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samedi 25 octobre 2014

Behind the picture #3 Why they are the Grand Canyon

Pour comprendre les prochains épisodes sur Supai,
il vous faut savoir qu'au commencement, il y eut  deux frères jumeaux : Tochopa le bon et Hokomata le mauvais.
Hokomata, il est comme le diable de l'homme blanc,
c'est un dieu de discorde et de guerre.
Après une terrible dispute avec Tochopa, il lui annonça qu'il allait noyer le monde.
Tochopa était bien triste.
Il avait une jolie et courageuse petite fille, Pu-keh-eh, qu'il aimait tendrement.
Elle portait les courges dans le kathak,

  et elle portait l'eau dans l'esna, sans se plaindre jamais.

Mais cet amour n'était pas la seule raison de la sauver des noirs desseins d'Hokomata. C'était aussi que d'elle descendrait toute l'humanité pour laquelle ce monde avait été créé. 
Et c'est pour cela qu'il lui avait appris à tresser les paniers.
Pour qu'elle l'apprenne plus tard à ses enfants.
























Alors, vite, il coupa un grand pin pignon, l'arbre sacré,
et jour et nuit il travailla à le creuser soigneusement,
et à la fin, il ménagea une petite fenêtre d'observation.
Dans la cavité, il plaça de la nourriture, et tout ce qu'il fallait pour survivre.
Quand il fut prêt, il appela la fillette et lui dit de se cacher dans l'arbre.
Ce furent de bien tristes adieux, mais elle faisait confiance à son père
et elle s'allongea au creux du tronc, dont il scella les ouvertures.

Il pouvait maintenant s'asseoir pour attendre la destruction du monde. 

Il ne fallut pas longtemps avant que les inondations ne commencent.
Ce fut bien plus que de la pluie, un véritable déluge qui entraîna des cataractes,
des rivières rageuses, des trombes d'eau furieuse,
qui grondaient plus fort encore que mille Hackataias (1) et recouvrirent bientôt toute la terre.



Toujours, pendant ce temps, le tronc sacré flottait.
Dans ses entrailles, bien au sec, 
Pu-keh-eh alllongée voyait bondir les eaux de plus en plus haut, jusqu'à recouvrir les sommets d'Hue-han-un-patch-un (2), d'Hue-ga-woo-la (3), et de toutes les autres montagnes du monde.



Cependant, le ciel ne pouvait pas pleurer ainsi indéfiniment, et, peu de temps après que ne cesse le déluge, l'eau qui couvrait la terre trouva un moyen de se frayer un chemin jusqu'à la mer.

En s'y précipitant, elle coupa à travers les roches des plateaux, ouvrant ainsi le profond Chic-a-mi-mi (4) d'Hackataia.



Bientôt toute l'eau eut disparu.
C'est ainsi qu'un jour, Pu-keh-eh s'aperçut que son embarcation ne flottait plus. Elle regarda par la lucarne. L'air était encore brumeux et sombre, mais au loin elle apercevait la silhouette des sommets de San Francisco Peak, et tout près d'elle le canyon du petit Colorado, et à l'ouest et au nord était Hackataia, et à l'ouest était le canyon d'Havasu.

Voyant que l'eau avait disparu, elle sortit et elle bâtit sa maison,



 puis elle commença à faire de la poterie et des paniers, comme son père le lui avait appris, bien longtemps avant.




 Elle était capable de cuire son pain, mais elle se sentait seule.


 C'est que l'inondation avait duré si longtemps que l'enfant avait grandi jusqu'à devenir femme. Et qu'est-ce qu'une femme sans enfant à son sein 
Comme elle désirait être mère !
Hélas ! N'y avait-il pas d'homme dans tout l'univers ?
Pas de père pour son enfant ?

Jour après jour, le désir de maternité envahissait son cœur,
jusqu'à ce qu'un matin, l'obscurité décline pour laisser place,
depuis l'est lointain,
à une brillante et douce lumière.
Le soleil triomphant venait à la conquête de la longue nuit
pour illuminer de nouveau le monde.
Il vint chaque jour plus près, si près qu'il finit par passer les sommets de la mesa.
Alors Pu-keh-eh se leva et rendit grâce à Tochopa de lui avoir envoyé un père pour son enfant. 




