mercredi 29 octobre 2014

La grossitude, ça n'existe pas # 4

Hier soir,
une fois n'est pas coutume,
j'ai regardé longtemps la télé.
D'abord l'émission sur Simone Veil
(mais pourquoi vous ne vous êtes jamais présentée à la présidence ?)
que j'admire depuis toujours,
puis pour la deuxième fois, le Manifeste contre le viol.


"Viol : elles se manifestent" par LeNouvelObservateur

Je crois que je n'aurais pas dû.
Je ne sais pas pourquoi, mais cette fois-ci, je ne l'ai pas entendu de la même manière.
Les conséquences, le corps qui hurle quand les mots ne viennent pas,
m'ont frappée en pleine âme.
Bien sûr, je savais.
Le lien, je le connaissais, c'est une telle évidence, le désinvestissement du corps,
les conduites auto-destructrices, la boulimie.
Mais ce n'est pas parce qu'on sait que ça change quelque chose en fait.

Ce qui m'interroge le plus, c'est l'amnésie lacunaire,
celle qui sauvegarde les circuits juste avant qu'ils n'explosent.
Pas d'avant, très peu d'après.
Moi, avec ma mémoire incroyable, j'ai le passé mité.
Entre ces mains portées sur mon innocence, et, quelques années plus tard, juste avant le premier saignement de femme, ma mère emportée au détour d'un virage.
Le miroir brisé chaque fois que je la regarde.
Plus jamais d'insouciance, plus jamais d'allégresse.

Et puis les petits cailloux, qui font des ronds dans l'eau de l'oubli,
de minuscules vagues qui viennent tout submerger
un écho inaudible aux autres, et qui me vrille brutalement.

Alors hier soir, j'ai un peu erré sur le net,
et je suis tombée sur une page de SOS femmes.
Il y avait tout là.
L'amnésie traumatique.
Pourquoi, chaque fois que j'en ai parlé, les différents thérapeutes ont-ils toujours botté en touche ?
Méconnaissance ? Peur du souvenir "inventé" ?
De la lire là, telle que je la vis,
ça m'a presque coupé la respiration.
Les difficultés relationnelles, la dépression chronique sourde, les conduites border-line qui parfois me font croire que je suis vraiment folle, comme me l'a écrit mon frère, il y a longtemps.

Tout ça, c'est fantasme ou souvenir ?
Jamais je ne saurai clairement,
bien que tout en moi hurle avec cette petite fille.

J'écoute mes rêves pourtant,
cette nuit tout spécialement.
Dans la voiture, aucun homme ne voulait conduire,
et elle était fatiguée.
Ils restaient cachés, j'entendais la voix d'un frère de ma mère dire non, non.
Il était eau en bouteille.
J'ai repris le volant.
Contrôle.
Dans la grande salle où nous avons mangé, ils étaient tous là... Une multitude d'hommes.
Et dans la poubelle, ils avaient tous jetés leurs couverts.
J'étais fâché, je voulais qu'ils les reprennent, surtout leur couteau, ah ah !

Tout jeter, tout oublier ?
Comment oublier ce dont on ne se souvient pas ?

Hier soir,
j'ai regardé la télé
et j'aurais pas dû...



samedi 25 octobre 2014

Behind the picture #3 Why they are the Grand Canyon

Pour comprendre les prochains épisodes sur Supai,
il vous faut savoir qu'au commencement, il y eut  deux frères jumeaux : Tochopa le bon et Hokomata le mauvais.
Hokomata, il est comme le diable de l'homme blanc,
c'est un dieu de discorde et de guerre.
Après une terrible dispute avec Tochopa, il lui annonça qu'il allait noyer le monde.
Tochopa était bien triste.
Il avait une jolie et courageuse petite fille, Pu-keh-eh, qu'il aimait tendrement.
Elle portait les courges dans le kathak,

  et elle portait l'eau dans l'esna, sans se plaindre jamais.

Mais cet amour n'était pas la seule raison de la sauver des noirs desseins d'Hokomata. C'était aussi que d'elle descendrait toute l'humanité pour laquelle ce monde avait été créé. 
Et c'est pour cela qu'il lui avait appris à tresser les paniers.
Pour qu'elle l'apprenne plus tard à ses enfants.
























Alors, vite, il coupa un grand pin pignon, l'arbre sacré,
et jour et nuit il travailla à le creuser soigneusement,
et à la fin, il ménagea une petite fenêtre d'observation.
Dans la cavité, il plaça de la nourriture, et tout ce qu'il fallait pour survivre.
Quand il fut prêt, il appela la fillette et lui dit de se cacher dans l'arbre.
Ce furent de bien tristes adieux, mais elle faisait confiance à son père
et elle s'allongea au creux du tronc, dont il scella les ouvertures.

