mercredi 26 octobre 2016

Leçon de choses

Gros succès du chiquage de canne à sucre,
plante vasculaire à fleurs. 

Photo internet
prise à l'île de la Réunion
Crédit Serge Gelaberts

Les fleurs, on ne les voit jamais ici, parce qu'on la récolte avant.
Mes élèves pensaient d'ailleurs que ce n'était pas une plante à fleurs.
Mais en fait c'est une grosse graminée, genre herbe de la Pampa.
On laisse un morceau de tige pour la repousse.
Et tous les trois ans, on repique des tronçons donc pas besoin de graines.
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce que je teache les sciences déjà.
Et qu'aussi parce que la canne est un élément essentiel de la vie économique Louisiannaise,
comme le pétrole et la pêche.
Oui, je teache les social studies également...





En ce moment, c'est la récolte.
Donc, tu coupes une canne, tu l'épluches , tu la chiques et tu recraches
C'est très bon.

Seulement deux de mes élèves connaissaient.
Je trouve ça cool, de passer aux jeunes leur propre culture...
Et on dit merci qui ?
Eh oui, encore un truc appris avec Bobby...



mardi 25 octobre 2016

Un p'tit beurre des touyous

Allez
un petit mot juste pour vous dire que les anniversaires se suivent et ne se ressemblent pas.
Enfin si, il y a une chose qui ne change pas : je suis loin, mais vous êtes là.
Vous et tous ceux qui me témoignent leur affection, leur souvenir, leur fidélité, leur amitié.
C'est sans prix.
Comme ce cadeau reçu de Barbara.



Mais cette année, autre temps autre lieu,
il y a eu un potluck en bonne compagnie samedi.
Au soleil d'automne de Louisiane, la douceur de vivre et les fleurs rouges du jardin de Martine.



Dimanche, petite balade en pirogue avec mon beau.



5h00 de pagayage, un peu plus long que prévu,
mais absolument magnifique,
pas de moteur signifiant plus d'hérons bleus, d'aigles, de carencros (faucons), de martins pêcheurs, d'alligators (si, ils glissent doucement devant toi...), de tortues.







Se faire un peu peur en franchissant les vagues des vrais bateaux avec mon capitaine.
Et rentrer à la maison.
Inoubliable.




vendredi 21 octobre 2016

Ecole avec vue #9 United States

Peinturé dans la cour de l'école par une collègue
(elle l'a fait sur un grand papier au mur, puis elle a découpé en puzzle pour faire des gabarits).
J'aime bien.


Créneau porteur


Vous voyez là ce qui fait baver d'envie mes élèves et parfois les adultes : les stylos qui s'effacent,
apportés dans ma valise l'an dernier.
A chaque voyage en France je rapporte des cartouches, et du reste je sais pas si je vais aller au bout,
car je viens de décider de ne pas rentrer à Noël.
A mon avis un bon filon, car on en trouve très rarement ici, pays où les élèves écrivent principalement au crayon, sur du papier pourri.

Automne

Automne ici, ça se dit autumn, mais plus souvent fall.
j'aime bien ce mot, qui fait virevolter les feuilles brunes rien qu'en le prononçant.
Une toute petite syllabe, pour un très léger changement de saison,
la clim coupée (chez moi, ailleurs on peut crever de froid...), les fenêtres ouvertes,
la lumière moins violente,
les jours qui raccourcissent, la température qui s'adoucit.
En rentrant tout à l'heure,
je ne sais pas pourquoi,
peut-être un peu moins de tension depuis le break de la semaine dernière,
(j'ai décidé d'arrêter de me plaindre déjà,
vu le sort bien pire réservé à beaucoup de mes collègues)
peut-être l'effet fall des feuilles qui atterrissent sur la galerie et l'herbe de la cour fraîchement fauchée,
peut-être le doux carillon des wind chimes



peut-être de regarder le monde à travers les screens,



peut-être les oranges et les pamplemousses déjà presque à point,
peut-être la plaquemine (kaki) qui mûrit sur le bord de la fenêtre, et qui me fait penser à Bobby
(une des milliers de choses que j'apprends avec lui).





