mardi 31 décembre 2024

2024 qui va

 Ah je n'ai guère le temps de jeter un regard en arrière sur l'année qui se clôt ! Juste celui de me sentir reconnaissante pour tout ce qu'elle m'a donné, la santé, le plaisir retrouvé de la marche, les voyages, l'amour, et d'espérer que ce qui doit se régler, quitter l'endroit où nous vivons, dégager du temps pour écrire au long cours vraiment, trouvera sa solution dans les prochains mois. 

Je me sens tellement étouffer dans ce lieu qui ne me convient pas, que j'ai tenu ma promesse : je n'y passe pas l'hiver. Il y a un prix à payer : l'errance, le sac que l'on pose ici ou là. 

Chez des amis, en pointillés, pour rechanter cette année encore. 

(Toutes photos page FB de la Chavannée)


Une décision un peu folle, induite par un événement familial à Limoges, qui m'a permis de revenir à mes anciennes amours, en les considérant presque de l'extérieur. Quelle émotion de nous voir entrer dans le sillage bourdonnant des grandes cornemuses, les regards captivés tournés vers nous !







Chez mes enfants à Limoges, pour m'occuper de mon petit-fils et admirer sa petite sœur, Marie (Macha en russe), née le 29 novembre.

Nous avons passé Noël en famille, Daniel avec les siens, moi avec les miens. Il y avait cette vie en plus, et le Kid, rentré quelques jours des Etats-Unis où il travaille jusqu'à la fin de l'année prochaine.

Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour voir des copines finalement. Juste celui d'un aller-retour à la capitale pour déposer une nouvelle demande de visa, et cheminer tranquillement d'une illumination à l'autre.




lundi 28 octobre 2024

Россия2024 #16 AndreÏ Roublev

Il faut que je vous raconte l'histoire de cette icône du moine Andreï Roublev (1360-1428 ?), dit St André l'iconographe. C'est un de mes chouchous, je n'y peux rien.
Il aimait jouer avec l'espace, les formes, les couleurs, exprimer une certaine liberté spirituelle.


Il faut savoir que, quand on entre dans un lieu de culte orthodoxe, l'icône en bas à droite de la porte de l'iconostase est celle qui donne son nom à l'église.
Celle-ci date du XVème siècle, 1m de large sur 1,5m de haut. A l'issue d'une longue errance, elle est revenue dans la cathédrale de la laure de Serguiev Posad, dernière étape de ma visite des villes historiques de la Russie moscovite.

Après l'incendie de la cathédrale par les Mongols, puis sa reconstruction (les Russes sont d'infatigables rebâtisseurs), Roublev en a peint les fresques (disparues aujourd'hui) et cette icône.
La Trinité, le père, le fils à sa gauche, et le Saint esprit à sa droit, est représentée par les trois anges venus annoncer à Abraham la venue d'un fils.
À part une vague tristesse du fils, ils ont le même visage, et on ne voit ni Sarah, ni Abraham autour de la table.
La perspective est inversée : elle n'est pas au fond du tableau mais vers le spectateur.

Décision ultra politique en pleine guerre contre l'Ukraine, ce chef d'œuvre a été rendu l'an dernier à l'église orthodoxe russe par Poutine, pour continuer à s'assurer de son soutien.
Il a quitté la galerie Tetriakov où il était conservé depuis 1929 (et une évacuation à Novossibirsk pendant la deuxième guerre mondiale) pour être exposé un an à la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou.
Finalement, l'icône est revenue en son giron initial, la cathédrale de la Trinité de Serguiev Posad, où j'ai pu l'admirer derrière sa vitrine climatisée (elle est très fragile), un peu éclipsée par la file d'attente pour embrasser le tombeau d'argent de Serge de Radonège.
C'est drôle, c'est un peu comme si, au fil de mes voyages, je l'avais suivie.

Les photos étaient strictement interdites, celles-ci ne sont pas de moi.
La deuxième : Maxim Shemetov pour Reuters parue dans la Croix.
La première : Wikipédia.


Comme Alexandre Nevski, Andreï Roublev est un peu partout.
Par exemple ici au musée d'histoire de l'Était de Moscou, deux évangiles enluminés par son art.



Donc Andréï Roublev, le voilà représenté presque sur ses terres, à Vladimir, première étape de mon tour des villes de l'Anneau d'or.


En 1408, avec un autre moine, Daniil dit le Noir, il y a peint les
fresques de la cathédrale de la Dormition.



Les fragments de ce jour du jugement dernier sont remarquables. Aucune épouvante face au châtiment. Plutôt une représentation du triomphe et du pardon.

Ici, l'immanquable film d'Andrei Tarkovsky sur Roublev.


dimanche 27 octobre 2024

Россия2024 #11 On mange bien en Russie ?

À la récurrente question "Est-ce qu'on mange bien en Russie ?", sous mes posts FB (notamment de followers qui avaient visité l'URSS), je dirais que oui mais il faut savoir s'orienter. Loin de chez moi et de mes repères, il n'est plus question de bio ou de diététique. L'essentiel est de se nourrir et de résister au froid.

