mardi 23 février 2021

Le bonheur est dans le pré

La gentillesse c'est bien.
Les attentions c'est mieux.
Ça faisait bien longtemps qu'on ne m'avait pas offert un bouquet.
Mais c'est bien la première fois que je mange celui qui m'a été offert...



Un bouquet de mâche, cueilli dans un jardin en permaculture, nettoyé au couteau.
Un cadeau délicieux.
L'émerveillement devant les bêtes, le paysage, la rivière.
L'étonnement de croiser, à cinq cents mètres de chez moi, un homme au sourire franc et droit.
Des conversations de bord de route et de chemins.
La surprise matinale d'une livraison insolite.



Deux troncs de lierre enlacés, avec leurs branches en bois de cerf, trouvés dans un chemin, transportés, en tracteur, à domicile... 

Faire connaissance, le temps d'un café, avec une voisine qui a aidé à transporter ce cadeau.

Vendredi, je cuirai une tarte aux pommes pour le déjeuner.







samedi 20 février 2021

Love is a ring of fire

Il avait dit "Je marcherais sur des braises pour arriver jusqu'à toi".
C'était faux évidemment.
La route semblait toujours plus longue quand c'était pour me rejoindre.
Mais aujourd'hui, moi, j'ai couru sur les braises pour m'éloigner de lui.

C'était joyeux.
Pourtant, pas de fête des Brandons en cette année covidesque.
Juste un moment en petit comité, et un feu miniature hautement symbolique pour nous tous.
Il y avait des enfants, un bébé, de la musique, du vin et beaucoup trop à manger.
Il y avait le vent dans la bonne direction, le ciel bleu, la rivière en arrière plan.


J'avais glissé dans un sac tout ce qui pouvait me rappeler les mensonges, les faux semblants, les accroires, les vérités tordues pour se faire plus présentables à son amour-propre.
Et le feu a emporté tout cela.

Il a emporté l'amour de ma vie, cette attraction incroyable, qui me semblait valoir être défendue dans les mauvais temps. N'est-ce pas cela s'aimer ? La rencontre de deux singularités entières. Qui se suffisent à elles-mêmes mais qui choisissent de s'élever ensemble. Être amis intimes, et traverser les moments difficiles sans se lâcher la main.

Tendre la main à l'autre pour qu'il se relève.
L'admirer et croire en son talent.
Lui faire une vraie place même s'il est loin.
Ne pas tout accepter mais pratiquer le pardon.
Rire de tout. Rire de rien.
S'endormir peau contre peau. Se réveiller dans la tendresse ou le désir.
Dire et guérir ensemble les vieilles blessures.
Si ce n'est pas cela, ça y ressemble drôlement.


A la fin, les garçons sautent le feu.


Cette année oui, comme chaque année, même sans fête ni public.
ils ont sauté par dessus les flammes.
Et nous les filles, nous avons aussi passé le feu,
en courant vite, vite, sans nous arrêter, sur les braises brûlantes.
Déterminées.
Persévérantes.
Des souvenirs en cendres.
Et sur la cendre, nous, prêtes à rebâtir.

Moi, très curieuse de mon rencart de la semaine prochaine...

Oui l'amour est un anneau de feu...







mercredi 17 février 2021

Incroyable bocage

 Sans la crise sanitaire, à l'heure qu'il est, je serais en Louisiane.


Où les fêtes de Mardi Gras ont été interdites, 
et la météo, aussi glaciale qu'à Montréal.
Je vivrais dans une maison sombre, triste et moche,
où j'aurais le droit de faire le ménage,
mais sans déplacer même une éponge,
car tout y est relique.

J'aurais sûrement froid, car rien n'est prévu pour ces conditions hivernales. 

Mais le soir je dormirais dans ses bras.

Je ne vais pas me mentir, je garde dans mon cœur ce blaireau magnifique, dont j'ai toujours pensé qu'il était l'amour de ma vie.
Ce qui est certainement vrai puisque, sinon, comment expliquer cette attraction que rien, finalement ne décourageait ?
Sans la fermeture des frontières, il y aurait eu un bout d'essai en temps réel, entre deux singularités, celle d'un homme pour qui l'amour est prison, et celle d'une femme pour laquelle il est liberté.
Liberté de choisir.
Liberté de partager ou d'être seul.
Liberté de réaliser nos potentiels, d'épanouir notre nature profonde.
On aurait été fiers des épreuves traversés ensemble, on aurait continué à rire.
Ou alors, fatiguée de le voir se soûler, et vieillir deux fois plus vite que moi,
j'aurais déjà déménagé chez une copine en attendant l'avion du retour.

