mardi 19 septembre 2017

Forces and motion

Pourquoi je te parle en anglais désormais ?
C'est pour garder une distance entre nos deux langues.

Le ciel t'avait envoyé quelqu'un pour t'écouter et te répondre avec les mots d'ici.
Mais tu connais pas comment ouvrir ton coeur.

Au début, avec ma main dans la tienne, on maraudait dans la vie farouche, et je croyais que c'était ça la liberté.
Mais j'avais pas vu tes entraves.
L'orgueil, la colère, l'amertume.
Le poids démesuré du passé, du passé proche, du passé lointain.
Ta souffrance quand tu n'es pas dans la lumière.
L'envie.
Les non-dits, les stratégies d'évitements.
Les deuils tus et enterrés sans mot.
L'incapacité maladive à remettre en question ce qui blesse les autres, jusqu'à tes propres enfants.
Les paroles sans acte, les actes sans parole.
Ce rôle d'anticonformiste, que tu joues en permanence, si convenu, si terriblement prévisible dans ton costume de mouton noir.
Les grands discours et aucune valeur collective.
Tes intérêts d'abord...









Hier soir, sur la route de Thibodaux

La vérité c'est qu'une seule personne compte vraiment pour toi : la tienne.
Dès que j'ai refusé de servir ses intérêts, de me soumettre à ses besoins,
de me faire toute petite dans son ombre, mes heures auprès de toi ont été comptées.
J'ai imaginé sentir que tu prenais tes distances.

Mais en fait non.
Tu ne peux pas.
Tu es cloué au sol, enlisé dans la boue.
Plus tu t'agites, plus tu t'enfonces.

Tandis que s'extirpent et se dispersent les derniers lambeaux de chagrin,
venus de je ne sais où,
les larmes ne sont plus amères, mais douces à déchirer le voile de tes jugements que j'avais malheureusement laissés m'atteindre et m'embrouiller la vue.
Non, ce n'est pas une exigence démesurée que d'attendre la délicatesse, l'élégance et l'attention.
Pourtant j'avais fini par douter de moi et de l'amour même.
Communiquer vraiment ? de la codépendance, quel vilain mot pour justifier l'indifférence...
Les gestes de tendresse ? On n'a pas 16 ans quand même.
En effet, tu as raison.
Tu es vieux.

Tu es lourd aussi.
J'avais peur de ne pas pouvoir te suivre.
Je n'avais pas réalisé que c'est moi qui te hâlais...
amarré  par tes chaînes,
lesté de plomb et d'acier.
C'est pour ça que c'était dur.

Si tu m'avais serrée plus souvent dans tes bras, tu aurais senti les ailes dans mon dos.
Et maintenant que j'ai fait ce grand voyage à l'intérieur de moi, elle se déploient,
et je suis parée à plonger pour voler plus loin,
plus haut.

Et toi, tu parleras la langue des cous rouges.
Tu ne mérites pas que je m'adresse à toi en français.
J'étais la dernière à le faire.
E pluribus anglo...

2 commentaires:

Barbara a dit…

déploie tes ailes oui il ne faut pas les re fermer

et non ce n'est pas "trop "que demander tendresse complicité échanges reconnaissance respect douceur

c'est encore douloureux sans doute mais plus lucide aussi
non ?
(du moins vu de l'extérieur ; on est pas dans toi )
bon courage
ne lâche rien mais "take care"
bisous

Geneviève a dit…

"Si tu m'avais serrée plus souvent dans tes bras, tu aurais senti les ailes dans mon dos."

C'est TRÈS beau ... Ça m'évoque vraiment beaucoup de choses...