Il pouvait maintenant s'asseoir pour attendre la destruction du monde. 

Il ne fallut pas longtemps avant que les inondations ne commencent.
Ce fut bien plus que de la pluie, un véritable déluge qui entraîna des cataractes,
des rivières rageuses, des trombes d'eau furieuse,
qui grondaient plus fort encore que mille Hackataias (1) et recouvrirent bientôt toute la terre.



Toujours, pendant ce temps, le tronc sacré flottait.
Dans ses entrailles, bien au sec, 
Pu-keh-eh alllongée voyait bondir les eaux de plus en plus haut, jusqu'à recouvrir les sommets d'Hue-han-un-patch-un (2), d'Hue-ga-woo-la (3), et de toutes les autres montagnes du monde.



Cependant, le ciel ne pouvait pas pleurer ainsi indéfiniment, et, peu de temps après que ne cesse le déluge, l'eau qui couvrait la terre trouva un moyen de se frayer un chemin jusqu'à la mer.

En s'y précipitant, elle coupa à travers les roches des plateaux, ouvrant ainsi le profond Chic-a-mi-mi (4) d'Hackataia.



Bientôt toute l'eau eut disparu.
C'est ainsi qu'un jour, Pu-keh-eh s'aperçut que son embarcation ne flottait plus. Elle regarda par la lucarne. L'air était encore brumeux et sombre, mais au loin elle apercevait la silhouette des sommets de San Francisco Peak, et tout près d'elle le canyon du petit Colorado, et à l'ouest et au nord était Hackataia, et à l'ouest était le canyon d'Havasu.

Voyant que l'eau avait disparu, elle sortit et elle bâtit sa maison,



 puis elle commença à faire de la poterie et des paniers, comme son père le lui avait appris, bien longtemps avant.




 Elle était capable de cuire son pain, mais elle se sentait seule.


 C'est que l'inondation avait duré si longtemps que l'enfant avait grandi jusqu'à devenir femme. Et qu'est-ce qu'une femme sans enfant à son sein 
Comme elle désirait être mère !
Hélas ! N'y avait-il pas d'homme dans tout l'univers ?
Pas de père pour son enfant ?

Jour après jour, le désir de maternité envahissait son cœur,
jusqu'à ce qu'un matin, l'obscurité décline pour laisser place,
depuis l'est lointain,
à une brillante et douce lumière.
Le soleil triomphant venait à la conquête de la longue nuit
pour illuminer de nouveau le monde.
Il vint chaque jour plus près, si près qu'il finit par passer les sommets de la mesa.
Alors Pu-keh-eh se leva et rendit grâce à Tochopa de lui avoir envoyé un père pour son enfant. 




C'est ainsi qu'elle conçut,

et que dans la plénitude des temps,
elle enfanta un merveilleux garçon,
qu'elle appela En-ya-un, le fils du soleil.





Les jours passèrent,

et voici qu'elle sentit encore en elle le désir de la maternité.




À cette époque,
elle avait marché loin à l'ouest
et avait gagné le merveilleux canyon d'Havasu, 




où, au plus profond des rochers, couraient de grandes et glorieuses cascades.



Wa-ha-hath-peek-ha-ha était l'un de ces rapides,
et quand elle le vit, elle su qu'il serait le père de son deuxième enfant.
Et voici qu'encore naquit cet enfant.
C'était une fille
et depuis ce jour, toutes les filles d'Havasu sont fières d'être appelées les « Filles de l'eau. "

Le temps déroula encore ses vagues,
et ces deux enfants grandirent.
Ils se marièrent, parce qu'ils étaient des dieux
 et ils engendrèrent l'humanité.
D'abord les Havasupais, 



puis les Apaches, puis les Hualapais, puis les Hopis, puis les Paiutes, et enfin les Navajos.
Tochopa vint dire à tous où ils devaient vivre.

Et c'est là qu'ils doivent encore se trouver aujourd'hui...



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Edit 1 : Les deux rochers totems sont les protecteurs d'Havasupai,
Tochopa et sa fille Pu-keh-eh

Edit 2 : texte librement adapté d'un extrait de "The Indians of the Painted Desert Region / Hopis, Navahoes, Wallapais, Havasupais, George Wharton James, http://www.gutenberg.org/files/44627/44627-h/44627-h.htm

Edit 3 : crédit photos : le flood en couleurs / photographersadventurers.com, tout le reste, archives de Northern Arizona University, California historical musem & Denver museum.

