C'est un dimanche pas comme les autres.
Entamé pareil pourtant.
Réveillée tôt, pliée en deux, K.O. couchée, les poings serrés, sur la boule au creux de l'estomac, les larmes aux yeux.
La conscience reprend ses esprits.
C'est dimanche.
Un dimanche de septembre.
Les poings se déplient, les mains s'ouvrent : je réalise que mon sac est déjà prêt pour demain, depuis vendredi soir.
Pas de classe à préparer, pas de cahier à corriger, ça me fait drôle.
Je vais avoir le temps de m'occuper du linge, de faire un gâteau, de préparer le repas de demain, d'aller voir ma mère...
La respiration s'apaise.
Je pourrai me coucher à une heure décente, ce qui est très bon pour le teint.
Demain, je vais évaluer un élève dans un collège.
Je ne reste pas longtemps dans les collèges que je n'aime pas.
Je m'attarde avec plaisir dans les autres, et dans les écoles.
Je commence à intégrer l'idée que, cette année, je ne suis obligée de rien : ni d'obéir à des ordres iniques, ni de faire des simagrées, ni de subir hostilité et humiliation.
Juste de faire mon boulot, du mieux que je peux, avec les outils de mon choix, de m'organiser pour passer le maximum de temps avec les élèves.
Pour la première fois, depuis un an
je me sens un peu utile.
Un peu, dans notre métier, c'est déjà beaucoup.
Je me rendors.
Dimanche prochain ce sera pareil. Et chacun des dimanches des 36 semaines d'école.
Pas de bulletins trimestriels, pas de réunion démultipliée, pas d'heures de soutien...
Le prix à payer pour ce cadeau
ce sont les kilomètres,
et la crainte de la solitude.
Mais
la semaine dernière, je me suis arrêtée, le soir, après le travail, prendre un thé chez Hilly, parce que je n'étais pas loin. On a chanté, regardé des trucs sur la Saint-Nicolas, qui, dans les villes portuaires des Pays-Bas, arrive sur un bateau à vapeur. Elle m'a traduit la plaquette du stage en néerlandais. J'ai retenu l'idée de faire préparer aux enfants un exposé sur une fête de chez eux;
Demain je déjeune avec ma Cécile.
Je ne crois pas que je vais me sentir seule, je crois que je vais me sentir libre.
Et c'est vachement bon.
U2 - Sunday Bloody Sunday (Live à Rattle And Hum) par Gle2
4 commentaires:
je rêve de dimanches comme les tiens...
hélas !
♥
chouette bon lundi aussi alors ♥
et merci pour U2
La peur du changement fait plus peur que le changement.
Respire, profite : tu l'as mérité !
☼☺♥
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