lundi 14 septembre 2020

La vie de camp (prononce le P s'il te plaît..)

La vie de camp, c'est d'abord un bon coup de balai.
La poussière a colonisé les recoins, les capricornes la table en bois, les souris le papier toilette, les feuilles sèches la salle d'eau rudimentaire.

La vie de camp, c'est se dire que tout passe.
Surtout ce qui n'est pas entretenu.
L'amour par exemple.

La vie de camp, c'est reconnecter les panneaux solaires et vivre en douze volts et au gaz.
Le téléphone va s'éteindre, exsangue de s'être acharné à trouver du réseau.
La vie de camp c'est la discrète présence familière des brunes limousines et de leurs veaux dans le clos voisin, le cliquetis des montants métalliques de la tonne où elles viennent s'abreuver.

La vie de camp, c'est la douche de plein air, à l'arrière de la cabane.
Quand on est venu à bout des joints qui fuient, s'ébattre dans l'eau tiédie de soleil, à la douce lumière déclinante du soir qui vient.

La vie de camp, c'est le ronronnement sifflant de la lampe à gaz, une délicieuse poêlée de courgettes et tomates offertes, garnie d'une tranche de jambon sec et de rondelles de chèvre.


C'est, dans la dernière chaleur, s'endormir sous le sac de couchage jeté négligemment.
S'emmitoufler précipitamment dedans, et chercher frénétiquement le zip, quand l'aube vient glacer les pieds et les épaules, dégoter une polaire en vitesse.
La vie de camp, c'est se rendormir un peu, pour s'apercevoir, au réveil, que le soleil est déjà haut.
C'est regarder l'or des feuilles ruisseler déjà de l'automne en marche, devant une bonne tasse de thé chaud.
Le bruissement des branches dans le vent léger du matin.
La vie de camp, c'est celle des gens qui ont le temps pour eux.
C'est mardi.
Je ne travaille pas.



 

1 commentaire:

Barbara a dit…



merci et profite +++

quant à tes mots..
ils sont magnifiques j'ai peine de ne pouvoir bien commenter là à "c'theure"
:)

à demain