Ce fut encore une semaine affectivement mouvementée.
Les turbulences inconfortables qu'on finit par ne plus accepter.
Il avait pris ce billet finalement, et il arrive vendredi prochain.
Sauf que... (numéro 1)
... il était aussi parti faire un voyage surprise ailleurs, très loin en fait, sans m'en parler.
Bien sûr, il s'est fait prendre la main dans le sac.
Alors il a tenté de rattraper le coup en posant le blâme sur moi :
je t'ai pas menti, mais je t'ai pas tout dit, je voulais pas de reproches ou de jalouserie, je voulais la paix.
D'où le silence.
Problème : ce sont ces cachotteries et ces menteries qui pourrissent l'ambiance.
La paix pour moi c'est toujours la vérité.
Et là, la vérité, elle tourne la tête du mauvais côté.
Comme il avait ce ticket pour venir,
une fois de plus, j'étais prête à pardonner, et profiter de ces quelques jours avec lui.
Il a raconté un peu, et ajouté qu'il me raconterait le reste en live... s'il pouvait venir me visiter...
bien par en-dessous komdab.
Je suis faible avec lui.
Sauf que ... (numéro 2)
... il a mis sous le tapis l'information capitale : la raison de ce voyage soudain,
et prétendu qu'il était seul, ce qui malheureusement ne correspondait pas à mes informations.
Deuxième main dans le pot de confiture...
Et mauvaise réponse : quand j'ai exprimé à quel point je me suis sentie blessée, il n'a montré aucune empathie.
Pas de "
je suis désolé", mais cette exigence incroyable qu'on n'en reparle pas, pour pas gâcher la fête (du slip ???), sinon c'était pas la peine qu'il vienne, etc...
La queue du renard entre les dents, prétendre qu'il l'a pas avalé, puis que c'est de ma faute et enfin le chantage affectif.
Fermer les yeux ?
Attendre qu'il vienne et voir s'il allait en parler de lui-même finalement ?
Encore prête à basculer.
Si une amie me racontait ça,
je dirais : "
fuis, sauve ta dignité."
Je le sais.
Mais j'arrive pas à me le sortir de la peau.
Le sentiment, en le quittant, de passer à côté de quelque chose de beau et de fort,
comme tous ces moments vécus ensemble, en dehors de ses terres,
Quand tu ressens au plus profond que oui, tu pourrais faire un bon chemin avec cet homme là.
Et puis le prix du chagrin.
Car chaque fois qu'il est dans sa vie d'avant, c'est le triomphe du
fake.
Des arrangements permanents avec la vérité.
En aidant à vider ses placards l'été dernier, confrontée à une intimité que je n'aurais pas dû voir,
j'ai pris conscience de ça : toute une vie de faux-semblants, de façade, toute une vie jusqu'aux portes même de la mort.
On en était là,
à organiser sa venue,
sauf que... (numéro 3)
... vendredi, tadam !
Naissance d'Ivan (prononcer Iva -n, à la russe, mais aussi Vania, Vanouchka...).
Et à la table d'un déjeuner de Noël, dans une école que j'aime beaucoup,
une conversation avec un très chouette type, qui venait de donner le spectacle des enfants
(que malheureusement je n'ai pas vu).
On parle de cette théorie des hasards heureux, des Moires qui croisent les fils de la destinée,
de la sérendipité...
c'est pas souvent qu'on croise quelqu'un qui connaît ce mot.
C'est ce que j'ai pensé, et c'est ce qu'il m'a dit en partant.
Oh n'allez pas croire que tout d'un coup mon cœur d'artichaut vient de reperdre des feuilles..
non c'est autre chose.
Comme un messager de cet univers qui a tout agencé au mieux pour moi ces derniers temps.
En reprenant la route, il a dit : "
Tu es une femme formidable".
ça m'a trotté dans la tête.
Et si c'était vrai ?
Est-ce je ne mérite pas mieux qu'un homme qui n'a pas le cœur assez grand pour aimer une autre personne que lui même ?
A qui j'ai dit et redit mon goût de la clarté, et le besoin de se sentir aimée et respectée, mais qui l'entend pas ?
Un homme prisonnier de ses propres désirs ?
Combien de temps vais-je endurer ce chaos émotionnel ?
ça fait que, quand je suis arrivée à la maternité samedi,
et que j'ai pris mon petit fils dans les bras,
j'ai réalisé que vraiment, il était temps que je me respecte moi même...
J'ai dormi une nuit dessus.
Refait le film des trois dernières années.
Peut-être que j'interprète mal ?
Et hier matin, au réveil, plus aucun doute. J'ai eu ce courage terrible d'écrire : non.
Non je n'accepte pas tes conditions.
Et en effet, ce n'est pas la peine que tu viennes.
Je veux plus me contenter des miettes que tu voudras bien me jeter.
Et je ne veux pas me gâcher mon bon temps à moi.
Il n'a évidemment pas répondu.
Son orgueil est si grand.
Autant dire le meilleur service à me rendre.
J'ai ce trou béant là, qui fait mal.
Et en même temps tout cet amour autour, des gens pour qui je compte vraiment.
Et une grande confiance en l'univers qui a sûrement un plan que je ne connais pas encore.
Une forme de soulagement douloureux mais salutaire.
Je vous souhaite un très bon Noël.
Je suis à fond dans les petits gâteaux qui ont tant manqué au Kid, la bûche aux marrons, et la dinde gagnée au loto d'une autre école...
Et ça c'est bon !