jeudi 30 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 46 Ailleurs de coeur


Jour 46 Pas de chanson aujourd'hui.
Mais de la lecture pour Ailleurs....
Madame Nicole a l'habitude de participer, une fois par mois
à un atelier d'écriture organisé par la galerie Arko de Nevers.
et animé par Claire Garand.
Le principe : deux consignes qui délient la plume, à partir de souvenirs,
et on se lance, dans l'imaginaire...

Vous pouvez lire mes deux textes
(Wahran vous rappellera quelque chose, et Urbex c'est parce que je viens de découvrir qu'il existe des explorateurs urbains..)
mais aussi les touchants écrits des autres participants en feuilletant le livre numérique (gratuit évidemment).
Il se trouve que pour le texte final, Claire avait proposé seize photos, et une autre participante a choisi ...
la même que moi. 
Et ça c'était vraiment la cerise sur le clavier : il est clair que chacun voit l'ailleurs à sa porte et à sa manière.


mardi 28 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 44 La belle ouvrage

Jour 44 Danse de la joie
Mariez vous belles fillettes, bourrée fredonnée.
Je commence à venir à bout de la friche, vieille manière, sans machine.
Il a plu cette nuit, odeur de terre humide.
Je crois que ça serait bien de laisser le reste en herbes folles.
Juste ménager des passages.



L'après-midi j'écoute le consternant et édifiant discours du premier ministre.

 - Le télétravail doit être maintenu au maximum. Oui, mais non, pas pour l'école, l'école on y retourne.
- Pas de groupes de plus de dix personnes. Oui, mais non,  pas pour l'école, à l'école c'est 15 par classe...
- Masques pour tout le monde. Oui, mais non, pas pour l'école, à l'école primaire, pas de masques pour les enfants. Sauf s'ils sont malades en cours de journée. Donc déjà contagieux depuis un moment....
- Déconfinement à géométrie régionale variable, avec des départements rouges et verts. Oui, mais non, pas pour l'école primaire. A l'école, tout le monde y va, même dans les départements rouges. Mais les collèges non hein. Pourquoi ? je sais pas...


Caminho portugues # 18 Et maintenant quoi ?

Et maintenant quoi ?

Pas après pas, seule, une parenthèse privilégiée pour se rencontrer, le cadeau du temps qui s’écoule en routines. Les jours se suivent comme une rengaine, seuls changent le paysage et la météo.
Je monte, je descends, j’arpente, j’inspire, j’expire.

Les flèches me tirent, le vent me pousse, et parfois me bouscule.
Qu’on soit venu ou non pour réfléchir, on se pose des questions. Qui sèment de petites graines dans l’esprit, que la pluie, les larmes et la sueur feront germer et grandir. Les pensées défilent à leur propre tempo dans le balancement des bâtons ; elles passent, s’attardent, s’envolent.
Ah ? Je suis arrivée là ? Il faut parfois se ressaisir pour s’ancrer de nouveau dans le présent.

Les peurs, les doutes, les choix, le silence comme une prière, les efforts comme les réussites de chaque étape, les belles rencontres, la gratitude nourrissent l’âme.
En faisant l’expérience de ma vulnérabilité et de ma puissance, je me sens devenir plus forte.
Chaque enjambée est un mantra. Je chante. Je me répare.
Puis c’est la fin.

Quitte-t-on le chemin ? Jamais vraiment, ce fut juste un tronçon de vie entre terre et ciel.

On peut choisir de ne pas s’arrêter là. De nombreux pèlerins marchent quelques jours encore, pour arriver à Finistera, à l’océan où ils brûlent une de leurs frusques de marche, vieille coutume de pouilleux médiéval, qui reste fortement symbolique.
Si on n’a pas le temps, ou plus le courage, on peut prendre un bus qui fait l’aller-retour dans la journée.
Je ne l’avais pas fait la première fois, et je m’en étais un peu voulu. Comme si je n’avais pas été au bout. Un sentiment d’inachevé.
Et puis j’étais rentrée avec une forme d’appréhension. Après tous ces efforts, comment allais-je retrouver ma vie ?

Eh bien ne l’ai pas fait cette fois-ci non plus. Je me sentais bien à Santiago, bien mieux qu’il y a six ans. Et je n’ai pas eu envie de me précipiter dans un bus. J’avais juste l’idée de rentrer chez moi, toujours lentement. C’était la fin, j’avais besoin de la vivre jusqu’au bout, mais pas de l’éterniser ou de la repousser.
Il y avait de nouvelles pages à écrire, d’autres sentiers à explorer : finir l’histoire avec Padna ou faire un autre bout de chemin avec lui ? Maintenir l’effort des derniers mois de travail…
Riche de tout ce qu’on apprend, ou qu’on valide en marchant : ouvrir les yeux sur ce qui ne se voit pas, chercher des mots spéciaux et justes, pour recevoir dignement tout ce qui nous surprend à chaque courbe, derrière chaque rocher, au sommet de chaque ascension.