C'est ainsi qu'elle conçut,

et que dans la plénitude des temps,
elle enfanta un merveilleux garçon,
qu'elle appela En-ya-un, le fils du soleil.





Les jours passèrent,

et voici qu'elle sentit encore en elle le désir de la maternité.




À cette époque,
elle avait marché loin à l'ouest
et avait gagné le merveilleux canyon d'Havasu, 




où, au plus profond des rochers, couraient de grandes et glorieuses cascades.



Wa-ha-hath-peek-ha-ha était l'un de ces rapides,
et quand elle le vit, elle su qu'il serait le père de son deuxième enfant.
Et voici qu'encore naquit cet enfant.
C'était une fille
et depuis ce jour, toutes les filles d'Havasu sont fières d'être appelées les « Filles de l'eau. "

Le temps déroula encore ses vagues,
et ces deux enfants grandirent.
Ils se marièrent, parce qu'ils étaient des dieux
 et ils engendrèrent l'humanité.
D'abord les Havasupais, 



puis les Apaches, puis les Hualapais, puis les Hopis, puis les Paiutes, et enfin les Navajos.
Tochopa vint dire à tous où ils devaient vivre.

Et c'est là qu'ils doivent encore se trouver aujourd'hui...



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Edit 1 : Les deux rochers totems sont les protecteurs d'Havasupai,
Tochopa et sa fille Pu-keh-eh

Edit 2 : texte librement adapté d'un extrait de "The Indians of the Painted Desert Region / Hopis, Navahoes, Wallapais, Havasupais, George Wharton James, http://www.gutenberg.org/files/44627/44627-h/44627-h.htm

Edit 3 : crédit photos : le flood en couleurs / photographersadventurers.com, tout le reste, archives de Northern Arizona University, California historical musem & Denver museum.

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1. le fleuve Colorado
2. San Francisco peaks
3. Williams Mountain
4. Canyon

vendredi 24 octobre 2014

Behind the picture #2 Diabete : a new way of extermination

C'est un nouveau moyen d'extermination.
La nourriture.
Après, les fusils, les virus et l'alcool.

Autrefois, les indiens n'étaient pas tous nomades et chasseurs.
Leur activité principale dépendait du climat en fait.
Il y avait donc des tribus d'agriculteurs : maïs, pommes de terre, haricots, courges...
Aujourd'hui, à tout ça, s'ajoute l'American way of life : le gras, le sucre, les sodas...
Le tout gentiment fourni par le gouvernement en période de disette...

Personnellement, j'ai été très impressionnée par le tribal store d'Havasupai :
quasiment que de la junkfood et un tout petit rayon fruits/légumes hors de prix.
Quand on pense que c'était un peuple de cultivateurs...
Un paradoxe permanent : la religion et la nourriture des blancs,
et pourtant le souvenir très vif, douloureux, des humiliations subies (à venir : Behind the picture #4)

Étaient-ils génétiquement prédisposés ?
Je ne sais pas trop, les études ne sont pas très claires.
Ce qui est certain, c'est que de l'Alaska à l'Arizona,
le radical changement de mode de vie a clairement débouché sur un problème de santé publique : l'obésité et le diabète sont les deux fléaux les mieux partagés par les natifs.
Et autrefois, manifestement, ce n'était pas le cas.
Il n'y a même pas 100 ans, les premiers américains ne connaissaient pas de maladies chroniques.
Mais dans les 5 dernières années, le diabète est devenu la quatrième cause de mortalité dans les communautés indiennes, la première étant les maladies cardio-vasculaires...
Non seulement ce sont eux qui connaissent le plus fort taux de tous les groupes ethniques américains, mais en plus, ce taux croît plus vite que dans le reste de la population, avec une prévalence non négligeable chez les jeunes.

Photo archives Grand Canyon
Elles sont vraiment jolies ces filles... Et les Supai girls d'aujourd'hui ont le même sourire.

