mercredi 7 avril 2021

Femme objet

Du désir on est l'objet.
De l'amour on est sujet.
Un objet se convoite, se prend, se possède, s'utilise, s'abandonne ou se casse.
Un objet se remplace.
Un sujet doit s'accorder à notre verbe, avec toute l'empathie dont il est capable.
Un objet est perçu et pensé, il ne se réalise que dans l'attention qu'on lui porte.
Il se veut.
Voilà pourquoi il peut-être si douloureux  d'être "objet d'amour".
Que l'autre ne pense plus à nous, et c'est comme si nous n'avions plus d'existence propre.
C'est comme si, pour prendre chair et corps, avoir de la valeur, il fallait, encore et encore, attiser et satisfaire le désir de l'autre.
Alors qu'enfant, parent ou amant, le sujet de notre amour reste libre d'aller ou bon lui semble, vers le meilleur pour lui, même sans nous.
Est-ce à dire que l'amour devrait se vivre sans désir ? Je ne le crois pas.
Je n'imagine pas une relation amoureuse privée de plaisir charnel.
C'est juste que, le désir, même violent, même troublant, même habillé de mots doux et forts, ne devrait pas passer pour de l'amour.
L'amour c'est prendre soin de l'autre.
L'amour c'est prendre soin de soi.



Or voilà que cette nuit là, je me suis sentie désirée.
Importante.
Digne d'intérêt.
Nécessaire.
Vitale.
Et que le dysfonctionnel est devenu modèle.
L'assouvissement est devenu la norme.
Pour toute une vie.
Normale la gêne ressentie, normal l'inconnu du plaisir dérobé.
Banale la confusion des émotions contradictoires.
Une petite fille objet.
Un instrument.
Un jouet qu'il suffit d'animer de paroles doucereuses et fourbes.
Une enfant qui oubliera, mais dont on conservera soigneusement la photo.
Tandis qu'elle gardera, elle, une cicatrice à vif.
Une empreinte indélébile, impossible à effacer sans arracher la peau de l'âme.
Et qui attirera à elle tous ceux qui ont à assouvir un désir, satisfaire un besoin, combler un manque.
Après tout ce temps, ni justice de Dieu, ni justice des hommes.
Mais justice à soi-même, sujet de bonheur.

5 commentaires:

Barbara a dit…

j'ai toujours mal pour toi
à ch fois que je lis ces lignes

pas autant que toi bien évidemment mais mal vraiment
et triste
dommage j'aurais du lire dans l'autre sens les articles et finir sur celui du dessus

à plus tard bisous

Madame Nicole a dit…

Tu sais Barbara, je suis à une délicieuse période de ma vie. Pleine de joie et d'envies.
Cette réflexion justement me fait faire la part des choses et regarder devant. C'est une énorme libération. La dernière.
Au moment ou, si j'ai de la chance, je peux encore profiter pas mal d'années.
Les expériences douloureuses nous font aussi ce que nous sommes.

Barbara a dit…

@sages paroles
et oui je suis heureuse pour ces nouvelles perspectives !ces horizons bien plus clairs
je t'embrasse (excuse moi impossible écrire là )
bisous

Barbara a dit…

ps oublié

trop choute la photo
et toi

Madame Nicole a dit…

Un jour, j'ai écrit à ma famille, pour demander si quelqu'un avait des photos de nous enfants, de mes parents.
Devine qui m'a envoyé cette photo dans les dix minutes qui ont suivi ?