros,




réussit le tour de force d'être catholique et communiste.
J'aime ses fils, sa femme, ses tant belles-filles, ses petits-enfants, et ses arrière-petits-enfants.




C't'houm là,
il a ben raison..

vendredi 23 janvier 2015

Free

Voilà presque sept ans
que chaque mercredi
je rêvais d'aller en ville,
à pied.

Voilà presque sept ans
que chaque mercredi,
c'était jailhouse rock,
ajouté à tout ce qu'on case ce jour là :
le médecin,
le dentiste,
les courses...

Ce mercredi là,
il faisait beau.

je suis partie à la même heure que d'habitude,
j'ai rapporté le matériel,
dit au revoir au directeur coopérant,
aux secrétaires sympas,
à mes collègues surveillants.
(il y en a plusieurs que j'aimais bien)
ainsi qu'à mes élèves détenus,
parce que c'était si brutal ce départ...

Quand la grande porte s'est refermée,
j'ai enchaîné avec la tournée des popotes :
récupérer un CD dans une école,
déposer mon dossier de détachement dans le secondaire,
de petites courses,
passer au collège...
A midi, tout était plié.

Ah ! Déjeuner à la maison sans me hâter.
Parler un peu avec le kid de son bac blanc.
Et repartir à pied 
l'après-midi,
pour aller en ville,
bien regarder







puis revenir, sous le soleil.




Et tout le reste, derrière moi.
Moment précieux,
inattendu.
Bonus.

Avec les doigts

J'avais trouvé ça joli,
quelques photos sur le blog de Loulou,
au moment où je cherchais une idée rapide et facile
en lien avec "Chanson pour les enfants l'hiver" de Prévert.

Sauf que c'est vraiment pour les petits,
et que je rêvais d'une vraie séance d'arts visuels,
représenter la neige,
exploiter un tableau....

Hésitation.

Je n'ai pas assez de temps avec eux pour y consacrer plusieurs séances,
pas de matériel,
pas d'espace.
Je peux juste faire un one shot en salle d'arts plastiques,
avec de la peinture récupérée dans mon école de rattachement,
ma propre réserve de papiers,
et quelques ... flocons de maïs à coller !

Alors j'ai décidé de le faire quand même,
en leur précisant bien que c'est une activité pour de jeunes enfants,
mais pour leur faire apprendre le vocabulaire :
papier à dessin, pinceau, peinture, les pots, rincer, essuyer...

Ils se sont lancés de bon cœur
en tirant un peu la langue,
très impliqués.
A la fin, ils ont insisté : le selfie pour FB....
- heu oui, mais le téléphone est interdit en classe.
- S'iiiiiiiiiiiiiiiiiiil vous plaaaaaaaaît madame !

C'est très bête, mais ils sont quelques uns à ne jamais avoir été à l'école,
et à avoir plus de 16 ans.
Donc les papiers colorés, le découpage minutieux, le collage, les pinceaux, la peinture, et même la salle du collègue,
c'était une occasion unique.

Et puis le soir, il a neigé.
et ça, c'était aussi très cool, 
pour ceux qui n'ont jamais vu la neige...




Les deux bonhommes qui sautent de joie, 
ce sont ceux des élèves maliens.
Ils iront rejoindre les calligrammes d'automne.


Je vais te manger

Sur la zone  de Limoges Ester technopole
un lieu surprenant
inattendu
une brasserie



avec
de grandes tablées,
flammekueche très bonne
gaufre de Liège très bonne
bière blanche très bonne


service rapide
avec la bière et le café
j'ai payé 11 euros.

Parfait pour les sorties en groupe.
On peut repartir avec ses provisions sous le bras !






jeudi 22 janvier 2015

Le rouge est mis

A toi qui n'as pas vu le loup depuis longtemps,
à toi qui erres dans la forêt à la recherche des sept nains,
à toi qui te sens écrasé par un ciel d'hiver trop bas,
écoute cette ritournelle proposée par Geneviève,

aimer la vie
aimer le feu,
et les robes rouges ...



mercredi 21 janvier 2015

Antidote


Jamel ne m'avait jamais fait rire avant.
Son humour ne déclenche rien chez moi, affaire de goût.

