En boucle à la salle de sport
un peu agaçant
mais on s'habitue à tout...
Il fait show non ?
Raaaaaaaaaaaaaaaah demain les vacances ....
Du reste
je voulais vous mettre"vacances j'oublie tout"
bien tarte
mais en le revoyant je me suis dis que non
non
alors ça :
Mon camp de base est désormais la Bretagne des bois. Dans le Bourbonnais je m'étais réparée. Ici je veux m'épanouir. Ce n'est pas toujours facile. Allées et venues du quotidien de Madame Nicole en pays Pourlet.
jeudi 30 juin 2011
mercredi 29 juin 2011
Un IEN ou rien
Il y a des IEN qui terrorisent
des IEN qui verbalisent
des IEN qui brassent du vent
des IEN invisibles
des IEN imposteurs
des IEN imposants.
Et puis il y a eu mon premier IEN
qui ne mettait jamais de chaussettes
même l'hiver
ce qui m'avait décidé à lui demander de bien vouloir être mon directeur de mémoire.
un bonheur de pédagogue
qui savait conseiller
qui savait ce que c'est que de s'occuper d'une maternelle à plusieurs niveaux en milieu rural
pour qui l'autonomie n'était pas un vain mot
et qui ne s'est pas pour autant éternisé dans l’Éducation nationale.
J'ai découvert récemment qu'il y a aussi ceux qui savent rester à bonne distance
tout en étant vraiment proches et à l'écoute
qui manient la finesse du verbe avec tact et subtilité
et savent ne pas rester silencieux
quand il n'est plus en leur pouvoir de faire mieux
des IEN professionnels et élégants
notre dernier rempart à l'heure des hostilités.
Ces IEN là
je n'aimerais pas être à leur place
entre le marteau et l'enclume
par les temps qui courent
à être obligés de faire appliquer des décisions contraires à leurs convictions
les mêmes que les nôtres
finalement.
Mais je leur suis reconnaissante d'être capables de nous permettre d'avancer
un peu
quand même.
Édit : la vidéo
un peu scato
et malheureusement toujours d'actualité
est dédiée aux premiers de la liste
of course !...
Les IEN de l'ombre ! par super-instit
des IEN qui verbalisent
des IEN qui brassent du vent
des IEN invisibles
des IEN imposteurs
des IEN imposants.
Et puis il y a eu mon premier IEN
qui ne mettait jamais de chaussettes
même l'hiver
ce qui m'avait décidé à lui demander de bien vouloir être mon directeur de mémoire.
un bonheur de pédagogue
qui savait conseiller
qui savait ce que c'est que de s'occuper d'une maternelle à plusieurs niveaux en milieu rural
pour qui l'autonomie n'était pas un vain mot
et qui ne s'est pas pour autant éternisé dans l’Éducation nationale.
J'ai découvert récemment qu'il y a aussi ceux qui savent rester à bonne distance
tout en étant vraiment proches et à l'écoute
qui manient la finesse du verbe avec tact et subtilité
et savent ne pas rester silencieux
quand il n'est plus en leur pouvoir de faire mieux
des IEN professionnels et élégants
notre dernier rempart à l'heure des hostilités.
Ces IEN là
je n'aimerais pas être à leur place
entre le marteau et l'enclume
par les temps qui courent
à être obligés de faire appliquer des décisions contraires à leurs convictions
les mêmes que les nôtres
finalement.
Mais je leur suis reconnaissante d'être capables de nous permettre d'avancer
un peu
quand même.
Édit : la vidéo
un peu scato
et malheureusement toujours d'actualité
est dédiée aux premiers de la liste
of course !...
Les IEN de l'ombre ! par super-instit
Les cinq dernières minutes
Les cinq dernières minutes
ce sont les plus difficiles.
Les cinq dernières minutes
de l'entretien d'embauche
de l'examen final.
avant de le lui dire
avant de se séparer.
de vacances
d'école
du bal
avant d'avouer
avant de sauter
avant de franchir la ligne d'arrivée.
Oui.
Mais ce sont aussi les plus délivrantes.
Voilà pourquoi
il ne faut pas baisser les bras :
parce que ce sont peut-être les cinq dernières minutes...
les cinq dernieres minutes gainsbourg /souplex par bebel49
ce sont les plus difficiles.
Les cinq dernières minutes
de l'entretien d'embauche
de l'examen final.
avant de le lui dire
avant de se séparer.
de vacances
d'école
du bal
avant d'avouer
avant de sauter
avant de franchir la ligne d'arrivée.
Oui.
Mais ce sont aussi les plus délivrantes.
Voilà pourquoi
il ne faut pas baisser les bras :
parce que ce sont peut-être les cinq dernières minutes...
les cinq dernieres minutes gainsbourg /souplex par bebel49
lundi 27 juin 2011
Kapla-HS
Je l'ai.
Le capa-sh option F
je l'ai.
J'étais sûre que c'était mort
mais je suis bien bien contente d'avoir réussi.
Je ne veux pas savoir par quel miracle.
C'est juste cool.
Merci à tous ceux qui ont signé la pétition mentale :
les bonnes ondes
c'est clair
ça le fait !
-----------
Et merci à Jack
pour le dessin
et pour le titre !
dimanche 26 juin 2011
Amazing grace*
Il y a des moments parfaits.
Fugaces,
ou suspendus,
un instant
comme une éternité,
juste parfaits.
Des moments seule
descendre la rue au soleil pour aller au marché,
faire tout lentement,
m'asseoir, enfin, trempée dans mon pantalon de jardin
après avoir aménagé le diva's corner qui remplace avantageusement les cabanes pourries dézinguées après le capa-sh
Des moments intimes
peau contre peau,
un souffle, un sourire
au réveil
les paumes de main dans le bas du dos
Des moments pluriels
rendez-vous annuel
déjeuner de soleil avec les copines de promo
dix ans déjà
on avait quitté Sandra jeune fille
elle revient maman
elles ont toutes gardé le même humour
le même regard sur le métier
plein de vie,
d'enthousiasme
la distance de la sagesse en plus.
Des moments de grâce
oui.