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1. le fleuve Colorado
2. San Francisco peaks
3. Williams Mountain
4. Canyon

vendredi 24 octobre 2014

Behind the picture #2 Diabete : a new way of extermination

C'est un nouveau moyen d'extermination.
La nourriture.
Après, les fusils, les virus et l'alcool.

Autrefois, les indiens n'étaient pas tous nomades et chasseurs.
Leur activité principale dépendait du climat en fait.
Il y avait donc des tribus d'agriculteurs : maïs, pommes de terre, haricots, courges...
Aujourd'hui, à tout ça, s'ajoute l'American way of life : le gras, le sucre, les sodas...
Le tout gentiment fourni par le gouvernement en période de disette...

Personnellement, j'ai été très impressionnée par le tribal store d'Havasupai :
quasiment que de la junkfood et un tout petit rayon fruits/légumes hors de prix.
Quand on pense que c'était un peuple de cultivateurs...
Un paradoxe permanent : la religion et la nourriture des blancs,
et pourtant le souvenir très vif, douloureux, des humiliations subies (à venir : Behind the picture #4)

Étaient-ils génétiquement prédisposés ?
Je ne sais pas trop, les études ne sont pas très claires.
Ce qui est certain, c'est que de l'Alaska à l'Arizona,
le radical changement de mode de vie a clairement débouché sur un problème de santé publique : l'obésité et le diabète sont les deux fléaux les mieux partagés par les natifs.
Et autrefois, manifestement, ce n'était pas le cas.
Il n'y a même pas 100 ans, les premiers américains ne connaissaient pas de maladies chroniques.
Mais dans les 5 dernières années, le diabète est devenu la quatrième cause de mortalité dans les communautés indiennes, la première étant les maladies cardio-vasculaires...
Non seulement ce sont eux qui connaissent le plus fort taux de tous les groupes ethniques américains, mais en plus, ce taux croît plus vite que dans le reste de la population, avec une prévalence non négligeable chez les jeunes.

Photo archives Grand Canyon
Elles sont vraiment jolies ces filles... Et les Supai girls d'aujourd'hui ont le même sourire.

Avec un taux record chez les Pimas d'Arizona (ceux du Mexique sont restés minces , ils vivent encore de manière traditionnelle),
mais aussi les Supais,
qui sont vraiment une très petite tribu,
isolée au fond d'un canyon,
Il faut bien voir que, quand on dit diabète
on dit aussi amputations, maladies rénales, cécité...
Et ça se sent tout de suite quand on arrive sur la place du village,

 Photo perso


 alors que ça n'était pas encore le cas dans les années soixante-dix.


Photo archives College Park - Maryland

Eljean, à qui vous avez écrit
(merci, il a montré les cartes à Carrie, qui dit qu'elles sont extras...surtout celles de la montagne.
C'est qui qui a envoyé de la montagne ?)
Eljean donc, je pense qu'il a plus ou moins mon âge, et une canne... ça fait peur.

Autrefois, les gamins passaient leur temps à cheval ou à nager dans les piscines turquoises.
Aujourd'hui, comme tous les ados occidentaux, on est à deux doigts (humour) de la tendinite des phalanges tellement ils sont accros de la tablette...

diabète 1 - effort physique 0

Un retour en arrière est-il possible ? Je ne pense pas, et c'est normal. Personne n'a envie de revenir à la lampe à huile.
Mais pour la manière de se mourir nourrir, il y a certainement quelque chose à faire,
et il faut espérer qu'ils vont s'y investir avant d'être décimés par une maladie d'homme blanc...



Behind the picture #1


Que pourrais-je dire des natifs ? Je les ai à peine croisés,
quand on est touriste, et qu'on ne fait que passer, on ne crée pas de véritables liens,
On peut dire, en gros, que nos fantasmes se nourrissent de nos préjugés.

Sur la nation Navajo, la plus grande, on  a bien remarqué deux ou trois trucs :
que leurs écoles sont bilingues,
leur administration tribale,
que derrière les croisements de routes touristiques, bordées de stations-services, d'hôtels et de dinner,
quand on s'engage dans les faubourgs de Kayenta,
les routes deviennent des pistes,
les lotissements des bidonvilles, aux toits de tôle ondulée retenus par des pneus.
Certaines familles n'ont même pas l'eau courante,
un cochon noir en liberté...
La nourriture américaine arrangée, le pain frit autour du hamburger, arrosée de thé glacé,
la réserve est sèche, l'alcool est interdit.
Et puis l'obésité, le surpoids, très impressionnant, y compris chez les plus jeunes.
Je n'ai pas pris de photos, je ne me sentais pas de jouer les voyeuses.