J'ai pensé : tiens, c'est mon premier automne louisiannais.
Pourtant non, ça ne l'est pas.
C'est que l'an dernier je ne restais pas à la même place,
depuis ma grotte colouée, le monde m'apparaissait différent.
Ou alors c'est moi.
Je sais pas, je voulais partager ça avec vous,
qui m'êtes si fidèles,
le sentiment qu'une page se tourne,
qu'une nouvelle période commence,
le cœur qui se gonfle de gratitude sans raison particulière.
Une émotion intense, fugace et douce.

mardi 18 octobre 2016

Prends courage à Pierre Part

La semaine dernière, j'ai eu l'occasion de présenter mon travail musical devant une classe de chant de l'université de Louisiane à Lafayette.
En écrivant son adresse courriel dans mon bullet, une des étudiantes a rajouté ce petit mot :
"Vous avez un grand raison d'être ici à la Louisiane. Sans toi, ce n'aurait pas été possible de trouver ce lien comme vous avez nous montrer."
Alexandra est un produit de l'immersion, qui s'approprie sa langue, à l'intention de participer au programme Escadrille d'échange avec la France, puis de revenir enseigner en français chez elle.
Le genre de rencontre qui donne du sens quand on se sent submergée de trop de travail ou d'émotions.
Qui fait qu'on continue à s'investir au lieu de balancer des trucs qui prendraient moins de temps mais seraient aussi moins efficaces.



Deux jours après, un autre étudiant m'a écrit "Prends courage à Pierre Part".
Et du courage il m'en faut pour reprendre ce rythme effréné après une semaine de break qui n'a pas été de tout repos.
On va immédiatement effacer la liste d'emmerdements qui ont bien plombé l'ambiance : le Kid qui est resté enfermé dans sa chambre, refusant absolument toute sortie autre que la boxe. Il n'aura quasiment rien vu de la Louisiane, du festival, de Nouvelle Orléans, de rien...parce qu'il ne veut rien faire seul, ou avec des vieux...
Son permis américain, qu'il a passé sans problème, mais qu'il n'a pas eu matériellement, parce qu'il faut attendre le feu vert des services de l'immigration, et que ça va prendre des semaines.
Son permis français, qui n'est que provisoire, un bout de papier sans photo, qui ne lui permet pas de conduire ici. Sa carte d'identité qu'il a fallu renvoyer en FedEx en France pour que son frère puisse retirer le permis définitif... Croisons les doigts que ça arrive la semaine prochaine...
Car entre temps il est parti au Tennessee avec Mike, où il n'aura pas d'autre choix que de dépasser ses limites et ses craintes, enfin j'espère.
Pis la voiture qui donne de gros signes de faiblesses, même après le passage chez le garagiste.
Et beaucoup de temps perdu au téléphone pour un billet d'avion acheté pour un ami dans une compagnie low-cost.
Bon, ça c'est fait.

Mais il y a eu aussi, et je ne veux me souvenir que de ça, ce travail de recherche à la fac, qui m'a donné envie de redevenir étudiante.


La semaine passée avec mon beau, le vélo, les bras, la musique, la danse, le ragoût d'écureuil.
La balade avec sa fille dans Nouvelle Orléans, la nuit dans une plantation où il jouait.















 Enfin, tous ces moments qui n'ont pas de prix, qu'on ne raconte as, juste on les vit.
Ces souvenirs que tu engranges,
pour prendre courage quand il faut y retourner.




vendredi 7 octobre 2016

En pente douce

Il y a dans l'air une douceur,
quelque chose d'indéfinissable,
qui apaise la tension professionnelle et redonne de la légèreté au quotidien,
en rosissant la nuée du matin, quand je ride mon bike le long du bayou.


J'ai toujours autant de travail,
mais j'accélère, je traverse,
et surtout la semaine qui vient j'ai un gros break.
Lundi et mardi c'est off pour le Columbus day, et fall.
Et comme je suis invitée, par un prof de l'université, à utiliser les archives pour mes recherches,
l'école m'a donné un jour de plus. J'ai complété par deux jours perso (on en a 2 plus 8 sick leave)
Le lundi suivant il y a une conférence sur l'immersion,
bref, ça va me faire du bien de changer d'air,
même s'il est léger.





Le Kid est déjà parti à Lafayette pour passer son permis.
Il s'y est trouvé une salle de boxe, sa passion.


