jeudi 3 mars 2011

Mémoire d'un flanby

C'est à 50 balais
et des poussières
que j'appris à faire l'andouille (Oki c'est facile, mais je me sens pas finie du cortex en ce moment).

Or donc, ce matin
au stand de Patrice Caro
émérite boucher-charcutier de Ste Feyre
officiant place Bonnyaud le jeudi et le samedi
8 des 10 personnes qui queuaient (du verbe anglais to queue) devant moi achetaient
une andouille (ou deux).
Moi
j'étais venue pour deux tranches de jambon
l'angoisse de la page blanche ne me laissant guère le loisir de postuler pour la prochaine session de Masterchef, avec autre chose que des endives et de la béchamel.
Cornegidouille pensai-je derechef, mais pas in petto,
pourquoi de l'andouille ?
Parce qu'il fait froid me répondit le sieur Caro
insigne faiseur d'andouille et de boudin.
Ce fut alors que cette vérité me frappa :
je n'avais jamais ni mangé
ni cuisiné d'andouille.
Qu'à cela ne tienne, je décidai à brûle-pourpoint de me lancer dans l'aventure.
Et c'est ainsi que
deux poireaux
6 carottes
1 chou frisé
1 navet
(issus de l'agriculture biologique - Nathalie Auclair / ou raisonnée - Potager de St Hilaire)
et 1 bouquet garni (de mon jardin) plus tard
l'andouille cuisait dans la cocotte en fonte (qui est à la cocotte-minute ce qu'est la grande peinture à un poster Ikéa)
bientôt rejointe par 4 pommes de terre
avant de finir coupée en tranches sous le grill du four.
Ce fut bon
et d'autant meilleur même
que
pendant que mon mémoire mijotait dans un coin de ma tête
j'avais coupé quelques poires dans un plat à four
recouvertes d'un mélange de chocolat (1 tablette de lait à cuire), beurre (50g), sucre roux (75g), œufs (3) et farine de sarrasin (75g)
offrant à l'andouille
un dessert digne de ces grands jours où l'on dispose de si peu de temps.
Mais surtout
pendant que j'écrasais ma bintje à la fourchette
me revint en mémoire ce jour (oui, Proust c'est la madeleine, moi c'est l'andouille, on ne se refait pas...)

à trente-trois ans (l'âge de la crucifixion du Christ)
je découvris qu'on pouvait faire de la purée sans les flocons du sachet d'alu
pour peu que l'on disposât de quelques pommes de terre, d'un peu de lait et d'un morceau de beurre.
Ah le poids des habitus socio-culturels !
Je me souviens de ma surprise papillesque dans ce petit troquet que nous investissions à la pause méridienne avec ma copine Sylvie, où j'avais commandé le plat du jour, peu onéreux mais néanmoins fort goûteux, un rôti de porc-purée. Laquelle purée avait, trouvai-je, une consistance et un goût aussi étranges que fameux ; ce fut l'enquête poussée de Sylvie sur mon patrimoine culinaire propre qui me valut cette révélation : la purée c'est bon, si on prend de vraies pommes de terre.
Il me fallu quatre années de plus pour comprendre
cette fois-ci avec Juliette
que
à une personne qu'on ne connaît pas
on dit "bonjour Monsieur -ou Madame"
et pas bonjour tout court,
et encore une quinzaine d'étés pour découvrir
par la grâce de Sandra
comment on sait qu'on est vraiment amoureux.
Mais ceci est une autre histoire.
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Édit 1. Je sais faire la vraie crème caramel
aussi.
Édit 2. L'illustration est de Jack

2 commentaires:

Anonyme a dit…

!!!
Je suis entrain de publier mon mémoire sur le réveil tardif de la conscience humaine dans un environnement donné et déterminé, vous serez un sujet d'étude parfait pour ma thèse :)

Madame Nicole a dit…

ah ben alors faudra que je vous raconte
le jour où
j'ai découvert la queue de bœuf ...