Trois heures de bus et deux changements c'est trop pour moi.
Pour rejoindre ma prochaine étape, je commande un taxi Yandex (c'est comme Uber, mais russe), et je m'endors direct dedans, les yeux fermés sur ma journée à Souzdal.
J'émerge dix minutes avant l'arrivée au centre d'Ivanovo. Il fait nuit, nous naviguons au milieu de centaines d'immeubles, en plein cauchemar soviétique.
Pas de doutes, je viens de quitter la campagne pour l'ère de l'industrialisation.
Esthétiquement, Ivanovo n'a rien à voir avec les autres villes de l'Anneau d'Or, mais je suis contente d'être venue, de voir autre chose que la Russie des cartes postales.
Historiquement en outre, elle, présente un grand intérêt.
Édifiée pour l'expansion de l'industrie du textile, elle porte plusieurs surnoms, liés à sa vocation : Manchester russe, pour les usines de filage et tissage du coton, en briques rouges ou peintes.
C'est aussi la "ville des fiancées", à cause des ouvrières de ces filatures qui venaient de tous le pays. Encore aujourd'hui 60 % de la population est féminine (un peu supérieur à la moyenne nationale).
C'est enfin la ville du premier "soviet" (conseil). Les grèves pouvaient y être aussi dures que les conditions de vie et de travail déplorables des ouvriers. Pendant la première révolution, celle de 1905, le débrayage avait duré 70 jours. Un petit musée est dédié à cette lutte ouvrière.
Quant à la légendaire propreté des villes touristiques russes : on n'est clairement pas à St Pétersbourg.
Elle est bizarre cette église Notre Dame de Kazan non ?
Oui, les bulbes factices sont collés sur la toiture d'un ancien entrepôt textile, qui a entamé sa vocation religieuse avec les messes secrètes des Vieux Croyants, une minorité opprimée pour avoir refusé la réforme de l'église orthodoxe au 17ème siècle.
Ivanovo, modèle du constructivisme soviétique, comme ici la maison navire
et la maison fer à cheval.
De temps en temps, un petit signe de protestation contre la guerre
(Niet Vaïné : pas de guerre)
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