samedi 3 mai 2025

Escale en festival

Me voici donc posée sur le stade de Pierrefitte-sur-Sauldre, village solognot de briques et de bois, où je n'étais pas revenue depuis 20 ans.

C'est le camping autogéré des Musicalies en Sologne, avec, cette année, les Chavans en fil rouge.



Mon partenaire devait venir avec moi, mais il se sentait fatigué après notre escapade lozérienne. J'ai bien vu qu'il avait besoin de se (re)poser un peu.

Je trouve que c'est maintenant que commence le vrai travail, après la lune de miel des débuts, quand chacun souhaite rester soi-même, sans jeter l'éponge sur une belle histoire à deux. J'apprécie énormément cet aspect de notre relation : écouter, entendre, comprendre, sans se sacrifier inutilement, pour se le reprocher ensuite.

Il se dit souvent que c'est difficile, à notre âge, de « refaire sa vie ». N'est-ce pas plutôt parce qu'une vie ne se refait pas, qu'elle se continue, et qu'il faut apprendre à rebattre les cartes de notre jeu ? N'est-ce pas justement le privilège de cette étape, sans enfants ni patrimoine commun, sans autre défi que celui de se sentir heureux, que de vivre une forme d'insouciance avant qu'il ne soit trop tard ?

Alors je suis partie seule, et j'aime bien. Je retrouve des visages amis, je prends mon temps pour lire et écrire le matin.

Je profite aussi de mon campi Berlingo chéri, qui n'a pas beaucoup pris l'air l'an dernier.



Cette année, il a un programme chargé et ça me fait du bien.

jeudi 1 mai 2025

En mai, vraiment, fais ce qu'il te plaît

 Oh là là, mais c'est que nous sommes déjà le premier mai ?

J'ai une petite dizaine d'articles à écrire sur ma grande traversée ferroviaire,  de Vladivostok à Moscou.

Mais comme pendant ce temps là, lui n'a pas du tout avancé, je n'ai de cesse de repartir tellement j'étouffe dans cette maison où j'ai l'impression de vivre en apnée. Me voilà donc en perpétuel mouvement, ce qui n'est pas bon pour l'écriture inspirée.

Face à cette pesante indécision qui nous entrave l'un comme l'autre et plombe la relation quotidienne autrefois si joyeuse, nous allons prendre un peu de recul. Je cherche clairement un appartement pour moi seule, à la fois dans le bourg de Plouay, qui n'est pas loin et me plaît, et à Limoges, pour me rapprocher de mes enfants. C'est le destin qui décidera : le premier qui me conviendra, ce sera le bon. 

Eh bien depuis que j'observe la situation sous ce nouvel angle, nous avons retrouvé la joie d'être ensemble et l'insouciance qui nous est chère. Moi je ne me sens plus coincée ici, et je retrouve ma vie, je ME retrouve. Lui n'a plus ni la pression de l'urgence, ni la tristesse de me voir malheureuse. 

Nous avons bien conscience que ce rétropédalage peut signer la fin de notre relation. Mais elle est de toute façon condamnée si je reste dans ces murs. Je commençais à lui en vouloir, nous aurions fini par nous détester. 

Ce qui fait que nous avons eu grand plaisir à retourner danser à la Calucada, qui se déroulait cette fois-ci en Lozère.

En une journée entière de route, la Bretagne étant si loin de tout, nous avons ouvert une parenthèse enchantée avec vue sur les gorges du Tarn, qui s'est refermée par un passage à Limoges, pour voir comment poussent mes petits-enfants. En profiter quelques mois ne serait pas pour me déplaire, surtout que Franzouski a besoin de soutien en ce moment.



Nous aimons vraiment beaucoup prendre la route tous les deux, pique-niquer et bivouaquer dans mon Berlingo. On rigole bien, et ça c'est précieux.
Le temps de quelques lessives, et d'une récupération active sur le sentier littoral entre Doëlan et Moëlan (29) (ah ces noms bretons...)







je m'élance seule demain pour six heures de route, vers un petit festival que j'aime beaucoup, mais où je ne suis pas allée depuis longtemps : les Musicalies en Sologne, à Pierrefitte-sur-Sauldre.


Au programme, retrouvailles avec les Chavans, lecture, écriture et danse, et retour dimanche ou lundi, comme il me plaira. 