Dans quelques jours le soleil leur reviendra brusquement, l'humidité coupera le souffle, les moustiques planteront leur trompe dans les peaux attendries par l'hiver.

Tandis que, depuis que les fils de nos vies se sont dénoués,
sur ce bord du monde, les cigognes sont revenues.
Dimanche encore, leurs HLM étaient vides, et voilà qu'ils sont pleins depuis hier.


Février s'ensoleille et s'enchemine.
Non, je ne vais pas me mentir.
Il y a dans cette histoire quelque chose de l'ordre de la chance ignorée.
Et pourtant, il faut bien l'admettre, 
je me sens plus heureuse, plus complète, et plus à ma place maintenant.
Un peu de mélancolie parfois, mais, je voudrais être triste, que je ne le pourrais pas.
C'est très étrange, plus mes jambes s'endurcissent sur les chemins, plus la tristesse se fait rare.



La rivière, peu à peu, regagne son lit.



Ce matin, la lumière était parfaite, 
l'air doux comme le souffle d'un enfant.


Encore quelques jours, et, vers le lit des feuilles brunes...




s'inclineront les fleurs des aubépines.
C'est un spectacle merveilleux que la lumière des jours qui rallongent sur le vert tendre du bocage et des sous-bois.
Et une émotion délicieuse de croiser le regard des hommes qui s'avancent vers moi.

samedi 13 février 2021

Crue d'amour : ni rancœur, Nicolère....

Je me l'étais promis, c'est désormais le temps de la gratitude.
Demain c'est la Saint-Valentin.
Pour célébrer cette belle journée, je suis allée cueillir un peu de ce printemps qui a bien du mérite à naître dans le froid polaire. 
Un bouquet de jonquilles sauvages, qui ensoleille et inspire mon atelier.


Et comme c'était jeudi la nouvelle lune,
j'ai considéré que cet entre-deux était le moment idéal pour un petit rituel de gratitude guérisseuse.
Reconnaître.
Remercier.
Laisser aller.

Pour reconnaître, j'ai fait la liste de toutes mes relations plus ou moins amoureuses passées.
Chez moi, au chaud et au calme, devant mon petit soleil de jonquilles.
J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois, en laissant filer quelques prénoms égarés...
Qu'est-ce qui avait déclenché cette histoire, ce moment, ce petit ou grand bout de chemin ?
Par quoi avais-je été séduite ?
Pas vraiment prévues par le protocole, toutes les pensées qui ont afflué pour nommer ce qui remplace parfois le désir, l'envie ou la séduction, dans des relations précipitées ou déséquilibrées... ou l'emphase des tournants de vie, de quête, la soif d'aventure.
J'ai noté, à part, quelques constantes et cheminements, pour pouvoir revenir dessus plus tard,
quand je devrai démonter les schémas répétitifs plus ou moins sains. 
Comme le bénéfice que l'on trouve à se laisser utiliser.
Mais ce n'était pas le temps du négatif, je n'ai gardé que le bon.

J'ai affronté le vent glacé pour rejoindre la rivière.
Elle est en crue, comme mes émotions.
Écrin de générations de joies et de chagrins
Égrégore idéal de toute célébration.
L'eau participe à un cycle. 
Sans jamais revenir en arrière.
Cueillette, au passage, d'autant de crocus sauvages qu'il y avait de lignes sur ma liste.

Et puis j'ai remercié
J'ai nommé chacun, et pour chacun je me suis remémorée ce qu'il m'a apporté, qui a participé à faire de moi ce que je suis.


Après cette méditation de gratitude, il était temps de laisser aller chaque histoire, chaque visage...
Un prénom, un adieu, un crocus au fil de l'eau...


J'ai fini en brûlant la feuille et en dispersant les cendres.

Je me suis aperçue ce matin qu'il n'y a plus en moi ni rancœur, ni colère.

C'est très agréable.

Les choses furent ce qu'elles furent, et je suis prête pour de nouvelles aventures...

Nouvelle page blanche à écrire.

Immense confiance en l'avenir.

Proche ? Lointain ? 

Je ne sais pas.

