Mon camp de base est désormais la Bretagne des bois.
Dans le Bourbonnais je m'étais réparée.
Ici je veux m'épanouir.
Ce n'est pas toujours facile.
Allées et venues du quotidien de Madame Nicole en pays Pourlet.
Je vous le dis mes sœurs, après le compte bancaire et le permis de conduire, la caisse à outils est un pilier de l'autonomie des femmes, et de la confiance en soi.
En l'absence de padna, ou si ton padna est un crucifié du tournevis (on a le droit d'être un homme sans master de bricole...), pas de panique : purger un radiateur, ou accrocher un meuble au mur, c'est à votre portée, n'importe quel moteur de recherche vous le dira !
Quand j'ai besoin d'un outil d'usage exceptionnel, je l'emprunte à quelqu'un.
Là par exemple, j'ai momentanément récupéré ma perceuse chez Franzouski.
Je ne la garderai pas une fois installée, je n'en aurai plus l'utilité (et mon fils lui, a une cave).
Mais dans mon fond, j'ai un set de tournevis, un marteau, l'indispensable pince universelle qui sert très souvent, une vrille et un jeu de clés allen avec une poignée.
Pour la petite visserie, j'achète ce qu'il me faut au fur et à mesure chez le quincaillier.
J'ai aussi une pince coupante, un petit couteau à enduire, et un jeu de pinceaux plats parce que j'aime bien customiser des bricoles.
Aujourd'hui, ma caisse et moi, on a décroché les panneaux d'ustensiles de cuisine, les blocs suédois de meubles à chaussures, les porte aspirateur et fer à repasser.
Galvanisée à l'idée de récupérer ma caution, j'ai bouché tous les trous avec un enduit en tube tout prêt bon marché (Pattex chez Action) et mon petit couteau à enduire.
Et j'ai refixé tout cela dans le placard extérieur de mon nouveau chez moi.
Une journée bien remplie donc, qui s'est terminée avec une baignade dans la rivière,
désormais rapidement à portée de marche ou de vélo.
Étendue, les bras en croix, à même le sable,
je sentais sur ma peau le soleil en descente,
j'écoutais le son de l'eau qui se rue dans l'une des plus belles courbes de l'Allier,
ponctué par les cris des sternes et des martinets.
Presqu'une semaine que je suis rentrée de Limoges (sans contrôle des plus de 100 km) et je retrouve ces photos de plusieurs de mes promenades préférées.
Les jardins de l'évêché.
Le parc de l'Aurence avec ses entrées parfois un peu secrètes.
Avec une saveur particulière, parce que j'y étais en compagnie de Franzouski, Maiia et Vanioucha.
On peut dire que j'y ai repris une vie,
mon fils m'a serrée dans ses bras, j'ai bisouillé Vania plein de fois.
Se toucher ou s'embrasser est devenu une décision que l'on prend ensemble.
Eux n'ont pas peur, pas de risque spécial, jeunesse éclatante.
Moi non plus je ne suis pas effrayée, si ce n'est de contaminer une personne vulnérable,
ou que mes enfants se sentent responsables s'il m'arrivait quelque chose.
Je ne saurais vivre sans contact de toute façon.
Je crains plutôt le tour que prennent les choses, la population qui courbe l'échine d'un côté,
l'explosion des théories complotistes de l'autre,
quand il faudrait juste être vigilant sur une gouvernance erratique et les faramineux intérêts financiers des laboratoires pharmaceutiques.
Dans un pays où le président prend l'avis de Jean-Marie Bigard , la réouverture du Puy du Fou devient une priorité, et le mensonge d'État une stratégie sans complexe, je me sens très mal à l'aise.
Mais je n'y ai pas trop pensé,
occupée que j'étais à cuire des douceurs pour mon garçon qui avait une envie de gaufres et de cookies à la farine de châtaigne.
Un goûter partagé à quatre,
le babillage d'un enfant qui te réveille,
le tac tac de ses pieds sur le parquet,
quoi de meilleur ?
Ce qui m'a le plus aidé à me cramponner dans les turbulences ? C'est de me construire une jolie mémoire.
Je me disais : "De quoi auras-tu envie de te rappeler?", et j'essayais de caser au moins un futur joli souvenir chaque jour.
C'est comme cela que j'ai commencé à enregistrer les vidéos quotidiennes.
