lundi 14 juin 2021

J'entends la pie qui chante

 Il y a un an et demi, la folie d'un voisin m'a fait prendre peur.

Je revois Andrée, dans la salle d'Embraud, me répéter avec insistance : "Viens à Château".

Il y a un an, j'investissais mon deux-pièces avec vue.

Mercredi dernier, nous l'avons portée en terre. Quatre Chavans portaient son cercueil, suivis par les vielles, les fifres et les chants. Depuis, nous nous réunissons souvent autour de Jacky.

Le berger, qui se lève avant le soleil, passe le voir tôt le matin, l'heure difficile.

Elle est forte Andrée. Elle s'est battue des mois, le temps qu'on s'habitue à sa disparition, venue comme un soulagement. Le temps qu'on se réunifie. Le temps que les restrictions soient levées, et qu'on soit tous là, à la célébrer ensemble, autour d'une pompe aux grattons et d'un verre de blanc.

Ce soir, j'ai trouvé, en bordure de mon jardin, et malheureusement de route aussi, sous le regard aux aguets des chats du voisinage, un bébé pie en apprentissage de sortie de nid.


Demain il faudra la représenter à ses parents, et la nourrir aussi, en attendant qu'elle soit reprise en charge par sa famille. Les parents pie ssont de bons parents, qui ne lâchent pas facilement l'affaire, quand  bien même les humains l'auraient tenue en main.

C'est drôle, en cherchant des renseignements sur sa meilleure prise en charge, j'ai trouvé la symbolique de ce petit corvidé mal aimé en campagne, notamment sur le blog Conscience chamanique.

Intelligence, accumulation de connaissances, nettoyage, guérison, pouvoir de l'observation et de la pensée positive, ouverture intuitive à tous les possibles... Elle ne pouvait pas mieux tomber, à la fin de ce dimanche long, plein de douceur, de partage, de musique et de nature sauvage.



En quelques enjambées, on pourra bientôt rallier le Veurdre à pied.
Par le lit de la rivière.
Hélas...

lundi 7 juin 2021

Tout n'est que vanité

 Qu'est-ce qu'on mange ? Où on dort ? On met quels draps ? Je peux prendre des sous dans le boursicot ?

On demandait toujours à Andrée...

Et voilà que sa petite flamme s'est éteinte doucement, dans le souffle de l'aube.

Un soulagement après des semaines de souffrance. 

Andrée Paris, notre Dédée, la moitié de l'âme d'Embraud, partenaire indissociable de notre Jacky.

Rien ne me fait peine, oh ma mie ma mignonne, oh que d'y laisser, les bons temps passés...

Cérémonie ce mercredi à 10.30 en l'église de Château-sur-Allier. Les grandes cornemuses joueront "tout n'est que vanité", selon sa volonté.

Merci Patricia Bouffard  pour la photo.

dimanche 6 juin 2021

Les pieds terreux

Ce que m'enseigne ce jardin, où je ne resterai pas toute ma vie, c'est que sa taille me suffit pour y équilibrer mon temps.


Que les journées de moisson succèdent aux jours des semailles.

Et que l'on ne plante pas toujours pour soi-même, mais aussi pour ceux qui viendront ensuite, sans rien savoir de qui nous étions, sauf à interpréter ce que nous avons planté et comment nous l'avons fait. 

Il me fait l'éloge de la patience, et l'acceptation de l'erreur, pour la joie de contempler les fleurs et de récolter les fruits.

Il m'instruit de l'éternel recommencement. Que sont quelques raisonnables renoncements ?

Il me montre comme chaque vie a sa place dans cet univers, ainsi que tous les liens entre ces existences, leur naissance, leur croissance, leur reproduction et leur mort.

Ce jardin m'inculque le détachement, puisque moi aussi, je ne suis que de passage.



Deux lunes et quelques poussières d'étoiles

9h32
Je clique sur "envoyer".
Mon flanc droit se crispe brusquement, le foie comme sonné par un uppercut.
Mon estomac se retourne dans une violente nausée, qui ne se déversera pas finalement, noyée par un torrent de larmes.
Une embâcle soudainement emportée par les flots.

10h00
Une demi-heure plus tard, je n'ai plus de larmes.
Le sommeil me gagne et vient se pendre à mes paupières.
Le corps qui parle, il faut l'écouter. 
Se blottir dans le giron du lit, s'endormir sans tarder.

11h00
J'ouvre un œil, puis deux, le réveil luit doucement.
Je tâte mon ventre, mes membres.
Je suis vivante, et tout va bien.
Regagner la verticalité, et replonger dans la journée.
Je l'ai choisi ce jour, parce que l'après-midi j'ai des activités sportives, dont je sais qu'elles me seront secourables.

12h00
Le téléphone sonne, c'est lui.
Il dit qu'il s'est senti menacé par mes quelques lignes, et, en effet, s'il avait fait le mort, j'avais d'autres cartes dans ma manche.
Il ne peut pas se déplacer pour une rencontre, sa femme n'est pas au courant, d'ailleurs, elle est absente.
Je suis d'accord pour un entretien téléphonique.
Je pose mes questions, réemboîte les pièces du puzzle.
"Si tu dis que ça s'est passé, je te crois, mais moi je n'en ai aucun souvenir."
C'est déjà mieux que la dernière fois.
Il assure qu'il n'a jamais recommencé avec qui que ce soit, mais je reste ferme sur mes doutes.
Je peux le croire, mais il y a tellement de détails qui ne collent pas, ou qui s'emboîtent si bien que le faisceau d'indices renvoie la lumière crue d'un scialytique.

Et c'est assez clair dans mon esprit : soit il dit la vérité, et, le temps venu, il partira en paix.

Soit il ment, il tord un peu, il tord beaucoup, la vérité pour la rendre plus présentable. Les prédateurs sont les rois de la manipulation. Dans ce cas, il sait que je sais. Surtout, je suis convaincue qu'il partira dans la souffrance.
Oui, je crois à la justice immanente pour ceux qui trichent, pour ceux qui mentent, pour ceux qui exploitent, pour ceux qui violent...


Je me sens, depuis ce jour, apaisée et confiante.
Je croyais avoir un vide à combler, mais c'est un nœud qui s'est tranché.
Ce n'est pas la réponse qui compte, c'est la question que l'on pose, et comment on la pose.

Nous sommes à peine quelques poussières d'étoiles plus loin.
Face au ciel si vaste...

samedi 5 juin 2021

Gentleman lover


Elle s'est exclamé : 
 " Oh j'aurais dû prendre ça !"
La serveuse venait d'apporter le plat du monsieur. Une salade auvergnate bien servie.
Et il lui a tendu son assiette.
Comme ça, gentiment.
J'ai trouvé ce geste d'autant plus touchant que, dix minutes avant, il avait déplacé la table pour que sa peau de blonde ne cuise pas au soleil vertical et plombé de midi.
Il y a des hommes charmants, généreux, attentionnés, amoureux et beaux à regarder.
N'est-ce pas une jolie chose à considérer ?