----------------
* A ne pas confondre avec amazing garce
Fugaces,
ou suspendus,
un instant
comme une éternité,
juste parfaits.
Des moments seule
descendre la rue au soleil pour aller au marché,
faire tout lentement,
m'asseoir, enfin, trempée dans mon pantalon de jardin
après avoir aménagé le diva's corner qui remplace avantageusement les cabanes pourries dézinguées après le capa-sh
Des moments intimes
peau contre peau,
un souffle, un sourire
au réveil
les paumes de main dans le bas du dos
Des moments pluriels
rendez-vous annuel
déjeuner de soleil avec les copines de promo
dix ans déjà
on avait quitté Sandra jeune fille
elle revient maman
elles ont toutes gardé le même humour
le même regard sur le métier
plein de vie,
d'enthousiasme
la distance de la sagesse en plus.
Des moments de grâce
oui.
----------------
* A ne pas confondre avec amazing garce
vendredi 24 juin 2011
Délivrez-moi des livrets
En cette fin d'année
totalement privée de sens pour moi
je gratte sur un projet qu'on me réclame alors que les décisions sont déjà prises
et sur un autre qui ne relève absolument pas de ma mission
(mais il fallait bien m'occuper pendant que j'étais au placard).
Cependant
il y a du bon dans tout ça.
D'abord les gens que j'ai rencontrés (je veux dire les gens bien).
Puis ce que j'ai appris :pas la peine de respecter les règles du moment qu'on y met les formes et la servilité compte plus que la compétence je ne suis résolument pas faite pour travailler dans le secondaire (c'est ce que je m'étais dit en choisissant le professorat des écoles il y a dix ans, sauf que là j'ai compris que ce n'est pas à cause des élèves)
&
il faut faire comme on le sent
quand quelque chose dit non très fort à l'intérieur.
Bon,
ça c'est fait,
je peux passer à autre chose.
Par exemple
prendre vraiment une demi heure pour le petit déjeuner
la fenêtre grande ouverte sur le jardin
ou
encore mieux
DANS le jardin.
Passer voir un ami
juste un moment
parce que c'est mieux que de téléphoner
et que j'ai le temps.
Couper les cheveux de mon fils
parce que je sais vraiment bien soigner les pattes
alors que son frère non.
Lire.
Ecrire.
Faire du sport.
Entretenir le jardin.
Peindre mes ongles de pied et y rajouter des fleurs.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah pas de livrets !
PAS DE LIVRETS !
PAS-DE-LI-VRETS !
Pas délivrée ?
Casse-toi, mauvaise pensée
je profite ...
Pink Floyd - Another Brick In The Wall par djoik
totalement privée de sens pour moi
je gratte sur un projet qu'on me réclame alors que les décisions sont déjà prises
et sur un autre qui ne relève absolument pas de ma mission
(mais il fallait bien m'occuper pendant que j'étais au placard).
Cependant
il y a du bon dans tout ça.
D'abord les gens que j'ai rencontrés (je veux dire les gens bien).
Puis ce que j'ai appris :
&
il faut faire comme on le sent
quand quelque chose dit non très fort à l'intérieur.
Bon,
ça c'est fait,
je peux passer à autre chose.
Par exemple
prendre vraiment une demi heure pour le petit déjeuner
la fenêtre grande ouverte sur le jardin
ou
encore mieux
DANS le jardin.
Passer voir un ami
juste un moment
parce que c'est mieux que de téléphoner
et que j'ai le temps.
Couper les cheveux de mon fils
parce que je sais vraiment bien soigner les pattes
alors que son frère non.
Lire.
Ecrire.
Faire du sport.
Entretenir le jardin.
Peindre mes ongles de pied et y rajouter des fleurs.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah pas de livrets !
PAS DE LIVRETS !
PAS-DE-LI-VRETS !
Pas délivrée ?
Casse-toi, mauvaise pensée
je profite ...
Pink Floyd - Another Brick In The Wall par djoik
mardi 21 juin 2011
Nude & fière de l'être
Cette année
j'ai décidé de me maquiller
l'été aussi.
Oui,
depuis que j'ai la fashion attitude,
je m'aperçois qu'un peu de trompe couillon ça aide les jours de petit matin chagrin.
Jusqu'à présent
entre rhume des foins et non-courage
j'avais renoncé, et dès avril, j'abandonnais progressivement
cette résolution là aussi.
Mais voici que Dior a sorti, en édition limitée, ce teint d'étéoutrageusement cher particulièrement bluffant. Deux gouttes à peine, fini poudré, air de vacances transparent (attention, ça ne couvre pas comme un fond de teint).
Tu rajoutes un coup de blush, du mascara waterproof et gloss rose, et tu as déjà comme un air de Monica Bellucci posant nue et avecbeaucoup moins de sans maquillage.
Après, du coup,
obligée de s'habiller en vraie fille.
Le truc motivant étant
que
les mecs aiment les vraies filles.
Pour le prix, dans les 40 euros (même pas deux heures de prison ...),
je ne me sens pas coupable vu que
c'est moi qui le paie
ça me fera tout l'été
et surtout
depuis que j'ai adopté l'huile d'argan de mon épicier marocain
et le savon d'alep
pour me démaquiller
j'ai considérablement réduit mon budget chichi pompon.
j'ai décidé de me maquiller
l'été aussi.
Oui,
depuis que j'ai la fashion attitude,
je m'aperçois qu'un peu de trompe couillon ça aide les jours de petit matin chagrin.
Jusqu'à présent
entre rhume des foins et non-courage
j'avais renoncé, et dès avril, j'abandonnais progressivement
cette résolution là aussi.
Mais voici que Dior a sorti, en édition limitée, ce teint d'été
Tu rajoutes un coup de blush, du mascara waterproof et gloss rose, et tu as déjà comme un air de Monica Bellucci posant nue et avec
Après, du coup,
obligée de s'habiller en vraie fille.
Le truc motivant étant
que
les mecs aiment les vraies filles.
