Je me saoule.
Consciencieusement, scrupuleusement, soigneusement et systématiquement.
Dans cette saison 2, épisode 1, du Grand confinement, le décor a changé, le sablier aussi.
Exit le duplex avec coin cuisine, le voisin fou et les contraintes du travail à distance.
Le matin, je laisse mon corps et mes neurones se mettre en route doucement.
Je me saoule de calme, de lumière et de paix, émerveillée du spectacle de la nature, des cris de bête, de l'aube jusqu'au coucher de soleil et au lever de lune à mes carreaux.
Je traîne un peu, je réfléchis.
C'est une projection étrange que ces semaines au futur incertain.
Je voudrais ... j'ai toute une liste, repliée, oubliée.
A quoi bon s'inquiéter ? A quoi bon planifier ?
Je ramène mon attention à la journée en cours. Je me saoule de présent, une chose à la fois.
Je recolle une semelle, répare un accroc, restaure les attaches d'une couette. Tout était dans ce panier depuis si longtemps.
Je me saoule de petites actions accomplies, d'objets sauvés, du bonheur éprouvé à vivre en accord avec soi-même.
Et je reprends quelques notes.
Il me faut quand même des projets, des plans sans échéances, sans conséquence s'il faut renoncer ou reporter.
Une semaine de formation parisienne en décembre. Ou pas.
Entrer de nouveau en chemin. Ou pas
(Mamina, ça se pourrait bien qu'on se revoit aux beaux jours...)
Les surprenants jours de grand beau, en short et en t-shirt, je me saoule au jardin, de vent, dans l'air encore tiède, les mains dans la terre humide, jusqu'à ce que l'astre plonge derrière l'horizon.
J'arrondis les angles du petit potager.
La fraîcheur pince, l'obscurité arrive sans crier gare, il est temps de remonter.
Les jours de grisaille et de pluie, de froid perçant et humide, je sors arpenter les environs.
Echappée belle.
Je me saoule de vie. Tout semblerait ordinaire, si ce n'était l'attestation pliée dans ma poche.
Je contemple un papillon qui flirte avec les orties, les V des grues qui descendent vers le sud, le frou-frou des ailes des pigeons dans les ors des acacias.
Instant de grâce si la brume se lève.
Violence et crainte contre le reste du monde, celui qui ne change qu'au rythme des saisons, totalement
indifférent aux fils d'actualités.
A la nuit tombée, il est tôt encore.
Pelotonnée dans mon sofa, je me saoule de mots, de phrases, d'histoires, de livres, de BD, de nouvelles, de sagas... j'en ai emprunté des kilos.
C'est drôle ces journées de rêve, brusquement plombées quand l'esprit divague vers la fin de semaine.
Elle sera sans famille, sans amis, sans amour.
Et ça c'est un peu dur, même en croyant que ça ne durera pas toujours.
Et pour vous, c'est comment ?
Mieux ? Pire ? Patient ou effrayant ?
Un grand merci à ceux qui commentent au passage.
C'est un grand plaisir que votre intérêt fidèle.
Faites bien attention à vous.
-------------------------
Edit du 10 novembre
De bonnes nouvelles de Pôle emploi : ma conseillère, madame Efficace, m'a appelée hier pour un entretien su mon projet. Et ce matin, elle m'a rappelée pour m'annoncer que ma formation de décembre, sur le métier d'écrivain public, sera financée par leurs soins. Un très bonne nouvelle et
finalement une agence plutôt réactive.