et à mi-chemin écrivain public (... mais ancrée dans la réalité)
Mon camp de base est désormais la Bretagne des bois. Dans le Bourbonnais je m'étais réparée. Ici je veux m'épanouir. Ce n'est pas toujours facile. Allées et venues du quotidien de Madame Nicole en pays Pourlet.
mardi 27 octobre 2020
Le jour de Pôle emploi
et à mi-chemin écrivain public (... mais ancrée dans la réalité)
Introduction
Premier chapitre
Deuxième chapitre
vendredi 23 octobre 2020
Second souffle
Ce ne fut pas toujours simple.
L'instinct de conservation.
Le coup de pied au fond de la piscine. Une grande goulée d'air frais. Et nager encore.
La soif d'apprendre, l'esthétique et l'évasion d'un livre, et plus tard les pierres, l'eau, les oiseaux, les arbres, les sourires, les mains tendues, les enfants, l'émotion d'un tableau, la résonnance d'un chant...
Tout ce qui raccroche à la vie, qui la rend précieuse et lui donne un sens.
Tout ce qui nous prouve notre propre valeur, nous accorde le crédit de mériter de vivre une succession de belles expériences.
mardi 13 octobre 2020
La brigade du rire
En dehors du contact physique, ce qui m’a le plus manqué pendant le confinement ce sont les fous rires. Les rires aux éclats, les rires de connivence, les rires francs, les rires aux larmes, les grands n’importe quoi qui réveillent notre âme d’enfant.
Le propre de l’Homme, l’antidépresseur de la femme.
J’ai eu la chance de vite les retrouver à Embraud, ainsi
qu’avec mes fils, avec qui on rigole souvent d’un tas de bêtises. Je suis
heureuse de leur avoir transmis cette capacité à apprécier le loufoque. Je
crois que je me suis rarement sentie aussi fière que le jour où le Kid, dans ma
voiture américaine, sur un parking de Walmart, m’avait dit : « Vraiment maman, il n’y a personne d’autre
avec qui je ris comme avec toi ». J’avais répondu lui souhaiter d’être
suffisamment ouvert pour apprécier d’autres compagnons de bonnes barres.
Le rire est un tonique pour le corps, dans la piscine thermale de Salins,
probablement la plus grande de France. L’eau arrive naturellement chauffée à 31
degrés, on peut donc en profiter même en cette saison plus froide. Sa couleur
rouille, peu engageante, vient de sa richesse en sels de fer, qui la rendent apaisante
pour les douleurs. J’y descends parfois à pieds, 5 km, mais seulement quand le
terrain n’est pas trop gras, parfois en bus. C’est déjà un délice. Le corps qui
se glisse dans l’eau accueillante… Et les séances d’aquagym, ponctuées de fous
rires, en réaction à la frite sauvage qui bondit hors de l’eau, ou aux blagues
pince sans rire du maître-nageur.
Et puis le soir au souper, dans la salle à manger de l’hôtel, le rire prépare au sommeil. De souvenirs en jeux de mots, les curistes féminines, toutes d’âge mûr, voire avancé à cette saison, s’organisent en brigade du rire. C’est à qui racontera le plus drôlement sa journée entre karcher et bubulles, masques et peignoirs, ou nourrira de souvenirs affectueux, la mémoire des convives présents, chacun à sa table, distance barrière oblige.
Dans ce contexte masqué, hautement anxiogène d’après moi,
les relations sont biaisées. Au point qu’une dame, à la piscine, m’ait avoué
qu’elle parlait à quelqu’un pour la première fois, alors qu’elle était là
depuis plus d’une semaine.
Sans rire, sans mot, comment avoir confiance en soi et les
autres ?
dimanche 11 octobre 2020
Cahier mémoire
Dimanche matin délicieux.
Joséphine*, s'inquiète, comme beaucoup d'entre nous, de se sentir vieillir. Pas pour l'esthétique. Mais par crainte de ne pas voir grandir ses petits-enfants.
Joséphine, avec son mari, a fait des dizaines de voyages en camion aménagé. Une fois, ils ont embarqué sa mère de 90 ans pour aller revoir son pays natal, côté slave de l'Europe.
Une odeur, une évocation, appelle tout un chapelet de souvenirs touchants et savoureux.
Je ne les partage pas ici (à part celui relatif à la mode de l'époque)...
Photos du blog "les copains d'abord" là.
... ce sont les siens, mais ils ont éclairé, ce dimanche matin doucement lent et gris, comme la plupart de nos soupers.
J'essaie de la convaincre de les écrire.
Conjurer la peur de partir trop tôt, en laissant quelque chose de tout à fait spécial, un parfum d'enfance, une lignée familiale.
Et comme c'est un feu d'artifice, se regrouper dans une ou deux pages par réminiscence, à la manière de Philippe Delerm, plutôt que se contraindre à une histoire chronologique linéaire.
C'est que Joséphine a une grande chance.
Moi je ne pourrais pas faire cela. Trop peu de souvenirs, et pourtant tant d'histoires à raconter...
Essuie-glace de la mémoire traumatique.
Alors, j'ai offert un cahier à Joséphine.
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* Le prénom a été changé.
dimanche 4 octobre 2020
Frenchy mountains
Un peu plus haut.
Un peu plus loin.
Un peu plus tranquille.
C'est le premier dimanche d'une première semaine de parenthèse aux bains.
L'émerveillement quotidien de la vue depuis mon balcon.
Je devrais être au Québec avec Padna.
Mais la vie prend parfois un tour inattendu.
Et je vois la forêt commencer à roussir sur les Alpes.
C'est beau.
Tant qu'il y aura des chemins à fouler...
Tristesse loin derrière.
Souffrance estompée.
Confiance revenue.
Un petit miracle.
Un peu plus haut, oui.
Un peu plus loin.
Un peu plus tranquille.
Un peu plus secure.
Je suis désormais convaincue que cet univers veut le meilleur pour moi.
Tout ce que j'ai vécu enfant, c'était dur, insupportable, injuste.
Je me suis souvent demandée : pourquoi ? Pourquoi nous ? Pourquoi moi ?