Troisième
jour
Alors
que le soleil tente de nous réchauffer dans le vent de l'aube, les
mariniers se préparent à franchir le radier au niveau de la
centrale de Dampierre.
Photo Gilles Aubague
Ce
n'est pas une écluse comme à Belleville.
Les
centrales nucléaires sont évidemment très protégées, floutées
sur la carte satellite, et je n'ai pas d'indication claire sur le
lieu de la passe à bateaux.
Tandis
que les équipages sont en vue des cheminées (photo prise par eux),
je réfléchis. La centrale est rive droite, le passage sera donc
rive gauche. Je ne dois pas me tromper car ça prend 30 bonnes
minutes de retrouver un pont pour traverser.
Je
regarde le plan des berges, il y a le gymnase EDF rive gauche et ça,
c'est rarement protégé par autre chose que des panneaux. N'étant
pas animée de mauvaises intentions (et la centrale est informée du
passage des bateaux bien sûr) je décide donc de tenter la rive
droite tout de même.
Pour
avoir vécu en Louisiane, je connais bien l'économie des levées.
Bingo,
il n'y a pas de barrière...

Surprise,
dans mon rétro je vois deux véhicules me suivre.
J'arrive
au bout de la levée, finalement bien en amont de la centrale.
Une
figure familière descend de sa voiture, précédée d'un agent de la
centrale qui connaît l'endroit.
Evelyne, une camarade du milieu trad...
Agrandissez
! Agrandissez encore ! Sur la rive gauche on distingue la passe à
bateaux de St Gondon, et les embarcations qui sont déjà en aval.

Ils
vont déjeuner là, alors Évelyne décide de faire le tour pour 45
minutes de voiture et les rejoindre.
Moi
je rebrousse chemin direction Sully-sur-Loire : j'ai les courses à
faire pour ce soir et le pique-nique du déjeuner de demain à
préparer ...
Bien
évidemment, une heure plus tard, j'apprends qu'ils ont fait un bac
pour pique-niquer là où nous étions...
(Photos passe de Saint Gondon Gilles Aubague)Dans
cette ambiance conviviale très chargée en testostérone, je ne suis
pas peu fière d'accompagner MES mariniers, MON équipage.
En
coopération avec Gilles et Stéphane, les filles aux avirons rouges, leur enthousiasme sans faille, leurs
joyeux youyous aux passages délicats comme aux arrivées pimpent,
tout en sourire, le cortège des loups de rivière.
Ici
à Sully-sur-Loire.
À
la cale du port de Bouteille (45), le paysage enserre dame Loire
majestueusement.
J'y
attends mon équipage pour leur remettre le matériel du bivouac sur
l'île.
Voilà,
après un bac depuis l'île, c'est chargé : les pommes de terre, la
faisselle, la ciboulette et les brochettes de poulet, les tentes et
les sacs de couchage, le petit-déjeuner de demain matin.
Il
était prévu que j'embarque aussi pour le dîner au feu de bois.
Mais, bien que j'aie toute confiance en mon équipage, j'ai calé à
l'idée de revenir dans le noir, dans le froid et sous la pluie à
mon bivouac.
Je
décline. Finalement, que chacun vive l'expérience à sa façon, je
trouve ça formidable.
Ce
soir je dormirai au sec et au chaud, chez la très complice et très
soutenante maman de Sophie, pendant qu'ils porteront haut nos
chansons de rivière...

