mercredi 30 octobre 2024

Россия2024 #16 AndreÏ Roublev

Il faut que je vous raconte l'histoire de cette icône du moine Andreï Roublev (1360-1428 ?), dit St André l'iconographe. C'est un de mes chouchous, je n'y peux rien.
Il aimait jouer avec l'espace, les formes, les couleurs, exprimer une certaine liberté spirituelle.


Il faut savoir que, quand on entre dans un lieu de culte orthodoxe, l'icône en bas à droite de la porte de l'iconostase est celle qui donne son nom à l'église.
Celle-ci date du XVème siècle, 1m de large sur 1,5m de haut. A l'issue d'une longue errance, elle est revenue dans la cathédrale de la laure de Serguiev Posad, dernière étape de ma visite des villes historiques de la Russie moscovite.

Après l'incendie de la cathédrale par les Mongols, puis sa reconstruction (les Russes sont d'infatigables rebâtisseurs), Roublev en a peint les fresques (disparues aujourd'hui) et cette icône.
La Trinité, le père, le fils à sa gauche, et le Saint esprit à sa droit, est représentée par les trois anges venus annoncer à Abraham la venue d'un fils.
À part une vague tristesse du fils, ils ont le même visage, et on ne voit ni Sarah, ni Abraham autour de la table.
La perspective est inversée : elle n'est pas au fond du tableau mais vers le spectateur.

Décision ultra politique en pleine guerre contre l'Ukraine, ce chef d'œuvre a été rendu l'an dernier à l'église orthodoxe russe par Poutine, pour continuer à s'assurer de son soutien.
Il a quitté la galerie Tetriakov où il était conservé depuis 1929 (et une évacuation à Novossibirsk pendant la deuxième guerre mondiale) pour être exposé un an à la cathédrale du Christ Sauveur de Moscou.
Finalement, l'icône est revenue en son giron initial, la cathédrale de la Trinité de Serguiev Posad, où j'ai pu l'admirer derrière sa vitrine climatisée (elle est très fragile), un peu éclipsée par la file d'attente pour embrasser le tombeau d'argent de Serge de Radonège.
C'est drôle, c'est un peu comme si, au fil de mes voyages, je l'avais suivie.

Les photos étaient strictement interdites, celles-ci ne sont pas de moi.
La deuxième : Maxim Shemetov pour Reuters parue dans la Croix.
La première : Wikipédia.


Comme Alexandre Nevski, Andreï Roublev est un peu partout.
Par exemple ici au musée d'histoire de l'Était de Moscou, deux évangiles enluminés par son art.



Donc Andréï Roublev, le voilà représenté presque sur ses terres, à Vladimir, première étape de mon tour des villes de l'Anneau d'or.


En 1408, avec un autre moine, Daniil dit le Noir, il y a peint les
fresques de la cathédrale de la Dormition.



Les fragments de ce jour du jugement dernier sont remarquables. Aucune épouvante face au châtiment. Plutôt une représentation du triomphe et du pardon.

Ici, l'immanquable film d'Andrei Tarkovsky sur Roublev.