A nourrir mon âme de lectures généreuses et profondes.
A pédaler, traîner, pousser mon vélo dans tous les chemins des alentours.
A manger des orties.
A tout faire lentement, à prendre le temps de réfléchir, de créer.
A retrouver l'écriture fluide d'une inspiration chaque jour renouvelée. Preuve que je dois y consacrer du temps.
Ce confinement, il nous faut accepter que ce ne soit que le début de plusieurs mois de vie dans une nouvelle dimension.
Qu'allons-nous en faire ?
Dans ce contexte, je déménage bientôt, à quelques tours de roue d'Embraud,
dans un logement qui m'a choisie et attirée par sa cuisine avec vue,
sur le bocage, les arbres, et un bout de jardin.
Et là c'est rien, ça drachait massacre.
L'appartement, plus petit que l'actuel, vaguement biscornu, à la vue imprenable, était un peu miteux.
Mais, quelle chance !
La petite commune propriétaire, dont les moyens sont limités,
a fait de son mieux pour lui redonner meilleure allure,
en tenant compte de mes besoins.
Propre, clair, net.
Dans ma tête s'élabore déjà un petit coin atelier de dessin, couture, écriture, et plus si affinité...
Tu te souviens de cette lettre du bout du cœur ?
2013
2017
2020, j'ai rempilé presque trois années.
Et toujours la même attente, insatisfaite.
C'est drôle, mais bien souvent, on s'enferre dans une situation, parce que ce serait trop dur d'admettre qu'on s'est trompé.
J'ai un peu honte d'avoir été naïve, de m'être laissée bercer par quelques jolis mots, rares et touchants,
qui ont pesé lourd dans ma compréhension et ma confiance accordées au bénéfice du doute.
Une fausse sensation de liberté.
J'ai déjà investi beaucoup de moi,
ce serait pour rien ?
A ce moment là, probablement pas pour rien non.
Se rendre utile et se laisser utiliser pour se sentir aimée.
C'est l'histoire d'une vie.
Mais aujourd'hui ?
Je relis cette lettre, et je me dis,
ces derniers jours, quand je commençais à accuser le coup,
de tout, du confinement, de la solitude, de l'école,
le jardin d'Embraud m'a sauvée.
Un jardin sur mon chemin, juste au moment où j'en avais tout spécialement besoin.
Un jardin pour avoir le nez dans l'herbe et la terre.
Pour respirer.
Sentir le soleil sur mon dos, ou l'odeur de la pluie qui s'annonce.
Pendant ce temps, Padna, ce merveilleux compagnon de voyage,
brille par son absence.
Asteure qu'il n'y a plus de voyages, il est juste... loin.
Dans ma mémoire à géométrie variable s'édifient de nouveaux souvenirs.
Des souvenirs ancrés ici.
D'une friche, j'ai fait un formidable terrain de jeu.
J'ai fauché, greliné, couvert, semé...
J'attends des plants pour compléter
"Adopte le rythme de la nature, son secret est la patience."
Ralph Waldo Emerson
Hier, Jean-Baptiste m'a parlé de la Louisiane,
puis il s'est senti gêné, pensant avoir commis un impair.
C'est là que j'ai compris que j'ai mes propres souvenirs heureux de ces trois années magnifiques.
Un peu avec lui, beaucoup sans lui.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que c'est plutôt bon signe.
En dépit de cette attraction incroyable et inexplicable,
de tous ces signes du destin qui semblaient applaudir à ce spectacle de funambules,
comme une volonté extérieure à la mienne, contre laquelle je n'ai jamais réussi à lutter,
je crois bien bien que Padna ne peut pas être le destinataire de cette lettre, vieille de sept ans déjà...
Avec mon nouvel appartement, j'aurai aussi un petit jardin à moi.
Padna n'a pas de vrai jardin.
Il n'en aurait pas la patience.
C'est donc le cinquante-sixième et dernier jour de ce (premier ???) confinement. Le dernier jour avant après. Blues du dimanche soir, comme avant. Le simple fait de préparer ma gamelle me retourne l'estomac. Vraiment, il ne faut plus que je travaille. Petite visite de mon future appartement. Bavardage avec Mathilde, ma future voisine. Dans la cuisine un peu surdimensionnée, qui offre une vue incroyable sur le bocage, j'ai décidé cette nuit d'installer un petit atelier consacré à ma nouvelle vie : couture, bricolages, coloriage, écriture... J'ai pris goût à prendre le temps de créer toutes ces petites graines de beauté. Je vérifie que ce sera possible, et en effet, c'est idéal.
