C'est la maîtresse de français qui vous écrit.
Pour vous dire que ça va un peu mieux,
elle souffle un peu,
vient d'apprendre que l'école va lui acheter un ordinateur portable,
et qu'elle aura une journée libre à la rentrée de janvier,
pour sortir un peu le nez du guidon et organiser la suite.
On va dire que ça fait un peu pencher la balance :
si j'étais en France, je crois pas que l'administration chercherait à améliorer de cette manière mes conditions de travail
(je dis pas ça pour vous Madame Scarlett, je sais que vous faites au mieux).
Ça reste lourd, mais si je peux ne pas camper à l'école juste à point d'heure,
et remplacer une journée de réunions par un temps de planification,
ça fera une différence quand même.
Une autre différence, sur laquelle j'ai revu mon idée,
c'est l'usage qu'on fait ici des médicaments pour gérer le comportement des enfants ou les déficits d'attention.
Bien sûr, globalement, en France, on est contre ça, et on critique beaucoup.
Sauf que, ici comme chez nous, des élèves à comportements lourds et ingérables, ou très très dispersés, sont notablement nombreux.
Pis qu'on vienne pas me dire que c'est la faute aux parents, à l'enfant roi et touci touça.
Evidemment que les déficit éducatifs n'aident pas.
Mais il y a plein de contre exemples et je suis de plus en plus convaincue qu'il y a un lien très fort avec les perturbateurs endocriniens, phtalates, pesticides...auxquels les jeunes américains sont encore plus exposés que les français.
Que le collègue qui n'a pas eu une tarière dans sa classe,
I mean, un blaireau feulant qui t'empêche t'enseigner vu que tu passes ton temps à le gérer
(sauf quelques wonder pédago qui prétendent qu'ELLES elles n'ont pas ce problème, car elles ont de l'autorité ELLES...),
me jette la première brosse à tableau.
Ben je vais te dire, que quand le même prend sa petite pilule quotidienne,
et que tu retrouves le goût d'enseigner, en même temps que ses camarades reprennent une vie normale,
tu reconsidères ta position sur la question.
Alors oui, c'est navrant de devoir compenser chimiquement les attaques du système neurologique par la pollution,
mais si l'un retrouve les chemin des apprentissages pendant que les autres gagnent en tranquillité,
peut-être faut-il commencer à considérer la question autrement.
Rien à voir, enfin si, quand même un peu, la semaine dernière, j'étais assise à une table, et j'écoutais mes 4èmes grades préparer des affiches sur le cycle de vie des plantes. Je cochais ma petite grille d'observation pour le français.
Pis je les ai regardés.
Travailler ensemble, coopérer, se contredire, argumenter... avec leur français maladroit.
J'ai repensé à l'an dernier, l'enfer que c'était cette classe de boulets, qui n'avançait pas, n'était intéressée par rien, ne pensait qu'à jouer, avec en plus un esprit individualiste insupportable.
Je me suis sentie super fière d'eux, et je me suis promis de m'en souvenir la prochaine fois,
qu'avec ma collègue, on se plaindra de nos 3èmes grades de cette année...
A ce propos, j'ai lu que les élèves français sont en queue de peloton s'agissant des maths et des sciences.
Ben je peux vous dire une chose, c'est que, moi en sciences, depuis que je suis sur l'autre bord,
je me suis bien détendue du slip.
Vous voyez le collier de nouilles et bonbons, sur un cure-pipe, là ?
C'est un modèle de colonne vertébrale
Ou comment faire comprendre à des mômes de 8 ans, pourquoi on peut plier le dos...
On a aussi eu le céleri qui devient bleu, le haricot qui fait du gymkhana dans une boîte à chaussure, la bouilloire qui fait pleuvoir...
Un peu après cette séance, on a commencé une nouvelle séquence d'étude de l'impact de l'homme sur son environnement.
Pendant la première séance, ils devaient faire la liste de ce dont on a absolument besoin pour survivre (manger, boire, respirer, s'abriter, s'habiller...).
Un groupe a discuté ferme pour savoir s'il fallait ajouter Jésus.
C. a dit : "Mais si, on a ABSOLUMENT besoin de Jésus !" et les autres ne savaient ABSOLUMENT pas quoi répondre.
Jusqu'à ce qu' E. ait la présence d'esprit de remarquer : "Ecoute, madame Nicole nous a JAMAIS parlé de Jésus en Social studies, alors à mon avis faut pas le mettre."
Ils l'ont pas mis.
Tant mieux, parce que j'étais déjà en train de jongler à toute vitesse comment j'allais évacuer cette question sans commettre de faute de goût...
Et la solution venait pas aisément...
Mais c'est normal qu'on parle de Jésus.
C'est l'Avent.
On met des chansons de Noël pendant l'écriture, je leur ai appris le Pauvre Pâtre, ici pas de complexe avec les chansons religieuses et j'ai une crèche dans ma classe (ainsi qu'un elfe sur l'étagère, je vous montrerai...
C'est une joyeuse période, toute illuminée. même si je travaille jusqu'au 22.
Franzouski arrive le 18, le Kid voulait débarquer la semaine prochaine, j'ai dit niet.
Je suis une mauvaise mère, mais la maîtresse a besoin d'encore un peu de tranquillité.
1 commentaire:
Merci +++ Coline pour tout ce quotidien
que tu nous fait partager et qui permet d'être encore plus coeur à coeur avec toi
heureuse des avancées (dans tous les sens)peu à peu le chemin se construit ...
ps pour l'élève (et même pluriel) ici aussi on a eu ce(s)" cas "
et si comme toi au départ je m'interrogeais , tout le monde y a trouvé son compte la classe, l'ambiance, lui -du coup moins" sanctionné "plus calme et participatif -
donc
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