Pour le prix, dans les 40 euros (même pas deux heures de prison ...),
je ne me sens pas coupable vu que
c'est moi qui le paie
ça me fera tout l'été
et surtout
depuis que j'ai adopté l'huile d'argan de mon épicier marocain
et le savon d'alep
pour me démaquiller
j'ai considérablement réduit mon budget chichi pompon.
dimanche 19 juin 2011
Temps mort
Il a dit :
" Le passé
on n'y peut rien,
le futur
on ne sait pas,
le présent
c'est maintenant."
Après,
j'ai bien dormi.
" Le passé
on n'y peut rien,
le futur
on ne sait pas,
le présent
c'est maintenant."
Après,
j'ai bien dormi.
Chaussures à mon pied (avec de la métaphore filée inside)
C'est comme quand tu enlèves des chaussures trop petites.
Raaaaah ! Le soulagement !
Ces pompes là
tu les avais repérées
tu t'étais dit qu'elles n'étaient pas ton style
et finalement
le temps que tu décides
il ne restait plus ta pointure.
Au lieu de te dire
que
ce n'était pas ton karma de les avoir
tu t"étais fié à la vendeuse
laquelle t'avais assuré
que
même en 37
"Mais oui madame, elles vont se faire..."
Eh non
elles ne se font jamais
tes pieds non plus du reste
ce qui fait que
si elles te font mal dans le magasin,
il ne faut pas les prendre
et puis c'est tout.
Bref
moi
je les ai prises
et
toute l'année
j'ai subi ce supplice chinois
(Oui
le souvenir des romans de Pearl Buck
c'est la seule trace qui me reste de cette période que la civilisation occidentale désigne comme l'adolescence
et dont je n'ai
malheureusement pas pu me payer le luxe)
qui certes
fait le pied ravissant
mais te nique le métatarse à vie.
Là
juste en ce moment
je me sens
comme si j'avais enfin enlevé mes chaussures trop étroites
enfilées pour la galerie
et définitivement remisées
au profit de mes Papillio dans lesquels mes orteils aux ongles corail s'étalent désormais délicieusement.
Raaaaah ! Le soulagement !
Ces pompes là
tu les avais repérées
tu t'étais dit qu'elles n'étaient pas ton style
et finalement
le temps que tu décides
il ne restait plus ta pointure.
Au lieu de te dire
que
ce n'était pas ton karma de les avoir
tu t"étais fié à la vendeuse
laquelle t'avais assuré
que
même en 37
"Mais oui madame, elles vont se faire..."
Eh non
elles ne se font jamais
tes pieds non plus du reste
ce qui fait que
si elles te font mal dans le magasin,
il ne faut pas les prendre
et puis c'est tout.
Bref
moi
je les ai prises
et
toute l'année
j'ai subi ce supplice chinois
(Oui
le souvenir des romans de Pearl Buck
c'est la seule trace qui me reste de cette période que la civilisation occidentale désigne comme l'adolescence
et dont je n'ai
malheureusement pas pu me payer le luxe)
qui certes
fait le pied ravissant
mais te nique le métatarse à vie.
Là
juste en ce moment
je me sens
comme si j'avais enfin enlevé mes chaussures trop étroites
enfilées pour la galerie
et définitivement remisées
au profit de mes Papillio dans lesquels mes orteils aux ongles corail s'étalent désormais délicieusement.
samedi 18 juin 2011
La légende des siècles
C'est l'un des mes poèmes préférés de Victor Hugo,
qui m'est revenu ce matin, en me réveillant.
Petite, j'étais fascinée par l'image mentale de la tribu
errant
couverte de peaux de bêtes
et par la dernière phrase.
Je le voyais
et j'avais mal pour lui.
Gerald De Palmas - Une seule vie par max0042
qui m'est revenu ce matin, en me réveillant.
Petite, j'étais fascinée par l'image mentale de la tribu
errant
couverte de peaux de bêtes
et par la dernière phrase.
Je le voyais
et j'avais mal pour lui.
Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
Comme le soir tombait, l’homme sombre arriva
Au bas d’une montagne en une grande plaine ;
Sa femme fatiguée et ses fils hors d’haleine
Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près, » dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil ; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’œil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il ; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Étends de ce côté la toile de la tente. »
Et l’on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb,
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses fils, douce comme l’aurore ;
Et Caïn répondit : « Je vois cet œil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Il vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
Et qui le regardait dans l’ombre fixement.
« Je suis trop près, » dit-il avec un tremblement.
Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
Et se remit à fuir sinistre dans l’espace.
Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
Sans repos, sans sommeil ; il atteignit la grève
Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
« Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
Et, comme il s’asseyait, il vit dans les cieux mornes
L’œil à la même place au fond de l’horizon.
Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
« Cachez-moi ! » cria-t-il ; et, le doigt sur la bouche,
Tous ses fils regardaient trembler l’aïeul farouche.
Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
Sous des tentes de poil dans le désert profond :
« Étends de ce côté la toile de la tente. »
Et l’on développa la muraille flottante ;
Et, quand on l’eut fixée avec des poids de plomb,
« Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l’enfant blond,
La fille de ses fils, douce comme l’aurore ;
Et Caïn répondit : « Je vois cet œil encore ! »
Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
Cria : « Je saurai bien construire une barrière. »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit : « Cet œil me regarde toujours ! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Énos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des nœuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’œil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : « Non, il est toujours là. »
Alors il dit : « Je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit : « C’est bien ! »
Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
Et Caïn dit : « Cet œil me regarde toujours ! »
Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle.
Bâtissons une ville avec sa citadelle,
Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
Construisit une ville énorme et surhumaine.
Pendant qu’il travaillait, ses frères, dans la plaine,
Chassaient les fils d’Énos et les enfants de Seth ;
Et l’on crevait les yeux à quiconque passait ;
Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
On lia chaque bloc avec des nœuds de fer,
Et la ville semblait une ville d’enfer ;
L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’œil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : « Non, il est toujours là. »
Alors il dit : « Je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit : « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre ;
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.
Et ça
je l'ai entendu ce matin à la piscine.
J'ai eu envie de les mettre ensemble.
Gerald De Palmas - Une seule vie par max0042
Libellés :
Caïn,
Conscience,
la légende des siècles,
Victor Hugo
vendredi 17 juin 2011
No questions, no lies
Les gens qui nous aiment
nous aiment malgré ce que nous sommes ?
comme nous sommes ?
