jeudi 30 janvier 2025

En voiture Yolande !

Première étape hier de ma nouvelle aventure, je suis allée à Limoges pour laisser mon véhicule à Franzouski.
Trois passagers en covoiturage, un qui descend à Poitiers.
La dernière à embarquer est une femme un peu plus âgée que moi, qui vient s'occuper de son petit-fils quelques jours. C'est sa fille qui a réservé pour elle et qui viendra la chercher à l'arrivée.
Elle est sympa, elle connait la route, et elle a des bonbons "stop toue" à la réglisse, petite réminiscence de ma grand-mère. Elle n'est pas bavarde.
Je m'apprête à dépose mes deux derniers passagers devant le stade Beaublanc.


Elle dit, après un gros soupir : "Bon, voilà, je vais retrouver ma fille unique. J'en avais deux, mais une m'a été enlevée ".
Gros blanc dans le Berlingo. 
"- Elle s'est suicidée pendant le COVID. Elle avait 27 ans.
- Oh je suis désolée. C'est une douleur terrible et pas dans l'ordre des choses d'accompagner ses enfants au cimetière.
- Ça fait quatre ans maintenant. moi j'ai vieilli de dix ans d'un seul coup. On avait pique-niqué, et voilà, c'est moi qui l'ai trouvée. Elle était éducatrice, elle rentrait d'une mission à Madagascar. Elle a été très mal prise en charge, encore maintenant je ne sais pas si je dois porter plainte contre la psychiatre qui l'a abandonnée.
- Quatre ans ce n'est pas beaucoup pour un tel deuil. Porter plainte, est-ce que ça vous aidera ou est-ce que ça mangera votre énergie ?
- Excusez-moi, j'avais besoin de le dire. On n'en parle jamais ni avec mon mari,  ni avec sa soeur. Ils ne veulent pas. Je ne voulais pas jeter un froid dans la voiture ..
- Ah, mais il fallait que ça sorte. C'est souvent plus facile comme ça avec des étrangers. Ma fille était si dévouée aux autres, je voudrais qu'on se souvienne d'elle. C'est ça aussi porter plainte."

L'autre passager évoque brièvement le deuil, les doute de sa propre fille, jeune éducatrice aussi.
Il ne nous vient pas d'autre propos que celui de la compassion. Quel conseil aurions-nous à donner ? C'est si fort et si bref 

Et puis nous descendons et sa fille arrive. Nous parlons d'autre chose. Avant de nous séparer, je la prends dans mes bras et je sens que cela lui fait du bien. Elle me souhaite un beau voyage.

Demain j'enverrai un message a Yolande, pour lui suggérer d'écrire ce qu'elle a sur le coeur. Si elle veut, à mon retour, je l'aiderai à mettre son histoire en forme.

vendredi 24 janvier 2025

Au commencement

 

Ma traditionnelle baignade du premier janvier dans l'Allier m'échappe désormais.

C'est aujourd'hui la mer qui accueille cet excitant défi de début d'année. Aujourd'hui, n'est-ce pas ce qui compte ?

Mais il faut parfois différer en raison de la météo.

Voilà, c'est fait !

La semaine prochaine je m'envole pour Vladivostok, via Bruxelles, Shangaï et Pékin. Une aventure en soi déjà, puisque je viens de m'apercevoir que je dois changer d'aéroport à Pékin...Souhaitez-moi bonne chance !

En attendant je profite de notre promenade quotidienne le long de la côte, de mes cours de russe, de la mise à jour de ce blog en complétant les étapes de mon voyage d'octobre (si vous retournez en arrière, vous les retrouverez), et enfin de la préparation de mon itinéraire.

Il a hâte de rentrer chez lui, où il ne se sent pas bien pourtant. On préfère souvent rester dans ce qui nous est familier, que de prendre le risque de changer.

Moi je me sens au bon endroit au bon moment.

dimanche 12 janvier 2025

Reprendre une vie


Le paysage change tous les jours.



La mer est au bout de la rue où nous vivons pour un mois.
Je la regarde et je l'admire tous les jours. Son horizon est infini. 


Très motivée par l'échéance de mon prochain voyage, entre deux promenades, je réfléchis à mes bagages, mon itinéraire, soigne mes devoirs de russe.
Et je profite de la proximité de tout, du temps disponible, d'une maison moins chronophage et moins isolée.


 On peut dire que je reprends une vie, même si, pour l'instant, je n'écris pas assez.

dimanche 5 janvier 2025

2025 qui vient, retrouver la joie

Chez les hommes de ma génération, le schéma selon lequel il est normal que la femme se sacrifie et quitte tout pour un homme, a la vie dure. Quant à la charge mentale, c'est drôle, il lui semble que seul, elle est multipliée par deux. Tandis que pour moi, elle double en couple : il faut savoir où est rangé ceci ou cela, ce qu'on mange, ce qu'il faut écrire sur la liste de courses, anticiper un peu tout ce que l'autre remet à demain pendant des semaines.  Autant dire que je suis devenue totalement hermétique au chantage affectif selon lequel, si j'aimais vraiment, cela ne compterait pas. On peut aisément retourner le propos, surtout si l'on considère que j'ai tout quitté pour venir ici. Cela mérite bien de se déplacer de quelques kilomètres.

Voilà plus d'un an que j'avais averti que je ne voulais pas rester ici. Il a laissé passer les jours, les mois, repoussé l'échéance, ignoré mes propositions, fait machine arrière.  Je suis restée ferme sur ce point : je ne passerai pas un hiver de plus loin de tout, dans une maison chronophage, tellement chargée de vieilles choses mauvaises que j'en ai des crises d'angoisse. Et j'ai tenu parole, je suis partie par monts et par vaux. Il est resté seul entre ces quatre murs beaucoup moins attrayants quand personne n'est là pour les égayer, ces quatre murs entre lesquels il ne voulait pas rester... avant que je n'y emménage !

En février et mars, je concrétise mon rêve : traverser l'hiver russe sur la ligne du Transsibérien. J'avais prévu de faire précéder cette aventure par un road trip ce mois-ci.


Galvanisé par la perspective d'un hiver long et solitaire, il a trouvé un plan B pour janvier : une pause dans un gîte sur la côte, loué/prêté par un copain, à prix très doux.


Marche quotidienne, sans bouillasse malgré le vent, restaurant et boulangerie au bout de la rue, écriture régulière, préparation du voyage. On peut dire que je revis et que la joie m'est revenue.



J'avais vraiment l'impression que ma petite flamme s'éteignait, et je lui suis très reconnaissante d'avoir trouvé cette solution.
Je crains cependant que ce ne soit reculer pour mieux sauter. Déjà, hors de ses repères familiers, il est vite aussi désœuvré que désorienté. Finalement, ce qui l'attirait chez moi est devenu un problème. Apprendre une nouvelle langue, écrire, tout cela prend du temps, que lui n'occupe jamais ainsi.
Et puis, en avril, il faudra avoir trouvé une location, sans compter que ce soit moi qui m'en occuperait. J'ai assez perdu mon temps toute l'année dernière. Avec l'âge qui avance, ce temps, je le défends bec et ongles. 
Il m'est aussi essentiel que respirer.