Je suis rentrée oui, et le virus lui, est entré dans nos vies, nous promettant d’autres fins : celle du travail tel qu'il était organisé, celle du confinement, celle de l’insouciance, celle de l’histoire avec Padna qui est parti depuis trop longtemps et que je ne reverrai probablement pas.

Ne dit-on pas que le vrai chemin commence quand le camiño se termine ?

Et maintenant quoi ?



lundi 27 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 43 Juste un moment

Depuis jeudi dernier, les vidéos sont tournées à Embraud.
Toujours fermé.
Seulement la réserve, que j'ouvre pour m'occuper du jardin.
C'est à la fois triste et réconfortant.
Il me faudra écrire sur ce jardin...
Jour 43 : je repense à une certaine fête d'été, il y a pfff...longtemps.
Assise sur ce banc, je voyais les lampions, le bal, et j'ai pensé à la première de ces deux valses.
Juste un moment
suivie de
La valse adultère.
Paroles et mélodies Madame Nicole.




Caminho portugues # 17 Signes de chemin

C'est presque sans parole.
Car tout est dit.
Les signes jaunes : vers Saint-Jacques
Les signes bleus : vers Fatima
















dimanche 26 avril 2020

Caminho portugues # 16 Back à la maison - samedi 7 mars 2020

Refermer sans heurt la parenthèse.
Encore un kilomètre de sac, pour rejoindre la gare routière.


Prendre le temps de rentrer aussi lentement qu'on a marché.
Là où on est.
Sans retourner prendre l'avion au point de départ.
Voir changer les paysages











 et traverser des villes la nuit.



Ultimos caldo, pulpo y caña...


 



Personne dans le bus au départ de Saint-Jacques.
Quelques nouveaux passagers en cours de routes.
Mais à la correspondance de San Sebastian, c'est le rush.
Jusqu'à Clermont le lendemain à 7.00 du matin,  vingt heures de trajet, que j'ai adoré.
Je n'aurais pas supporté d'avoir à courir, être téléportée chez moi.
La dernière partie j'entends mes compagnons de route respirer, tousser, et les petits enfants pleurer.
C'est de la vie.
La vie de gens modestes qui ne prennent pas l'avion.
J'y pense.
Je pense à ce virus et je suis contente que personne ne soit venu s'asseoir à côté de moi.
Je décide de ne pas retourner à Embraud samedi prochain. D'attendre un peu, par prudence.
Pourtant le lundi je serai à l'école, pour cette étrange semaine qui nous verra basculer dans une autre dimension.









Caminho portugues #15 Remerciements




Merci à mes conseillers techniques : Lionel vendeur chez Décathlon Moulins,
Sylvie de RadioCamino. Allez voir son blog inspirant.
Depuis le confinement, Sylvie organise un "pot du pèlerin" virtuel chaque jeudi.
C'est, depuis mes premiers pas, le mentor de mon sac, et l'interrupteur de mes moments de faiblesse.
.
Merci à tous ceux qui m'ont encouragée, sur le chemin, ici, en MP...

Merci aux huiles essentielles de gaulthérie/eucalyptus citronné/lavande.

Merci aux laboratoires la Roche Posay (France) pour le Cicaplast, Millet innovation (France) pour la gamme Epitact, et Asepta (Monaco) pour la crème Nok.

Merci au bon vieux Tricostéril qu'on coupe vieille manière ( et qu'on double d'un morceau de compresse imprégnée de Cicaplast.)

Et 0/20 au dispendieux Compeed qui ne tient pas ses promesses, voire même aggrave la situation...

Le grand confinement de Madame Nicole # 42 La Belle équipe


Jour 42 un dimanche presque ordinaire...
Le potager secoue ses plumes pour reprendre vie.
À l'horizon coule la rivière...
Quand on se promène au bord de l'eau !