A une dame âgée, qui avait un chien sympa (il y a des chiens partout)


j'ai acheté des bracelets,
c'était vraiment pas cher.
Le bois est local, c'est du génévrier (juniper ) qui pousse comme du chiendent.
Le reste je ne sais pas trop, si ça se trouve, les perles viennent de Chine...
Les natifs les assemblent, et on trouve des stands absolument partout au bord des routes.
On a l'impression de voir la même chose dans chacun d'eux, mais en fait non.
Ça dépend beaucoup du goût et de la créativité de celui ou celle qui assemble, il faut bien regarder
(et ne rien acheter dans les boutiques d'hôtel, absolument hors de prix).



Quelques jours plus tard, on a dormi dans la réserve Hualapai,
avant de descendre dans le canyon pour atteindre la minuscule réserve Supai.

D'Havasu 'baaja, en général, vous ne verrez que cela :
les chutes, des hikers et des jumpers, fiers de leur exploit.



Moi, j'avais surtout très envie de visiter l'école de ce village de 600 âmes,
parce qu'elle m'a fait penser aux écoles de chez nous.
Mais je n'ai pas eu le temps de gérer.






J'ai regardé le ballet de l'hélico.
je me suis demandé comment ils font pour les grosses machines de chantier,
ou les mini véhicules qu'il utilisent désormais pour les travaux publics,
ou le transport des personnes âgées dépendantes.




Sally m'a expliqué que c'est hélidescendu en pièces détachées,
puis monté sur place.



Il y a des chevaux partout, c'est encore le moyen de transport le plus usité.



Et puis de la technologie aussi.




Mais pas de cimetière.
La femme du pasteur m'a dit que les tombes sont sur des terrains privés.
Mais là non plus, j'ai pas fait de photo.
C'est trop privé, trop sacré.





Like Barbara

Vous m'écrivez que vous pensez à moi.
Et je le sens.
C'est clair : ça m'aide.
Quand je m'interroge sur cette nécessité qu'éprouvent les blogueuses à raconter leur vie sur internet,
et sur l'intérêt réel que ça présente,
je pense à vos pensées.
C'est pas qu'on n'a pas de copine,
c'est pas qu'on n'a pas de famille,
c'est autre chose
une relation nouvelle et différente
qui compense nos handicaps affectifs.

Par exemple, moi, je suis nulle en cartes postales et en anniversaires.
on peut compter sur moi pour tout un tas de trucs,
surtout s'ils sont un peu dingues,
mais pour ça, heu, ben, j'ai pas les compétences.

Quand elle t'envoie un truc,
l'enveloppe c'est déjà le cadeau.
Le temps qu'elle a passé à chercher les illustrations, coller, écrire,
c'est aussi cadeau.
Et dedans, il y a un petit truc pour moi,
que je plante dans mon jardin,
ou que je planque dans mon sac,
enfin bref,
qui me suivra toute l'année.

Barbara, si elle avait une page FB, je la likerais.




jeudi 23 octobre 2014

Une longue journée

Un déménagement



une répé Chavans


Un concert (La Bergère)

 
Un bal



Les patacouères






Même sans four à bois
et sans aube sur la rivière,
on peut les faire avec
- une pomme évidée ;
- remplie de gelée de coing et de beurre ;
- et enfermée dans une pâte brisée.
Un douillon normand,
à la mode bourbonnaise.

La multi ani

J'essaie de me souvenir 
où j'étais pour l'anniversaire de mes neuf ans ?
C'était le temps de l'insouciance,
le temps d'avant l'accident, 

la vie qui bascule.
Mais je ne m'en souviens pas.

Je voudrais pourtant,
me souvenir des jours heureux,
quand on ne sait pas qu'on l'est.



Dans la grange

Dans ma famille Chavans,

on fête les anniversaires


ça se termine toujours en musique


et si on est fatigué
il suffit de s'allonger...


