En tant que femme
je suis sidérée
parce ce mouvement de sympathie
qui va immédiatement au plus haut fonctionnaire de la planète
faisant dire à une majorité de nos compatriotes
qu'il est victime d'un complot.
Je me souviens de ce même élan pour Bertrand Cantat, quand il avait tué sa compagne, Marie Trintignant, à coup de poings.
Ou de cet homme qui m'a dit récemment : "
Je ne me souviens pas de ça. je n'ai pas pu faire ça." Sauf que pour moi, c'est un vrai souvenir.
Ce doute, insupportable, qui pèse sur la parole des victimes, femmes ou enfants, quand elles osent parler.
Ce petit sexisme ordinaire, qui fait considérer qu'une fellation forcée, bof, c'est quand même pas comme un viol...
Je me rappelle un procès d'assises, où une femme avait pris 30 ans de peine incompressible pour avoir tué son mari qui se tapait leur fille de 16 ans, alors qu'un homme qui avait violé son bébé de six mois avait bénéficié des circonstances atténuantes.
Je voudrais juste rappeler ces chiffres : en France, chaque année, 400 femmes meurent sous les coups de leur conjoint, tandis qu'environ 50 000 se déclarent victimes de viol. Toutes des affabulatrices ? Des comploteuses ?
Pourquoi, dès que l'agresseur est haut placé, la présomption d'innocence prend-elle le pas sur tout le reste, y compris sur la compassion pour celle qui dénonce les faits ?
Que pèse la parole des compagnons d'arme -tous des hommes- de DSK, qui nous jurent que ce n'est pas un homme de conflit, et que donc, il n'a pas pu faire ça.
Que savent-ils, vraiment, des violences faites aux femmes ?
Moi je crois qu'il y a des gens qui, dans les éthers des hautes sphères, grisés par le pouvoir, et notamment celui de l'argent, finissent par se croire au-dessus des lois, faites pour le commun des mortels, mais pas pour eux.
Habitués à temporiser, à manipuler pour obtenir ce qu'ils désirent, que sait-on de leurs émotions compulsives quand un être "faible" leur résiste ?
La mythologie est traversée de ces récits. Zeus qui a abusé tant de femmes, qui ont dû en assumer seules les conséquences : transformées en ourse, en génisse, exilées, bannies, exclues, isolées. Quand ce ne sont pas leurs enfants qui en ont fait les frais.
Un élève m'a fait récemment remarquer que, s'il s'en sort, c'est qu'il est le dieu des dieux et que c'est lui qui édicte les lois (je trouve que ces collégiens en grand difficulté ont souvent une grande hauteur de vue, quand on les laisse parler...)
Dans la réalité, heureusement, on peut tomber à bas de l'Olympe, parce que nos pays occidentaux ne sont pas tout à fait des républiques bananières. La sidération des auteurs est donc absolument sincère quand ils se font prendre : c'est bien ce qui sème le doute dans notre esprit.
Mais il est bon pour la démocratie et pour la justice, que le piédestal de l'homme public soit friable.