à cause de ce que nous sommes ?
nous aiment malgré ce que nous sommes ?
comme nous sommes ?
à cause de ce que nous sommes ?
Au jour le jour
Je les croise, elle et son bras en écharpe,
dans le vestiaire
au moment d'aller prendre ma douche.
" Vous allez faire du sport avec un bras cassé ? "
Elle répond
un peu décalée
en cherchant ses mots :
" Non, j'ai eu un avc, mon bras ne fonctionne plus."
Je m'arrête un moment, on discute.
Elle avait 22 ans, elle en a 24.
Tout a basculé.
Elle a perdu l'usage de ses membres, la parole.
Mais pas la vie,
ce qui fait que
ceux qui l'aiment
l'ont encore à portée de tendresse.
Elle a un beau visage,
sans séquelle.
C'est la première fois qu'elle revient à la salle de sport.
Elle me dit : "Maintenant, je vis au jour le jour."
Un peu plus tard,
sous la pluie chaude de la douche
les yeux clos
à profiter de ce répit
j'ai songé
à mon père
& à ma mère
et j'ai pensé
"Merci pour ce cadeau, cette rencontre du matin,
qui remet de l'ordre
d'un sourire, d'un seul."
dans le vestiaire
au moment d'aller prendre ma douche.
" Vous allez faire du sport avec un bras cassé ? "
Elle répond
un peu décalée
en cherchant ses mots :
" Non, j'ai eu un avc, mon bras ne fonctionne plus."
Je m'arrête un moment, on discute.
Elle avait 22 ans, elle en a 24.
Tout a basculé.
Elle a perdu l'usage de ses membres, la parole.
Mais pas la vie,
ce qui fait que
ceux qui l'aiment
l'ont encore à portée de tendresse.
Elle a un beau visage,
sans séquelle.
C'est la première fois qu'elle revient à la salle de sport.
Elle me dit : "Maintenant, je vis au jour le jour."
Un peu plus tard,
sous la pluie chaude de la douche
les yeux clos
à profiter de ce répit
j'ai songé
à mon père
& à ma mère
et j'ai pensé
"Merci pour ce cadeau, cette rencontre du matin,
qui remet de l'ordre
d'un sourire, d'un seul."
mercredi 15 juin 2011
lundi 13 juin 2011
Malicious blog
Je ne sais pas pourquoi
les vidéos naviguent d'un post à l'autre.
Grrrr
Si quelqu'un sait ce qui se passe
et surtout comment y remédier ...
les vidéos naviguent d'un post à l'autre.
Grrrr
Si quelqu'un sait ce qui se passe
et surtout comment y remédier ...
dimanche 12 juin 2011
Call me Barbecue Queen !
Kicékiki allume le barbecue ?
C'est l'homme...
Or
vivant dorénavant
seule avec deux loutres
et un vieux monsieur parkinsonien
je me vis fort marrie
d'envisager l'été sans grillade.
En même temps
on n'en mangeait pas souvent des grillades avant
l'homme n'aimant pas manger dehors
et encore moins passer une heure à allumer le grand barbecue pour deux côtelettes.
C'est au pied du barbeuque qu'on jauge la femme autonome
je me suis donc prise en mains
et ta tam !
Notez qu'il s'agit d'un foyer de table
transportable
et tout
mais que l'homme trouvait inefficace.
Moi je l'aime bien
il consomme deux fois moins de combustible déjà
et je peux l'utiliser tout près de ma cuisine
(le climat creusois ne se prêtant pas à la rentabilisation d'une cuisine d'été).
Je l'allume grâce à une bouteille
aucun risque
et surtout
zéro boulot
tu fais comme c'est expliqué là
tu reviens effectivement trente minutes après
et tu peux allonger ta côte de bœuf (bio, achetée en lot à la ferme de Sylvain)
Ta taaaaaaam again!
Pour être honnête
ce sont les images de la semaine dernière, essai 2.
En vrai, j'avais commencé avec du porc,
qui supporte mieux d'être mal saisi en cas de ratage.
J'ai aussi découvert que ma loutre bientôt majeure
manie la viande grillée avec style
vu qu'il s'est déjà fait la main avec des copains
(Le fourbe qui se contente de me dire "qu'est qu'on mange ?" à 19h55 chaque soir.)
Aujourd'hui ce sera petites brochettes de poulet tandoori
avec salade croquante.
Oui
j'ai aussi décidé de me reprendre en main sur le plan alimentaire..
Et très bientôt
ami lecteur
je te raconte les aventures de Bicycle Queen.
Je me tâte encore
rapport aux photos qui me paraissent un brin humiliantes.
Faut que je me réunisse avec ma conseillère com pour en discuter...
Edit : j'ai pas trouvé de chanson intitulée Barbecue queen. C'était à prévoir...
Et Honky Tonk Woman n'était pas exactement approprié
Abba ça fait bien vacances à l'approche non ?
C'est l'homme...
Or
vivant dorénavant
seule avec deux loutres
et un vieux monsieur parkinsonien
je me vis fort marrie
d'envisager l'été sans grillade.
En même temps
on n'en mangeait pas souvent des grillades avant
l'homme n'aimant pas manger dehors
et encore moins passer une heure à allumer le grand barbecue pour deux côtelettes.
C'est au pied du barbeuque qu'on jauge la femme autonome
je me suis donc prise en mains
et ta tam !
Notez qu'il s'agit d'un foyer de table
transportable
et tout
mais que l'homme trouvait inefficace.
Moi je l'aime bien
il consomme deux fois moins de combustible déjà
et je peux l'utiliser tout près de ma cuisine
(le climat creusois ne se prêtant pas à la rentabilisation d'une cuisine d'été).
Je l'allume grâce à une bouteille
aucun risque
et surtout
zéro boulot
tu fais comme c'est expliqué là
tu reviens effectivement trente minutes après
et tu peux allonger ta côte de bœuf (bio, achetée en lot à la ferme de Sylvain)
Ta taaaaaaam again!
Pour être honnête
ce sont les images de la semaine dernière, essai 2.