Sally's bag

J'attendais l'hélico
assise sur les marches devant le terrain de basket et la petite prison,
il fallait être patiente,
les natifs sont prioritaires.
Je me disais que c'était vraiment dommage de n'être restée qu'une seule nuit,
et d'être toujours en mode touriste,
quand la jeune femme assise à côté de moi a dit :"J'adore votre sac".
Ce n'était pas la première à me le dire,
ce sac, il a souvent permis d'amorcer la conversation.
On a commencé à discuter,
elle attendait que l'hélico lui apporte sa réserve de lait,
mais aussi des glaces,
pour vendre des banana splits à la fête de l'après-midi.
J'ai posé plein de questions,
il y avait tant de choses que j'avais envie de savoir :
le bilinguisme à l'école ? non, les enseignants ne sont pas natifs, alors la langue se perd, et d'ailleurs, elle, elle ne la parle plus, on s'était trop moqué d'elle à l'école
les taxes, l'hélico ? Moins cher pour les natifs que pour les touristes,
mais ça fait quand même cher les grosses courses de la semaine (25 $ pour monter, 2 heures de routes jusqu'à la prochaine ville, les courses, dormir chez quelqu'un, 2 heures retour, 25$ encore, plus le prix du cargo - la charge transportée)
et pour accoucher ? il faut aller chez quelqu'un quelques semaines avant le terme prévu
et la scolarité des enfants ? ils quittent le village pour un lycée indien, en général loin, dans l'Orégon ou le Colorado, ils ne rentrent qu'une fois par trimestre,
et ses enfants à elle ? les deux choupinous là, et un grand garçon, et puis une grande fille et un autre grand garçon sur le plateau là-haut, loin déjà.
Et déjà grand-mère aussi.

Les glaces sont arrivées, j'ai accompagné une touriste blessée à l'hélico, et en partant je lui ai demandé son prénom.
Sally m'a acceptée comme friend sur FB.
Un cadeau,
car grâce à ça, je garde un peu la tête à Havasupai, ce qu'ils mangent, leurs traditions, ce curieux mélange de vie moderne et d'animisme, les deux sentinelles de Wigleeva, ce qui les fait rire, et ce qui les émeut, cette universalité de l'humain quand on se marre ou qu'on est ému.
Sally, elle se peint les ongles avec des dessins trop classes, elle fabrique des medecine bags pour garder le cordon ombilical des nouveaux-nés, et des gâteaux d'anniversaires princesse, spiderman et plus si affinités.

Alors j'ai lavé mon sac,
je l'ai soigneusement repassé,
j'ai rajouté deux trois bricoles d'ici,
et une chute d'eau du Haut-Allier,
pis je l'ai confié au loin voyage qui se termine avec le train de mules,
pour qu'il retourne à Havasupai, chez Sally.
Parce que moi aussi je l'aime, ce sac.



Une saison aux jardins

Automne français
le 20 octobre, à Saint-Sulpice,




automne russe,
le 20 octobre à Nijny.


Bad waves mood

C'est dur.
Faut serrer les dents.
Attendre que ça passe.
C'est la scoumoune, la série sombre.

Je m'étais fait tout un petit plan.
Ces vacances, tu ne pars pas, tu fais le tour des placards, des armoires, des tiroirs.
Tu tries, tu ranges, tu déchètes et tu donnes.
Un an après mon emménagement, je me faisais une fête de boucler la boucle,
de préparer un album avec mes photos du chemin,
et un autre avec celles des Etats-Unis.

Mais après une rentrée plutôt joyeuse,
ça a commencé.
Les tracasseries administratives de tout bord (à commencer par le mien),
l'accident de Franzouski


le chat qui fait pipi sur son ordinateur portable
la tondeuse qui rend l'âme deux mois après la fin de la garantie,
une Bosch, que personne ne veut réparer,
la CAF qui finalement versera chaque mois 60 € de moins que prévu par la simulation,
Franzouski qui n'a pas retrouvé de job,
le Kid qu'une douleur persistante et inexpliquée empêche de faire du sport depuis la rentrée
(et qui prépare un bac option sport avec entrée prévue en Staps...)
jusqu'à ma tasse souvenir de San Francisco malencontreusement explosée par ma collègue le jour de la sortie,
le stage de rentrée épuisant dont je récupère à peine,
et
cherry on the cake : la grippe ...
J'ai beau tenter de penser positif,
Franzouski sain et sauf
finalement la voiture réparée (1000 € au lieu de 2000...)
et l'assurance pour le portable (franchise 130€),

la perspective de devoir serrer encore les dents au moins deux ans,
non seulement sans partir en vacances,
mais à devoir carrément bosser pendant celles-ci,

me réveille de nouveau au petite matin,
les poings serrés, l'estomac noué jusqu'à la nausée.
Quant à ceux qui m'interrogent sur la fin programmée de la jachère affective,
pour faire court,
je n'imagine pas qui que ce soit sous ma couette.
Et qui que ce soit est sur la même longueur d'onde apparemment...