Mais déjà, il y a quelques mois, j'avais vu un documentaire
sur son action pour faire entrer l'improvisation au collège,
et j'avais adoré.
C'est ce que j'aimerais pouvoir faire depuis longtemps,
mais je ne sais pas comment.

Melissa Theuriau et Jamel Debbouze (Itw) from WPA Productions on Vimeo.

Et puis,
sur les réseaux sociaux, j'ai vu cette vidéo abondamment partagée.
Et là, il m'a carrément fait pleurer.



J'ai été émue par sa foi,
sa foi en Dieu - qui n'est pas la mienne, mécréante que je suis -
sa foi en l'autre, en notre pays,
mais je me sens aussi tellement touchée de partager les mêmes valeurs.

Je me sens fière d'être française comme lui.
De souche.
La souche du bois tordu qui fait le feu droit.

mardi 20 janvier 2015

Bull'help yourself # 6

Doodles art
Special tribute to....

PimJ !



Edit du 23 janvier
Après une journée de réunions....


Ecole avec vue # 4

Photographié dans une salle des maîtres...


dimanche 18 janvier 2015

Australian natives

J'ai vu ce film très beau, et un peu dérangeant aussi.
Quelques longueurs, il est construit entièrement sur l'acteur David Gulpilil.
J'aime son rire, sa manière de se mouvoir, sa silhouette sur le fil entre deux mondes, celui des natifs et celui des blancs.
J'ai souffert avec lui quand le médecin dit : "je peux vous appeler Charlie ? J'ai du mal avec ces noms étrangers..."
Une grande fenêtre ouverte sur l'Australie du bush, et le refuge de l'alcoolisme.
J'ai aussi remarqué que les natifs australiens ont les mêmes maladies que ceux d'Amérique : empoisonnés par la junk food à plus vive allure que les blancs...





A point nommé

J'aime bien les titres de ces méthodes de français langue d'intégration.



Les portes du pénitencier

J'ai vidé mon sac.

Comme brusquement, il est devenu très urgent que je m'en aille,
sans attendre d'être remplacée,
faut que je rapporte les clés du camion.

J'ai pas tout compris,
sûrement des trucs que je sais pas ont biaisé les cartes,
à un moment c'est presque devenu comme si je me faisais virer.
Mon collègue m'a écrit qu'il se débrouillera très bien sans moi
et que je dois rapporter tout ce qui a été payé avec les sous de l'école.
Il a mis tout le ban et l'arrière-ban de l'administration en copie, of course.
La grande classe...

Alors j'ai reformaté la clé USB,
inventorié les ressources disponibles dans un tableau synthétique,
rédigé une petite fiche de liaison sur les élèves qui m'attendent mercredi prochain.

J'ai vidé mon sac de tous les trucs que j'y trimballe,
pis,
pour faire bonne mesure,
je l'ai rerempli avec le contenu des deux casiers de mon meuble suédois
dédiés, jusque là, à mon école du mercredi.
Ca a fait comme six années en tranches...


Mais surtout, en regardant les deux casiers vides (et la poubelle pleine)
je me suis sentie flotter,
comme quand j'avais vendu la maison.

Voir ce vide,
ça m'a fait prendre conscience de la place libérée dans ma vie pour faire autre chose.
Jusque là, je voulais mettre fin à situation inconfortable,
et vu le tour que ça a pris,
je sais que j'ai bien fait de renoncer à ces heures sup.

Mais depuis l'opération tiroir,
je mesure la place que ça occupait en réalité.
Et ce luxe incomparable que je viens de m'octroyer : un peu de temps en plus.
Le mois prochain je vends Berlingo chéri pour me libérer aussi du crédit.

Moi je dis : vive la décroissance...

Bull'help yourself #5

Nulle en dessin
et pire en coloriage,
voilà pas que je viens de découvrir le doodles art,
l'art du coloriage.
Ça pullule sur Pinterest,
mais surtout, 
un monde nouveau s'ouvre à moi :
quand je gribouille sur mon bullet journal
et que ça me détend,
quasiment autant que de découper en petits cubes les légumes pour la soupe,
ou de patouiller la farine de châtaignes,
mesdames, messieurs,
tenez-vous bien : c'est de l'art !
(bon, les photos, c'est plutôt du cochon, je crois que mon appareil est mort...)






mardi 13 janvier 2015

La valise ou le cercueil ?