En vrai, j'avais commencé avec du porc,
qui supporte mieux d'être mal saisi en cas de ratage.
J'ai aussi découvert que ma loutre bientôt majeure
manie la viande grillée avec style
vu qu'il s'est déjà fait la main avec des copains
(Le fourbe qui se contente de me dire "qu'est qu'on mange ?" à 19h55 chaque soir.)
Aujourd'hui ce sera petites brochettes de poulet tandoori
avec salade croquante.
Oui
j'ai aussi décidé de me reprendre en main sur le plan alimentaire..
Et très bientôt
ami lecteur
je te raconte les aventures de Bicycle Queen.
Je me tâte encore
rapport aux photos qui me paraissent un brin humiliantes.
Faut que je me réunisse avec ma conseillère com pour en discuter...
Edit : j'ai pas trouvé de chanson intitulée Barbecue queen. C'était à prévoir...
Et Honky Tonk Woman n'était pas exactement approprié
Abba ça fait bien vacances à l'approche non ?
vendredi 10 juin 2011
Game over
J'ai vautré ma deuxième séance.
J'ai merdé grave dans l'entretien quand on m'a demandé à quoi servent les segpa : je n'ai pas parlé des difficultés scolaires graves et persistantes, ce que que je savais pourtant par cœur,
parce que je savais que je me ferai cueillir là-dessus.
Mais comme le cœur n'y était plus ... je me suis emberlificotée dans un charabia verbeux.
C'est ce qui me coûtera l'exam, très certainement.
Le prix du message le plus naze et des silences les plus éloquents va à un mec qui a une toute petite bite et qui se reconnaîtra.
Et le prix spécial du réconfort va à la secrétaire du collège
qui m'a dit un truc
avec un grand sourire juste avant
que je ne peux pas écrire ici
mais auquel je vais repenser souvent.
Goldman"A Nos Actes Manques" par shakura
Goldman"A Nos Actes Manques" par shakura
Envoyé par Barbara
l'infirmière
& le médecin
11 ans après
J'ai merdé grave dans l'entretien quand on m'a demandé à quoi servent les segpa : je n'ai pas parlé des difficultés scolaires graves et persistantes, ce que que je savais pourtant par cœur,
parce que je savais que je me ferai cueillir là-dessus.
Mais comme le cœur n'y était plus ... je me suis emberlificotée dans un charabia verbeux.
C'est ce qui me coûtera l'exam, très certainement.
Ça et mes réponses un peu agressives à l'IA
sur un sujet sensible (pour moi).
Oui
parce que j'ai eu l'IA dans mon jury...
Sinon
c'est juste long
de 13h30 à 17h30, avec 15 minutes de pause
et le jury a tout fait pour me mettre à l'aise
ils étaient très respectueux
j'ai apprécié
vraiment.
Les enfants ont été super,
même quand moi j'ai cafouillé.
je les remercie
(et encore plus Cyrielle qui me les a confiés)
ainsi que
- mon père qui m'a prêté sa montre et n'a mangé que des nouilles depuis une semaine ;
- mes enfants qui ont fait cuire lesdites nouilles ;
- tous ceux proches ou lointains qui m'ont envoyé des bonnes ondes : je n'ai pas pleuré ! Et tous vos messages m'ont fait chaud dedans.
La palme du meilleur message d'encouragement revient à ma Cécile (trop trop forte), suivie de Jean-Louis le roi de la pâte brisée, et de Yankel.
Je remercie aussi l'équipe du CDDP de la Creuse pour avoir tenu la porte du placard entrouverte afin que je puis respirer un peu.
Et le prix spécial du réconfort va à la secrétaire du collège
qui m'a dit un truc
avec un grand sourire juste avant
que je ne peux pas écrire ici
mais auquel je vais repenser souvent.
Goldman"A Nos Actes Manques" par shakura
Goldman"A Nos Actes Manques" par shakura
Envoyé par Barbara
l'infirmière
& le médecin
11 ans après
Libellés :
a nos actes manqués,
JJ Goldman,
juste après
mardi 7 juin 2011
No future & no fate
Hier
impossible de faire la leçon d'histoire
- la journée d'un Romain un jour de vote -
impossible de finir la lecture avant
j'en avais mis un peu trop déjà
(faut pas leur donner trop de papier d'un coup...)
bon
mais surtout
ils étaient dans un état affreux
à s'insulter, s'agacer...
le stress aidant
j'ai failli jeter l'éponge.
j'ai même failli pleurer.
Depuis quelques mois,
j'ai tout le temps envie de pleurer.
Il y en avait quand même trois sur neuf qui s'accrochaient
qui avaient envie d'aller au bout
alors
finalement
mort pour mort
j'ai allégé vite fait la lecture
terminé la séance,
pris trois carnets.
On s'est assis
on a discuté.
Il y a un élève qui est tout le temps absent
mais il était là hier
c'est leur bouc émissaire
leur loup omega.
Ils lui reprochent
son absentéisme
perçu comme une injustice,
ses plaintes somatiques,
entendues comme mensongères.
Alors quand il revient
ils lui présentent la facture
ils l'agressent
il lui font mal avec leurs mots
et lui
il les dénonce à la CPE.
Après
c'est juste l'horreur.
J'ai écouté tout ça
j'ai dit que
quand même, je n'y étais pour rien
et qu'ils n'avaient pas à s'en prendre à moi
qu'ils doivent régler cela pendant l'heure de vie de classe
(oui, j'ai l'ego un peu trop malmené :
alors je ramène le truc à moi
déjà)
J'ai ajouté
que parfois
on a vraiment mal au ventre de venir à l'école
surtout si on sait que l'on va faire l'objet de brimades
et qu'ils ne sont pas qualifiés pour en juger.
Ils ont tenté de se justifier :
"Ils nous a énervés, il nous énerve tout le temps".
J'ai répondu :
"C'est ce que disent tous les maltraitants".
Alors les langues se sont déliées
ils ont commencé à raconté tout ce qu'ils ont subi en primaire
avant de poser leur sac dans ce havre qu'est pour eux la segpa
aussi
les coups à la maison...
Je leur ai fait remarquer qu'ils reproduisent avec lui
ce qui leur est insupportable.