Le "j'ai faim, je mange" est très facile à mettre en œuvre en Russie, où l'on trouve cafés et restaurants ouverts à toute heure du jour et d'une bonne partie de la nuit.
Pour se nourrir tous les jours à vraiment pas cher, généralement je profite du petit-déjeuner de mon hébergement. Dans les hôtels, ils sont très variables. Personnellement je n'aime pas la base, la kasha, un genre de porridge salé ou sucré de sarrasin. En général il y a un bout de saucisse, de fromage, et des crêpes. Le pain et le beurre ne sont pas terribles. Selon les établissements, il peut y avoir un buffet plus ou moins garni de riz, poulet, salades, omelettes...rarement des fruits.

À Pskov


À Moscou

À la mi journée je termine les éventuels restes de ce premier repas,
ou je fais halte dans une stolovaya  (cantine)

A Vladimir

ou leur version plus moderne avec les chaînes de café Bazar, ici à Ivanovo

ou Brusnica. Ce sont des cantines, pas de la gastronomie. C'est simple, c'est plaisant, c'est très bon marché (entre 2 et 4 euros le repas).

Un peu au-dessus, il y a des cafés comme ce "Montpensier" à Pereslavl. 


Ici, carte d'automne de produits frais : crème de citrouille, ou  dranikis (normalement des galettes de pommes de terre râpées) revisités à la courgette, avec un accompagnement de champignons (450 roubles, soit 4,5 €)

Un petit café simple et bien caché à Souzdal (qui m'a gentiment gardé mes bagages) 


Un peu plus huppé, mais toujours très abordable, un excellent café russe à Serguiev Possad.



N'oublions pas les restaurants géorgiens.
C'est toujours bon, peu onéreux.


Là c'est la version soupe et khatchapouri, mais il y a aussi les viandes et légumes grillés au feu de bois, les ragoûts, les salades, et...le vin !


C'est simple, ça donne envie d'aller en Géorgie..
Petit détail au fond : dans tous les restaurants en Russie il y a de quoi poser son manteau à proximité au lieu de le traîner sur une chaise.

Sinon, de temps en temps, on tombe sur un café français.
À Pereslavl




Terrine au Porto, 5 €


Viennoiserie, 2 €

Personne n'y parle français.
Mais ça rappelle la maison...


Au dîner, souvent je m'offre un restaurant gastronomique. Pour moins que le prix d'une brasserie en France (12 à 20 euros), c'est un petit luxe souvent très créatif.

À Kostroma



À Pskov




Un intéressant et délicieux sorbet pistache et concombre.


À Vladimir



Oui alors là c'est pour le prix des vins, 135 € la bouteille de Sancerre...

Quant aux rayons des magasins, je constate encore et toujours que le pays est non seulement loin d'être à genoux, mais, qu'en outre, il est largement approvisionné en produits européens. Si je m'en tiens aux emballages, les exportateurs ne peuvent pas ignorer qu'ils produisent pour le marché russe. Quelle hypocrisie et quelle différence gigantesque entre les informations qu'on nous diffusent et la réalité !





En revanche, le Kazakhstan, plaque tournante de l'import-export avec la Russie,
doit avoir un PIB de folie depuis le temps...


samedi 26 octobre 2024

Россия2024 #10 Iaroslavl

 À Yaroslavl, beaucoup d'églises était déjà fermées pour l'hiver, ou en travaux.
Alors je me suis dit : "pourquoi pas une visite de nuit ?"






C'est une ville très sympathique, où je me suis posée une journée de plus que prévu,
juste pour profiter de l'ambiance agréable, le temps aussi d'organiser ma dernière semaine de voyage.

Une bande de joyeux ados m'abordent et m'escortent un moment, le temps de tester leur anglais, occasion qui se fait rare depuis la disparition des touristes européens.


Je suis impressionnée par tout ce qu'ils savent et partagent de leur pays : les personnages emblématiques, la statue de Lénine dans chaque ville, 


le plus vieux théâtre du pays, qui se trouve dans leur ville. 


Je ne suis pas certaine que je pourrais avoir le même genre de conversation avec de jeunes Français. Je constate, une fois de plus, que les Russes sont généralement très éduqués, ce qui explique leur facilité à s'intégrer dans d'autres pays.

Dans cette ville, on joue aussi à "cherchez l'ours".







En 1010, Yaroslavl le Sage, prince de Rostov qui a donné son nom à la ville, a affronté cette bête féroce lancée sur lui par des païens pilleurs de bateaux commerçants de la Volga.
Il a gagné.
Évidemment.


Iaroslav accueille en son kremlin un impressionnant musée-réserve. Certaines églises y sont déjà fermées pour l'hiver, mais la visite reste riche.











Je flâne jusqu'à la Volga et la strelka (la pointe de flèche) de la confluence avec la rivière Kotorosl qui s'y jette, en croisant encore d'autres églises et monastères.















De temps en temps, la signalétique de propagande me ramène à cette triste guerre là-bas...