Je pédale le cœur léger vers une grande matinée de lumière et de jardin, une dernière vidéo, cette fois-ci sur la berge,
Le chemin qui descend vers la rivière.
et retour par un petit chemin que j'affectionne.
La trouée fait comme un cœur...
Le cépage Genouillet d'Angèle....
Ce sera le cadre de mon quotidien après mon déménagement. Et je me réjouis de cette chance. A portée de sandales d'Embraud et de l'eau, dans un village où plusieurs Chavans vivent déjà. C'est toujours les cœur un peu serré, mais finalement assez confiante et résolue que je rentre coudre des masques pour la rentrée et les répétitions générales de demain... Des portes se ferment, d'autres s'ouvrent, le sentiment d'être acculée a disparu. Un soulagement...
Ce fut presque un samedi matin ordinaire à Embraud.
Tondre, faire le ménage, tout ça à bonne distance les uns des autres.
Réfléchir à un protocole pour la réouverture, pas plus de dix, pas de cuisine sur place.
Cinquante années d'habitudes à réviser, pour s'adapter et continuer d'exister.
Jean-Baptiste et David sont après finir la toiture du nouvel escalier du dortoir du haut.
Un petit coucou des filles, on se parle en cercle pour tenir l'espace.
Le léger babil sur la cuisine de Cyril Lyniac, le confinement des uns et des autres,
le retour à l'école... tout cela m'a fait un bien fou.
Mais après tout cela bien sûr, je n'avais plus le temps de chanter...
Un petit côté cadjin avec cette chanson que j'aime beaucoup,
d'une actualité criante...
Pour la commémoration du 8 mai, j'avais prévu une vidéo spécial de souvenir,
en mémoire de mon grand oncle, Louis Rousseau, cheminot.
Secrétaire adjoint du syndicat des cheminots Paris Orléans, secrétaire de la cellule communiste de Villeneuve triage, il a participé à de nombreuses actions de sabotage, et notamment le déraillement, le 1er mai 1942, d'un convoi allemand en partance de la gare d'Austerlitz.
Il se consacra aussi aux renseignements, et fut arrêté le 25 janvier 1944 au cours d'une mission de liaison. Incarcéré à Fresnes, il fut déporté le 7 avril 1944 et mourut à Gusen (annexe de Mauthausen en Autriche), le 22 avril 1945, quelques jours avant l'arrivée des Russes.
Son frère, mon grand-père, cheminot communiste lui aussi, fut arrêté, mais rattrapé de justesse par la SNCF (entreprise dont le rôle a pourtant été très collaborant pendant la guerre), puis envoyé en zone libre.
A côté de son portrait, sur sa tombe au cimetière de Vornay,
il est gravé : "Mort pour la France, assassiné par les nazis le 22 avril 1944".
Mais l'inscription est presque effacée et bientôt il ne restera plus grand chose pour se souvenir du courage de ces hommes.
Au final, j'ai pas trop eu le cœur de chanter quoi que ce soit.
Ce sont des jours difficiles, et j'ai eu envie de faire des choses pour moi.
Le soir je suis tombée sur cette vidéo du clown Gustina,
C'est comme un vortex.
Être aspirée dans une dimension parallèle.
On se réveille le matin, tout semble identique : les meubles, le ciel, le quotidien ordinaire.
Mais en réalité tout a changé.
Plus la journée avance, et plus je remarque les différences.
Le jeu des sept erreurs.
Le travail, c'est à la maison.
Sortir, c'est au compte-goutte, il faut penser à établir un laissez-passer.
Je profite de l'air, du soleil, des oiseaux, seule au milieu des champs et des bois.
Mais toujours avec un vague sentiment de culpabilité.
Dans les rues, les magasins, d'une semaine sur l'autre, de plus en plus de chalands masqués.
Au retour, il faut décontaminer.
C'est un monde où les codes sociaux sont bouleversés : on ne s'embrasse pas, on ne serre pas la main, on n'ouvre plus les bras, on garde ses distances.
Un monde qui interroge sur l'amour, la tendresse.
Sur notre nature humaine et son instinct grégaire.
