mardi 24 mars 2020

Le temps de la sidération


Me voici donc revenue.
De mon périple, d'une semaine d'école, d'une semaine de sidération.
Je l'avais vu venir. Mais quand même, c'est violent.
Je suis restée plusieurs jours à tourner en rond.
Et puis...
Survivre, c'est s'adapter.
Il faut renoncer aux mortelles habitudes. S'embrasser, se toucher, aller à Embraud...
Il faut prendre le temps de se réorienter, entre les injonctions paradoxales d'une administration qui ne sait pas se poser pour réfléchir et agir au lieu de réagir, la vie quotidienne à gérer.
Heureusement, mon voisin fou a été interné en mon absence. Tout est calme.

Un peu dur de vivre seule, mais plus facile de s'organiser.

Car il faut tout revoir.
Les courses par exemple.
Un seul lieu, un seul jour.
J'ai choisi le magasin bio à 15 minutes de chez moi.
Les fruits et légumes me sont livrés comme d'habitude par mon maraîcher local.
Je me réjouis d'être en circuit court.
Je laisse tout sur le palier, avec mon manteau, mon foulard, mon pantalon, mon sac.
Je décontamine à l'eau et au savon tout ce qui peut l'être.
Sinon ça reste sur le palier.
Puis je prends une douche et je fais tourner une machine.


Le temps est au beau fixe.
Le printemps explose, les oiseaux s'éparpillent en ballet volant...
Je sors chaque jour avec mon vélo, soigner ma sciatique sans anti-inflammatoire, sans kiné désormais.
C'est efficace le vélo je dois dire.
Dans ma poche, l'autorisation soigneusement recopiée en cursive.
Je change la date au stylo effaçable.

Au début, je ne me rendais pas compte, j'allais un peu trop loin.
J'ai fait des provisions d'images.


Et puis je me suis recentrée sur la règle.
Pas trop loin, pas trop longtemps.
Je mesure ma chance d'être à la campagne.
Dans un périmètre de deux kilomètres, un tas de chemins à explorer.
Mon deux-pièces sans jardin ne me semble pas une prison.



Chaque jour j'enregistre une chanson que je poste sur FB.
J'appelle une personne qui m'est chère, ou pas vue depuis longtemps.
Je cherche des pistes pour mes collègues, un courriel hebdomadaire avec des pistes simples, des informations utiles, de la vie courante.
Elles sont déjà bien occupées, surtout si elles ont elle-mêmes des enfants.
Le matin, le soir, je respire.
Je suis vivante.
Mes enfants vont bien.
Mes amis aussi.
So far so good.

1 commentaire:

Barbara a dit…

merci Coline


♥ je repasse relire demain ♥♥♥