mardi 26 janvier 2021

L'étoffe des songes #2 Chemin de faire

 C'est un train, un train rouge vif, très beau, en station dans une belle gare.

Je suis là, assise, en attendant le départ, quand, à la dernière minute, une femme belle, jeune, assurée, monte à bord et s'assoit assez brutalement face à moi.

Elle me parle, elle sait où elle va. En l'écoutant, je m'aperçois que je me suis probablement trompée de train. Mais il a déjà démarré, il roule vite. Le contrôleur me confirme que, non, il ne va pas à Moulins, nous prenons même la direction opposée. Je perds un peu mes moyens, je demande si on ne peut pas s'arrêter immédiatement, pour me laisser descendre.

Au réveil, j'en conclus que la voie est libre, et que la seule urgence désormais sera de ... prendre le temps, d'être en phase avec le mouvement de la vie.

Faire, avec cœur, ce qui me tient à cœur,  sans me préoccuper de mon âge, des jours qui filent.

Une partie de moi, cette femme pleine d'assurance, sait où elle va.

Un nouveau départ exige de se poser un peu avant de s'orienter, de vérifier la destination avant de s'engager. Or, mes choix, quand ils sont guidés par mes émotions rouge passion,
me conduisent dans une mauvaise direction.

Rarement concernant ma vie professionnelle, 
toujours, jusqu'ici, dans ma vie sentimentale.

En route pour la pleine lune, sur le chemin, 


j'ai regardé cet arbre abattu, dans la lumière,
je l'ai trouvé beau.


et j'ai décidé de garder quelques mois mon cœur en jachère, 
en mode omnibus, 
ne plus jamais me laisser utiliser,
ne pas infliger à un autre ce que j'ai subi en essuyant les plâtres.
Me réparer, me respecter.







Le goût de vivre

J'ai retrouvé le goût.
Le goût perdu de la vitalité.
Le goût de chanter, le goût d'écrire, le goût de créer.

Chanter en célébrant, par une aubade de terrasse, les 86 ans de Jacques Paris.


Avec la gratitude infinie des Chavans, pour ce qu'il a su créer et transmettre.
Qui nous nourrit, nous inspire et nous anime.
Le vivre ensemble comme une évidence.
Une évidence que ceux d'entre nous qui vivent proches soient présents. Car sans lui, où serions-nous aujourd'hui ? Comment endurerions-nous cette situation terrible ?


Le même jour, l'inspiration et la voix revenues.


Ecrire, écrire enfin, sans concours à la clé.
Sans contrainte, en liberté.
Inspirée, nourrie,  par la lumière, les arbres, et l'eau haute de la rivière qui nous lie et nous relie.




Créer, me projeter malgré l'incertitude, dans une vraie reconversion finalement.
Plutôt que monter une entreprise individuelle, en pointillés, m'investir dans un projet solidaire, autour d'un espace de vie sociale qui donne parole, chair et corps, aux "invisibles de la République de nos campagnes suspendues."

La décision de ne pas retourner en Louisiane, de couper définitivement les ponts avec celui qui n'a jamais été un véritable partenaire, au lieu de me déchirer, m'a ancrée dans la réalité présente.
Entière, complète, vivante.
J'ai retrouvé mes valeurs.
Le goût de moi, le goût des autres.

lundi 11 janvier 2021

Les mangeux d'terre

 






Je n'avais jamais pris ce chemin, qui traverse une exploitation agricole.

J'ai remarqué que de nombreux accès sont fermés. 

Il suffit à un propriétaire, pour préserver sa tranquillité, de laisser le chemin communal s'envahir de ronces, de ne pas réparer un petit pont, d'y tomber un arbre coupé, de laisser un gros chien en liberté. Les petites communes n'enverront pas le cantonnier, de peur de déplaire. Voilà comment les espaces publics se privatisent.

En épluchant systématiquement ma carte IGN, j'ai de bonnes et mauvaises surprises. 

Souvent obligée de rebrousser chemin.

Mais parfois je peux aller au bout.

Et découvrir un monstrueux pompage pour le maïs, qui saigne à blanc la rivière exsangue.

Je n'ai pas pris de photo, c'est trop laid et bien désolant.

Je préfère me souvenir de la rivière d'hiver en majesté.




dimanche 10 janvier 2021

Eléments terre à la vie

Un jour à la fois.
Chaque soir se dire : "Ce fut une belle journée".
Chaque matin se lancer.
Prendre rendez-vous avec soi-même.
Et contempler les éléments.
L'air, la terre, l'eau qui court, 






l'eau qui gèle,


les pieds sur la glace,








La tête au soleil, 


Et le feu qui promet de renaître.




mercredi 6 janvier 2021

Femme qui court avec les loups #2 Lève-toi et marche !