Un monde où il vaut mieux ne pas trop penser à demain, sans bal et sans approche...
Dans cet univers parallèle et troublant, toute mon énergie semble investie dans le nécessaire équilibre de mon psychisme.
Un rien le fait tanguer dangereusement.
Être sur mes gardes m'épuise.
Le moindre ciel gris, la moindre pluie froide, et je suis assaillie d'idées noires.
Il serait si simple de m'allonger dans la rivière en fermant les yeux
(en vrai non parce que je nage trop bien...)
Constamment je dois me ramener au souffle, m'écouter, me sentir respirer.
Cette petite flamme élémentaire de la vie.
Inlassablement je dois revenir à l'instant présent, et me dire qu'à part une présence chère,
j'ai tout ce qu'il me faut pour traverser cette épreuve.
Sans relâche je me raccroche à des mots gentils, des chansons, ainsi qu'aux ressources merveilleuses et fidèles de la nature.
Une odeur, un oiseau, le flot de la rivière, des coquelicots, les sons de la nuit étoilée, puis de l'aube laiteuse, la lune qui croit et décroit immuablement.
Je sens cependant que mes ressources s'épuisent, et qu'elles ne sont dorénavant plus suffisantes pour assurer même une journée de travail à distance.
J'ai tenu bon jusqu'à maintenant.
Mais tout mon corps me crie d'écouter et d'accepter.
Comme me l'a écrit une amie ce matin, ce corps est mon plus fidèle compagnon, le seul avec lequel je sois certaine de passer le reste de ma vie.
Il connaît ses propres limites et il sait comment résister.
Il est temps de me décramponner, sinon je n'aurais pas la ressource de nourrir la joie de vivre qui m'a toujours maintenu la tête hors de l'eau.
Pendant que je prépare mes vidéos quotidiennes, youtube me propose sans cesse de visionner des sujets que ses algorithmes jugent correspondre à mon état d'esprit.
Ce n'est quand même pas si bien ciblé : je ne vous dis pas le nombre de titres de voyance, d'horoscopes, et de thèses complotistes, que je n'ai ni le temps ni l'envie de regarder.
Je vous livre toutefois bonne petite surprise musicale, La chaîne à papa, un type qui joue de l'accordéon, parfois avec ses enfants, un très joli choix de répertoire, où la valse prédomine, interprété avec cœur et sensibilité.
Je valide question positivité.
Ah Marguerite, la valse de Prieur qui m'accompagne sur tous les chemins difficiles...
Et enfin, ce personnage incroyable, dans un documentaire petit format.
Qui crée du beau, au quotidien, en y consacrant le temps et l'énergie nécessaires.
C'est clairement ce que je veux que soit ma vie désormais, que je retrouve ou non le vortex qui me ramènera dans ma dimension...
"N'essaye pas de posséder, c'est inutile, tu perds ton temps. Essaye plutôt la gratitude, pour chaque minute qui passe.(...) La plupart des gens se comportent comme si c'était normal de vivre là. Pour moi c'est un sujet d'étonnement constant. Chaque jour que je me lève, je me dis, mais non de non, quelle étrange chose que j'existe, que je sois capable de regarder par la fenêtre. C'est énorme, c'est incroyable pour moi.(...) On devient ce qu'on pense, on tient le destin dans sa propre main.(...)"
Cet homme, de 95 ans, m'a fait réaliser pourquoi l'ancrage au présent ne devrait pas être si coûteux en énergie.
C'est que, depuis des semaines je suis plombée par l'idée d'être en train de perdre des mois de vie, à l'approche de mes soixante-ans, alors que cet étrange aiguillage de l'univers me met peut-être sur les bons rails. Qu'importe si le transport est parfois inconfortable.
"J'ai pas la peur de la mort, vu que je suis pas mort, j'ai pas besoin d'y penser. Et si je suis mort ? J'ai pas l'occasion d'y penser non plus. Donc il ne me sert à rien d'y penser du tout, elle ne me concerne pas.
(...) La beauté sauvera le monde."
Travail à distance aujourd'hui, mais ce matin seulement.
J'essaie de ne pas oublier que je suis payée à temps partiel.
En prévision de mon prochain déménagement, je commence à trier...
C'est pas énorme, je ne vis ici que depuis deux ans,
et l'avantage d'avoir été expatriée, c'est l'allègement considérable de mon paquetage...