On a parlé du contrôle de soi
qui est difficile à gérer.
J'ai avoué que moi-même
je n'y arrive pas toujours.
Une gamine a dit
"Vous la connaissez O... ?" (une copine à elle, embrassée dans le couloir)
"Oui, elle était dans mon école, en CM1."
Et tout d'un coup
ça m'est revenu !
Brutalement.
Ce gamin là, leur tête de turc
celui qui cristallise toutes leurs émotions
je l'ai eu tout un premier trimestre de remplacement en CE1.
Je me souviens
ils étaient deux
totalement non lecteurs
une fille
et lui.
La fille, c'est avec elle que j'avais essayé, pour la première fois, la méthode Borel-Maisonny
et en novembre,
elle savait lire.
Mais avec lui
je ne suis arrivée à rien : il n'avait pas envie d'apprendre
il n'avait pas envie de grandir
surtout pas.
Tout ce que je croyais savoir faire avec les autres
était totalement contre-productif avec lui.
"Moi, je veux devenir boucher,
parce que j'aime le sang ..."
ça m'avait glacée...
Et c'est à lui que j'ai pensé
en premier
en rédigeant l'introduction de mon mémoire.
Il m'a dit
"Vous savez madame, je vous avais reconnue ..."
C'est drôle
je trouve,
ces raccourcis de la vie.
Après ma mise au placard
faute d'élèves
j'ai trouvé asile dans cette classe
d'où il est tout le temps absent
j'ai écrit son nom six fois dans le cahier
ça me disait quelque chose
sans plus
et voilà qu'il apparaît 5 jours avant l'examen.
-----------------------
L'après-midi
je vais dans un autre collège
je vois des gamins qui me regardent fixement
ils parlent de moi.
Ce sont des garçons
alors ils ne sont pas en train de valider mon look
c'est sûr !
Je leur demande pourquoi ils me regardent comme ça :
"On vous connaît. On vous a eu en CE1."
Leur visage m'est redevenu familier.
On a discuté un peu.
Leur prénom m'est revenu.
C'était bon.
C'était le même CE1, le même remplacement...
-------------------------------
Le soir
je descends en ville à pied.
Je croise une maman de l'an dernier
elle me demande où je serai l'an prochain.
Quand je lui dis le nom de l'école de rattachement :
"Il y en a qui vont être contentes !"
Elle vient d'y inscrire ses deux filles
que j'adore.
---------------------
Cette joyeuse et apaisante sérendipité
ne résout cependant pas un problème de fond
que faire en histoire vendredi ?
En fait
ma séance est prête : le passé gallo romain de Limoges
jusqu'à hier
ça me paraissait correct
ils sont toujours très intéressés par leur environnement proche (bien que Limoges déjà... )
partir du plan
de noms de rues
pour montrer qu'il y avait eu autrefois
un forum, un amphithéâtre, un théâtre, des thermes
comme à Rome
aujourd'hui tout a disparu
ré-enfoui sous des constructions existantes
hop
des photos desdites constructions
collées autour du plan
dans le carnet de voyage dans l'Antiquité
J'ai passé beaucoup de temps à tout préparer.
Chaque fois que je tapais "plan de Limoges" dans Google,
je trouvais essentiellement des "plans q rapides"
ouai...
finalement
je suis allée chez le marchand de journaux
j'ai acheté un plan de Limoges
j'ai scanné le centre ville
nickel
sauf qu'hier
sérendipité de merde
je n'ai pas pu faire la séance précédente...
décidément
quand ça veut pas ...
impossible de faire la leçon d'histoire
- la journée d'un Romain un jour de vote -
impossible de finir la lecture avant
j'en avais mis un peu trop déjà
(faut pas leur donner trop de papier d'un coup...)
bon
mais surtout
ils étaient dans un état affreux
à s'insulter, s'agacer...
le stress aidant
j'ai failli jeter l'éponge.
j'ai même failli pleurer.
Depuis quelques mois,
j'ai tout le temps envie de pleurer.
Il y en avait quand même trois sur neuf qui s'accrochaient
qui avaient envie d'aller au bout
alors
finalement
mort pour mort
j'ai allégé vite fait la lecture
terminé la séance,
pris trois carnets.
On s'est assis
on a discuté.
Il y a un élève qui est tout le temps absent
mais il était là hier
c'est leur bouc émissaire
leur loup omega.
Ils lui reprochent
son absentéisme
perçu comme une injustice,
ses plaintes somatiques,
entendues comme mensongères.
Alors quand il revient
ils lui présentent la facture
ils l'agressent
il lui font mal avec leurs mots
et lui
il les dénonce à la CPE.
Après
c'est juste l'horreur.
J'ai écouté tout ça
j'ai dit que
quand même, je n'y étais pour rien
et qu'ils n'avaient pas à s'en prendre à moi
qu'ils doivent régler cela pendant l'heure de vie de classe
(oui, j'ai l'ego un peu trop malmené :
alors je ramène le truc à moi
déjà)
J'ai ajouté
que parfois
on a vraiment mal au ventre de venir à l'école
surtout si on sait que l'on va faire l'objet de brimades
et qu'ils ne sont pas qualifiés pour en juger.
Ils ont tenté de se justifier :
"Ils nous a énervés, il nous énerve tout le temps".
J'ai répondu :
"C'est ce que disent tous les maltraitants".
Alors les langues se sont déliées
ils ont commencé à raconté tout ce qu'ils ont subi en primaire
avant de poser leur sac dans ce havre qu'est pour eux la segpa
aussi
les coups à la maison...
Je leur ai fait remarquer qu'ils reproduisent avec lui
ce qui leur est insupportable.
On a parlé du contrôle de soi
qui est difficile à gérer.
J'ai avoué que moi-même
je n'y arrive pas toujours.
Une gamine a dit
"Vous la connaissez O... ?" (une copine à elle, embrassée dans le couloir)
"Oui, elle était dans mon école, en CM1."
Et tout d'un coup
ça m'est revenu !
Brutalement.
Ce gamin là, leur tête de turc
celui qui cristallise toutes leurs émotions
je l'ai eu tout un premier trimestre de remplacement en CE1.