Il y a 15 ans de ça,
pas longtemps après avoir troqué ma carte de presse contre celle d'enseignant
(je tenais beaucoup à conserver l'entrée gratuite dans les musées nationaux)
j'ai interviewé un couple de Français de confession juive,
qui avaient été cachés dans la Creuse pendant l'occupation,
ce qui leur avait sauvé la vie.

Lui, avait été noyé dans la masse des internes du lycée de la Souterraine,
et elle, planquée dans une ferme au milieu de nulle part.
Presque 60 ans plus tard, son cœur saignait et ses larmes coulaient,
au souvenir de sa copine,
qu'elle entendait hurler son prénom,
par les fenêtres ouvertes de la cuisine,
depuis l'immeuble de l'autre côté de la cour.
La copine était partie au Vél'd'hiv,
montée dans un train,
jamais revenue.
Elle, elle était restée cachée jusqu'à la nuit, la main de sa mère fermement plaquée sur sa bouche.

Cette dame m'avait raconté une anecdote qui m'est restée :
"La fermière chez qui je me cachais, me passait tous les soirs la main dans les cheveux,
d'une manière un peu étrange.
Un jour je lui ai demandé pourquoi elle faisait ça.
Elle m'a répondu qu'elle cherchait les cornes du diable, parce qu'on lui avait dit que les juifs, 
c'était le diable.
Mais je lui dois la vie..."

Rien n'est simple.

Avant que je ne parte, son mari m'a emmené dans la chambre, et ma montré le dessus de l'armoire.
"Vous voyez, je ne jette jamais les vieilles valises : on ne sait jamais..."
Je me dis que peut-être depuis,
sont-ils allés rejoindre le flot grandissant des Français qui émigrent vers Israël,
pays en guerre,
où ils se sentent pourtant davantage en sécurité qu'ici,
alimentant ainsi le besoin de nouvel espace pour cet Etat qui n'était pourtant pas le leur,


Garges-les-Gonnesses, janvier 2015


Perpignan décembre 2014

lundi 12 janvier 2015

Ambiance-toi !

Je vous ai déjà parlé de mes élèves maliens ?
De grands types tout noirs et très jeunes.
Des mineurs isolés,
qui ont dû traverser le nord de l'Afrique en camion,
prendre un bateau bondé,
eu la chance de ne pas finir par-dessus bord,
et bricolé encore  un peu pour arriver jusqu'en France.

J'en ai d'abord eu un premier,
tout doux, tout timide, la gentillesse incarnée,
un futur champion de foot.
Quand il est arrivé,
il a amené du calme avec lui,
du calme et du courage.
Il a débarqué, il savait à peine écrire,
il comprenait juste assez pour survivre.
C'est étonnant quand on vient de la capitale d'un pays
dont le français est une langue officielle.
Mais en fait pas tant que ça,
parce que le Mali, c'est un des Etats où on est le moins scolarisé.
L'école est payante déjà,
et en général, à la place, ils fréquentent un peu l'école coranique.
Donc lui, il ne parlait que le bambara,
ouvrait les livres à l'envers (l'habitude du Coran...)
mais il savait former quelques lettres et il connaissait l'alphabet,
déchiffrer des mots simples.
Comment ?
Facile : il avait un copain qui allait à l'école publique,
et qui lui faisait un petit reporting le soir.
Respect.
Quoi que je lui donne à faire, il va au bout.
Mais c'est dur, parce qu'il n'a pas encore la relation grapho-phonétique,
alors il écrit vraiment pas compréhensible.
Il va y arriver, je le sais.

Un deuxième vient de débarquer,
une grande bringue qui me dépasse d'une tête,
qui pose plein de questions,
sur les mots, les coutumes françaises
et qui se marre tout le temps,
ou qui pousse de petits cris joyeux pour manifester sa surprise,
son étonnement.
Hé ?
Il est 15h00 et on s'organise pas pour la prière ?
Ah ben non, pas de prière ici, l'école est laïque,
Dieu, la prière, c'est dans ton cœur, et surtout le soir en privé dans ta chambre.
Hé ?
Je lui explique comment font les autres (toutes les prières d'un coup),
et où se trouve la mosquée.