Avec un taux record chez les Pimas d'Arizona (ceux du Mexique sont restés minces , ils vivent encore de manière traditionnelle),
mais aussi les Supais,
qui sont vraiment une très petite tribu,
isolée au fond d'un canyon,
Il faut bien voir que, quand on dit diabète
on dit aussi amputations, maladies rénales, cécité...
Et ça se sent tout de suite quand on arrive sur la place du village,

 Photo perso


 alors que ça n'était pas encore le cas dans les années soixante-dix.


Photo archives College Park - Maryland

Eljean, à qui vous avez écrit
(merci, il a montré les cartes à Carrie, qui dit qu'elles sont extras...surtout celles de la montagne.
C'est qui qui a envoyé de la montagne ?)
Eljean donc, je pense qu'il a plus ou moins mon âge, et une canne... ça fait peur.

Autrefois, les gamins passaient leur temps à cheval ou à nager dans les piscines turquoises.
Aujourd'hui, comme tous les ados occidentaux, on est à deux doigts (humour) de la tendinite des phalanges tellement ils sont accros de la tablette...

diabète 1 - effort physique 0

Un retour en arrière est-il possible ? Je ne pense pas, et c'est normal. Personne n'a envie de revenir à la lampe à huile.
Mais pour la manière de se mourir nourrir, il y a certainement quelque chose à faire,
et il faut espérer qu'ils vont s'y investir avant d'être décimés par une maladie d'homme blanc...



Behind the picture #1


Que pourrais-je dire des natifs ? Je les ai à peine croisés,
quand on est touriste, et qu'on ne fait que passer, on ne crée pas de véritables liens,
On peut dire, en gros, que nos fantasmes se nourrissent de nos préjugés.

Sur la nation Navajo, la plus grande, on  a bien remarqué deux ou trois trucs :
que leurs écoles sont bilingues,
leur administration tribale,
que derrière les croisements de routes touristiques, bordées de stations-services, d'hôtels et de dinner,
quand on s'engage dans les faubourgs de Kayenta,
les routes deviennent des pistes,
les lotissements des bidonvilles, aux toits de tôle ondulée retenus par des pneus.
Certaines familles n'ont même pas l'eau courante,
un cochon noir en liberté...
La nourriture américaine arrangée, le pain frit autour du hamburger, arrosée de thé glacé,
la réserve est sèche, l'alcool est interdit.
Et puis l'obésité, le surpoids, très impressionnant, y compris chez les plus jeunes.
Je n'ai pas pris de photos, je ne me sentais pas de jouer les voyeuses.

A une dame âgée, qui avait un chien sympa (il y a des chiens partout)


j'ai acheté des bracelets,
c'était vraiment pas cher.
Le bois est local, c'est du génévrier (juniper ) qui pousse comme du chiendent.
Le reste je ne sais pas trop, si ça se trouve, les perles viennent de Chine...
Les natifs les assemblent, et on trouve des stands absolument partout au bord des routes.
On a l'impression de voir la même chose dans chacun d'eux, mais en fait non.
Ça dépend beaucoup du goût et de la créativité de celui ou celle qui assemble, il faut bien regarder
(et ne rien acheter dans les boutiques d'hôtel, absolument hors de prix).



Quelques jours plus tard, on a dormi dans la réserve Hualapai,
avant de descendre dans le canyon pour atteindre la minuscule réserve Supai.

D'Havasu 'baaja, en général, vous ne verrez que cela :
les chutes, des hikers et des jumpers, fiers de leur exploit.



Moi, j'avais surtout très envie de visiter l'école de ce village de 600 âmes,
parce qu'elle m'a fait penser aux écoles de chez nous.
Mais je n'ai pas eu le temps de gérer.






J'ai regardé le ballet de l'hélico.
je me suis demandé comment ils font pour les grosses machines de chantier,
ou les mini véhicules qu'il utilisent désormais pour les travaux publics,
ou le transport des personnes âgées dépendantes.




Sally m'a expliqué que c'est hélidescendu en pièces détachées,
puis monté sur place.



Il y a des chevaux partout, c'est encore le moyen de transport le plus usité.



Et puis de la technologie aussi.




Mais pas de cimetière.
La femme du pasteur m'a dit que les tombes sont sur des terrains privés.
Mais là non plus, j'ai pas fait de photo.
C'est trop privé, trop sacré.