lundi 9 novembre 2020

Saoule comme une grive

Je me saoule.
Consciencieusement, scrupuleusement, soigneusement et systématiquement.

Dans cette saison 2, épisode 1, du Grand confinement, le décor a changé, le sablier aussi.
Exit le duplex avec coin cuisine, le voisin fou et les contraintes du travail à distance.

Le matin, je laisse mon corps et mes neurones se mettre en route doucement.
Je me saoule de calme, de lumière et de paix, émerveillée du spectacle de la nature, des cris de bête, de l'aube jusqu'au coucher de soleil et au lever de lune à mes carreaux.
Je traîne un peu, je réfléchis.

C'est une projection étrange que ces semaines au futur incertain.
Je voudrais  ... j'ai toute une liste, repliée, oubliée.
A quoi bon s'inquiéter ? A quoi bon planifier ?
Je ramène mon attention à la journée en cours. Je me saoule de présent, une chose à la fois.
Je recolle une semelle, répare un accroc, restaure les attaches d'une couette. Tout était dans ce panier depuis si longtemps. 
Je me saoule de petites actions accomplies, d'objets sauvés, du bonheur éprouvé à vivre en accord avec soi-même.
Et je reprends quelques notes.

Il me faut quand même des projets, des plans sans échéances, sans conséquence s'il faut renoncer ou reporter.
Une semaine de formation parisienne en décembre. Ou pas.
Entrer de nouveau en chemin. Ou pas
(Mamina, ça se pourrait bien qu'on se revoit aux beaux jours...)

Les surprenants jours de grand beau, en short et en t-shirt, je me saoule au jardin, de vent, dans l'air encore tiède, les mains dans la terre humide, jusqu'à ce que l'astre plonge derrière l'horizon.
J'arrondis les angles du petit potager.
La fraîcheur pince, l'obscurité arrive sans crier gare, il est temps de remonter.


Les jours de grisaille et de pluie, de froid perçant et humide, je sors arpenter les environs.
Echappée belle.
Je me saoule de vie. Tout semblerait ordinaire, si ce n'était l'attestation pliée dans ma poche.
Je contemple un papillon qui flirte avec les orties, les V des grues qui descendent vers le sud, le frou-frou des ailes des pigeons dans les ors des acacias. 
Instant de grâce si la brume se lève.







Violence et crainte contre le reste du monde, celui qui ne change qu'au rythme des saisons, totalement
indifférent aux fils d'actualités.
A la nuit tombée, il est tôt encore.
Pelotonnée dans mon sofa, je me saoule de mots, de phrases, d'histoires, de livres, de BD, de nouvelles, de sagas... j'en ai emprunté des kilos. 

C'est drôle ces journées de rêve, brusquement plombées quand l'esprit divague vers la fin de semaine.
Elle sera sans famille, sans amis, sans amour.
Et ça c'est un peu dur, même en croyant que ça ne durera pas toujours.

Et pour vous, c'est comment ?
Mieux ? Pire ? Patient ou effrayant ?
Un grand merci à ceux qui commentent au passage. 
C'est un grand plaisir que votre intérêt fidèle.
Faites bien attention à vous.
-------------------------
Edit du 10 novembre
De bonnes nouvelles de Pôle emploi : ma conseillère, madame Efficace, m'a appelée hier pour un entretien su mon projet. Et ce matin, elle m'a rappelée pour m'annoncer que ma formation de décembre, sur le métier d'écrivain public, sera financée par leurs soins. Un très bonne nouvelle et finalement une agence plutôt réactive.

12 commentaires:

Barbara a dit…

cyann a dit…

Ta vision du confinement me fait du bien.
On oublie parfois que l'on peut vivre sans contrainte. Moi, j'ai l'impression d'être perdue qd je n'en ai plus, alors inconsciemment, je m'en recrée.
Mais ton cheminement m'ouvre d'autres vois possibles ...
Ici, le confinement se passe bien, mais je meurs d'envie de voir mes proches. Noêl est pour moi une grande angoisse, j'ai tellement envie de voir mes soeurs !

Madame Nicole a dit…

@cyann : il faut garder espoir. Moi aussi mes proches me manquent. Mais je veux croire que nous passerons Noël ensemble. Ce qu'on ne peut pas contrôler, il faut le traverser con animo. Avec coeur !

Unknown a dit…

J'ai la chance d'être dans un village de montagne entourée de verdure et qd il fait beau la balade d'une heure offre offre le spectacle grandiose de l'automne .De temps en temps il faut descendre dans la vallée répondre aux obligations matérielles de tout un chacun mais pour moi le confinement est léger pour l'instant...les fêtes de fin d'année sans ma fille qui est à Nice seraient par contre plus difficiles à "gérer" (pour elle et pour nous ).
Comme tu as raison de "t'ancrer" ainsi dans ce qui est immuable !
Des bises d'Alsace
Anne

Madame Nicole a dit…

Merci Anne pour ces nouvelles. Oui, quand on a la chance d'être dans un village entouré de nature, finalement, ce n'est pas si terrible. A part le manque des amis et de la famille. Mais c'est pas pour toute la vie, ils sont encore là, et ils espèrent aussi de nous retrouver.

Barbara a dit…

@Coline
super pour l'édit
gros gros bisous en attendant de pouvoir commenter + (désolée mais ....) à bientôt à suivre

chaourcinette a dit…

j'aime ce que tu écris!! je t'ai laissé un message sur "lettre du bout du coeur"....merci pour ton passage chez moi !

Madame Nicole a dit…

@chaourcinette : je suis allée voir ton commentaire et j'ai bien ri !
Merci pour ça.
Malheureusement on ne peut pas faire d'échange standard car je n'ai personne à troquer...😄

Sécotine a dit…

Coucou Coline, je ne prends pas souvent le temps de commenter, mais ta vision du confinement me plait beaucoup ;-) Pas tous les jours faciles d'être zen, mais bon, on y travaille !
Ton futur métier m'a immédiatement fait penser à la papèterie Tsubaki de Ogawa Ito. Si tu ne connais pas, tous les livres de cette auteure sont magnifiques !

Madame Nicole a dit…

Merci Sécotine pour cette suggestion. Je vais explorer ça ! Et merci pour les chouettes recettes.

DoMi a dit…

je t'attends en décembre, alors ? :D

Madame Nicole a dit…

@j'y ai pensé. Mais, finalement, j'ai opté pour un hébergement à portée de pieds de la formation.
Je ne veux ni prendre les transports en commun,ni me lever tôt...