mardi 31 décembre 2013

Elles sont partout...

... même dans la Babylone impénitente à l'heure du jugement dernier !
 

Vision apocalyptique
Huile sur bois - 1595




La Chavannée - Fête des Brandons 2012 from gribouille productions on Vimeo.


La prochaine fête des Brandons,
ce sera le 8 mars...
En attendant, ce soir c'est Réveillon.
Bonne Saint-Sylvestre à tous et à toutes.

L'âme de l'amour

J'aime l'histoire de Psyché et d’Éros.
J'aime qu'elle soit l'âme et que lui soit l'amour.
J'aime qu'ils se nourrissent l'un de l'autre.
J'aime qu'il lui pardonne ses erreurs (c'est une vilaine petite curieuse), qu'il l'aide quand elle traverse des épreuves insurmontables, qu'il ne l'abandonne jamais.
J'aime que l'histoire se termine joliment,
qu'ils aient une seconde chance,
et que leur fille s'appelle Volupté.

C'est un mythe avec de la beauté et, comme de juste, beaucoup de jalousie, un peu de maladresse et pas mal de malentendus dedans.
Tellement belle que les hommes l'admirent sans songer à l'épouser.
Elle est seule.
Magnifique.
Aphrodite jure sa perte.
Danger.
Mais heureusement, Éros, le fils d'Aphrodite, s'emmêle un peu le carquois, et se pique à sa propre flèche, tombe amoureux d'elle, et envoie le Zéphyr l'enlever de la montagne où elle attendait l'hideux serpent qui lui était promis.


Elle sent la nuit, quelqu'un se glisser entre les draps précieux de son lit de nacre, dans sa chambre d'or.
Il la rassure de mots doux, la caresse, elle n'a plus peur et s'abandonne au désir, à l'étreinte, au plaisir.
Il lui promet un bonheur éternel à condition qu'elle ne cherche jamais à savoir qui il est.
C'est troublant ça, l'idée que la longévité d'un couple, c'est peut-être de ne pas tout savoir de l'autre, de ne pas s'approprier son idée véritable, que notre part d'ombre, c'est aussi notre part de liberté qui fait briller la petite flamme.


Toussaint Dubreuil - Seconde moitié XVIème
Plume et pinceau, encre noire, rehauts de gouache blanche sur papier préparé lapis-lazuli

Elle se sent heureuse.
C'est-à-dire qu'elle serait heureuse s'il ne lui manquait pas quelque chose.
Pourquoi manque-t-il toujours quelque chose ?
Elle veut revoir sa famille, il fait venir ses sœurs.
Jalousie encore, hélas.
Elles persuadent Psyché que son amant est un monstre.

Leonard Limosin - 1534
Émail peint

Si elle l'aimait vraiment, douterait-elle de lui ?
S'il l'aimait vraiment, ne pourrait-il avoir confiance et lui dire la vérité ?
Toujours est-il qu'effrayée à l'idée d'être dévorée,
elle allume une lampe,
et,
ébahie,
contemple à sa lueur, la beauté de son compagnon.
Une goutte d'huile brûlante le réveille.
Il s'enfuit, et avec lui disparaît le palais, ses ors, son confort et sa sécurité.

Jacopo Zucchi - 1589
Huile sur toile
Elle veut en mourir, est sauvée.
Aphrodite lui impose des épreuves.
Elle les accomplira, parce que lui, il est toujours là, dans l'ombre, à la soutenir, même quand elle se montre de nouveau trop curieuse.
Il n'est pas rancunier Eros.
Et il a bien raison.
L'amour est incompatible avec la rancœur.
Parfois découragée, elle tentera de mettre fin à ses jours.
Mais chaque fois, la vie est plus forte, elle se laisse convaincre, elle avance.
A la fin, l'âme et l'amour sont réunis,
et elle est immortelle.
L'âme immortelle.
C'est beau.
Toutes les photos ont été prises au Musée du Luxembourg, à Paris, 
où se tient, jusqu'au 26 janvier, l'exposition "La Renaissance et le Rêve"

lundi 30 décembre 2013

C'est aujourd'hui

C'est aujourd'hui le jour où j'ouvre mes volets,
et j'aperçois un coin de ciel bleu et sec,
après la pluie incessante de la fin de semaine.

C'est aujourd'hui que la piscine est fermée.

C'est aujourd'hui le jour où je suis infidèle à mes sandales.


C'est aujourd'hui le jour où je n'irai pas crapahuter en Espagne,
le jour où le monde c'est le chemin, au bout de la rue, juste après les poubelles,
que j'ai envie d'explorer (pas les poubelles, le chemin...)
depuis que j'ai emménagé (en septembre, hum, cherchez l'erreur...)