Je me souviens
ils étaient deux
totalement non lecteurs
une fille
et lui.
La fille, c'est avec elle que j'avais essayé, pour la première fois, la méthode Borel-Maisonny
et en novembre,
elle savait lire.
Mais avec lui
je ne suis arrivée à rien : il n'avait pas envie d'apprendre
il n'avait pas envie de grandir
surtout pas.
Tout ce que je croyais savoir faire avec les autres
était totalement contre-productif avec lui.
"Moi, je veux devenir boucher,
parce que j'aime le sang ..."
ça m'avait glacée...
Et c'est à lui que j'ai pensé
en premier
en rédigeant l'introduction de mon mémoire.
Il m'a dit
"Vous savez madame, je vous avais reconnue ..."
C'est drôle
je trouve,
ces raccourcis de la vie.
Après ma mise au placard
faute d'élèves
j'ai trouvé asile dans cette classe
d'où il est tout le temps absent
j'ai écrit son nom six fois dans le cahier
ça me disait quelque chose
sans plus
et voilà qu'il apparaît 5 jours avant l'examen.
-----------------------
L'après-midi
je vais dans un autre collège
je vois des gamins qui me regardent fixement
ils parlent de moi.
Ce sont des garçons
alors ils ne sont pas en train de valider mon look
c'est sûr !
Je leur demande pourquoi ils me regardent comme ça :
"On vous connaît. On vous a eu en CE1."
Leur visage m'est redevenu familier.
On a discuté un peu.
Leur prénom m'est revenu.
C'était bon.
C'était le même CE1, le même remplacement...
-------------------------------
Le soir
je descends en ville à pied.
Je croise une maman de l'an dernier
elle me demande où je serai l'an prochain.
Quand je lui dis le nom de l'école de rattachement :
"Il y en a qui vont être contentes !"
Elle vient d'y inscrire ses deux filles
que j'adore.
---------------------
Cette joyeuse et apaisante sérendipité
ne résout cependant pas un problème de fond
que faire en histoire vendredi ?
En fait
ma séance est prête : le passé gallo romain de Limoges
jusqu'à hier
ça me paraissait correct
ils sont toujours très intéressés par leur environnement proche (bien que Limoges déjà... )
partir du plan
de noms de rues
pour montrer qu'il y avait eu autrefois
un forum, un amphithéâtre, un théâtre, des thermes
comme à Rome
aujourd'hui tout a disparu
ré-enfoui sous des constructions existantes
hop
des photos desdites constructions
collées autour du plan
dans le carnet de voyage dans l'Antiquité
J'ai passé beaucoup de temps à tout préparer.
Chaque fois que je tapais "plan de Limoges" dans Google,
je trouvais essentiellement des "plans q rapides"
ouai...
finalement
je suis allée chez le marchand de journaux
j'ai acheté un plan de Limoges
j'ai scanné le centre ville
nickel
sauf qu'hier
sérendipité de merde
je n'ai pas pu faire la séance précédente...
décidément
quand ça veut pas ...
samedi 4 juin 2011
La parabole du cucurbitacée
Qu'a pu ressentir le malheureux concombre espagnol
voué aux gémonies
pour avoir secoué le système sanitaire allemand ?
Bafoué, publiquement humilié, accablé, méprisé, couvert d'opprobre et de scandale, finalement mis en quarantaine
le malheureux cucurbitacée n'a dû son salut qu'à l'intervention de la science
qui a rétabli la vérité :
dans cette affaire, seuls les propos répandus sont toxiques ...
Mais c'était déjà trop tard.
Calomnions, il en restera toujours quelque chose (Beaumarchais).
Diabolisé, sa seule évocation provoque le rejet, fondé sur ce sophisme terrible :
"Tu n'es pas des nôtres, tu es donc dangereux".
Mais tel est pris qui croyait prendre : au final, ce sont tous les légumes frais en provenance de l'Union européenne qui sont interdits de séjour en Russie notamment.
Et plus grave :
on ne sait toujours pas d'où vient l'escherichia coli tueuse.
Qui crie haro sur le baudet
pour cause de non conformité
pourra cacher les maux, les vrais
sous pauvres querelles sans intérêt.
Ma crise empathique du jour est donc potagère.
Ouai
c'est mon côté la Fontaine ça ..
D'ailleurs, tiens
je vous mets celle qui m'a inspirée :
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
voué aux gémonies
pour avoir secoué le système sanitaire allemand ?
Bafoué, publiquement humilié, accablé, méprisé, couvert d'opprobre et de scandale, finalement mis en quarantaine
le malheureux cucurbitacée n'a dû son salut qu'à l'intervention de la science
qui a rétabli la vérité :
dans cette affaire, seuls les propos répandus sont toxiques ...
Mais c'était déjà trop tard.
Calomnions, il en restera toujours quelque chose (Beaumarchais).
Diabolisé, sa seule évocation provoque le rejet, fondé sur ce sophisme terrible :
"Tu n'es pas des nôtres, tu es donc dangereux".
Mais tel est pris qui croyait prendre : au final, ce sont tous les légumes frais en provenance de l'Union européenne qui sont interdits de séjour en Russie notamment.
Et plus grave :
on ne sait toujours pas d'où vient l'escherichia coli tueuse.
Qui crie haro sur le baudet
pour cause de non conformité
pourra cacher les maux, les vrais
sous pauvres querelles sans intérêt.
Ma crise empathique du jour est donc potagère.
Ouai
c'est mon côté la Fontaine ça ..
D'ailleurs, tiens
je vous mets celle qui m'a inspirée :
Les animaux malades de la peste
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existés
ne serait en aucun cas fortuite.
C'est pas parce qu'on se sent l'âme d'un concombre espagnol
qu'on doit aussi être une lavette.
Olé !
mercredi 1 juin 2011
O divjo Gadjo
La voix est alerte au téléphone.
Mais il a largement plus de 80 ans.
Il s'appelle Joseph Valet, il était aumônier des voyageurs en Auvergne, pendant plus de 45 ans.
Et
quand je lui fais ma demande,
il me dit de lui faire parvenir mon adresse, et il me les enverra.
