vendredi 29 mars 2019

Oh la caresse du soleil sur mon ventre et mes cuisses, les yeux grands ouverts sur l’arbre qui me tend les bras !


C’est la douce réminiscence de cette sensation qui m’attire chaque matin vers mon tapis, et me fait retrouver avec joie l’encadrement de la fenêtre. Le corps se met en marche, comme sur le chemin, délié de ses entraves, libéré.
Je crois bien que tout a commencé avec ce tapis, acheté chez Ikéa après avoir longtemps attendu.



Rond, épais et doux.
Parfois le soir, en rentrant, je m’allongeais dessus.
Puis j’y ai posé mon coussin de méditation.

Et voilà qu’un jour j’ai repensé à Manon des Amériques, et je ne sais pas pourquoi, je me suis mise dans la posture de l’enfant.
Ça m’a fait un bien fou.
J’ai fait appel à tous mes souvenirs de ces initiations au yoga, qui ne m’avaient jamais accrochée jusque-là. Des vidéos, des livres…

(Il faudrait surtout que je me trouve un vrai cours.
Mais ce sont toujours à des horaires impossibles ou trop loin. )

En attendant, j’ai construit un petit enchaînement qui me convient, et que je déroule avec bonheur chaque matin, fenêtres grandes ouvertes. Un rendez-vous avec moi-même, un rendez-vous aussi important que ceux que je peux avoir dans la journée. Un rendez-vous qui ne s’annule donc pas.

Je dois dire que j’ai lâché la gym en même temps. Le poids, les blessures, l’arthrose au genou, ça m’a paru une évidence que ce corps qui fait ce qu’il peut pour me soutenir devrait être davantage ménagé. Qu’il me faut de la force et de la douceur. Asteure c’est dans l’eau et sur le tapis que je les trouve.

C’est alors qu’il s’est produit une chose très bonne et très douce.

Un jour j’ai ajouté cette posture, dont je ne connaissais pas le nom, mais dont je me souvenais. 



Je regardais loin, et je voyais ce grand chêne, tordu dans son creux de terre, mais bien campé.

Il m’aidait à garder l’équilibre de plus en plus longtemps. Et en poussant mon regard plus loin, et ma posture plus longtemps, je voyais tous les autres chênes derrière lui, en fractale lumineuse et apaisante. Parfois c'est comme une bulle de tendresse où se réfugier, et j'en ai les larmes aux yeux.

En cherchant à améliorer ma posture, j’ai découvert que Vrksăsana, c'est la posture de l’arbre.
Depuis c’est ménage à trois : moi, le tapis et le chêne.






mercredi 27 mars 2019

Un moment historique


Aujourd'hui c'était le jour du visa.
Un peu moins de 4 ans après un autre visa, qui aura changé ma vie.

J'ai récupéré mon passeport timbré au consulat d'Algérie.
Le premier pas vers de nouvelles aventures.
Ce pays nous l'avions quitté à un moment historique.
La valise ou le cercueil...
Et toutes les larmes et les frayeurs des rapatriés.

J'y retourne sans crainte, à un autre moment historique, celui de l'émancipation pacifique d'un peuple jeune et plein d'enthousiasme.

C'est aussi un bouleversement dans mon cœur.
Je pleure souvent, je prends encore du poids, j'essaie de trier dans les chagrins qui ne m'appartiennent pas.
Ça va vous paraître drôle sans doute : mais je me sens bien.
Ces larmes , il faut qu'elles sortent et voilà tout.
Sûrement que je les ai trop souvent retenues.

Asteure, que les boys sont posés, comme le peuple algérien, je n'aspire qu'à une chose : la liberté.
Faire ce qui est bon pour moi, quand j'ai envie.
Aller voir mon petit fils, ou danser, ou marcher dans les bois, ou observer les oiseaux, ou écrire...comme ça vient.

Alors dans mon sac il y a une lettre.
J'ai jusqu'à samedi pour la poster.
Une demande de temps partiel.
Ce qui me retient, c'est la peur.
La peur de pas y arriver.
La peur de manquer d'argent.
Il me reste trois jours pour les jeter dans une boîte....




samedi 9 mars 2019

Lâcher la ligne de vie


Tu peux défaire un à un, les maillons de tes chaînes.
Tu peux lâcher cette rambarde et cheminer en sécurité.
Décroche les mousquetons de la ligne de vie.
C'est vrai, sans elle, tu ne serais pas devenue ce que tu es.
Aurais-tu seulement survécu aux désirs, aux frayeurs, aux deuils, aux affections des autres,
aux turbulences, aux chocs et aux fracas de ton existence ?
Quel autre choix, pour préserver ton intégrité,
que de contrôler tout ce qui peut l'être ?



C'est sûr, le pont de singe va tanguer un peu encore.

Mais il est temps de franchir le parapet, et même de l'écrouler si tu veux.
Derrière ce n'est pas le vide,
derrière c'est le reste de ta vie.

Ce dont tu as besoin maintenant, c'est de te désenchaîner de tes contraintes propres,
bien plus pesantes que le travail.
Des "il ne faut pas", "il faut", "j'ai peur", "et si"...

Maintenant c'est le temps de la confiance et de la sécurité.
Maintenant il te faut écouter chaque cellule de ce corps qui a fait tout ce qu'il a pu pour te porter quand même.

Comme on change de maison quand les enfants s'en vont,
tu n'as plus besoin d'occuper tout cet espace.
A toi sont le monde, la Terre, le ciel et l'eau.