Ça commence par une piste de VTT,
c'est aujourd'hui que ça grimpe.



C'est  aujourd'hui que je trouve mon arbre.
L'arbre parfait, moussu d'un côté, lisse de l'autre, que je peux entourer de mes bras.
Avec comme un flanc sous les mamelons, où se blottir, écouter, chuchoter, pleurer...
C'est aujourd'hui MON arbre.


C'est aujourd'hui que le soleil luit faiblement, dans une trouée du sous-bois.


C'est aujourd'hui que j'ai vue sur les Coussières...
Sur chez moi donc.



 C'est aujourd'hui, qu'après une heure, je redescends sur la talvère d'un champ à peine semé...



... et que je décide de faire le tour du Lac de Courtille.




mercredi 25 décembre 2013

Joyeux Noël

La tête qui tourne...







lundi 23 décembre 2013

Des nouvelles de ma nouvelle #13

112 œuvres en finale,
dont
Vendanges tardives
et
Cette femme là, mon vieux, elle est terrible,
et 29 sélectionnées pour être publiées dans la revue de Short Edition en janvier.

Vendanges tardives est au palmarès,
et c'est grâce à vous.
Elle n'a pas gagné le prix de la communauté
je n'avais pas assez de voix,
mais elle figure parmi le choix de l'éditeur.
J'ai découvert des textes que je n'avais pas lus,
que j'ai trouvés excellents, mais qui n'avaient que très peu de votes.
Je trouve ça chouette qu'ils figurent au palmarès, et que ce ne soit donc pas qu'une affaire de réseau.
Je vous invite à aller vous faire votre propre idée.
Il y a aussi une catégorie bulles qui est très attrayante.

Week-end plus size #3

Samedi soir, je suis tombée amoureuse de l'homme de ma vie,
qui ne m'a même pas regardée.
C'est très court comme histoire.

Dimanche, je suis rentrée à la maison,
où mes fils, avec leur délicatesse habituelle,
avaient cassé, et une tringle à rideau, et la poignée d'un meuble de cuisine.
L'après-midi, je suis allée voir ma mère, toujours une souffrance depuis 40 ans, et, pour faire bonne mesure, son cadeau de Noël, attendu pour vendredi n'avait pas été livré.
Bref, ça aurait pu être un week-end de merde,
mais en fait non.

Parce que j'ai bien aimé notre dernier concert de Noël,
dans l'église pas chauffée de Château-sur-Allier,
avec la porte qui reste ouverte quasiment jusqu'à la fin,
et vue sur les braseros dehors,
une dame qui tombe du banc,
et une basse qui a anticipé deux trois départs...
Après, il y a toujours un vin chaud, et celui-ci, je le préfère aux autres, parce qu'il y en a du blanc.
C'est bon le vin blanc chaud,
ça fait oublier les pieds gelés dans les sabots.
C'est très bon,
et ça explique certainement ma pâmoison devant celui que j'attendais depuis toujours,
et qui est passé sans s'arrêter.
La vie est une chienne.

Il y a eu ensuite le traditionnel repas de Noël, et ses cinquante desserts.
Les gars apportent du vin, les gazilles un dessert. Il y en a qui sont pas bons, mais il y en a des terribles. Avec les années, on apprend à se concentrer que sur les terribles : la tarte au citron de Cécile, la bûche aux amandes de je sais pas qui, et mon tiramisu marron/Birlou, que je viens d'inventer.
Pareil pour les vins.
Pareil pour les desserts.
Pareil pour les mecs.
Mais des mecs terribles, il n'y en a pas beaucoup.
Sauf lui.
Mais bon, n'en parlons plus.
De toute façon, j'ai fait vœu d'abstinence non ?

Dimanche soir,
afin de faire basculer ce bilan mitigé vers le côté lumineux de la force,
et puisque aujourd'hui ce sont les vacances,
je me suis accordée mon petit remontant habituel,
un cinéma surprise.
Il n'y avait que des films pour enfants, que je n'avais pas envie de voir.
Et 2h20 d'opéra filmé à Bastille.
Aida.
Je suis entrée.
Après, j'ai eu envie de dormir un peu (je m'étais couchée à 4h00...)
et surtout, j'ai été très déroutée par la mise en scène d'Olivier Py, qui transpose l'habillage égyptien dans l'universalité d'une dictature dorée, entre sabre et goupillon, avec que des blondes à la Evita Peron.
J'ai pas trop aimé la mezzo qui jouait Amnéris, je l'ai trouvée trop vieille pour le rôle, et Aida aurait pu être plus subtile.
J'ai adoré le ténor Radames -sûrement une résurgence de ma très brève et très intense passion de la veille, ou alors c'est parce qu'il ressemble à Fred, un moment j'ai cru halluciner-, l'orchestre était excellent, et j'ai fini par me prendre au jeu et par adhéré au parti pris de mise en scène.
Surtout, j'ai bien apprécié ce principe d'opéra filmé.
Il y a des sous-titres, c'est sur grand écran, et de mini interviews en prologue et à l'entracte.
Des représentations en salles obscures, il y en a à peu près tous les mois, et j'y retournerai.