J'ai commencé par la boîte "chant", la seule qui me motivait.
J'ai retrouvé un tas de paroles de chansons que j'adore, mais que je chante rarement.
Retour au jardin en fin d'après-midi,
avec pause amicale impromptue, un rassemblement foufou de 4 personnes sur le trottoir.
On est tous bien contents de se parler...
Avant de partir, j'espérais voir la pleine lune se lever.
Elle tardait à venir, et la lumière restait splendide sur la rivière.
Il me semble que l'eau a un peu monté.
Je crains qu'ils nous interdisent les berges plus longtemps, comme pour les plages.
Jour 53 : l'hirondelle en mer.
Faut bien rêver un peu...
- "Vous accepteriez de me donner une de vos pivoines ?
- Oh oui madame !"
Le ton de ce "oh oui", qui venait du cœur d'un parfait inconnu, a fait monter un flot de larmes.
Il a pris son sécateur et m'a rapporté ce bouquet, que j'ai emporté chez moi comme un trésor.
C'est un trésor.
Les petites attentions des uns et des autres, les mots d'amitié, les messages....
Des coloriages de Jack retrouvés...Petits tickets de joie.
Une longue conversation avec le Kid, 23 ans aujourd'hui.
J'étais dehors, et j'ai vu que ce champ d'herbes folles avait été fané.
Je suis entrée, ça faisait des rangées de petits coussins sous les pieds, avec ce parfum reconnaissable entre mille.
Me sont revenus l'envie de chanter, un peu éteinte depuis quelques jours (pas de 51 donc...),
et les mots de cette chanson, pleins d'espoir, de Georges Moustaki.
Emportée par un tourbillon d'émotions, il me faut un petit moment pour retrouver l'équilibre en acceptant ce sur quoi je n'ai pas de prise.
Confier à ce vent étrange de tourner les pages à ma place, et comme dit Hilly, laisser l'encre des pages lues déposer un peu de son encre sur les blanches à écrire...
Je me sens déchirée.
Déluge d'instructions pour la reprise de l'école.
Envoyer l'organisation de notre travail quand on ne sait qui sera présent et comment sera organisé l'accueil dans chaque école ...
Aller aider parce que plus il y aura d'adultes présents, moins hasardeux ce sera ?
Ou suivre cette voix intérieure qui me dit de ne surtout pas faire cela ?
Que dans deux semaines tout le monde s'en mordra les doigts,
Sans compter les conditions d'accueil des enfants...
J'en pleure et j'en suis malade, sans compter la solitude et la tristesse.
C'est un peu trop.
Non vraiment je ne veux pas participer à cette folie,
soutenue par la conscience professionnelle de chacun,
à l'heure où il faudrait juste avoir une conscience.
Tout le monde s'insurge, tout le monde y va.
Pour l'instant, nous travaillons encore à distance.
Ensuite, j'aviserai.
Quelques apaisements efficaces :
- prévoir deux jours chez Franzouski, dans pas longtemps, avant que le virus ne regagne brutalement du terrain ;
- laisser la fenêtre ouverte la nuit sur la douce lueur de la lune gibbeuse, et les cris des oiseaux de nuit ; je m'endors paisiblement, et m'éveille à la lumière du jour et la relève des trilles joyeuses ; il est tôt, j'ai le temps ...
- après la journée de travail, pédaler et marcher, emprunter à l'envers une boucle connue.
Un autre angle de vue, l'herbe a poussé, des fleurs ont disparu, remplacées par de nouvelles, qui sentent déjà l'été.
En mode Moïse sépare les eaux, pour traverser des mers ondoyantes de soyeuses graminées.
Jour 50 (Mon Dieu, 50 déjà...) : voici (encore et toujours) le mois de mai.
Cyan, si vous passez par là, écoutez bien jusqu'au bout. J'ai chanté aujourd'hui pour une personne spéciale.
Jour 49 une valse de soleil, pour tourner les pages vers demain. Vaqui lo polit mes de mai.
Reprendre une vie au jardin après un long dimanche de pluie grise et froide, submergée d'idées noires. Semer lentement, d'abord sous la grainasse, puis dans la tiédeur d'une grande éclaircie, dans l'idée de voir grandir puis récolter. Accepter l'idée de ne pas se revoir, alors qu'on ne s'est pas dit adieu, dans un chagrin solitaire, qui s'éternise sans faiblir. Admirer, de loin, le vol planant des cigognes, des hérons et des sternes. Couper à travers champs, trempée, pour venir renifler l'odeur de l'eau. Au retour, remercier libellule et papillon, âmes en survol, de prendre patiemment la pose sur les boutons d'or.