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Sur une idée de l'architecte du désir, Julie Du Chemin.

mercredi 10 février 2021

Le gentleman et le blaireau

Je viens de recevoir un cadeau d'un ami, des pages blanches et douces qui m'inspirent,
un vrai présent, un mouvement du cœur, de ceux qui te poussent en avant, en te disant : 
"Vas-y ! je crois en toi".
Un geste élégant qui n'attend rien en retour.

Et, le même jour, un dernier signe du ciel, envoyé par celui qui, il y a trois semaines encore, signait "ton padna", 
en souhaitant que nous restions amis, abstraction faite de toutes les galipettes hypocrites, pour rendre service certainement...

Un chèque en euros, pour que je puisse récupérer mon dernier avoir américain, impossible à transférer correctement depuis que je n'ai plus de numéro de téléphone américain.

Je m'apprêtais à répondre merci en appréciant l'aide (diligente il est vrai) de ce grand seigneur.

Quand j'ai vu le mot qui l'accompagnait.

Non non, pas un mot bienveillant ou poli.

Un mot de blaireau.

Un fucking taux de change, et une injonction : lui renvoyer un livre qu'il m'avait prêté.

La grande classe jusqu'au bout.

Maintenant je sais comment les riches restent riches et les (vrais) pauvres à leur place : 

ce blaireau, vrai richouille et faux vagabond,

qui prend l'avion comme tu casses la croûte, et aime beaucoup donner des leçons de bienséance, et de frugalité,

ce blaireau donc, va dépenser une somme en dollars aux USA, qui n'avait pas lieu d'être altérée par un taux de change, puisqu'elle ne sera pas transférée. Il eût été intelligent, honnête et cohérent, d'appliquer la règle du un pour un. 

Bah non : il se découvre une subite vocation de banquier, et se met finalement dans la poche $500 de pouvoir d'achat supplémentaire...

Un peu dans le même esprit que les rentiers qui grattent le RSA et vivent à l'étranger ...

Donc là, tu vois ce fameux livre ?

(celui qui n'a servi à rien vu qu'il n'a jamais eu envie de créer quelque chose avec moi ...)


Je vais le brûler aux Brandons...
il n'y aura pas de fête, mais il y aura de la joie !


Photo de Nelly Perret pour le blog des bateliers Hors du temps

Et il n'aura qu'à s'en racheter un autre avec les sous du taux de change...

Avec la dîme que ce crevard s'est prélevé, de toute façon, j'ai pas assez pour lui payer des timbres.

Autant participer à la célébration de la sortie de l'hiver.

(Merci ma Cédille pour cette brillante idée...)

Et après ça, je vous le promets, je ne serai que gratitude et compassion.

vendredi 5 février 2021

Tant va la rivière

L'Allier est en crue.
Après trois années de violente et longue sécheresse, la rivière reprend ses aises, envahit les chemins,

 
maquille les prés.


L'eau embrasse la terre, fait grimper les futreaux sur les berges, 


vient se frotter jusqu'à la levée naturelle.
C'est un vrai hiver, tout détrempé.
Je vois la vigne ruisseler vers les prairies, devenues lagunes dans la nuit.



Sous le ciel immense, l'eau brune danse,
emporte le nom de ceux qui n'ont pas su saisir leur chance.
Je fais confiance aux flots qui courent sans retour.
Bientôt, l'éclosion de l'aubépine viendra fleurir les haies d'épines.
Par les rues creuses, j'irai heureuse aventureuse.
Qui enneige les pluies de février ?
Ecrase sur ma langue les flocons en duvet.
Encore une lune avant le printemps.

J'explore de nouveaux passages...














mercredi 3 février 2021

L'étoffe des songes #4 Mémoire vive et mémoire morte

Je suis aux Etats-Unis, dans le métro, accompagnée de la femme qui m'héberge. Elle m'explique où changer, avant de partir de son côté.
Je suis paniquée. Je viens de m'apercevoir que je n'ai ni mon ordi, ni mon téléphone.
Oubliés ?
Perdus ?
Il me faut acheter  des cartes du métro New-Yorkais pour le Kid et moi. Elles aussi oubliées, je vais devoir les racheter au lieu de les recharger.
J'arrive enfin chez mon hôtesse, mes portables n'y sont pas. Je me repasse le film de la journée. Je les avais encore dans sa voiture, quand nous nous sommes engouffrées dans le métro.
Comment les retrouver ? Plus aucun moyen de communication, de mémoire, de lien. Subitement, mon coeur s'étreint de tristesse et d'angoisse. Elle arrive, essaie de me rassurer. Je ne suis pas vraiment seule.
Je capte mon image dans le miroir, mon ventre est nu, plat et musclé.
C'est sûr je rêve...