Puisque les jours sont gris, puisque les vents sont froids

Puisqu'il est difficile de se projeter,

Puisque partir loin n'est pas à l'ordre du jour,

Puisque je ne sais pas si je pourrai porter un gros sac,

Puisque j'ai perdu mon meilleur compagnon de voyage,

Puisque le printemps finira bien par revenir.

Puisque les jours rallongent, puisqu'il y a la rivière, puisqu'il y a les bois. Des chemins de ripisylve, avec cette odeur spéciale d'eau et de sous-bois...



J'ai choisi de me couvrir chaudement, et de partir sans attendre.

J'ai choisi d'explorer les alentours immédiats, avec mon vieux petit sac de journée.

Seule.

Pour passer le temps en espérant que la vie reviendra.

C'est toujours ça de pris.

Franchement, c'est plutôt agréable.

La pause prend une saveur spéciale.

Aujourd'hui c'est le test du réchaud.
Barbara, tu reconnaîtras ta contribution...


dimanche 3 janvier 2021

Femme qui court avec les loups #1 Madame Nicole allume le feu

Retour enneigé du week-end de rattrapage organisé par le Kid.
Du temps ensemble, du temps joyeux, du temps complice.
Les deux frères en retrouvailles, Vania tout fier de poser avec son oncle, Maiia heureuse de lui montrer la neige.

Il faisait encore jour, j'avais envie de prendre l'air. Je suis allée glaner du bois juste derrière chez moi.

Premier feu de camp, sur le foyer que j'avais aménagé dans mon jardin, qui espérait que je me décide. Démarré à l'écorce de bouleau, récoltée à l'opinel, mercredi dans un bois, en rentrant du marché.

Il ne faut évidemment pas blesser un arbre vivant. Mais j'avais remarqué des arbres coupés qui ne touchaient pas le sol. A cette saison, les branches tombées restent très humide (mais brûleront toujours mieux que du bois vert, inutile donc de se livrer à un massacre...).

Light my fire...
Ignition...
Premier pas d'un projet balbutiant qui s'esquisse avec bonheur.

Hautement symbolique pour moi.
Le temps de la vie farouche est venu.
Il faudra apprendre à allumer mon feu en toutes circonstances.
À m'y réchauffer.
À m'y nourrir. 
Tant pis pour l'absent qui n'aura pas su saisir sa chance.



vendredi 1 janvier 2021

Madame Nicole se jette à l'eau

Ce matin, avec la joyeuse complicité de deux autres chavouisses et un chavan, madame Nicole a, pour la première fois, sacrifié à la tradition du bain de l'an neuf dans les eaux glacées de l'Allier.

Madame Nicole a peur.
Mais elle se jette à l'eau.
Et qui l'aime la suive.


Ne croyez pas que Madame Nicole n'ait peur de rien.

Madame Nicole a le cœur qui cogne, la paupière qui tressaille. Elle hésite à trancher : anxiété latente ou grave maladie neurologique ?

Ne croyez pas que madame Nicole ne craigne pas le temps qui passe.
Elle s'est un peu appesantie, avec ce deuxième confinement. Elle a repris le poids sur lequel elle comptait pour remplir un peu plus son sac, avec le bivouac de l'autonomie, et réentrer en chemin.

Ne croyez pas que madame Nicole n'ait pas froid aux yeux. 
Elle a peur de vieillir seule, elle a peur de vieillir mal. De ne plus jamais ni chanter, ni danser, ni marcher.

Mais elle se soigne.
Elle savoure sa liberté nouvelle, les fous rires et les petits riens de l'amitié, en bichonnant ses pieds qui s'apaisent.
Elle fait de petits et grands projets. 
Un pique-nique amical de rivière, bientôt, si le grand blanc est aussi beau qu'aujourd'hui.
Des bivouacs de jardin pour apprivoiser le matériel.
Courir les futaies et guérets alentours, pour tester sa capacité à faire du feu, s'endurcir à la vie de plein air sans douche et en mérinos.
Apprendre sérieusement le russe, pour un projet de périple au long cours.

Ecrire enfin, écrire VRAIMENT.

Dans ses nouvelles aventures, Madame Nicole devra affronter ses peurs.
Croire en elle, ses possibles, sa créativité.
Et que l'amour la trouve et l'accompagne.
Elle vous souhaite le meilleur de vous-même, et que cette année 2021 s'efforce un peu de réparer le grand gâchis de 2020, dont elle ne veut garder que ce qui a été bon, que ce qui a été beau.

Oui, cette année, espérons que la routourne elle va tourner !