Et certains rêves se réalisent quand on ne s'y attend plus.
Surtout que l'on ne me réveille pas !
Entre ciel et rivière, le bocage bourbonnais est toujours là pour me réconforter. Heures claires et heures sombres du quotidien de Madame Nicole.
Le temps semble s'accélérer.
Nous avons pourtant décidé que rien ne presse. Les aller-retour Allier-Bretagne-Allier nous permettent de continuer à déballer ensemble le cadeau perpétuel qu'est notre relation. Réciprocité. Chronophage. Nous devrons prendre une décision cet automne.
Du temps, j'en ai dépensé pas mal pour venir à bout de mon dossier retraite, que je suis sensée prendre au 1er novembre. En feuilletant les bulletins de salaire de... 1978, pour compléter, sans relâche, les périodes "manquantes" pour la complémentaire (mais complètes pour la Carsat 😣), j'ai réalisé quelle longue vie de labeur j'ai eu. Çа suffit je trouve.
Je voudrais juste profiter, me perfectionner en russe, écrire pour moi, voyager, jardiner, danser.
Pourtant, avec 12 trimestres d'avance, il me faut travailler encore un peu, pour compléter mes revenus.
Alors j'y retourne, en y mettant de l'intérêt, parfois même de la joie. Une forme de gratitude pour cette sécurité un peu frustrante d'ancienne pauvre.
La vie n'est qu'un passage.
Quelle qu'en soit la durée, il faut savoir s'y installer et y prendre ses aises.
Bien que sachant que je ne vieillirai pas ici, j'ai pris le temps de faire un vrai jardin de ce carré de pelouse stérile.
Quand il est là, Dantchik y travaille avec moi. J'aime bien. Comme j'aime me dire que les ribambelles de fraises attendent les petites mains de Vania. Mais je m'y trouve bien, seule, aussi.
Partie deux semaines en Bretagne, j'ai cru le retrouver grillé par des températures caniculaires privées d'eau. Mais non. Bien qu'il fut temps, il avait tenu le choc. C'est que je paille tout afin de limiter l'évaporation, et que je tonds très peu, pour diminuer la température au sol. A peine une allée de circulation, et un carré pour sécher le linge.
A part les plants du potager, tout a été offert ou maraudé.
Je partage ma production avec les bestioles. Je leur laisse les déchets de la salade à couper, les montées en graines et la taille des cardes. Je ne déplore à ce jour que la perte d'un pied de concombre. Je laisse monter en arbuste le vieux chou palmier qui me régale les yeux après avoir contenté mon estomac tout l'hiver.
En cet étouffant mai, qui ne laisse rien présager de bon, je fais abstraction du vacarme du monde, en descendant mon plateau de petit-déjeuner, dans la fraîcheur de l'ombre qui s'étire assez tard dans la matinée.
C'est pas bien, mais je lis en mangeant, j'aime bien m'instruire chaque jour, après avoir pris le temps d'admirer ce miracle de pétales colorés, de tendres artichauts, de blettes jaunes et rouges, et de coussinets de trèfle blanc. Quelques cerises viennent enguirlander le petit arbre planté à l'automne. Les deux pieds de vignes partent à l'assaut du puits.
J'y travaille encore une heure, à la fraîche. Cette bouffée d'air frais remplace la gym matinale et la méditation hivernales.
Je m'y détends.
Je m'y retrouve.
Je m'y inspire.
Je veux partager avec vous cet enchantement d'une après-midi passée au Mont St Michel avec les enfants de Dantchik. Le genre d'activités qui crée des liens et des souvenirs inoubliables.
Ils avaient réservé une sortie guidée dans la Baie et franchement c'est à faire.
Pieds nus dans la tangue (l'argile très glissante qui recouvre le sable), dans l'eau des rivières, et à pieds joints sur le trampoline des sables mouvants, nous n'avons pas vu le temps passer.
Au retour, un peu cuits, nous avons grimpé jusqu'à l'abbaye. Une merveille architecturale, construite sur une très petite surface finalement. Nous n'avons rien lâché face aux jeunes, dans les escaliers qui n'en finissent pas.
L'orage annoncé avait conduit les guides à la journée (traversée de la baie) à annuler la sortie le matin, surtout que des pèlerins étaient restés coincés la veille au soir, par le mascaret, dans la chapelle de St Aubert. Nous étions très peu nombreux sur le sable et derrière le Mont.
La pluie et la grêle ne se sont finalement abattues qu'au retour, quand nous étions dans la navette. Le temps d'arriver à la voiture, nous étions trempés, épuisés, et heureux.
Petite digression pour parler des sous : un euro le pipi, la dame perçoit un salaire, les pièces sont pour la commune, et c'est nickel propre. En revanche, alors que le prix a doublé en un an, elle n'a pas vu la moindre augmentation.
Le prix de la sortie : 10 euros par personne, pour un guide excellent, c'est très mesuré.
Il existe encore un accueil pélerin sur le Mont, nuit et petit déjeuner en donativo (30 euros conseillés, si on peut). Cela me plairait bien de passer de coquillette à miquelote. Puis de redescendre à St Jacques par le chemin côtier.
Les jeunes avaient préparé des sandwichs, et heureusement, vu le prix exorbitant des restaurants. Je ne parle même pas de l'omelette de la mère Poulard, 34 euros, nature. Mon berger qui me ravitaille en œufs en aurait une attaque. J'ai quand même payé un coup raisonnable dans un bistrot en fin de sortie, dans une établissement sans vue. Si tu vas le long des remparts, c'est le double.
Nous avons visité l'abbaye : 11 euros, un petit flyer explicatif bien suffisant. L'audioguide est en plus. C'est gratuit pour les demandeurs d'emploi, bénéficiaires des minimas sociaux, ainsi que tous les jeunes de l'Union européenne de moins de 25 ans.
Comme d'habitude, j'ai rapporté, pour mon frigo, un magnet à 4 euros, fabriqué en France (pas facile à trouver).