Gratuitement.
"Oui, ça me ferait plaisir de savoir que quelqu'un s'en serve pour ça".
Quelques jours après, je reçois ce trésor.
Deux volumes de contes manouches, et une petite méthode d'apprentissage de la langue.
Le tout collecté par ses soins, les soirs de veillée.
Copié à la main, en manouche, et en français.
Avec des précisions sur les familles auprès desquelles ils ont été recueillis.
Les Wintersheim, les Lafleur, les Reinhard, des noms très répandus chez nous aussi.
Et des dessins pour illustrer, réalisés par des manouches of course.
Oui, parce que souvent, les voyageurs ne savent ni lire ni écrire,
mais ils dessinent excellemment.
--------------------
Je les ai lus pour commencer, et j'ai adoré.
C'est spécial, de l'oral écrit.
Déjà ça fait écho à nos propres histoires.
Par exemple, O divjo gadjo, le paysan sauvage, il est grand, poilu, et il mange les enfants.
C'est notre ogre.
Les contes, les légendes, c'est vraiment universel.
Mais il y a aussi des éléments qui n'appartiennent qu'à cette culture là.
Et j'aime bien.
Alors j'ai fait ce que j'avais dit au vieux monsieur.
A la maison d'arrêt, j'ai amené les histoires en cours, j'ai expliqué ce que c'était.
Il y en a un qui m'a dit "Madame, là franchement, je regrette vraiment de ne pas savoir lire. J'aimerais bien pouvoir lire ça."
Alors j'ai répondu "je vais lire pour vous" et j'ai commencé.
Après on a parlé de l'histoire. Ils m'ont expliqué des tas de trucs que je ne connaissais pas. Et moi je leur ai montré les lettres du prénom de l'héroïne. Puis on a continué avec leur prénom, leur prénom d'école, parce que leur prénom gitan, celui qu'ils n'utilisent qu'en famille, ils ne l'écrivent pas, c'est intime.
De là, on a écrit les six voyelles.
Ensuite les jours de la semaine, parce qu'ils voulaient noter quand sont les prochains cours.
Quand un autre a conclu
"ah, ben, ça fait cinq mois que je suis là, j'aurais dû venir avant",
j'ai failli l'embrasser.
---------------------------
J'espère qu'ils reviendront mercredi prochain,
parce que moi
je me suis éclatée.
Après avoir été calomniée, diffamée, discréditée, puis mise au placard
pas reconduite sur mon poste pour l'an prochain
à passer le capa-sh dans une classe où j'essaie de trouver mes marques depuis un mois
alors que je ne m'en servirai pas
et même que je vais perdre 400 € de salaire mensuel
je peux dire que
c'est pas du luxe ces petits moments de bonheur pédagogique.
Mais il a largement plus de 80 ans.
Il s'appelle Joseph Valet, il était aumônier des voyageurs en Auvergne, pendant plus de 45 ans.
Et
quand je lui fais ma demande,
il me dit de lui faire parvenir mon adresse, et il me les enverra.
Gratuitement.
"Oui, ça me ferait plaisir de savoir que quelqu'un s'en serve pour ça".
Quelques jours après, je reçois ce trésor.
Deux volumes de contes manouches, et une petite méthode d'apprentissage de la langue.
Le tout collecté par ses soins, les soirs de veillée.
Copié à la main, en manouche, et en français.
Avec des précisions sur les familles auprès desquelles ils ont été recueillis.
Les Wintersheim, les Lafleur, les Reinhard, des noms très répandus chez nous aussi.
Et des dessins pour illustrer, réalisés par des manouches of course.
Oui, parce que souvent, les voyageurs ne savent ni lire ni écrire,
mais ils dessinent excellemment.
--------------------
Je les ai lus pour commencer, et j'ai adoré.
C'est spécial, de l'oral écrit.
Déjà ça fait écho à nos propres histoires.
Par exemple, O divjo gadjo, le paysan sauvage, il est grand, poilu, et il mange les enfants.
C'est notre ogre.
Les contes, les légendes, c'est vraiment universel.
Mais il y a aussi des éléments qui n'appartiennent qu'à cette culture là.
Et j'aime bien.
Alors j'ai fait ce que j'avais dit au vieux monsieur.
A la maison d'arrêt, j'ai amené les histoires en cours, j'ai expliqué ce que c'était.
Il y en a un qui m'a dit "Madame, là franchement, je regrette vraiment de ne pas savoir lire. J'aimerais bien pouvoir lire ça."
Alors j'ai répondu "je vais lire pour vous" et j'ai commencé.
Après on a parlé de l'histoire. Ils m'ont expliqué des tas de trucs que je ne connaissais pas. Et moi je leur ai montré les lettres du prénom de l'héroïne. Puis on a continué avec leur prénom, leur prénom d'école, parce que leur prénom gitan, celui qu'ils n'utilisent qu'en famille, ils ne l'écrivent pas, c'est intime.
De là, on a écrit les six voyelles.
Ensuite les jours de la semaine, parce qu'ils voulaient noter quand sont les prochains cours.
Quand un autre a conclu
"ah, ben, ça fait cinq mois que je suis là, j'aurais dû venir avant",
j'ai failli l'embrasser.
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J'espère qu'ils reviendront mercredi prochain,
parce que moi
je me suis éclatée.
Après avoir été calomniée, diffamée, discréditée, puis mise au placard
pas reconduite sur mon poste pour l'an prochain
à passer le capa-sh dans une classe où j'essaie de trouver mes marques depuis un mois
alors que je ne m'en servirai pas
et même que je vais perdre 400 € de salaire mensuel
je peux dire que
c'est pas du luxe ces petits moments de bonheur pédagogique.
Mites au logis
- Vous vous souvenez de cette déesse, très belle, la déesse de l'amour ?
- oui oui, celle qui a provoqué une guerre là ...
- oui, c'est ça. Alors c'est la déesse ....? la déesse .......?
- la déesse KA m'dame !
Aaaaargl
- oui oui, celle qui a provoqué une guerre là ...
- oui, c'est ça. Alors c'est la déesse ....? la déesse .......?
- la déesse KA m'dame !
Aaaaargl
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