Cette chanson m'est venue par l'eau et par le jour bien sûr.
Mais aussi parce qu'elle est dans la bande originale d'un film que j'aime particulièrement,
et qui symbolise tout l'esprit du Front populaire.
Ce n'est pas vraiment une oeuvre politique, c'est juste une forme de témoignage.
Avec deux fins.
Je préfère l'optimiste bien sûr.
Et la Belle équipe d'Embraud me manque.
Tout comme la rivière qu'on a le droit de regarder de loin.
Les berges sont interdites, et elles ne sont qu'après la barrière du jardin.


samedi 25 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 41 Maraîchine en avant

C'est samedi.
C'est jour de bal.
"Qui pignoche vivoche, tant qu'on n'est pas carpaillé, c'est qu'on est vivant", comme disait la grand-mère.
Car ce soir c'est pas moi qui chante,
c'est Maxime Chevrier qui vous offre un maraîchine pécheresse (il vous explique pourquoi).
Il chante tous les jours aussi sur Facebook où il publie aussi les paroles.
Il commence toujours par un petit contexte culturel bien plaisant.




Je suis particulièrement touchée par les vidéos de Maxime ,
car son parler évoque celui de la Louisiane, qu'il a en partie enfanté...

vendredi 24 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 40 En attendant les mariniers

Ma grelinette est mon amie.
Il va falloir trouver des trucs à planter.
Et au retour des cygnes, leurs petits et un envol de hérons sur un étang...





Jour 40 : la rivière au loin.

Quand reviendront les mariniers ?




Le soir, je m'échappe à l'Echoppe, micro magasin bio,
qui fait, ce vendredi, des burgers à emporter.
Finalement, je mange dehors, en compagnie d'autres convives.
A distance, mais ils ont fait un feu, 
et je suis heureuse de retrouver de la compagnie.
Non, je ne me sens pas coupable.
Mais je ne m'attarde pas non plus.
Au retour, je suis récompensée par un coucher de soleil splendide,
que je m'arrête pour regarder.
Le temps de voir le disque solaire se glisser derrière la ligne d'horizon.
Une journée réconfortante.



jeudi 23 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 39 Je suis descendue dans mon jardin


Accès raisonné aux potagers autorisé.
Alors défrichage en Braud.
Trois heures dehors.
Une grande respiration.
J'ai retrouvé les fraisiers en fleurs.
Et je me suis embrouillée en chantant.
Mais c'est que j'entends des voix dans ma tête...
Comme si on était tous ensemble.
Jour 39 Le vin, le verre et la bouteille.
Une chanson à répondre.
Donc tu peux répondre, si tu as envie...






mercredi 22 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 38 L'herbe tendre


Je sais pas vous,
mais moi c'est la tendresse qui me manque, pas le Mac Do...
Allusion aux trois heures de bouchon pour la réouverture d'un drive...
J'alterne entre espérance et désillusion...
Au bout du chemin, un peu après la trouée,



Jour 38 : une chanson de Serge Gainsbourg et Michel Simon ( dans le film Sacré grand-père).
Qui m'est revenue à force de traîner mes sandales et mes pieds tout grafignés,
dans les herbes folles et les chemins de sous-bois.


Et la version originale, lumineuse...

Caminho portugues # 14 De Milladoiro à Santiago - Vendredi 6 mars 2020


Quitté l'albergue Ikéa,
Petit-déjeuné à la cafétéria d'une station service de la banlieue dortoir.
Cheminé, con animo, sur le dernier tronçon (d'après moi bien plus sympa que celui du Camino frances)
De loin on aperçoit les tours de la cathédrale.




 Arrivée devant, bien sûr elle est fermée pour rénovation...

Mais quand même une partie, dont la statue pour l'accolade

 et le tombeau, reste accessible au public.

Mon poncho, mes pieds et moi-même, on est bien contents d'avoir réussi notre petit défi.
La morale de tout ça ?

Éloge de la lenteur, qui permet de vaincre douleur et découragement.







 Je prends une chambre en albergue privée, recommandée par une pèlerine tchèque passée deux jours avant.
La réceptionniste évoque le virus, comme une simple grippe qui passera avec le printemps.
C'est bizarre, il y a six ans, j'avais tout autant mal aux pieds,
et je m'étais sentie très seule, au point d'avoir regretté n'être pas allée à l'albergue publique.
Cette fois-ci c'est différent. 
Je me sens légère, heureuse de vivre.
Ce chemin m'a-t-il mieux convenu ? Plus appris ? Ou arrive-t-il au bon moment ?
Je ne pensais plus en être capable, et je l'ai fait.

Je me balade dans Santiago.


Santiago presque vide en hiver, c'est une atmosphère différente,
qui ne s'anime qu'à la nuit, à l'espagnole...
Très agréable.












Je traîne.
Ils ont changé le lieu du bureau de délivrance de la Compostela.
Je patiente dans la chapelle, devant la vierge pèlerine.