Il faut tracer un trait.
Hé ?
Il n'a pas appris à tenir une règle, je lui montre.
Lui, il ne parle que soninké
(si quelqu'un sait où on peut trouver un dictionnaire...)
et pour écrire, il faut qu'il s'accroche,
parce qu'il vient juste d'apprendre.

Ils ont 16 ou 17 ans,
on les appelle des NSA : non scolarisés antérieurement.
Les ciseaux, la colle, le compas, la règle...
tout ça, ils ne connaissent pas.
(mais ils savent lire une carte, ce qui n'est pas le cas de tous les NSA).
Surtout, ils apprennent à une allure étonnante
et c'est tant mieux : à 18 ans, pas de contrat jeune majeur.
Soit tu as une formation en alternance et tu peux subvenir à tes besoins,
soit c'est charter pour Bamako,
soit tu restes illégalement sur le territoire français avec ton visa étudiant...

Avant les vacances de Noël,
j'avais deux trois zozos qui plombaient un peu l'ambiance du groupe,
un brin laxatifs.
Depuis que les deux Maliens sont arrivés,
la classe est ambiancée.
Apaisée et productive.
Ils ont un truc, cette espèce de joie africaine,
une gnaque sereine,
faite d'espérance, de courage et de pragmatisme.
Tellement heureux d'avoir un cahier, un classeur avec des POCHETTES PLASTIQUES !
Et les stylos multicolores qu'on utilise pour la mémorisation.

Moi je dis,
c'est mieux de financer les mineurs isolés
que de les laisser traîner dans des squats avec n'importe qui...

Je ne leur demande pas pourquoi ils sont venus,
je m'en doute,
et de toute façon ça ne me regarde pas,
ils m'en parleront d'eux-mêmes en fin d'année,
quand ils auront les mots,
c'est toujours comme ça.
Mais je les admire beaucoup.



Le dessin vient de là.

Un samedi soir sur la terre

Danser,
c'est comme respirer...



Hameau du Villard (Royère-de-Vassivière)

dimanche 11 janvier 2015

Retour vers le futur : la loi ou le néant

Attention,
article politiquement incorrect



C'est donc l'heure du grand rassemblement.
Certes, je me réjouis de l'union nationale et internationale.
C'est le bon vieil adage du coq qui ne chante que les pieds dans la merde,
mais c'est quand même précieux.
Néanmoins, mes lecteurs habituels connaissent ce travers que j'ai d'avoir de mauvaises pensées,
et là, je dois dire qu'elles m'assaillent,
alimentées par tout ce que j'entends de plus ou moins rance.
Je crains qu'immédiatement après la dislocation,
ce soit l'heure de la curée,
le bal des vampires s'étant déjà ouvert en même temps que celui des hypocrites.

Déjà, on accueille des représentants d'Etats
dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ne sont pas un modèle en matière de respect des droits de l'homme ou de liberté d'opinion
alors qu'on fait la fine bouche pour ceux du FN,
qui ne représentent pas des Etats étrangers,
mais une partie de la population française (hélas..)
Faudrait savoir...

Et cette moue dégoûtée devant Marine Le Pen
(anagramme d'amène le pire, je le rappelle pour que tout le monde reste détendu...),
me fait doucement rigoler (doucement, parce qu'on ne sait jamais) :
je pense sincèrement que beaucoup de ceux qui défilent aujourd'hui ont du sang sur les mains.

Les représentants de droite pour avoir menacé de karchériser la racaille,
en stigmatisant toute une communauté,
au profit des prédicateurs qui alimentent leur prosélytisme sectaire de cette victimisation,
Pourquoi ? Pour permettre notamment de récupérer les voix de la communauté juive,
qui se sentait, à juste titre malheureusement, menacée.

Les représentants de gauche qui,
non seulement ont toujours préféré faire l'autruche devant la montée des radicalismes,
mais ont en outre instrumentalisé l'extrême droite (déjà Mitterrand...)
pour en faire un chiffon rouge leur permettant de ratisser plus large aux élections.
On ne risquait donc pas de parler du fond du problème,
et de ce qui était en train de se passer.