Le chanteur kabyle Idir vient de mourir.
C'était une figure de la musique et de la poésie berbère,
il n'avait que 70 ans.
J'allais écrire qu'il laisse derrière lui un vide immense,
mais aussi, et surtout, une oeuvre inestimable,
un univers musical riche, dans sa langue maternelle comme en français,
qui évoque la vie traditionnelle de sa culture, la famille, l'amour filial,
et tout un tas de valeurs humanistes ...
Je vous laisse chercher d'autres titres, mais j'aime particulièrement ces trois là :
Jour 48 Voici donc que le mois de mai est ici. Il fallait bien qu'avril s'en aille... (J'ai vu ça dans une chanson, je ne me souviens plus où...) Je voulais faire une vidéo du bocage en mai et chanter cette chanson. Mais voilà, il pleut sans discontinuer, pas trop motivée. Cela dit, vous ne perdez pas au change les amis : je vous laisse avec Brotto/Lopez et compagnie, un peu de soleil dans l'eau froide. Punaise j'ai envie de danser...dans une ronde, en tenant une main de chaque côté...
C'est Hilly les bons tuyaux qui a initié l'idée.
Elle a ajouté sa voix sur la chanson du jour 28, et elle m'a envoyé cette jolie surprise.
Et j'aime vraiment le mélange de nos deux tessitures.
Après j'ai lancé un petit défi à ceux qui le souhaitaient.
Et j'ai reçu de Catherine deux jolis enregistrements,
un sur le jour 7
et vous pouvez l'écouter ici (clique),
J'ai été touchée bien sûr. J'ai souvenir d'avoir rencontré Catherine, il y a longtemps dans un stage de chant,
et que l'an dernier elle s'était jointe à moi sur un coin de parquet pour une chanson.
Mais cette fois ce sont nos deux voix, dans un jeu de liberté et d'harmonie, et rien autour.
Les cadeaux d'Hilly et de Catherine resteront dans ma mémoire indéfectiblement liés au confinement.
Aux souvenirs positifs et irremplaçables de cette parenthèse terrible et douce à la fois.
Le métier de Catherine, c'est ...artiste !
Via la lettre d'information confinée de l'association dont nous faisons partie, la Jimbr'tée,
elle envoie un coloriage chaque semaine.
Comme je n'ai pas d'imprimante, elle a mis mon préféré sur un quadrillage.
J'ai pu le reproduire à la taille d'une page de mon bullet journal,
puis le colorier bien sûr.
Je l'aime tout particulièrement parce qu'il me rappelle la très jolie fête de la Saint Jean de la Jimb,
en juin dernier,
mais aussi le grand feu des Brandons à la Chavannée, auquel je n'étais pas cette année, pour cause de pèlerinage.
Encore une création à deux voix, que je n'aurais eu ni l'opportunité, ni l'envie, ni le temps de réaliser sans le confinement.
De belles découvertes, qui resteront chères à mon cœur.
La voilà la jolie vigne... Au bout du chemin creux pour rentrer du potager d'Embraud,
dans le prolongement
d'un verger bucolique.
Dans le village où je déménage bientôt, à deux pas de mon nouveau chez moi. Bah non, la jolie vigne, ce sera pas la chanson d'aujourd'hui. Jour 45 : les filles de la Rochelle, un rond à six pas. Pourquoi ? Je sais pas. C'est ça qui m'est venu.
L'odeur de la rivière, toute la matinée,
cette odeur d'eau que l'on sent, mais à laquelle on n'a pas accès...
Jour 47 Camarades c'est le 1er mai. La fête des travailleurs, le seul jour férié chômé (de ce qui
reste) du code du Travail. Une manif de fenêtre, en mémoire de mon pépé
et de tous ceux
qui se sont battus pour qu'on ait quelques droits. Et parce qu'il nous faut du courage pour nous battre encore. Musique Pierre Degeyter Paroles Eugène Pottier (1ère version, un peu
bricolée sauce bibiche par Madame Nicole, mais pas si tant car,
malheureusement, encore très d'actualité.)