lundi 28 octobre 2024

Россия2024 #16 AndreÏ Roublev

Il faut que je vous raconte l'histoire de cette icône du moine Andreï Roublev (c'est un de mes chouchous, je n'y peux rien).

Elle date du XVème siècle, 1m de large sur 1,5m de haut.
Il faut savoir que l'icône en bas à droite de la porte de l'iconostase donne son nom à l'église.
Après l'incendie de la cathédrale de la laure de Serguiev Posad par les Mongols, puis sa reconstruction (les Russes sont d'infatigables rebâtisseurs), Roublev en a peint les fresques (disparues aujourd'hui) et cette icône.
La Trinité, le père, le fils à sa gauche, et le saint esprit à sa droit, est représentée par les trois anges venus annoncer à Abraham la venue d'un fils.
À part une vague tristesse du fils, ils ont le même visage, et on ne voit ni Sarah, ni Abraham autour de la table.
La perspective est inversée : elle n'est pas au fond du tableau mais vers le spectateur.

Décision ultra politique en pleine guerre contre l'Ukraine, ce chef d'œuvre a été rendu l'an dernier à l'église orthodoxe russe par Poutine, pour continuer à s'assurer de son soutien.
Il a quitté la galerie Tetriakov où il était conservé depuis 1929 (et une évacuation à Novossibirsk pendant la deuxième guerre mondiale) pour être exposé un an à la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou.
Finalement, l'icône est revenue en son giron initial, la cathédrale de la Trinité de Serguiev Posad, où j'ai pu l'admirer derrière sa vitrine climatisée (elle est très fragile), un peu éclipsée par la file d'attente pour embrasser le tombeau d'argent de Serge de Radonège.
C'est drôle, c'est un peu comme si, au fil de mes voyages, je l'avais suivie.

Les photos étaient strictement interdites, celles-ci ne sont pas de moi.
La deuxième : Maxim Shemetov pour Reuters parue dans la Croix.
La première : Wikipédia.


Comme Alexandre Nevski, Andreï Roublev est un peu partout.
Comme ici au musée d'histoire de l'Était de Moscou, deux évangiles enluminés par son art.