Occupée à rassembler mes différents états afin de prendre un nouveau départ,

je suis déjà dans un processus de reconnaissance de mon inconscient.

Je sais ce qu'il faut changer, couper, afin d'être plus consciente et capable de vivre dans le présent.

Pourtant, je reste tentée de revenir en arrière : je n'arrive pas encore à me tenir à ma décision.

J'ai sous-estimé la mémoire morte de mon cerveau. Ses fonctions inconscientes, qui résistent, trient dans les souvenirs.

J'ai l'impression de perdre la tête, de m'égarer dans des pensées obsessionnelles. 

C'est mon introspection qui m'a permis de mettre un terme à cette situation. Mais j'ai perdu mes repères habituels de fonctionnement, je dois me recentrer. C'est la fin de l'histoire, sans que je sois débarrassée encore de l'attente et du fantasme.

Patience mon âme, je réfléchis.

Arrête-toi un instant, occupe-toi de toi, de toi seule et de la reconstitution de ton énergie vitale.



lundi 1 février 2021

L'étoffe des songes #3 Le sens du rêve

Je revenais d'un cambriolage, avec mon sac noir bourré de billets, et je rejoignais ce groupe que je voulais aider. Mais il était trop tard. Au moment même où j'arrivais, il s'est saisi du sac, pour s'en aller avec son contenu.

Un peu plus tard, sur une belle et grande avenue, je cherchais mon chemin, et je l'ai revu. L'homme noir était là, au grand jour. Il ne se cachait pas. Avec l'argent du sac, il avait monté une affaire florissante et utile. Je lui en voulais de ce qu'il avait fait, de ce qu'il nous avait pris. Mais, finalement, il l'avait utilisé pour en faire quelque chose de bien, de bon. Alors, même s'il aurait dû en laisser un peu aux autres, je l'ai félicité, embrassé, et je lui ai pardonné.

Et puis voilà qu'un homme qui me devait de l'argent, a sorti une liasse de billets, qui lui a échappé pour tomber dans mon sac à main ouvert. où il s'est mélangé avec le mien. Comme il plongeait la main pour le récupérer, je lui ai sèchement saisi le poignet, et j'ai moi-même récupéré le tout pour trier.

Heureusement, mes billets étaient bien organisés, certains avec de petite intercalaires, d'autres dans des ziplocs. Et nous avons chacun pu récupérer notre dû, sans que personne ne soit lésé.

Qu'est-ce que je cherche dans ma vie éveillée ?  Chaque jour est une quête vers mes désirs profonds. Je  sens bien que je traverse une période particulière, solitaire et pleine, qui me conduit vers une autre dimension de vie. Il n'est plus temps de percer des secrets, de résoudre les vieux tourments. Rien ne peut se construire sur le souvenir du malheur. L'immiscion dans ma vie, de quelqu'un qui n'aurait pas dû y être, prend un sens nouveau, celui de la prise de conscience des douloureux schémas répétitifs auxquels il est temps de mettre un terme.

Une plaie ancienne, toujours un peu à vif, se referme enfin. Propre. Nette.
C'est le temps de la guérison.

Ces dernières années, pour me sentir aimée, j'avais nourri le pauvre qui est en moi. Celui qui étouffe sa créativité, celui qui sert les besoins de l'autre, comme s'il était indigne que l'on respecte les siens.


Mais voilà qu'une autre partie de moi, veut devenir riche. Masculine et obscure, refoulée derrière les amours de substitution, elle est sortie de l'ombre pour rafler mes pensées les plus intimes, cachées, secrètes. Et dans ce sac de pensées, il y avait le désir profond de me sentir aimée pour moi-même, mon identité de femme farouche qui court avec les loups. Grâce au travail d'introspection, je me réconcilie avec ma nature première.


Je suis devenue entière.

C'est comme si mon cerveau s'était emparé de l'assurance que donne la confiance en l'avenir.

Depuis le début de cette année, je multiplie les rencontres inspirantes, avec ceux qui ont des valeurs, ceux qui réalisent leur rêve, ceux qui me poussent à réaliser les miens, ceux qui croient en eux, et ceux qui croient en moi.


Le glouton de B-gnet dans mon Bujo. 


Chaque matin me voit curieuse des surprises de la journée. Chaque soir me trouve curieuse de m'endormir sur l'étoffe où se tisseront mes songes.