mercredi 18 décembre 2013

Des nouvelles de ma nouvelle #12

Sans titre pour l'instant...

- Voilà ! C'est pour toi !
Campée devant lui, les poings sur les hanches, elle le regarda avec cet air faussement narquois et vaguement grave qu'elle arborait souvent.
Il n'en crut pas ses yeux.
- Où t'as trouvé ça ?
- Là-bas, au fond du terrain vague. tu sais, ils en ont laissé plein.
- Oui, mais j'en ai jamais trouvé en aussi bon état.
- Et c'est pas tout, regarde !
Elle actionna la poignée, l'engin se cambra comme une bête, dans une joyeuse et indécise pétarade; puis, le moteur se mit à ronronner doucement.
Il ouvrit des yeux grands comme des soucoupes, surpris et un peu affolé aussi :
- Arrête ça tout de suite ! T'es pas folle ? Si on nous entendait ?
- Bah, ils sont tous partis chercher à bouffer, t'inquiète...
- La benzine, où tu l'as trouvée ?
- Il y en a plein aussi je te dis, une dizaine de bidons au moins.
- Mais c'est pas possible. J'ai exploré chaque recoin de ce terrain, et je n'ai jamais rien vu, que des carcasses rouillées, mêmes pas bonnes pour la récup de pièces. Montre-moi !
- OK, as you want. Très déçue je suis. Moi, ce que je voulais, c'était faire une balade, assise derrière toi, collée contre ton dos. Tu sais, comme dans ce vieux film indien qu'on a vu l'autre fois. Mais t'en as pas envie apparemment.
- Stupid girl ! Bien sûr que si, mais plus tard.
Elle avait l'air déçu, et il détestait  la décevoir. Il lui attrapa un poignet, l'attira contre lui, déplia délicatement son poing serré, et embrassa tendrement la paume de sa main.
- Je te promets qu'on la fera cette balade rien que tous les deux. Quelque chose ne va pas, viens !
Elle avait coupé les gaz. Il planqua la mobylette sous l'escalier, tira la porte et claqua le verrou, avant de l'entraîner sur le parvis.
La main de Żywia toujours emprisonnée dans la sienne, il commença à gravir l'éboulis de l'ancienne tour. Il la lâcha de l'autre côté de la butte, pour dévaler les blocs de pierre, et elle le suivit en sautillant, sans jamais perdre l'équilibre  malgré l'instabilité du chaos de gravats.
Ils traversèrent ce qui avait dû être une école autrefois. Quelques lambeaux de dessins d'enfants délavés s'accrochaient encore à des débris de vitres, et un tricycle rouillé, tombé sur le flanc, comme endormi, semblait attendre, pour s'animer, qu'une petite fille vienne l'embrasser.
Mais des enfants, on n'en voyait plus guère, et même les jeunes comme eux commençaient à faire figure de rareté.
Ils contournèrent la piscine asséchée, à demi effondrée, colonisée par un fatras de ronces et de lianes enchevêtrées.
Caleb, parfois, croyait se souvenir du plaisir de la fraîcheur de l'eau, et de la voix de sa mère qui l'encourageait au moment de plonger. Ce n'était pas un vrai souvenir, pas comme celui de la première fois où il s'était allongé à côté de Żywia par exemple. Plutôt une image fugace qui le faisait balancer entre la résurgence d'un passé réel et familier, et un fantasme nourri du désir d'insouciance qui aurait dû encore l'animer à son âge.
- Amène-toi, c'est par là.
Elle avait de nouveau confié sa main à la sienne, et elle l'entraîna joyeusement, avant de s'engouffrer sous une arche de béton. Elle réapparut de l'autre côté, en dévoilant son trésor, jusque là dissimulé par une vieille bâche.
- Tu vois ! Qu'est-ce que je te disais ?...
Caleb n'était pas tranquille.
- Chut, fais moins de bruit. Je suis absolument certain que ce n'était pas là la dernière fois que je suis venu.
- D'accord, je te crois. Mais écoute, on va juste en prendre un bidon, et on file.
- Non, si on prend un bidon, ça va se voir, et en plus, on ne peut pas le déplacer à deux, c'est trop lourd. C'est mieux que je revienne tout seul en siphonner un peu. Allez, on se casse maintenant.
Ils repartirent dans l'autre sens, en essayant de se faire plus discrets.
- Tu sais quoi ? La mobylette, on va aller la planquer près de la vieille route, celle où personne ne va jamais. Comme ça, quand on voudra aller se promener, on n'aura pas à l'exhiber devant tout le monde. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Tu sais bien que je suis toujours d'accord avec toi pour ces trucs là. Mais faut qu'on se dépêche, les autres vont bientôt revenir.
Depuis quelques temps, la nourriture se faisait plus rare, ils étaient obligés d'aller de plus en plus loin, pour fouiller les ruines et rapporter des trucs pas terribles mais nourrissants.
- J'ai pensé à un truc un peu fou, lança Żywia. Avec la mobylette, puisqu'on peut sortir de la ville, on pourrait se trouver un petit bout de terre à cultiver.
- Cultiver ? Tu sais faire ça toi, cultiver ?
- Non, mais je me souviens que mon grand-père le faisait. Et puis on pourrait trouver des livres là-dessus non ?
- Tu sais bien que les livres sont interdits. Ils sont mauvais.
- C'est pas vrai, ils disent ça parce qu'ils ne savent pas lire. Mais moi je sais, ma mère m'a appris, et je peux t'apprendre aussi si tu veux.
- Il faudra des outils aussi...
- On en trouvera, il faut juste chercher aux bons endroits. Caleb, cultiver, c'est être sûr d'avoir à manger. Un jour, c'est sûr il n'y aura plus rien de comestible dans les ruines. Et puis, je ne veux plus dépendre du groupe, leurs règles ne me plaisent pas.Tu me suivras ?
- J'irai où tu iras, tu le sais bien.







