mardi 13 octobre 2020

La brigade du rire

 En dehors du contact physique, ce qui m’a le plus manqué pendant le confinement ce sont les fous rires. Les rires aux éclats, les rires de connivence, les rires francs, les rires aux larmes, les grands n’importe quoi qui réveillent notre âme d’enfant.

Le propre de l’Homme, l’antidépresseur de la femme.

J’ai eu la chance de vite les retrouver à Embraud, ainsi qu’avec mes fils, avec qui on rigole souvent d’un tas de bêtises. Je suis heureuse de leur avoir transmis cette capacité à apprécier le loufoque. Je crois que je me suis rarement sentie aussi fière que le jour où le Kid, dans ma voiture américaine, sur un parking de Walmart, m’avait dit : « Vraiment maman, il n’y a personne d’autre avec qui je ris comme avec toi ». J’avais répondu lui souhaiter d’être suffisamment ouvert pour apprécier d’autres compagnons de bonnes barres.

Le rire est un tonique pour le corps,  dans la piscine thermale de Salins, probablement la plus grande de France. L’eau arrive naturellement chauffée à 31 degrés, on peut donc en profiter même en cette saison plus froide. Sa couleur rouille, peu engageante, vient de sa richesse en sels de fer, qui la rendent apaisante pour les douleurs. J’y descends parfois à pieds, 5 km, mais seulement quand le terrain n’est pas trop gras, parfois en bus. C’est déjà un délice. Le corps qui se glisse dans l’eau accueillante… Et les séances d’aquagym, ponctuées de fous rires, en réaction à la frite sauvage qui bondit hors de l’eau, ou aux blagues pince sans rire du maître-nageur.



Et puis le soir au souper, dans la salle à manger de l’hôtel, le rire prépare au sommeil. De souvenirs en jeux de mots, les curistes féminines, toutes d’âge mûr, voire avancé à cette saison,  s’organisent en brigade du rire. C’est à qui racontera le plus drôlement sa journée entre karcher et bubulles, masques et peignoirs, ou nourrira de souvenirs affectueux, la mémoire des convives présents, chacun à sa table, distance barrière oblige.

Dans ce contexte masqué, hautement anxiogène d’après moi, les relations sont biaisées. Au point qu’une dame, à la piscine, m’ait avoué qu’elle parlait à quelqu’un pour la première fois, alors qu’elle était là depuis plus d’une semaine.

Sans rire, sans mot, comment avoir confiance en soi et les autres ?

1 commentaire:

Barbara a dit…

bravo pour les rires
et ♥

profite
+++++ à bientôt