samedi 6 juillet 2013

Contemplation

A midi, je me suis assise là 


pour manger tranquillement mes pâtes aubergine/ail/basilic/tomates cerises
- pâtes cuites par mon fils qui prend soin de moi -
pendant que je me livrais à des trucs de fille dans la salle de bains
vu que ces dernières semaines, c'était un peu le combo "trop vite & n'importe quoi".
L'exercice de pleine conscience sur la nourriture n'ouvrant pas seulement les papilles,
mais les cinq sens en même temps,
je goûtais en profitant de ce moment de répit les saveurs de mon plat,
je sentais l'odeur de l'herbe et du barbecue du voisin, 
j'entendais le bruissement de toutes les bestioles dans les parages
quand mon regard s'est trouvé attiré par le bouquet de delphiniums qui dansait dans le vent léger, 
pour offrir des centaines de corolles bleues et blanches au ballet incessant des abeilles.
Les mêmes delphiniums qui avaient enclenché un petit coup de calgon la semaine dernière.

C'est une drôle d'expérience sensorielle que toutes ces écoutilles qui s'ouvrent en même temps,
et je tâchais de rester concentrée sur l'instant présent.
Ce n'était pas facile parce que je me sentais de nouveau gagner par une sournoise amertume
prête à me laisser aller à la tristesse de perdre la jouissance tout ça.
Pas spécialement les fleurs,
puisque je déménage à la fin de l'été,
 moment propice à la division des vivaces
 qu'il me suffira de replanter.

 

mais plutôt ce genre de vues



et j'avais beau essayer de ramener mon esprit aux pâtes, aux aubergines et aux oiseaux, 
malgré ma vigilance, mon attention s'échappait inlassablement vers cette petite voix insidieuse Afficher le blogsuggérant que je perds irrémédiablement quelque chose.

Mais -et c'est toute la puissance de la pleine conscience, de la primauté de l'ici et du maintenant -
une autre idée est venue brusquement éclairer cet assaut ténébreux du moi qui m'étouffe.
Une idée surgie comme un fanal au bout d'un périlleux chenal.

"- Quand tu marches, quand tu voyages, quand tu circules d'école en école, tu vois pléthore de lieux magnifiques et cela te rend heureuse n'est-ce pas ? Pourquoi ça te rend heureuse ?
- Je ne sais pas. Je crois que j'aime sentir la vie, comme le monde est beau, et quelle chance j'ai d'être là et de le voir.
- Pourtant, tu n'es propriétaire de rien de tout cela n'est-ce pas ? Il y a des paysages que tu reverras, et d'autres jamais. Est-ce que tu es moins heureuse parce que ça ne t'appartient pas ?
- Non, jamais. C'est comme quand je vais chez quelqu'un qui a une très jolie maison, de beaux objets. J'aime regarder, mais je n'aimerais pas que ce soit chez moi : je déteste le ménage, faire attention à ceci ou à cela...
- Ben là, c'est pareil. Tu as eu la chance de traverser plusieurs fois ce jardin, d'y marcher pieds nus, de t'allonger dans l'herbe, d'y déjeuner avec tes amis, de mettre tes mains dans la terre, et d'en sentir le froid ou la tiédeur. Tu n'as fait qu'y passer. C'est une chose juste et bonne."

Les pâtes avaient un peu refroidies, mais le basilic magnifie assez bien la pâte froide.
Je les ai mangées.
En me levant, j'ai cette fois remarqué les thuyas qui dégueulent dans l'allée
et tous les arbres et haies qu'il faudrait tailler.


Les ronces qui m'ont un peu débordée dans certains coins.
Des fardeaux, le lourd prix à payer pour une chambre avec vue.



Une chose que je ne regretterai pas déjà,
c'est la tondeuse sur les 1200 mètres carrés de terrain en pente.
Mais surtout,
je sais qu'après une semaine un peu en boucle à tenter de raisonner ce sentiment de perte,
une fois bouclé ce billet,
je serai suffisamment détachée pour n'y penser plus jamais.



1 commentaire:

Mamina a dit…

J'adore ton jardin fleuri... ton parterre de Delphiniums est magnifique... mais tu as bien raison, rien ne nous appartient vraiment et la beauté se retrouve partout ailleurs !