Anticyclone d'hiver # 1

Une bouffée d'angoisse lui coupa momentanément le souffle.
C'est le moment que choisit le disque solaire pour apparaître franchement, transpercer l'azur et venir s'y imprimer dans le flamboiement délicat d'un halo brumeux. En se répandant, la douce lumière rasante faisait verdoyer l'herbe et miroiter les eaux. Elle l'aveuglait un peu, mais il aima cette chaleur. Des nuées de corbeaux commençaient à s'égailler. Une constellation de grues traversa son champ de vision.
Il aurait voulu les suivre, et, à cette idée, il fit une légère embardée qui le ramena brusquement à l'instant présent.
La route avançait toujours, lui aussi. Il se dit que, d'ici quelques heures, la glace aurait disparu, et qu'il ne pouvait plus se permettre d'être triste. Il se sentit apaisé.

Il ferma les yeux, soulagé.
Rien qu'un instant.
A peine le temps d'un clignement de paupières.
Trente-six chandelles, le cœur qui explose, la vie qui défile, les pneus qui hurlent sur le bitume.
Fondu au noir.

(to be continued...)


lundi 16 décembre 2013

L'eau à la bouche


Mon premier, c'est
un détour par l'hôpital,
deux yeux grands ouverts : ça y est, elle s'est réveillée !
Trois grands sourires : mon cœur sursaute, elle me reconnaît.
Quatre hochements de tête, les yeux qui clignotent : on peut communiquer, un tout petit peu.
Elle est forte.
Tu veux que je revienne la semaine prochaine ?
Ce matin, j'y repense doucement, en partageant, avec mon fils, un petit pain de Noël, cuit dans le four à bois d'Embraud
J'entends la voix de Jacques dans l'église,
qui promet - à juste titre- une bouffée d'amour au petit-déjeuner des mangeurs de ribate.


Mon second c'est
une délicate idée du collège qui accueille mon groupe le plus nombreux et le plus attachant :
des bulletins sans note,
leur premier bulletin français, remis aux élèves en présence de leur famille,
avec un peu de solennité, beaucoup de bienveillance,
un livre offert par le foyer socio-éducatif et un dictionnaire...
C'est bien de marquer le coup,
c'est bien de souligner leurs efforts,
c'est bien de leur donner cette image là de la France,
et c'est bien qu'ils nous fassent un gâteau .... Napoléon !
(mille feuille à la sauce Volga... à base lait concentré, du qui tient au corps quand il neige, mais fait avec amour...)