Et c'est tant mieux, car franchement, au quotidien, c'était aussi insupportable que quand j'étais en France.
La vérité c'est que quand il va mal, je lui sers de puching-ball et qu'il me mine le moral avec ses propos et ses pensées toxiques.
La vérité c'est que j'aime mes enfants mais que je ne veux plus m'occuper d'eux au quotidien, être tributaire de leur emploi du temps, de ce qu'ils aiment ou n'aiment pas.
La vérité c'est que tout ce que je propose ne convient jamais et qu'il faudrait que je fasse comme il veut lui.
La vérité c'est que, quelque part, je lui en veux d'avoir choisi une sorte de facilité en venant me rejoindre ici, au lieu de monter son propre projet.
La vérité c'est que je veux qu'il prenne sa vie en main, sans se laisser plomber par ses peurs, qu'il n'avouera jamais, mais qui le paralysent dans une inaction insupportable.
La conséquence c'est que probablement il doit se sentir rejeté parfois, même s'il sait que je ne le laisserai pas tomber.
Quand il boxe, il est très heureux, et il se donne à fond et je suis sincèrement contente qu'il ait l'opportunité de le faire ici, c'était son rêve.
Le seul tracas c'est que la vie, c'est pas toujours un rêve, et qu'il faut bien se coltiner la réalité...
Mais la vérité aussi c'est que je sais qu'il faut leur faire confiance, avoir le courage de résister et de dire non, pour qu'ils traversent, eux aussi, leurs tunnels sombres, froids et tourmentés.
Mike arrive en fin de semaine prochaine et ce sera une nouvelle page qu'écrira le Kid, sans moi.
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Photos prises le week-end dernier à Jefferson Island.
Les Island ici, ce sont des îlots sur la plate terre louisiannaise, recouverte par la mer au temps du jurassique, laquelle en se retirant, a laissé le sel, qui forme des dômes, dont on exploite les mines.
C'est parce qu'il y a du sel et des piments, qu'à Avery Island, on fabrique le Tabasco.
Malheureusement, celle de Jefferson Island a été percée par un forage pétrolier hasardeux de Texaco, qui a provoqué un de ces sinkholes impressionnants et malheureusement pas rares en Louisiane...
C'est pour ça qu'on voit la cheminée et les poteaux électriques au milieu du Lac Peigneur...




mardi 4 octobre 2016

La tête dans les étoiles

Ce fut mon premier vrai week-end depuis la rentrée, sans le blues du dimanche soir,
la première fois que ma classe du lundi était prête.

Au menu queue d'alligator (c'est bon)





feu de camp


Poisson dans la chaudière noire


Le même au petit déjeuner,
après une nuit sous les étoiles...


La vie farouche continue d'être belle...
Bonne semaine les amis !

En apnée

Je vous écris dans l'aube louisiannaise, qui me voit levée tous les jours à 5.00, en profitant d'une légère accalmie après des semaines de pénible tension.
Je ne suis pas malheureuse.
Mais je ne suis pas heureuse non plus : presque pas le temps danser, de chanter d'écrire.
C'est pas du tout la vie que je veux.

Je me suis retrouvée écrasée de travail, et même si j'ai reçu de l'aide de quelques collègues qui m'ont donné leur matériel, ce n'est pas suffisant. Beaucoup travaillent à l'arrache et souvent il faut ajuster énormément pour correspondre aux attentes de la paroisse.
Sans compter que mes élèves n'ont pas de très bons résultats, pour un tas de raisons, mais certainement pas parce qu'eux ou moi on ne travaille pas.

Ce qui m'a aidé à tenir ce sont les petits bonheurs d'enseignante,
un goût pour la classe qui n'est pas remis en question.

Dans les copies


Dans les toilettes


Dans mon bullet


Sur mon vélo (c'est sûr, je teache les sciences...)


Ce qui m'a aidé à tenir, c'est l'amitié de mes collègues belges de l'école, de certaines expatriées, vos petits mots que je  passe lire quand je peux , Bobby farouche
et aussi cette idée fondatrice que tout passe et qu'il faut juste attendre de traverser.

Je peux pas dire que ce soit fait, l'année sera rude.

Mais galvanisée par cette sensation d'étouffement, j'ai -vous allez rire-
réactivé mon dossier de retraite.
Pas évident, vu la multiplicité des régimes auxquels j'ai cotisé.
Cependant, j'ai fini par recevoir un relevé complet, d'où il ressort que j'aurais tous mes trimestres en 2018.
Deux ans avant mes 60 ans, date à laquelle je pourrais bénéficier de ma retraite à taux plein, au bénéfice des carrières longues.
Concrètement, cela signifierait que, si je veux rester en Louisiane deux années supplémentaires,
sous extension de visa, mais en dispo au lieu de détachement (comprendre : sans cotiser à la retraite),
ce serait possible, et financièrement plus light (je paie tout moi-même actuellement),
d'autant que Franzouski sera autonome l'an prochain.
Du coup, ça donne du sens à mes efforts, qui, jusqu'à maintenant, me paraissaient vains sur une si courte durée.

La deuxième chose c'est que ma façon de travailler change encore, et beaucoup.
L'objectif est double : gagner du temps sur la préparation de la classe, et aider les élèves à recevoir le fruit de leurs efforts.
To be continued...