Et puis ce matin,
j'ai entendu un représentant (il y a beaucoup de représentants dans ce pays...)
des musulmans de France,
(et je me réjouis que ce soit son droit de s'exprimer librement)
dire que les membres de sa communauté,
même s'ils ne sont pas d'accord avec le terrorisme,
ne pourront pas défiler au côté du premier ministre israélien,
ni accepter qu'on ridiculise le prophète dans des dessins.

Ah bon ? Mais Jésus, on peut ?
Je dis ça,
parce que lui aussi il est dans le Coran,
(sa maman s'appelle Myriam),
pis assez souvent dans Charlie hebdo
(qui lui avait même consacré un hors-série)



Voilà le problème :
personne n'aime être blessé dans sa foi par des dessins irrévérencieux et provocants,
et on a le droit de dire qu'on est fâché,
et même de manifester,
mais ils vivent dans un pays,
(le leur)
où c'est permis par la loi
de publier un pape se tapant une taupe,
de se marier avec une personne du même sexe,
de faire parler le prophète dans un dessin.

Tu pratiques la religion que tu veux,
mais tu as aussi le droit d'être un sans dieu, un mécréant,
et de l'exprimer.
Si tu n'aimes pas Charlie Hebdo,
tu ne l'achètes pas (d'ailleurs, il n'était pas en super situation financière...)
Et si tu ne veux pas aller au rassemblement,
ben t'y vas pas.
Pourquoi ? Parce que tu as la chance de vivre dans un pays où ces libertés sont constitutionnelles.

A quoi sert de toujours partir dans des polémiques sans fin,
sans revenir au principe de base : celui de l'Etat de droit ?

Soit on change la loi par les voies légales,
soit on la respecte.
Un point c'est tout.

C'est la perte de ce tiers médiateur qu'est la loi,
surtout pour des jeunes aux repères très flous,
qui nous a conduit en terre inconnue.
Qui peut penser que ça ne vient pas de loin ?
En passant des accords douteux avec ceux-là mêmes qui financent ces filières,
et totalement débordés maintenant,
en laissant humilier leurs pères,
tout en laissant s'importer -comme une contrepartie, un genre de dédommagement pour notre passé colonialiste - sur notre territoire le conflit israelo-palestinien,
justifiant ainsi tout les petites reculades sur les principes républicains,

en laissant mes collègues démunis quand,
le soir, des grands frères viennent les voir pour les menacer,
ou en classe,
ils ne peuvent plus parler des hébreux, des nazis, de la théorie de Darwin,
ou emmener les filles à la piscine...
Les gamines qui se font insulter, menacer si elles ne s'habillent pas "pudique".
et j'en passe...

Non, il ne fallait pas en parler,
c'était mal,
c'était raciste.

Je le dis tout net : ce sont eux, les politiques, qui l'ont alimenté le racisme.

En 2002 est paru ce livre,
un peu gênant, un peu passé sous silence,
et pourtant très bien fait,
avec des témoignages déjà glaçants, des statistiques qui m'avaient fait frémir :


Vous saviez-vous
que sur la totalité des actes d'agression racistes enregistrés sur notre territoire,
la majorité est le fait de jeunes se réclament de l'Islam contre des juifs ?
Ce sont les statistiques nationales officielles,
et elles étaient déjà présentes dans ce livre.

Mais bon,
ça risque de s'inverser dans les prochains jours,
et il n'y a pas de quoi s'en réjouir...

Qui s'est collé une étoile jaune sur la veste après les meurtres commis par Mohamed Merah ?
Pourquoi ? Parce que quelque part, quand c'est un juif, derrière les grands discours,
c'est pas tout à fait pareil...
Oui, pour beaucoup de gens,
120 ans après l'affaire Dreyfus,
de la même manière qu'un arabe,
muni de notre carte d'identité nationale,
c'est plus un arabe ou un musulman qu'un français,
un juif, c'est plus un israélien ...