Mon troisième c'est la décompensation post-inspection,
l'énorme agacement devant l'inertie de l'administration qui ne m'a pas payé mes frais depuis septembre (plus de 700 €... sans excuse ni explication) et qui n'est même pas capable de me faire un justificatif pour obtenir une avance spéciale de la MGEN (heureusement qu'elle est là, la MGEN...)
et du coup une besoin subit de me faire plaisir toutes affaires cessantes,
une fringale de cinoche en passant devant l'affiche de The lunchbox.
Tant pis pour la paperasse pas terminée, 
ce qui n'est pas fait aujourd'hui sera fait asap,
mais là, je me mets sur pause.
J'ai donc vu seule -et en VO, of course- ce film absolument délicieux.

Navrée pour cette femme qui voit s'éloigner son époux.
Séduite par le veuf qui retrouve le goût des autres.
Émue quand il se trouve trop vieux pour elle.
Tenaillée par l'envie d'émigrer aussi au Bhoutan, le pays du Bonheur intérieur brut (bon, à relativiser quand même...)
Troublée par leur correspondance, les petits riens faussement anodins qu'ils échangent, 
si lourds de sens dans leur pudique retenue.
Autrement plus élégant que les courriels.



Mon tout, c'est un lundi de vanille, d'épices et de bois.

vendredi 13 décembre 2013

Anticyclone d'hiver

C'était une route d'hiver, une saignée au noir entre les prés ourlés de givre, où les naseaux fumants de quelques vaches dessinaient de rassurantes volutes, un peu de vie sous les frondaisons figées des bosquets surpris par le gel en plein automne.
Il eut la soudaine vision de son propre corps pelotonné contre le flanc doré d'une limousine au pré.
S'allonger pour de bon, et dormir, enfin, dans la chaleur animale d'un être sans histoire, ni jugement.
La route s'engageait indéfiniment vers l'horizon, entre deux haies bocagères dentelées de blanc.
Depuis l'aube, les traînées de coton rose orangé duvetaient l'azur glacé du ciel, comme des embâcles charriées là par la voie lactée.
Submergé par une émotion inattendue à cette heure du jour, il fut saisi d'une brutale et impérieuse envie d'encore plus d'espace, d'air et de souffle...

Le plus beau métier du monde

J'aime quand ils m'écrivent pour me donner de leurs nouvelles.
Encore plus quand j'ai eu une rude journée.


Un petit Portugais arrivé en cours d'année dernière,
qui écrivait comme un goret,
vu que ses doigts n'arrivaient pas à suivre le rythme de ses pensées,
à peine 3 heures de cours hebdomadaires.
Moi je dis, chapeau bas...
Et merci.

jeudi 12 décembre 2013

Mathématiques au chocolat

On ne vantera jamais assez les vertus du meilleur ami de l'enseignant,
j'ai nommé :
le chocolat !
En plus de générer la production de bienfaisantes endorphines
et de permettre de lutter contre le froid et la morosité,
le chocolat est aussi un pédagogue adepte de la méthode naturelle, 
qui fait glisser avec délice les plus ardus problèmes de proportionnalité....



C'est bien joli tout ça, mais après, il faut partager le gâteau.
Deux demis


Quatre quarts




Huit huitièmes



C'est bon madame, on est douze, il y en a assez pour tout le monde !



Il va rester combien de seizièmes ?
Hé bé non !
Ma collègue passait par là ....




Comment faire pour obtenir de nouveau 12 parts ?

Six trente-deuxièmes...



Douze soixante-quatrièmes...



 A la rentrée,
on attaquera véritablement la séquence sur les fractions,
avec le deuxième allié de tout professeur polyvalent :
respect donc,  et révérence devant le ....gâteau au yaourt (to be gloutonned...)

A dormir debout

Fatiguée, en retard,
la vie post-inspection est belle.
Tranquille pour cinq ans.

Je sais que je devrais me coucher tôt.
Mais tenaillée par l'envie d'écrire, je griffonne jusqu'à plus nuit dans mon carnet
des bouts d'histoires et des lambeaux de chansons
qui finiront par s'emboîter quand le temps sera venu.

Je ne figure plus en bonne place dans les classements de mes nouvelles,
et ça me chiffonne un peu.

Pas trop quand même.
J'ai déjà la tête à d'autres story-boards.
Le simple plaisir d'écrire pour être lue, qui s'auto-alimente.

A la lecture d'un jeu de mots très en dessous de la ceinture
destiné à le faire sourire,
un ami s'inquiétait la semaine dernière d'une possible fringale de sexe.