Lui a préféré se reposer un peu, surtout que nous repartons pour la fête de la rivière à l'Ascension, et puis à la contra dance du Moulin d'Andé à la Pentecôte.

Mai sera tout aussi nomade : affectée sur une enquête publique au sanctuaire de Ste Anne d'Auray, j'ai décidé de me transporter trois semaines dans un camping proche, pour visiter les environs, et vivre en plein air comme j'aime.

L'été sera donc cigale, avant un automne que j'entrevois avec confiance. 

Quoi qu'il arrive, ce sera bon pour moi.

jeudi 13 février 2025

Coucou Sibérien

 Juste un petit message pour dire, à ceux qui ne vont pas sur FB, que tout va bien.

Voilà deux semaines, je suis bien arrivée à Vladivostok, 


puis j'ai commencé la vie du rail, par Khabarovsk, Birobidjan, Tchita, Oulan-Oude.




C'est la Sibérie, donc il fait froid. Mais un froid sec qu'on supporte parfaitement avec les vêtements adaptés.

Je suis maintenant à Irkoutsk.



Après demain je pars quelques jours sur l'île d'Olkhon, au plus profond du Baïkal ce lac mer incroyable.





7h de bus puis de traversée.

Mais il ne fait plus assez froid (- 7 ici, j'ai trop chaud, après -25 à Oulan-Oude) et la route de glace n'est pas ouverte. Ce sera donc en aéro-glisseur.

Je vous raconterai tout en rentrant, mais sachez déjà que ce voyage est pour moi une joie constante, même si tout n'est pas rose évidemment.

À bientôt !

jeudi 30 janvier 2025

En voiture Yolande !

Première étape hier de ma nouvelle aventure, je suis allée à Limoges pour laisser mon véhicule à Franzouski.
Trois passagers en covoiturage, un qui descend à Poitiers.
La dernière à embarquer est une femme un peu plus âgée que moi, qui vient s'occuper de son petit-fils quelques jours. C'est sa fille qui a réservé pour elle et qui viendra la chercher à l'arrivée.
Elle est sympa, elle connait la route, et elle a des bonbons "stop toue" à la réglisse, petite réminiscence de ma grand-mère. Elle n'est pas bavarde.
Je m'apprête à dépose mes deux derniers passagers devant le stade Beaublanc.


Elle dit, après un gros soupir : "Bon, voilà, je vais retrouver ma fille unique. J'en avais deux, mais une m'a été enlevée ".
Gros blanc dans le Berlingo. 
"- Elle s'est suicidée pendant le COVID. Elle avait 27 ans.
- Oh je suis désolée. C'est une douleur terrible et pas dans l'ordre des choses d'accompagner ses enfants au cimetière.
- Ça fait quatre ans maintenant. moi j'ai vieilli de dix ans d'un seul coup. On avait pique-niqué, et voilà, c'est moi qui l'ai trouvée. Elle était éducatrice, elle rentrait d'une mission à Madagascar. Elle a été très mal prise en charge, encore maintenant je ne sais pas si je dois porter plainte contre la psychiatre qui l'a abandonnée.
- Quatre ans ce n'est pas beaucoup pour un tel deuil. Porter plainte, est-ce que ça vous aidera ou est-ce que ça mangera votre énergie ?
- Excusez-moi, j'avais besoin de le dire. On n'en parle jamais ni avec mon mari,  ni avec sa soeur. Ils ne veulent pas. Je ne voulais pas jeter un froid dans la voiture ..
- Ah, mais il fallait que ça sorte. C'est souvent plus facile comme ça avec des étrangers. Ma fille était si dévouée aux autres, je voudrais qu'on se souvienne d'elle. C'est ça aussi porter plainte."

L'autre passager évoque brièvement le deuil, les doute de sa propre fille, jeune éducatrice aussi.
Il ne nous vient pas d'autre propos que celui de la compassion. Quel conseil aurions-nous à donner ? C'est si fort et si bref 

Et puis nous descendons et sa fille arrive. Nous parlons d'autre chose. Avant de nous séparer, je la prends dans mes bras et je sens que cela lui fait du bien. Elle me souhaite un beau voyage.

Demain j'enverrai un message a Yolande, pour lui suggérer d'écrire ce qu'elle a sur le coeur. Si elle veut, à mon retour, je l'aiderai à mettre son histoire en forme.

vendredi 24 janvier 2025

Au commencement

 

Ma traditionnelle baignade du premier janvier dans l'Allier m'échappe désormais.

