samedi 4 juin 2011

La parabole du cucurbitacée

Qu'a pu ressentir le malheureux concombre espagnol
voué aux gémonies
pour avoir secoué le système sanitaire allemand ?
Bafoué, publiquement humilié, accablé, méprisé, couvert d'opprobre et de scandale, finalement mis en quarantaine
le malheureux cucurbitacée n'a dû son salut qu'à l'intervention de la science
qui a rétabli la vérité :
dans cette affaire, seuls les propos répandus sont toxiques ...
Mais c'était déjà trop tard.
Calomnions, il en restera toujours quelque chose (Beaumarchais).
Diabolisé, sa seule évocation provoque le rejet, fondé sur ce sophisme terrible :
"Tu n'es pas des nôtres, tu es donc dangereux".
Mais tel est pris qui croyait prendre : au final, ce sont tous les légumes frais en provenance de l'Union européenne qui sont interdits de séjour en Russie notamment.
Et plus grave :
on ne sait toujours pas d'où vient l'escherichia coli tueuse.

Qui crie haro sur le baudet
pour cause de non conformité
pourra cacher les maux, les vrais
sous pauvres querelles sans intérêt.


Ma crise empathique du jour est donc potagère.

Ouai
c'est mon côté la Fontaine ça ..

D'ailleurs, tiens
je vous mets celle qui m'a inspirée :

Les animaux malades de la peste

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Étant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.


Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existés 
ne serait en aucun cas fortuite.
C'est pas parce qu'on se sent l'âme d'un concombre espagnol
qu'on doit aussi être une lavette.
Olé !



4 commentaires:

Barbara a dit…

pour une fois que La Fontaine dit quelque chose de potage euh potable !


ce type de bactérie -moins virulente heureusement-on l'a eu une fois ds une école où je bossais (eau contaminée eau interdite )
tout a été fait pour étouffer l'affaire
(mais j'ai des preuves contrairement à certains(...):j'ai lu le fax de le Dass(oui à l'époque ) j'ai dû faire une photocopie d'ailleurs )


lamentable histoire où les vieux reflexes "c'est la faute des autres "ressortent
et comme tu dis en attendant l'origine reste inconnue


bon week end
révisions et sorties♫
bises


ps t'as déjà vu un concombre de mer

c'est très moche !

lorys03 a dit…

J'adore cette fable, et aussi celle du loup et de l'agneau :"Si ce n'est toi c'est donc ton frère !"




Pourquoi on appelle ça un balai espagnol, au fait ?

Madame Nicole a dit…

pour le balai
je crois que c'est tout simplement parce que ça vient d'Espagne
petite
j'ai toujours vu les femmes laver le sol avec le balai à franges
après elles jetaient le seau d'eau devant la porte
pour garder le frais
un peu

Barbara a dit…

bonne semaine ♥on pense à toi!