Je suis gourmande.
Très.
J'aime le sucré, le salé, ET le sucré-salé.
Après chaque tablette de chocolat
après chaque part de trop,
je me dis, c'est la dernière.
et ce n'est jamais la dernière.
Or, depuis trois jours,
profitant pleinement des ces étrennes de l'enseignant
qu'est la débâcle du mois de janvier,
une seule chose me fait envie : le riz.
Avec un trait de sauce Maggi,
soyons fous.
Ne nous méprenons pas,
j'aime toujours le sucré, le salé, ET le sucré-salé,
mais là,
je n'ai envie que de riz.
Avec un trait de sauce Maggi.
Dans ma vie professionnelle
ça a toujours été un peu pareil.
J'aime les défis, les challenges, être toujours charette.
Ce qui fait qu'en voyant l'appel à candidature pour le nouvel Établissement de réinsertion scolaire*
qui doit ouvrir ses portes à Guéret et accueillir six élèves dès le mois de mars (ça doit être ce qu'on appelle une école de campagne...)
mon ego
qui est assez formidable
a bu son verre de petit lait en repensant au rapport que lui et moi on avait rendu en juin...
puis il a voulu cliquer sur open office pour écrire sa lettre de candidature au recteur.
C'est à ce moment là que ma conscience a tendu un seau à mon MOI (mon ça ne s'est rendu compte de rien, il est toujours occupé à se répandre dans mes phrases), subitement écœuré.
Je n'ai pas vraiment envie de faire ça.
Ce n'était pas à proprement parler de l’écœurement, mais plutôt une sorte d'inappétence.Ce n'est pas que je n'aime plus mettre les bouchées doubles,
c'est davantage de l'ordre de la vacuité.
C'est vain.
Subitement
j'ai eu envie de continuer à faire cuire du riz
dans ma vie professionnelle aussi.
Avec un trait de sauce Maggi.
Quand même.
Un quart de dixième de seconde plus tard, j'avais éteint mon ordi.
Ce qui m'a laissé du temps pour descendre bricoler au sous-sol.
Oui, pendant les vacances de Noël, je n'ai pas seulement contribué à la création du concept de non-sapin, recommencé à cuire des cookies, lu des vrais livres, et écrit des bêtises, j'ai aussi rien foutu et rangé le sous-sol.
Ami lecteur, si tu n'es pas Danaïde, tu n'as aucune idée de ce qu'est le rangement d'un sous-sol
une opération de grande envergure qui exige d'avoir l'esprit libre :
- passer trois jours à réfléchir comment on va faire et pourquoi ;
- trois autres jours à déplacer des trucs de la cave au garage, du garage à la buanderie, de la buanderie au bureau, et notamment des cartons pas ouverts depuis ... 2007.
- deux jours à trier VRAIMENT ;
- deux jours de photos et d'annonces sur le Bon coin ;
- et enfin une journée de déchetterie.
Devant cet espace vide et propre,
j'ai repensé à ces vacances de Noël 2009, occupée à déprimer tout en concevant des livrets, envoyés dans la foulée pour validation à la
circonscription. Ma collègue, qui était tout le contraire d'une
feignasse, avait utilisé son énergie à des productions plus utiles, et
terminé ses anciens modèles. Bilan des courses, à la rentrée de septembre,
on avait des modèles départementaux tout prêts.
Les mêmes que les miens.
Là quand même, j'ai gravé l'info sur mon disque dur.
Cependant
comme dans ce domaine,
j'ai l'intelligence d'une guêpe et que je n'apprends pas vite,
après chaque défi relevé, utile, ou franchement dérisoire,
je me jure que ce sera le dernier.
Et chaque fois je recommence.
L'année dernière, j'ai décidé de passer le Capa-sh pour travailler dans un
établissement pénitentiaire qui ne verra pas le jour, et je me suis un peu trop investie sur
un poste qui ne m'a pas réattribué,
vu que je n'y étais pas à ma place.
Comme j'ai quand même la
capacité de savoir tourner la page, j'ai donc bourré deux sacs de 100 litres de
paperasses et de bouquins qui ne me serviront plus jamais (et encore,
j'ai gardé des feuilles pour les brouillons...). Auxquels il faut ajouter les tombereaux de doc accumulée chaque fois que je me
suis enthousiasmée pour un niveau, un remplacement, un projet.
Alors là
en attendant qu'on supprime mon poste,
dont j'imagine qu'il sera l'un des premiers dans la charette des 30 suppressions départementales en primaire (sur quelques 450 classes)
je ne vais pas avoir les yeux plus gros que le ventre pour l'an prochain
je vais attendre la carte scolaire
puis le mouvement
et dans l'immédiat
je vais me faire cuire
des coquillettes au jambon.
Avec du beurre.
Demi-sel.
Un soudain besoin de fantaisie.
Quel rapport avec le post ?
si j'ai un CP l'an prochain
on apprendra à raconter des histoires comme ça.
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* C'est une info officielle : voir La montagne Édition Creuse du 10 janvier 2012
7 commentaires:
en tout cas tes écrits c'est pas de la soupe
on se régale
on boit d'un trait
avec volupté
puis on relis
on savoure
on décortique
puis on digère
et le lendemain on reprend une part
c'est beau !
merci Coline ; je me régale de tes mots qui me nourissent .
euh !!!!!!! nourrissent !
Ah oui c'est bon !
J'aime !
Je partage ton assiette !
Pourquoi un jour, enfin, on arrête de se resservir sans fin... sans faim ?
J'aime le titre
J'aime le texte
J'aime les comms des autres
J'aime le sucré, le salé, le sucré-salé, mais aussi les coquillettes et le riz
J'aime les cookies maison
J'aime les éclairs de conscience qui te (je parle aussi pour moi) dise "attention, non, ce n'est pas ça que tu veux vraiment"
J'aimerais bien avoir un sous-sol, histoire d'y mettre tout ce qu'on accumule partout ailleurs, dans pleins de recoins de la maison
:) ♥
euh plein ça doit suffire ? mais y en a vraiment beaucoup, c'est pour ça ;)
le beurre s'il n'est pas demi-sel ben c'est pas du beurre ....
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