C'est certainement navrant,
mais non.
D'abord parce que j'ai choisi cette parenthèse et que je l'assume.
Ensuite parce que j'ai découvert que ne pas être en couple laisse plus d'espaces aux rencontres,
au temps passé à écouter quelqu'un, à rire en compagnie.
C'est une autre vie que celle de celui que personne n'attend à la maison.
La sérénité hors du jeu de la séduction, qui me fait considérer les hommes autrement, sans ambiguïté et sans passion.
Ils sont intéressants les hommes.
Pas tous (pas dans mon métier en tout cas.
J'aime à les côtoyer sans arrière-pensée.
J'aime avoir le temps d'en regarder un qui drague encore sa femme rencontrée sur les bancs de l'école.
J'aime sentir que celui-ci ne quittera jamais la sienne, qui pourtant ne lui fait pas la vie simple.
J'aime danser avec celui qu'elles aimeraient bien emballer, mais qui veut pas.
J'aime l'idée d'aller passer Noël chez une amie.
J'aime la liberté de terminer seule le chemin.
De ne pas me perdre en vains compromis.
Un jour certainement ce sera triste et pesant.
Mais à ce moment précis, c'est juste open.


mercredi 4 décembre 2013

C'est la tasse de la prof de dictionnaire !

Le petit sourire de la journée.
Une pour chaque collège où je pose mon sac deux jours par semaine
Customisées avec l'aide de Jack.




dimanche 1 décembre 2013

Des nouvelles de ma nouvelle # 11

Bon alors
voilà les gens
deux de mes nouvelles ont été sélectionnées pour la finale d'hiver.

Qui dit finale dit voter encore donc.

Alors si vous les aimez toujours,
cliquez encore en très très court
pour Vendanges tardives
et en nouvelles
pour Cette femme là, mon vieux, elle est terrible !

C'est bête
mais j'ai envie de gagner.
Vraiment très envie.
Alors
merci,  merci

Où est Coline ?


 Tout le monde cherche Coline...



Photo de cet après-midi
premier concert de Noël
à Suilly-la-Tour (58)

samedi 30 novembre 2013

Ciel mon tumblr #15

Quand mon dossier de bourse pour l'Irlande est refusé,
et que je repense au temps que j'ai passé dessus...

Hebergeur d'image

Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de mes vacances de février ?

Quand on me dit "Vous êtes charmante !", mais que c'est pas la bonne personne...
Hebergeur d'image

Quand j'ai pris froid au moment des concerts,
et qu'en même temps
j'attends mon inspection (avant le 11 décembre)
Hebergeur d'image

Quand c'est reparti pour un set de maladresse bi-quotidienne :
je casse ma chaîne en or (autour du cour), en attachant mes chaussures (à mes pieds),
j'explose le grille-pain de ma cousine,
je casse une bouteille d'inhalation dans ma cuisine au moment de partir...

Hebergeur d'image

Quand je suis pour trois heures en détention,
chauffée comme la maison de retraite,
et que j'ai oublié ma bouteille d'eau

Hebergeur d'image

Quand j'ai besoin d'un gros câlin
et que je reçois juste à ce moment, un message amical...

Hebergeur d'image





dimanche 24 novembre 2013

Salade russe #6

C'est tranquille.
Levée tôt.


 J'aime les longs dimanches, et puis je pars ce soir pour deux jours de formation.
En haut, mes deux fils
En bas, moi.
Le gâteau chocolat et farine de châtaignes dans le four.
Je me sens douce à l'intérieur.
Et un peu stressée dehors : la mail est tombé, je vais être inspectée avant le 11 décembre.
Au moins, ça sera fait.
Mais là, pour le moment, je profite de la maison toute calme après la neige.


Franzouski est rentré.
J'aurais pu écrire que c'est la fin de l'épisode russe.
Mais ce n'est que le début je crois.
Ce n'est pas ce petit con gueulard est violent qui m'est revenu,
et si je n'ai pas tué le veau gras,
je suis contente de voir son assiette à table.
On parle, de tout, de rien, de la Russie,
comme c'est différent, et comme c'est bien la France,
de celle qu'il a rencontrée là-bas et qui lui manque beaucoup déjà.
"On passait tous nos dimanches ensemble, tu comprends ?"
Oui, bien sûr que je comprends.

Il est rentré la semaine dernière, et s'est déjà trouvé un intérim en pointillés dans une usine à gâteaux.
Il enchaîne les heures de conduite : il lui faut ce permis.
Et cette semaine, ce sera lettres de candidature aux établissements hospitaliers et aux maisons de retraite.

Son frère heureux de son retour et de sa compagnie.
Et la maison ambiancée au lieu d'être dévastée.
"Tu cuisineras des plats comme ça, en janvier, quand Maya viendra ?"