Eviter l'amalgame ?
Laissez-moi RIRE !...

samedi 10 janvier 2015

Bull'help yourself #4

L'écueil du bullet journal, c'est la planification à long terme,
à gérer me semble-t-il chacun en fonction de ses priorités,
soit avec un calendrier inséré dans la pochette,
soit comme ça :


Un collègue s'est exclamé,
en me voyant utiliser la page ci-dessus
"Mais ! ? Tu recopies tout le calendrier ?".
Bah, on peut très bien en coller un,
c'est juste que j'ai bien aimé faire ça.
C'est comme la cuisine, ça me détend,
et je crois que ça me permet de le fixer dans ma tête,
merci ma mémoire visuelle et kinesthésique.
En revanche, l'avoir juste avant l'index,
c'est très pratique,
parce que j'ai beaucoup de RV, de déplacements, et que je peux m'y référer tout le temps.



Dans cette page ci, je note ce qui concerne les prochains mois.
Et je n'ai plus qu'à reporter quand j'ouvre la page du mois.
Noter le ruban autocollant sur le côté (ou du masking tape), que j'utilise pour repérer les pages que j'utilise fréquemment  (index, calendrier et dépenses).

Ah
aussi
je peux pas expliquer
mais je redeviens une petite fille avec ma déco "colorie sans dépasser" (raté...)
et "toi aussi fais ton pochoir" (raté aussi).
C'est bon pour ce que j'ai...
Si quelqu'un a des idées plus meilleures...





vendredi 9 janvier 2015

Interclasse

Hier, en arrivant au collège de mon groupe du jeudi,
j'ai demandé ce qui était prévu dans l'établissement.
11h55, un rassemblement dans la cour,
quelques phrases de la principale,
très sobres, très justes, très claires aussi sur la tolérance et le respect,
Dissolution des rangs,
je suis descendue avec une collègue au rassemblement sur l'esplanade Nelson Mandela,
juste à côté de la médiathèque.

Je pleure,
Quand je suis seule.
Comme Bénédicte que j'ai croisé au rassemblement du soir,
j'ai le cœur au bord des larmes.
Tout ce gâchis.
Ils sont nombreux les responsables,
Ceux qui ont humilié les pères.
Ceux qui ont instrumentalisé les communautarismes pour en tirer un profit politique.
Les discours décomplexés ou fourbes sur la violence de l'Islam,
qui finalement autorisent symboliquement que des jeunes se conforment à ce qu'on attend d'eux.
Sont-ils vraiment conscients qu'ils ont du sang sur les mains ?
On a semé des graines dans un terreau fertile.
C'est l'heure de la récolte sanglante.

Je trie,
je ne me laisse pas submerger par le flot d'informations.
Je ne veux pas céder à la peur.
Mais j'ai cette image,
toute une culture du rire, de l'économie, de la question gênante décimée
et je prends conscience de ce que je n'avais pas saisi avant :
ils savaient qu'ils étaient en danger,
rappelés à cette réalité par une présence policière permanente,
et pourtant ils n'ont pas faibli.
On peut mourir de rire.

Je réfléchis.
Et l'école ? Qu'a-t-elle manqué dans tout ça ?
Un charter pour les camps d'entraînement
à défaut d'un ascenseur social bridé par un plafond de verre ?

Alors hier, je me suis aussi recentrée sur la seule chose que je sois à même de faire :
enseigner.
Je suis partie d'un support institutionnel ;




Et puis j'ai fait une séance de compréhension orale.
Qui parle à qui ?
Où?
Quand ?
De quoi parle-t-il ?
Les questions ont fusé. Le vocabulaire déjà,
fondamental pour des primo-arrivants non francophones :
fusillade, attentat, terroriste, République, c'est quoi ?
"Liberté, en France, ça veut dire quoi madame, qu'est-ce qu'on a le droit de faire ici ?".
La place de la religion dans notre société.
Le sens des dessins publiés.

Quand la séance a été terminée,
j'ai dit : "Maintenant on va faire de la grammaire".
"Venir de..."
Le verbe et ses prépositions.
Parce qu'il faut avancer.

Mais un peu plus tard, une rencontre dans les couloir,s après la minute de silence, m'a troublée.
Deux élèves de l'an dernier,
des musulmans,
qui sont venus me voir.
"Madame, qu'est-ce qui s'est passé hier ? De quoi on parle là ?".
Alors aucun collègue n'en avait parlé dans leur classe ?

