dimanche 11 novembre 2012

Averse soudaine sur le grand pont près d'Atake

En vadrouille vers l'Alsace via Paris
j'ai posé ma valise en consigne
le temps d'aller voir des copines.
Comme je n'avais pas pu acheter de billets coupe-file pour l'exposition Hopper
qu'apparemment tout Paris avait décidé d'aller voir le jour où j'étais là
je me suis rabattue sur la Pinacothèque
dans le quartier de la Madeleine.
Double exposition Van Gogh "Rêves de Japon" et Hiroschige, maître de l'estampe
en réalité largement plus connu au Japon qu'Hokusai.
En fait, Van Gogh, comme beaucoup de peintres montmartrois, s'est largement inspiré de l'art de l'estampe dit Ukiyo-e
dont il avait toute une collection.
Non, ce n'est pas un jeu de carte mangatesque colorisé pour la télé
mais la représentation d'un "monde flottant" inspiré du nô et du kabuki,
construit cependant sur les règles de la perspective à l'occidentale.
L'utilisation des points et lignes de fuites,
les échappées d'une pièce vers une autre,
l'exagération de la règle qui veut que les éléments proches paraissent plus grands
tout cela fait plonger le regard dans l'image
invitent à emprunter le sentier
à s'engager dans le voyage de Tokaido à Edo.

 Au début, Vincent en a copié quelques unes,
puis il a créé des variations à partir d'interprétations chromatiques,
avant de trouver la voie d'une libre inspiration totalement assumée
que l'on retrouve dans le tortueux des arbres,


l'apparition de petits personnages dans la lumière dorée,
l'atmosphère limpide, les gais aplats de couleur, la montagne tourmentée qui surplombe des blés couchés, un champ fleuri...





Ce qui m'a le plus touchée dans cette expo,
ce sont les tableaux réalisés à l'asile de St Rémy, où il avait demandé à être interné.
La richesse profonde des bleus et des verts,
les vergers fleuris sont comme les lanternes de ce Japon fantasmé qu'il croyait voir dans le Midi : lumineuses, fortes et si fragiles à la fois.
Pour moi, les œuvres de ce type,
qui était tout sauf zen,
reflètent une sérénité à laquelle il aspirait peut-être,
mais sans jamais l'atteindre
sauf dans ce Japon réinterprété
sans l'avoir jamais vu.

 Hiroschige non plus n'avait jamais vu la plupart des scènes qu'il peignait, et pourtant je me suis sentie projetée dans certaines images.





A cause de l'eau déjà, sous toutes ses formes,
le lisse de la mer au crépuscule,
la cascade droite comme la dignité,
les griffes des vagues tumultueuses quand elles s'agrippent aux lambeaux du ciel,













la pluie qui tombe drue sur les érables rougis ou les cerisiers en fleurs, la neige...


 Surtout la neige calme et épaisse à étouffer le bruit des pas.



Le vent qui fait ondoyer les étendards et courir les voyageurs surpris par les bourrasques.
Tous les éléments naturels en fait. 


L'exposition se tient jusqu'au 17 mars 2013
Photos : différentes sources - internet

3 commentaires:

Barbara a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Barbara a dit…

merci beaucoup pour ce partage
riche en émotion et instructif
(comme quoi c'est pas incompatible ...)
tu n'as pas perdu au change
au contraire

Tréma a dit…

quand nous étions à New York l'an dernier, nous sommes allés au MET et je pensais y voir des Hopper mais en fait il y en avait très peu. Hopper, le peintre qui se cache ?

en tout cas merci pour ce pont entre l'estampe et van gogh