Tout est bien.
----------------------------

Sinon,
ça n'a rien à voir
 mais j'aime ça.


lundi 18 novembre 2013

Des nouvelles de ma nouvelle #10

Encore une nouvelle sélectionnée et publiée sur Short éditions
et aucune chance de l'emporter vue la  deadline (toujours le 30 novembre)
et pas le temps de m'en occuper comme il faudrait,
mais quand même,
si elle vous plaît, votez
mollissez pas les gens, il ne me manque que 17 voix pour aller en finale...
C'est  "Cette femme là, mon vieux, elle est terrible"
et c'est là

Et toujours "Trou de mémoire"
ici
elle a moins de voix, mais je l'aime moins aussi...
(et merci pour vos votes sur Vendanges tardives, qui caracole en tête du Très, très court).

dimanche 17 novembre 2013

Abstinence

Dans un grand élan d'aspiration à une vie plus simple,
j'avais profité de mon déménagement pour faire vœu d'abstinence
et décidé de ne racheter ni sèche-linge, ni lave-vaisselle,
et,
pour faire bonne mesure
de dormir seule dans mon lit pendant un an.

Bon,
j'avoue, j'ai craqué.


Un petit dix couverts,
pas cher payé
et que je remplis chaque jour avec d'autant plus de gratitude
que je l'ai branché moi-même.

Moyennant trente euros, les livreurs de But me l'avait laissé en plan, tuyau de vidange trop court, pas d'alimentation, bla-bla-bla.
J'ai pas trop apprécié.
Un raccord en Y sur le robinet auto-perceur qui alimentait le lave-linge, un coup de cutter et un serre-flex plus tard (pour raccorder la vidange directement au siphon)
j'ai joué à la femme serpent sous l'évier,
et tout fonctionne à merveille.

Je n'ai donc besoin de personne pour raccorder un lave-linge ET un lave-vaisselle.

Smiley

J'aime l'humour très britannique de cet élève
un artiste pince-sans-rire de 13 ans,
qui m'écrit discrètement sur un papier "MI5" quand on apprend le vocabulaire des métiers.

Pendant la "Dictée de monstre",
je lui fait remarquer que j'ai dit "quatre PETITS bras verts"
alors qu'il les a dessinés grands.
Il me répond que pour un monstre, ça, c'est petit...

Et quand je lis par hasard l'étiquette du dos de son classeur, je vois ça :


jeudi 14 novembre 2013

En attendant l'implant #1

Je croyais ce matin me réveiller avec toutes mes dents, dont une provisoire.
Mais non.
Ce matin, j'ai toujours un trou à la place de mon incisive gauche perdue en août.
Et des fils bleus en plus.
Top sexy.
Ma couronne provisoire je ne l'aurai qu'en février,
et ma dent définitive en avril.
Pile poil à la fin de mon vœu de chasteté. C'est pas du timing ça ?
En attendant, pour pécho, bernique !...

Hier après-midi pourtant, tout avait bien commencé.
J'étais détendue, débarbouillée,
un petit compliment (?) du chirurgien-dentiste :
"- Ah ! Mais vous êtes maquillée ?
- Heu, non.
- Mais vous n'avez pas un peu de rouge à lèvres ?
- Ben non.
- Ah c'est naturel alors.
- Ouai, super, et qu'est-ce que ce sera quand j'aurai toutes mes dents !"

J'enfile la tenue fashion.
Même pas peur.
Qui a marché trois cents kilomètres en poncho du Vieux Campeur ne craint plus le ridicule.


Je m'installe.
Champ opératoire, anesthésie locale.
Toujours détendue.
Forage.
Je sens la perceuse vibrer dans ma mâchoire.
Je crispe un peu les mains.
Et là, j'entends le commentaire du dentiste.
Un trou, l'axe, une mauvaise suprise quoi...
J'ai les mains enfoncées dans l'abdomen (le mien).
Allez, on se détend.
Forage encore.
"- Bon, ben on ne va pas poser la prothèse provisoire du coup. J'ai eu un problème."
Le problème c'est que l'extrémité de l'implant a failli ressortir de l'autre côté de la gencive, parce qu'il a suivi l'axe des autres dents et qu'à la fin, elles changent de direction.
Oui, elles sont comme ça mes dents.
et non, ça ne se voyait pas au scanner ?
"- Au bout, il y a une petite excavation, que j'ai bouchée avec de l'os de synthèse. Si vous vouliez absolument repartir avec une dent aujourd'hui, je peux vous mettre quelque chose, mais il serait plus sage de refermer, d'attendre que ça cicatrise bien et encore trois mois pour la couronne provisoire (au lieu de l'implant), puis un mois pour la prothèse définitive".
 Donc, les fêtes de fin d'année avec un trou.
Je ne sais pas pourquoi, à ce moment je pense à Paty.
"- Ok, on referme".