C'est aujourd'hui la mer qui accueille cet excitant défi de début d'année. Aujourd'hui, n'est-ce pas ce qui compte ?

Mais il faut parfois différer en raison de la météo.

Voilà, c'est fait !

La semaine prochaine je m'envole pour Vladivostok, via Bruxelles, Shangaï et Pékin. Une aventure en soi déjà, puisque je viens de m'apercevoir que je dois changer d'aéroport à Pékin...Souhaitez-moi bonne chance !

En attendant je profite de notre promenade quotidienne le long de la côte, de mes cours de russe, de la mise à jour de ce blog en complétant les étapes de mon voyage d'octobre (si vous retournez en arrière, vous les retrouverez), et enfin de la préparation de mon itinéraire.

Il a hâte de rentrer chez lui, où il ne se sent pas bien pourtant. On préfère souvent rester dans ce qui nous est familier, que de prendre le risque de changer.

Moi je me sens au bon endroit au bon moment.

dimanche 12 janvier 2025

Reprendre une vie


Le paysage change tous les jours.



La mer est au bout de la rue où nous vivons pour un mois.
Je la regarde et je l'admire tous les jours. Son horizon est infini. 


Très motivée par l'échéance de mon prochain voyage, entre deux promenades, je réfléchis à mes bagages, mon itinéraire, soigne mes devoirs de russe.
Et je profite de la proximité de tout, du temps disponible, d'une maison moins chronophage et moins isolée.


 On peut dire que je reprends une vie, même si, pour l'instant, je n'écris pas assez.

dimanche 5 janvier 2025

2025 qui vient, retrouver la joie

Chez les hommes de ma génération, le schéma selon lequel il est normal que la femme se sacrifie et quitte tout pour un homme, a la vie dure. Quant à la charge mentale, c'est drôle, il lui semble que seul, elle est multipliée par deux. Tandis que pour moi, elle double en couple : il faut savoir où est rangé ceci ou cela, ce qu'on mange, ce qu'il faut écrire sur la liste de courses, anticiper un peu tout ce que l'autre remet à demain pendant des semaines.  Autant dire que je suis devenue totalement hermétique au chantage affectif selon lequel, si j'aimais vraiment, cela ne compterait pas. On peut aisément retourner le propos, surtout si l'on considère que j'ai tout quitté pour venir ici. Cela mérite bien de se déplacer de quelques kilomètres.

Voilà plus d'un an que j'avais averti que je ne voulais pas rester ici. Il a laissé passer les jours, les mois, repoussé l'échéance, ignoré mes propositions, fait machine arrière.  Je suis restée ferme sur ce point : je ne passerai pas un hiver de plus loin de tout, dans une maison chronophage, tellement chargée de vieilles choses mauvaises que j'en ai des crises d'angoisse. Et j'ai tenu parole, je suis partie par monts et par vaux. Il est resté seul entre ces quatre murs beaucoup moins attrayants quand personne n'est là pour les égayer, ces quatre murs entre lesquels il ne voulait pas rester... avant que je n'y emménage !

En février et mars, je concrétise mon rêve : traverser l'hiver russe sur la ligne du Transsibérien. J'avais prévu de faire précéder cette aventure par un road trip ce mois-ci.


Galvanisé par la perspective d'un hiver long et solitaire, il a trouvé un plan B pour janvier : une pause dans un gîte sur la côte, loué/prêté par un copain, à prix très doux.


Marche quotidienne, sans bouillasse malgré le vent, restaurant et boulangerie au bout de la rue, écriture régulière, préparation du voyage. On peut dire que je revis et que la joie m'est revenue.



J'avais vraiment l'impression que ma petite flamme s'éteignait, et je lui suis très reconnaissante d'avoir trouvé cette solution.
Je crains cependant que ce ne soit reculer pour mieux sauter. Déjà, hors de ses repères familiers, il est vite aussi désœuvré que désorienté. Finalement, ce qui l'attirait chez moi est devenu un problème. Apprendre une nouvelle langue, écrire, tout cela prend du temps, que lui n'occupe jamais ainsi.
Et puis, en avril, il faudra avoir trouvé une location, sans compter que ce soit moi qui m'en occuperait. J'ai assez perdu mon temps toute l'année dernière. Avec l'âge qui avance, ce temps, je le défends bec et ongles. 
Il m'est aussi essentiel que respirer.