mercredi 26 août 2020

Non de la tête au cœur ...

Tellement prévisible...
"- Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien. J'ai plus envie, c'est tout.
- OK. On se lâche alors ?
- Je savais que t'allais dire OK sans insister, que tu t'en fous. 
- Non je m'en fous pas. Je voulais passer du temps avec toi, mais toi tu veux pluS."
Il faut savoir se satisfaire de ce qu'il veut bien accorder, dans son incommensurable incapacité à aimer. 
Encore dans le doute, cette petite phrase aurait, à elle seule, entériné ma décision.
Supposée souligner ce que révèle de faiblesse, l'exigence d'un minimum d'intérêt, d'attention, de considération et de tendresse, elle ne m'a pas, cette fois-ci rendue confusément coupable, voire vaguement ridicule.
Au contraire.

Après des mois d'absence, de manque cruel, j'étais sincèrement heureuse de le revoir.
Sauf qu'au moment de se retrouver, pour vivre ensemble de nouvelles aventures, quelque chose de profond, de viscéral, presque primitif, a crié NON !
De la veille pour le lendemain.
Faire de la place dans ma voiture pour son vélo, ajuster l'heure de mon départ, reporter ma journée chant avec Hilly, lui présenter mon petit-fils, imprimer des souvenirs qui le mettent en scène dans mon nouvel appartement, avoir du sexe.... Soudainement, tout est devenu inconcevable.


Ce matin, le jour d'après, il m'a manqué un instant pourtant. Je ne vais pas prétendre le contraire.
Je me serais réveillée dans ses bras, il aurait caressé mon dos.
Et voilà que je suis seule dans cette adorable maison d'hôtes de Limoges, calme, propice à la réflexion et à la création.




Hilly arrive bientôt ; avec son sourire, ses tomates et sa guitare.
Hier soir, j'ai soupé avec mes enfants.Vania a encore grandi, j'adore son rire, la cuisine de Franzouski, la patience de Maiouchka.
Ils ont tous été là pour moi.
Toujours.
Ou était-il, lui, quand mon voisin est devenu fou à l'automne ? Quand travailler m'accablait cet hiver ? Quand l'enfermement m'asphyxiait au printemps ?
Ce n'est pas une question de distance, mais de sollicitude. C'est l'absence de communication et de soutien.
Demander "Comment ça va ?" et dire "Tu me manques", se souvenir de la date de mon entretien de rupture conventionnelle, et s'enquérir du résultat, me faire sentir que je suis importante.
Être un véritable Padna.
Après quatre ans, que sait-il de moi ? De ce que j'écris, de ce que je chante, de mes joies et de mes terreurs ? 
Rien.



Alors pourquoi maintenant ?
C'est que depuis le bal de Cordes, une porte s'est entrouverte. Pour la franchir, je savais qu'il fallait bien en refermer une autre...
Impossible.
J'étais pétrifiée devant l’entrebâillement.
Jusqu'à une rencontre incroyable, le matin même, avec ... un ostéopathe !
En quelques minutes, et très peu de mots, juste à l'imposition de ses mains, j'ai senti que cet homme avait saisi ma nature profonde.

Je suis sortie réalignée, très troublée, archi-cuite, mais tellement plus forte.
Assez en tout cas pour claquer cette fucking porte. 

Non, en effet, ce n'est pas possible de marcher sereinement avec tous ces nœuds. 
Non, je ne veux pas mourir comme sa femme à me ronger les sangs.
Non, je n'ai pas à m'en vouloir de n'avoir pas su me défendre à quatre ans.
Mais à soixante, c'est ma responsabilité de dire non quand je me sens inconfortable de ce qui ne me convient pas.

Concernant mes pieds aux nerfs pincés, je ne suis pas sûre de guérir.
Mais concernant mon âme, ce matin, elle chante...



 

8 commentaires:

Barbara a dit…

bon ben voilà c'est fait
porte refermée
nouvelle page nouveau chemin
oui bien sûr c'est plus facile à écrire qu'à vivre
MAIS
-superbe maison d'hôte très chaleureuse
-ton amie arrive
avec son sourire ses rires son énergies des choses à partager

- et ♥soirée avec les tiens♥

bisous et .... à suivre

Unknown a dit…

Bonsoir Madame
Je prie pour vous.
Vous parlez de nœuds. Savez-vous qu'il existe une neuvaine à Marie qui défait les nœuds qui défait bien les nœuds durablement.
Belle soirée A-C

Chantal a dit…

Trés beau texte, prenant, touchant. S'écouter, tendre l'oreille, creuser, chercher ce qui nous convient, ressemble, ce dont on a besoin aujourd'hui et maintenant et, par conséquent, savoir mieux ce qu'on ne veut pas, plus. Ne pas rester dans des situations inconfortables et ne pas s'en vouloir de ne pas avoir su se défendre lorsqu'on avait 4 ans et même plus âgée. C'est pas évident.
Bonne journée

Barbara a dit…

bon lundi bonne semaine un peu particulière !

DoMi a dit…

Bravo !

Barbara a dit…

doux weekend

Emilie a dit…

Tout va bien ?

Madame Nicole a dit…

Oui oui ça va ! Je vous raconterai. Mais là j'ai pas d'ordi....