Ce matin, pour l'instant, je suis récompensée de ma sagesse.
Pas de douleur et pas de vilaine enflure.
Juste les fils bleus jusqu'à la semaine prochaine.

lundi 11 novembre 2013

Week-end plus size #2

Dimanche,
nous sommes allés au Mu Pop,
le musée des musiques populaires de Montluçon.

J'ai beaucoup aimé,
les collections, mais aussi le choix des documents sonores, en écoute individuelle,
et les écrans interactifs.




Avec Fred, on est resté en admiration devant un danseur de bourrée,
et évidemment j'ai passé du temps devant les collections de vielles et de cornemuses,
mais j'ai bien déliré aussi dans les salles consacrées à l'électrification des instrument (avec de vrais morceaux de scopitone dedans)  au rock, aux guitares.



J'ai carrément  craqué sur ça (pas d'intégration possible, suivre le lien)



En dépit de la qualité de conception, il y a quelques manques : la pratique encore vivante de la musique trad, sa transmission, mais aussi pour les musiques plus récentes, la manière dont elles peuvent exprimer la contestation par exemple. Des angles de vues qui mériteraient d'être abordés dans des expositions temporaires.
J'y retournerai donc.

Allez
encore un coup...




Week-end plus size #1

Samedi soir,
après l'atelier voix, la répé du concert de Noël, la veillée,
j'ai dormi au domaine.
Pas exactement sur mes terres.
Sur celles d'Embraud.
C'était étrange d'y dormir seule. Je crois bien que c'était la première fois.
Le matin,  c'était vue sur l'horizon, entre l'herbe et l'eau.



La vieille maison désertée.


Pas âme qui vive, l'écho des rires et des chansons effleurent le silence.

La salle vide,
sur le tancarville les torchons que j'ai étendus hier soir ont séché près du poêle.
Il reste trois parts de tarte aux pommes.
Torchons.
Pommes.
Il y a eu veillée ici hier soir.
Et maintenant c'est tout calme, avec la joie qui flotte encore un peu.


L'incessante pluie de ces derniers jours a fait gonfler l'Allier.



D'ailleurs, il pleut de nouveau, et à seaux
quand je prends le volant pour aller à la piscine.
En sortant du centre aqualudique (la piscine, ça s'appelle comme ça maintenant) je bifurque vers le centre hospitalier.
Paty la Rouge respire seule.
Bien sûr que la trachéo, le crâne rasé, les yeux fermés, ça peut être impressionnant.
Bien sûr que ce serait mieux de ne garder d'elle que ses cheveux en mèches folles et son regard maquillé, la bourrée deux temps sans enlever le tablier, et les rires aux éclats, les tables qu'on essuie et les petits-déjeuners qu'on prépare.
Bien sûr que je suis traversée de questions : si elle se réveille, tout reprendra comme avant ? Et bien sûr que je suis un peu gênée de conjecturer que non.
Bien sûr que je suis désolée pour elle, et pour sa famille.
Mais la réalité, c'est qu'elle est là, couchée, les joues encore pleines, pas de masque de souffrance, et le bruit ronflant de l'air qui circule dans la canule au rythme de sa poitrine qui se soulève, et qu'elle n'a pas encore choisi de quel côté basculer.
C'est bien elle. Et elle respire.

Un lecteur de Cd diffuse le répertoire de la Chavannée.
Je lui parle un peu, pas longtemps,
et puis je prends sa main et je lui chante des chansons.
Sa main est froide, mais son front est chaud. L'infirmière dit qu'elle a un peu de fièvre.
Un peu plus tard je lui dis au revoir et à bientôt,
parce que oui, je retournerai la voir.

On est si fort, on tient bon.
Je pense à ma mère, du temps de son sourire et de son chignon banane.
Je pense à tous les survivants.
On est si faible.
On n'est qu'une petite flamme qui vacille au vent.
Un jour on chante, on rit, on danse.
On fait des projets,
on remet à demain.
Demain, oui, on lui dira qu'on l'aime.
Demain, on fera ce voyage.
Demain, on s'excusera.
Demain, on dira ce qu'on veut vraiment,
on se lèvera et on dira non.
Et voilà que le lendemain, justement, on n'est plus.
Ou alors juste un cœur qui bat,
prisonnier d'un corps empêché.
Et peut-être qu'on a des souvenirs,
peut-être qu'on a des regrets,
peut-être que c'est sombre,
peut-être qu'on voit la lumière.
On est comme une maison fermée aux fenêtres scellées.