est-il pauvre ?
Parce qu'il est indolent et aime être assisté.
Il aime passer le reste du beurre avec un peu d'oignon au fond de la cocotte, et ne pas la laver pour pouvoir y faire sauter des pâtes plusieurs repas de suite.
Il aime manger des saloperies pleines de pesticides, parce qu'elles sont bien plus goûteuses que les produits bio. De toute façon, il ne mange presque pas de légumes, sauf les tomates sur les pizzas sous-vides, et les frites : le pauvre est nul en nutrition.
Cependant, il aime enrichir son déjeuner de protéines agglomérées (oui comme le pauvre a désormais accès a internet, il a envie de faire le régime Ducon, avec quelques adaptations : ça s'appelle le régime financier) en achetant le seul vrai jambon de connaisseur : celui plein d'eau sous plastique.
Il aime acheter des miettes de thon à l'huile avec du riz premier prix.
Parfois même il pique le thon et le riz, parce que le pauvre, d'un naturel envieux et malhonnête, est aussi un peu voleur, surtout s'il est d'origine étrangère.
Il aime acheter des jouets non-éducatifs en solde au mois de janvier, chez un hard-discounter, après Noël.
Il aime aller à pied chez le hard-discounter à l'autre bout de la ville, et revenir, les bras cassés par les sacs en plastiques, le jour de la St RMI.
Il aime qu'on s'intéresse à lui, alors il aime aller chez l'assistante sociale, même quand elle le gronde parce qu'il ne s'occupe pas bien de ses enfants.
Notez que le pauvre a beaucoup trop d'enfants, alors que justement, il ne sait pas s'en occuper. On devrait ligaturer les trompes des femmes pauvres, ça ferait faire des économies aux caisses d'allocations familiales. Surtout qu'ils utilisent les allocs pour le téléphone portable, les clopes, et l'alcool alors que tout cela coûte cher. Le pauvre a une fâcheuse tendance a vivre au-dessus de ses moyens, c'est pour cela qu'il n'arrive jamais à équilibrer son budget.
En plus, il aime voir ses enfants en détresse au collège parce qu'il ne peut pas les aider, vu que lui, à l'école, il avait aussi la tête sous l'eau. D'ailleurs, il sait que c'est de sa faute si ses gamins ne suivent pas. Les pauvres ne s'intéressent à rien
Le pauvre est xénophobe aussi : c'est normal, ce sont les étrangers qui lui ont pris son boulot. C'est pourquoi il apprécie particulièrement de ne pas partir en vacances. Les Grecs sont sales et les Espagnols nous vendent des fraises dégueulasses, on va pas en plus aller les voir chez eux. D'ailleurs, ils ne font absolument aucun effort pour redresser leur situation et ils emmerdent toute l'Europe, pourquoi qu'on ferait quelque chose pour leur balance du tourisme ?
Le pauvre est aussi un fieffé égoïste, qui n'aime pas se sacrifier pour les autres. Par exemple, le pauvre ne souhaite pas qu'on augmente la TVA, il préfère que le COÛT-DU-TRAVAIL-EN-FRANCE-RESTE-EXORBITANT-QUE-C'EST-PAS-COMME-EN-ALLEMAGNE-ET-EN-ANGLETERRE.
Il s'en fout, il bosse pas, il profite.
Le pauvre est un salaud.
C'est pourquoi il est juste que le pauvre reste pauvre
et qu'il apprenne un peu à se sacrifier pour les autres.
A tous ceux qui pensent que le concept de lutte des classes est dépassé
je réponds que
malheureusement
il n'a jamais été autant d'actualité
y compris dans les pays dits développés.
Pas seulement parce que les grandes stratégies gouvernementales visent essentiellement à préserver
dans l'urgence parfois
les intérêts des plus gros.
Par exemple, vite, avant les élections, il y a urgence à minorer les cotisations patronales,
qui contribuent au financement de nos régimes sociaux déjà menacés,
et à augmenter la TVA de base, l'impôt le plus injuste qui soit,
et dont rien ne garantit que son produit sera affecté auxdits régimes sociaux.
Le problème
c'est que la lutte des classes
c'est aussi la lutte du pot de terre contre le pot de fer
et qu'il faut beaucoup, beaucoup de pots de terre, ensemble
pour avancer un peu.
Or, ce qui a changé vraiment
c'est qu'autrefois, il existait des collectifs d'ouvriers, nombreux,
en rang serrés, soudés par les difficultés du travail en commun.
Ceux qui étaient habitués à en baver au fond du trou,
à partager leur gamelle dans la poussière du charbon,
et à assurer mutuellement la garantie de leur intégrité physique et de leur sécurité,
ceux-là savaient ce que solidarité, et pugnacité veulent dire.
Quand ils étaient en grève, ils ne lâchaient pas le morceau facilement
et pourtant, il leur en coûtait.
C'est comme ça qu'ils ont obtenu quelques avancées sociales.
Ce qui n'a pas empêché la fermeture des mines, je le concède.
Aujourd'hui,
ces grands collectifs n'existent plus, à part peut-être dans les transports
bien isolés quand ils protestent
car l'autre élément nouveau c'est le positionnement des médias qui tisonnent -tout en s'en défendant- cet insupportable feu du "diviser pour mieux régner" (on ne va pas quand même soutenir ces étrangleurs de la France qui travaille alors qu'ils partent en retraite plus tôt, les chiens)
pas vu pas pris (doc interdit) par elsaesser
L'autre grand collectif c'est l’Éducation nationale,
qui pour le même genre de raison ressemble de plus en plus à un grand ventre mou
une tortue sur le dos
qu'on peut désormais bourrer de coups de pieds
sans qu'elle se retourne.
Il n'y a plus de collectif,
Le pauvre désormais
est isolé.
Seul on a peur.
Et quand on a peur,
on n'agit pas.
La lutte des classes
c'est
et ce sera toujours
la lutte des dominés,
contre les dominants.
Pierre Bourdieu - L'Economie Sociale par cp-productions
Le 23 janvier
ce sera l'anniversaire de la mort du sociologue Pierre Bourdieu.
On peut voir là,
l'intégralité du documentaire qui lui avait été consacré en 2001: la sociologie est un sport de combat.
2 commentaires:
ouais c'est comme les malades et handicapés qui font exprès de se la couler douce en usurpant la sécu
bien au chaud
n'est ce pas
ouais d'abord ! c'est comme ces masochistes de sans-papiers qui préfèrent rester dans des prisons grises alors que chez eux ya du soleil et des bananes à foison !
n'est ce pas
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