L'accueil ouvre avec plus d'une demie-heure de retard, pour cause de mesures anti- virus : 
on entre un par un, on reste à distance de l'employé.
Le danger se rapproche, sans être vraiment là.

Dans une boutique des arcades,
j'achète quatre petits bracelets, pour mes quatre élèves les plus fragiles.


Je projette de le leur donner à la fin de l'année, en leur faisant promettre de toujours croire en eux,
en leur capacité à réussir.Je veux leur assurer que je penserai à eux, même si je ne suis plus là.

L'un d'eux est un enfant abusé qu'on n'a pas réussi à exfiltrer...
Le soir, je regarde Festen, en me demandant comment je vais gérer ma propre histoire.
Faire justice.
Faire surgir la vérité du silence et de l'oubli, dans lesquels elle avait été plongée.

mardi 21 avril 2020

Le grand confinement de Madame Nicole # 37 L'inconnu de Limoise

Il fait gris.
J'ai beaucoup écrit.
Un petit tour de proximité.
À la recherche de la tombe de ...
Jour 37 : l'inconnu de Limoise
Une bien jolie mazurka de Maxou Heintzen (qui me souffle dans l'oreillette qu'il n'en reste aucune trace, car il a été mis à la fosse commune. Mais que ça lui fera quand même plaisir, sûrement, d'écouter la chanson...)

L'histoire c'est que l'ouvrier communal, en déplaçant des tombes, a eu la surprise de découvrir un homme enterré avec sa cornemuse...Et Maxou, qui vivait dans le village, en a fait une chanson.





Édit : c'est de traviole parce que j'avais perché mon téléphone au dessus du mur du cimetière.

Caminho portugues # 13 De Padròn à ...non pas (encore) à Saint-Jacques ! - Jeudi 5 mars 2020

C'est pas que je veuille vous faire languir.
C'est que le temps prend son temps.
Ici.
Maintenant.
Et sur le chemin déjà.
Je voyais ces pèlerins me doubler, pressés d'arriver pour retourner prendre l'avion à Porto,
ou encadrés par les bornes d'une courte semaine de congés.
Et moi, parce que je n'ai pas le choix concernant mes pieds,
je me familiarisais avec la lenteur.
Cette lenteur, mon rythme propre, je l'appelais de mes vœux depuis longtemps.
Et je ne me souviens pas du tout l'avoir éprouvé sur le camiño frances.
C'est incroyable d'être entrée en lenteur en chemin, et de ne pas avoir quitté cette lenteur depuis,
à cause du confinement.
Je pourrais aussi avoir retenu que certes c'est difficile, mais néanmoins on y arrive, on traverse toujours.
Sauf que cela, la vie me l'avait déjà appris.

Me voilà donc, quittant Padròn, un départ facile.
Mes pieds savent déjà que je n'arriverai pas à Santiago ce soir.
Pourquoi faire du reste ? Souffrir ?
Vraiment, au-delà de 20 km, je n'ai plus qu'une envie : me poser.
Je n'ai pas un bon souvenir de ma première fois :
une interminable dernière étape, même si on est galvanisé par le but qui s'approche,
il ne reste guère d'énergie pour en profiter.
Je m'arrêterai donc à mi-chemin, et pour une fois je ne sais pas où.
J'ai aussi remarqué que je pue un peu, et j'adorerais laver tout mon linge avant de rentrer.






J'ai beaucoup aimé cette étape.
Il faut grimper pas mal, mais le plus dur est passé.
On m'a parlé d'une chouette albergue à Téo, 
lorsque j'y arrive, il est bien trop tôt, 
je pousse 8 km plus loin.




Un arc en ciel m'accueille joliment à l'entrée de la dernière ligne droite.




Me voilà arrivée dans cette auberge paroissiale neuve, posée dans une banlieue dortoir, sans aucun caractère granitique galicien ou même espagnol, surgie de nulle part, à 8 km de Santiago.



Les lits sont dans des alcoves, 
Enrique, l'hospitalier, me fait cadeau de la lessive et du séchoir.


Plaisirs simples et petits luxes : un machine qui tourne, un bol de pâtes avec une boîte de coquillages qui me restait, des draps et une serviette, et ...un feu de cheminée, emmitouflée dans un plaid moelleux.
Moment délicieux.
Du jamais vu sur le chemin.



Seule.
Comme cette dernière étape se fait généralement d'une traite,
l'auberge ne fait le plein qu'en haute saison.
Et moi, après une journée entre ciel et chemin,
je suis simplement heureuse de cette soirée douce, perdue dans mes pensées.

Barbara, demain j'arrive VRAIMENT !