J'ai expliqué.
Ils ont blêmi.
J'ai dit : "il faut en discuter avec vos parents ce soir, et puis vendredi, à la mosquée, votre imam vous
en parlera certainement".
Et mon cœur a saigné pour eux aussi.

Edit : Ici, un lien vers la page Eduscol qui propose des ressources pour enseigner et débattre sur la liberté de la presse, la liberté d'expression, la laïcité et les droits de l'Homme, avec notamment un lien vers la page du CLEMI.
Je reste très gênée par une interview entendue en début d'après-midi, d'une collègue qui avait agi à chaud (comme beaucoup d'entre nous), en accueillant ses élèves avec au vidéo projecteur, les caricatures de Mohamed publiées par Charlie Hebdo, et qui s'est étonnée de n'être arrivée à rien de constructif pendant sa séance, concluant que ce n'était quasiment pas possible de parler de tout cela dans une classe avec beaucoup d'élèves turcs et maghrébins.
Personnellement j'en conclus plutôt que le support n'était pas adapté, surtout frontalement comme ça.
De mon point de vue, rajouter de l'émotion à l'émotion, ça ne crée pas un climat propice à des débats apaisés et argumentés.
Si le plan c'est de faire dire "à des turcs et à des maghrébins" qu'ils désapprouvent, ce n'est plus de la pédagogie. Je préférerais qu'on se recentre sur l'enseignement du cadre juridique de tout exercice de la liberté.



vendredi 2 janvier 2015

Note de lecture

Lu en 3 heures,
impossible à lâcher.
Je n'avais lu aucune critique avant de l'emprunter à la bibliothèque.
J'aime les surprises.
Rapide, efficace, beaucoup d'imparfait, très peu de passé simple, 
l'action avance au présent des dialogues.
Mais le passé peut-il être simple ?
C'est sur la perte, le manque, la solitude, la mémoire, l'oubli,
sur les pistes brouillées par notre propre regard.
Ça m'a beaucoup touchée,
parce que moi, si j'avais une valise à ouvrir pour retrouver mes souvenirs,
je la forcerais à s'ouvrir.
Attention, si on n'est pas open mind, la fin peut laisser sur sa faim...
C'est le sel de l'oubli sur les plaies de la vie...




jeudi 1 janvier 2015

Bull'help yourself #3

Définitivement adopté.
Je commence les pages de janvier, en suivant les reco du concepteur,
les plus rapides à suivre
(la déco est optionnelle... mais c'est comme l'origami, ça me détend)

A gauche les 31 jours du mois, avec les principaux événements


A droite ce que je voudrais faire dans le mois.
J'ai ajouté des target tracks (bandes orange) pour pointer le suivi de quelques objectif perso.
Je laisserai tomber si c'est inutile ou chronophage.

Je tente aussi les deux couleurs pour séparer le perso du pro,
on verra si ça perdure.
Mais je suis très attachée au stylo effaçable.

Enfin, j'ai bricolé une poche à soufflet
parce que je trimballe toujours un peu de paperasse.

Pour le format, il faut le choisir ni trop grand = qui entre donc mon sac,
ni trop petit : 31 lignes minimum, ou des pages blanches...
Il y en a de très bien -et moins cher que Moleskine- chez Oxford "office", petits carreaux et une poche à soufflet, avec l'avantage d'être commercialisés en super marché.
Mais pour l'instant je pioche dans mon stock.

Je suis vraiment contente de commencer l'année avec cet outil.
Pourquoi ? Tout simplement parce que je m'aperçois en cette fin de vacances,
que j'ai fait bien plus de choses que les autres fois où je suis restée à la maison.
Car il présente un avantage indéniable : m'aider à fonctionner en mono-tâche, alors que mon cerveau est en ébullition permanente.
D'habitude j'ai toujours un peu peur de passer à côté de quelque chose, je note plein d'idées que je n'ai pas le temps de développer.
Là je note.
Je diffère sans angoisse.
Je peux consacrer mon attention et ma concentration à terminer ce que je suis en train de faire.
Je coche.
Je continue.
Parfois je raye, parce qu'une fois écrit ça a perdu de son sel.
Et j'avance.
Elle est pas belle la vie ?

Vers l'infini et au delà

A new year 
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