Chez les hommes de ma génération, le schéma selon lequel il est normal que la femme se sacrifie et quitte tout pour un homme, a la vie dure. Quant à la charge mentale, c'est drôle, il lui semble que seul, elle est multipliée par deux. Tandis que pour moi, elle double en couple : il faut savoir où est rangé ceci ou cela, ce qu'on mange, ce qu'il faut écrire sur la liste de courses, anticiper un peu tout ce que l'autre remet à demain pendant des semaines. Autant dire que je suis devenue totalement hermétique au chantage affectif selon lequel, si j'aimais vraiment, cela ne compterait pas. On peut aisément retourner le propos, surtout si l'on considère que j'ai tout quitté pour venir ici. Cela mérite bien de se déplacer de quelques kilomètres.
Voilà plus d'un an que j'avais averti que je ne voulais pas rester ici. Il a laissé passer les jours, les mois, repoussé l'échéance, ignoré mes propositions, fait machine arrière. Je suis restée ferme sur ce point : je ne passerai pas un hiver de plus loin de tout, dans une maison chronophage, tellement chargée de vieilles choses mauvaises que j'en ai des crises d'angoisse. Et j'ai tenu parole, je suis partie par monts et par vaux. Il est resté seul entre ces quatre murs beaucoup moins attrayants quand personne n'est là pour les égayer, ces quatre murs entre lesquels il ne voulait pas rester... avant que je n'y emménage !
En février et mars, je concrétise mon rêve : traverser l'hiver russe sur la ligne du Transsibérien. J'avais prévu de faire précéder cette aventure par un road trip ce mois-ci.
J'avais vraiment l'impression que ma petite flamme s'éteignait, et je lui suis très reconnaissante d'avoir trouvé cette solution.